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Dédicace à Trolls & Vélo et magie cycliste Je serai ce samedi 19 avril à Mons au festival Trolls & Légende en dédicace au stand PVH. La star de la table sera sans conteste Sara Schneider, autrice fantasy de la saga des enfants d’Aliel et qui est toute auréolée du Prix SFFF Suisse 2024 pour son superbe roman « Place d’âmes » (dont je vous ai déjà parlé). C’est la première fois que je dédicacerai à côté d’une autrice ayant reçu un prix majeur. Je suis pas sûr qu’elle acceptera encore que je la tutoie. Sara Schneider avec son roman et son prix SFFF Suisse 2024 Bref, si Sara vient pour faire la légende, le nom du festival implique qu’il faille compléter avec des trolls. D’où la présence également à la table PVH de Tirodem, Allius et moi-même. Ça, les trolls, on sait faire ! Les belles mécaniques de l’imaginaire S’il y a des trolls et des légendes, il y a aussi tout un côté Steampunk. Et quoi de plus Steampunk qu’un vélo ? Ce qui fait la beauté de la bicyclette, c’est sa sincérité. Elle ne cache rien, ses mouvements sont apparents, l’effort chez elle se voit et se comprend; elle proclame son but, elle dit qu’elle veut aller vite, silencieusement et légèrement. Pourquoi la voiture automobile est-elle si vilaine et nous inspire-t-elle un sentiment de malaise ? Parce qu’elle dissimule ses organes comme une honte. On ne sait pas ce qu’elle veut. Elle semble inachevée. – Voici des ailes, Maurice Leblanc Le vélo, c’est l’aboutissement d’un transhumanisme humaniste rêvé par la science-fiction. La bicyclette a résolu le problème, qui remédie à notre lenteur et supprime la fatigue. L’homme maintenant est pourvu de tous ses moyens. La vapeur, l’électricité n’étaient que des progrès servant à son bien-être; la bicyclette est un perfectionnement de son corps même, un achèvement pourrait-on dire. C’est une paire de jambes plus rapides qu’on lui offre. Lui et sa machine ne font qu’un, ce ne sont pas deux êtres différents comme l’homme et le cheval, deux instincts en opposition; non, c’est un seul être, un automate d’un seul morceau. Il n’y a pas un homme et une machine, il y a un homme plus vite. – Voici des ailes, Maurice Leblanc Un aboutissement technologique qui, paradoxalement, connecte avec la nature. Le vélo est une technologie respectueuse et utilisable par les korrigans, les fées, les elfes et toutes les peuplades qui souffrent de notre croissance technologique. Le vélo étend notre cerveau pour nous connecter à la nature, induit une transe chamanique dès que les pédales se mettent à tourner. Nos rapports avec la nature sont bouleversés ! Imaginez deux hommes sur un grand chemin : l’un marche, l’autre roule; leur situation à l’égard de la nature sera-t-elle la même ? Oh ! non. L’un recevra d’elle de menues sensations de détails, l’autre une vaste impression d’ensemble. À pied, vous respirez le parfum de cette plante, vous admirez la nuance de cette fleur, vous entendez le chant de cet oiseau; à bicyclette, vous respirez, vous admirez, vous entendez la nature elle-même. C’est que le mouvement produit tend nos nerfs jusqu’à leur maximum d’intensité et nous dote d’une sensibilité inconnue jusqu’alors. – Voici des ailes, Maurice Leblanc Oui, le vélo a amplement sa place à Trolls & Légendes, comme le démontrent ses extraits de « Voici des ailes » de Maurice Leblanc, roman écrit… en 1898, quelques années avant la création d’Arsène Lupin ! Célébrer l’univers Bikepunk Moi aussi, j’aime me faire lyrique pour célébrer le vélo, comme le prouvent les extraits que sélectionnent les critiques de mon roman Bikepunk. Chierie chimique de bordel nucléaire de saloperie vomissoire de permamerde ! — Bikepunk, Ploum Bikepunk - L'Antre d'un poulpe (blog.grishka.fr) Ouais bon, d’accord… C’est un style légèrement différent. J’essaie juste de toucher un public un poil plus moderne quoi. Et puis on avait dit « pas cet extrait-là ! ». Allez, comme on dit chez les cyclisteurs : on enchaîne, on enchaîne… Donc, pour célébrer le vélo et l’imaginaire cycliste, je me propose d’offrir une petite surprise à toute personne qui se présentera sur le stand PVH avec un déguisement dans le thème Bikepunk ce samedi (et si vous me prévenez à l’avance, c’est encore mieux). Parce qu’on va leur montrer à ces elfes, ces barbares et ces mages ce que c’est la véritable magie, la véritable puissance : des pédales, deux roues et un guidon ! À samedi les cyclotrolls ! L’événement Dédicace à Trolls & Légendes sur Mobilizon. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
À la recherche de l’attention perdue La messagerie instantanée et la politique Vous l’avez certainement vu passer : Un journaliste américain s’est fait inviter par erreur sur un chat Signal où des personnes très haut placées de l’administration américaine (y compris le vice-président) discutent de l’organisation top secrète d’une frappe militaire au Yémen le 15 mars. L’administration Trump envoie par erreur ses plans de guerre à un journaliste via Signal (next.ink) La raison de cette erreur est que le porte-parole de Trump, Brian Hughes, avait, durant la campagne électorale, reçu un email du journaliste en question pour demander des précisions sur un autre sujet. Brian Hughes avait alors copié/collé la totalité de l’email, incluant la signature contenant le numéro de téléphone du journaliste, dans un message instantané Apple iMessage à destination de Mike Waltz, qui allait devenir le conseiller à la sécurité de Trump. Recevant ce numéro par message de la part de Brian Hughes, Mike Waltz aurait ensuite sauvegardé ce numéro sous le nom de Brian Hughes. En voulant inviter plus tard Brian Hughes dans le chat Signal, Mike Waltz a par erreur invité le journaliste américain. Exclusive: how the Atlantic’s Jeffrey Goldberg got added to the White House Signal group chat (www.theguardian.com) Cette anecdote nous apprend plusieurs choses: Premièrement, Signal est devenu une réelle infrastructure critique de sécurité, y compris dans les cercles les plus hauts placés. Deuxièmement, les discussions de guerre ultra-stratégique ont désormais lieu… par chat. Pas difficile d’imaginer que chaque participant répond machinalement, poste un émoji entre deux réunions, lors d’une pause pipi. Et là se décident la vie et la mort du reste du monde : dans les toilettes et les réunions qui n’ont rien à voir ! L’erreur initiale provient du fait que Mike Waltz ne lit vraisemblablement pas ses emails (sinon, on lui aurait fait suivre l’email au lieu de l’envoyer par message) et que Brian Hughues est incapable de résumer efficacement un long texte (sinon il n’aurait pas collé l’intégralité du message). Non seulement Mike Waltz ne lit pas ses emails, mais on peut soupçonner qu’il ne lit pas les messages trop longs : il a quand même ajouté un numéro de téléphone qui se trouvait à la fin d’un message sans prendre le temps de lire et de comprendre ledit message. À sa décharge, il semblerait qu’il soit possible que ce soit "l’intelligence artificielle" de l’iPhone qui ait ajouté ce numéro automatiquement au contact. Je ne sais pas si cette fonctionnalité existe, mais le fait d’utiliser un téléphone qui peut décider automatiquement de changer le numéro de ses contacts est quand même assez effrayant. Et bien dans le genre d’Apple dont j’interprète les slogans marketing comme « achetez avec nos produits l’intelligence qui vous fait défaut, bande de crétins ! ». Crise politique attentionnelle et surveillance généralisée La crise attentionnelle est réelle : nous sommes de moins en moins capables de nous concentrer et nous votons pour des gens qui le sont encore moins ! Un ami ayant été embauché pour participer à une campagne électorale en Belgique m’a raconté avoir été abasourdi par l’addiction des politiciens les plus en vue aux réseaux sociaux. Ils sont en permanence rivés à leurs écrans à comptabiliser les likes et les partages de leurs publications et, quand ils reçoivent un dossier de plus de dix lignes, demandent un résumé ultra-succinct à leurs conseillers. Vos politiques ne comprennent rien à rien. Ils font semblant. Et désormais, ils demandent à ChatGPT qui a l’avantage de ne pas dormir, contrairement aux conseillers humains. Les fameuses intelligences artificielles qui, justement, sont peut-être coupables d’avoir ajouté le numéro à ce contact et d’avoir rédigé la politique fiscale de Trump. La fin d’un monde ? (ploum.net) Mais pourquoi utiliser Signal et pas une solution officielle qui empêcherait ce genre de fuite ? Officiellement, il n’y aurait pas d’alternative aussi facile. Mais je vois une raison non officielle très simple : les personnes haut placées ont désormais peur de leur propre infrastructure, car ils savent que tout est sauvegardé et peut-être utilisé contre eux lors d’une éventuelle enquête ou d’un procès, même des années plus tard. Trump a été élu la première fois en faisant campagne sur le fait qu’Hillary Clinton avait utilisé un serveur email personnel, ce qui lui permettait, selon Trump lui-même, d’échapper à la justice en ayant ses mails soustraits aux services de surveillance internes américains. Même ceux qui mettent en place le système de surveillance généralisé en ont peur. L’éducation à la compréhension La dernière leçon que je tire de cette anecdote c’est, encore une fois, celle de l’éducation : vous pouvez avoir l’infrastructure cryptographique la plus sécurisée, si vous êtes incompétent au point d’inviter n’importe qui dans votre chat, on ne peut rien faire pour vous. La plus grosse faille de sécurité est toujours entre la chaise et le clavier, la seule manière de sécuriser un système est de faire en sorte que l’utilisateur soit éduqué. Le meilleur exemple reste celui des voitures autonomes : nous sommes en train de mettre des générations entières dans des Tesla qui se conduisent toutes seules 99% du temps. Et lorsqu’un accident arrive, dans le 1% restant, nous demandons au conducteur : « Mais pourquoi tu n’as pas réagi comme un bon conducteur ? » Et la réponse est très simple : « Parce que je n’ai jamais conduit de ma vie, je ne sais pas ce que c’est conduire, je n’ai jamais appris à réagir quand le système ne fonctionne pas correctement ». Vous pensez que j’exagère ? Attendez… Se faire engager grâce à l’IA Eric Lu a reçu le CV d’un candidat très prometteur pour bosser dans sa startup. CV qui semblait fort optimisé en mots clés, mais qui était particulièrement pointu dans les technologies utilisées par Eric. Il a donc proposé au candidat une interview par vidéo. Au début, tout s’est très bien passé jusqu’à ce que le candidat commence à s’emmêler dans ses réponses. « Vous dites que le service d’envoi de SMS sur lequel vous avez bossé était saturé, mais vous décrivez le service comme étant utilisé par une classe de 30 personnes. Comment 30 SMS peuvent-ils saturer le service ? » … euh… « Pouvez-vous me dire quelle interface utilisateur vous avez mise en place avec ce que vous dites avoir implémenté ? » … euh, je ne me souviens plus… Eric comprend alors que le candidat baratine. Le CV a été généré par ChatGPT. Le candidat s’est préparé en simulant un entretien d’embauche avec ChatGPT et en étudiant par cœur ce qu’il devait répondre. Il panique dès qu’on sort de son script. What it's like to interview a software engineer preparing with AI (www.kapwing.com) Ce qui est particulièrement dommage, c’est que le candidat avait un profil vraiment adapté. S’il avait été honnête et franc au regard de son manque d’expérience, il aurait pu se faire engager comme junior et acquérir l’expérience souhaitée. S’il avait consacré son temps à lire des explications techniques sur les technologies concernées plutôt que d’utiliser ChatGPT, il aurait pu convaincre l’employeur de sa motivation, de sa curiosité. « Je ne connais pas encore grand-chose, mais je suis désireux d’apprendre ». Mais le plus triste dans tout cela, c’est qu’il a sincèrement pensé que ça pouvait fonctionner. Il a détruit sa réputation parce que ça ne lui a même pas traversé l’esprit que, quand bien même il aurait été engagé, il n’aurait pas tenu deux jours dans son boulot avant de passer pour un crétin. Il a été malhonnête parce qu’il était persuadé que c’était la bonne manière de fonctionner. Bref, il était un vrai Julius. Mon collègue Julius (ploum.net) Il a « appris à conduire une Tesla » en s’asseyant sur le siège et regardant celle-ci faire 100 fois le tour du quartier. Confiant, il est parti dans une autre ville et s’est pris le premier platane. Sauver une génération Les smartphones, l’IA, les monopoles publicitaires, les réseaux sociaux sont toutes les facettes d’un même problème : la volonté de rendre la technologie incompréhensible afin de nous asservir commercialement et de nous occuper l’esprit. J’ai écrit comment je pensais que nous devions agir pour éduquer la prochaine génération d’adultes : De l’utilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents (ploum.net) Mais c’est un point de vue de parent. C’est pour cela que je trouve très pertinente l’analyse de Thual qui, lui, est un jeune adulte à peine sorti de l’adolescence. Il peut parler de tout cela à la première personne. Adolescence et numérique : retour d'expérience (thual.eu) La grande leçon que j’en tire est que la génération qui nous suit est loin d’être perdue. Comme toutes les générations, elle est désireuse d’apprendre, de se battre. Nous devons avoir l’humilité de réaliser que ma génération s’est complètement plantée. Que nous détruisons tout, que nous sommes des fascistes addicts à Facebook et Candy Crush qui roulons en SUV. Nous n’avons pas de leçons à leur donner. Nous avons le devoir de les aider, de nous mettre à leur service en désactivant le pilote automatique et en brûlant les slides PowerPoint dont nous sommes si fiers. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
La fin d’un monde ? La fin de nos souvenirs Nous sommes envahis d’IA. Bien plus que vous ne le pensez. Chaque fois que votre téléphone prend une photo, ce n’est pas la réalité qui s’affiche, mais une reconstruction « probable » de ce que vous avez envie de voir. C’est la raison pour laquelle les photos paraissent désormais si belles, si vivantes, si précises : parce qu’elles ne sont pas le reflet de la réalité, mais le reflet de ce que nous avons envie de voir, de ce que nous sommes le plus susceptibles de trouver « beau ». C’est aussi la raison pour laquelle les systèmes dégooglisés prennent de moins belles photos: ils ne bénéficient pas des algorithmes Google pour améliorer la photo en temps réel. Les hallucinations sont rares à nos yeux naïfs, car crédibles. Nous ne les voyons pas. Mais elles sont là. Comme cette future mariée essayant sa robe devant des miroirs et qui découvre que chaque reflet est différent. ‘One in a million’ iPhone bridal photo explanation: blame panorama mode (www.theverge.com) J’ai moi-même réussi à perturber les algorithmes. À gauche, la photo telle que je l’ai prise et telle qu’elle apparait dans n’importe quel visualisateur de photos. À droite, la même photo affichée dans Google Photos. Pour une raison difficilement compréhensible, l’algorithme tente de reconstruire la photo et se plante lourdement. Une photo de ma main à gauche et la même photo complètement déformée à droite Or ces images, reconstruites par IA, sont ce que notre cerveau va retenir. Nos souvenirs sont littéralement altérés par les IA. La fin de la vérité Tout ce que vous croyez lire sur LinkedIn a probablement été généré par un robot. Pour vous dire, le 2 avril il y avait déjà des robots qui se vantaient sur ce réseau de migrer de Offpunk vers XKCDpunk. Capture d’écran de LinkedIn montrant le billet d’un certain Arthur Howell se vantant d’un blog post racontant la migration de Offpunk ver XKCDpunk. La transition Offpunk vers XKCDpunk était un poisson d’avril hyper spécifique et compréhensible uniquement par une poignée d’initiés. Il n’a pas fallu 24h pour que le sujet soit repris sur LinkedIn. Non, franchement, vous pouvez éteindre LinkedIn. Même les posts de vos contacts sont probablement en grande partie générés par IA suite à un encouragement algorithmique à poster. Je ne suis plus à vendre sur LinkedIn (ploum.net) Il y a 3 ans, je mettais en garde sur le fait que les chatbots généraient du contenu qui remplissait le web et servait de base d’apprentissage à la prochaine génération de chatbots. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) Je parlais d’une guerre silencieuse. Mais qui n’est plus tellement silencieuse. La Russie utilise notamment ce principe pour inonder le web d’articles, générés automatiquement, reprenant sa propagande. A well-funded Moscow-based global ‘news’ network has infected Western artificial intelligence tools worldwide with Russian propaganda (www.newsguardrealitycheck.com) Le principe est simple : vu que les chatbots font des statistiques, si vous publiez un million d’articles décrivant les expériences d’armes biologiques que les Américains font en Ukraine (ce qui est faux), le chatbot va considérer ce morceau de texte comme statistiquement fréquent et avoir une grande probabilité de vous le ressortir. Et même si vous n’utilisez pas ChatGPT, vos politiciens et les journalistes, eux, les utilisent. Ils en sont même fiers. La conjuration de la fierté ignorante (ploum.net) Ils ont entendu ChatGPT braire dans un pré et en fond un discours qui sera lui-même repris par ChatGPT. Ils empoisonnent la réalité et, ce faisant, la modifient. Ils savent très bien qu’ils mentent. C’est le but. Ils nous mentent (ploum.net) Je pensais qu’utiliser ces outils était une perte de temps un peu stupide. En fait, c’est dangereux aussi pour les autres. Vous vous demandez certainement c’est quoi le bazar autour des taxes frontalières que Trump vient d’annoncer ? Les économistes se grattent la tête. Les geeks ont compris : tout le plan politique lié aux taxes et son explication semblent avoir été littéralement générés par un chatbot devant répondre à la question « comment imposer des taxes douanières pour réduire le déficit ? ». Will Malignant Stupidity Kill the World Economy? (paulkrugman.substack.com) Le monde n’est pas dirigé par Trump, il est dirigé par ChatGPT. Mais où est la Sara Conor qui le débranchera ? Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin de l’apprentissage Slack vole notre attention, mais vole également notre apprentissage en permettant à n’importe qui de déranger, par message privé, le développeur senior qui connait les réponses, car il a bâti le système. Slack: The Art of Being Busy Without Getting Anything Done (matduggan.com) La capacité d’apprendre, c’est bel et bien ce que les téléphones et l’IA sont en train de nous dérober. Comme le souligne Hilarius Bookbinder, professeur de philosophie dans une université américaine, la différence générationnelle majeure qu’il observe est que les étudiants d’aujourd’hui n’ont aucune honte à simplement envoyer un email au professeur pour lui demander de résumer ce qu’il faut savoir. The average college student today (hilariusbookbinder.substack.com) Dans son journal de Mars, Thierry Crouzet fait une observation similaire. Alors qu’il annonce quitter Facebook, tout ce qu’il a pour réponse c’est « Mais pourquoi ? ». Alors même qu’il balance des liens sur le sujet depuis des lustres. Mars 2025 - Thierry Crouzet (tcrouzet.com) Les chatbots ne sont, eux-mêmes, pas des systèmes qu’il est possible d’apprendre. Ils sont statistiques, sans cesse changeants. À les utiliser, la seule capacité que l’on acquiert, c’est l’impression qu’il n’est pas possible d’apprendre. Ces systèmes nous volent littéralement le réflexe de réfléchir et d’apprendre. En conséquence, sans même vouloir chercher, une partie de la population veut désormais une réponse personnelle, immédiate, courte, résumée. Et si possible en vidéo. La fin de la confiance Apprendre nécessite d’avoir confiance en soi. Il est impossible d’apprendre si on n’a pas la certitude qu’on est capable d’apprendre. À l’opposé, si on acquiert cette certitude, à peu près tout peut s’apprendre. Une étude menée par des chercheurs de Microsoft montre que plus on a confiance en soi, moins on fait confiance aux réponses des chatbots. Mais, au contraire, si on a le moindre doute, on a soudainement confiance envers les résultats qui nous sont envoyés. The Impact of Generative AI on Critical Thinking: Self-Reported Reductions in Cognitive Effort and Confidence Effects From a Survey of Knowledge Workers Parce que les chatbots parlent comme des CEOs, des marketeux ou des arnaqueurs : ils simulent la confiance envers leurs propres réponses. Les personnes, même les plus expertes, qui n’ont pas le réflexe d’aller au conflit, de remettre l’autorité en question finissent par transformer leur confiance en eux-mêmes en confiance envers un outil. Un outil de génération aléatoire qui appartient à des multinationales. Les entreprises sont en train de nous voler notre confiance en nous-mêmes. Elles sont en train de nous voler notre compétence. Elles sont en train de nous voler nos scientifiques les plus brillants. Why I stopped using AI code editors (lucianonooijen.com) Et c’est déjà en train de faire des dégâts dans le domaine de « l’intelligence stratégique » (à savoir les services secrets). The Slow Collapse of Critical Thinking in OSINT due to AI (www.dutchosintguy.com) Ainsi que dans le domaine de la santé : les médecins ont tendance à faire exagérément confiance aux diagnostics posés automatiquement, notamment pour les cancers. Les médecins les plus expérimentés se défendent mieux, mais restent néanmoins sensibles : ils font des erreurs qu’ils n’auraient jamais commises normalement si cette erreur est encouragée par un assistant artificiel. Automation Bias in Mammography: The Impact of Artificial Intelligence BI-RADS Suggestions on Reader Performance La fin de la connaissance Avec les chatbots, une idée vieille comme l’informatique refait surface : « Et si on pouvait dire à la machine ce qu’on veut sans avoir besoin de la programmer ? ». C’est le rềve de toute cette catégorie de managers qui ne voient les programmeurs que comme des pousse-bouton qu’il faut bien payer, mais dont on aimerait se passer. Rêve qui, faut-il le préciser, est complètement stupide. Parce que l’humain ne sait pas ce qu’il veut. Parce que la parole a pour essence d’être imprécise. Parce que lorsqu’on parle, on échange des sensations, des intuitions, mais on ne peut pas être précis, rigoureux, bref, scientifique. L’humanité est sortie du moyen-âge lorsque des Newton, Leibniz, Descartes ont commencé à inventer un langage de logique rationnelle : les mathématiques. Tout comme on avait inventé, à peine plus tôt, un langage précis pour décrire la musique. Se satisfaire de faire tourner un programme qu’on a décrit à un chatbot, c’est retourner intellectuellement au moyen-âge. On the foolishness of "natural language programming". (EWD 667) (EWD) Mais bon, encore faut-il maitriser une langue. Lorsqu’on passe sa scolarité à demander à un chatbot de résumer les livres à lire, ce n’est même pas sûr que nous arriverons à décrire ce que nous voulons précisément. En fait, ce n’est même pas sûr que nous arriverons encore à penser ce que nous voulons. Ni même à vouloir. La capacité de penser, de réfléchir est fortement corrélée avec la capacité de traduire en mot. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. (Boileau) Ce n’est plus un retour au moyen-âge, c’est un retour à l’âge de la pierre. Le dernier vaisseau (ploum.net) Ou dans le futur décrit dans mon (excellent) roman Printeurs : des injonctions publicitaires qui se sont substituées à la volonté. (si si, achetez-le ! Il est à la fois palpitant et vous fera réfléchir) Printeurs, par Ploum (pvh-editions.com) Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin des différentes voix. Je critique le besoin d’avoir une réponse en vidéo, car la notion de lecture est importante. Je me rends compte qu’une proportion incroyable, y compris d’universitaires, ne sait pas « lire ». Ils savent certes déchiffrer, mais pas réellement lire. Et il y a un test tout simple pour savoir si vous savez lire : si vous trouvez plus facile d’écouter une vidéo YouTube d’une personne qui parle plutôt que de lire le texte vous-même, c’est sans doute que vous déchiffrez. C’est que vous lisez à haute voix dans votre cerveau pour vous écouter parler. Il y a bien sûr bien des contextes où la vidéo ou la voix ont des avantages, mais lorsqu’il s’agit, par exemple, d’apprendre une série de commandes et leurs paramètres, la vidéo est insupportablement inappropriée. Pourtant, je ne compte plus les étudiants qui me recommandent des vidéos sur le sujet. Car la lecture, ce n’est pas simplement transformer les lettres en son. C’est en percevoir directement le sens, permettant des allers-retours incessants, des pauses, des passages rapides afin de comprendre le texte. Entre un écrivain et un lecteur, il existe une communication, une communion télépathique qui font paraître l’échange oral lent, inefficace, balourd, voire grossier. Cet échange n’est pas toujours idéal. Un écrivain possède sa « voix » personnelle qui ne convient pas à tout le monde. Il m’arrive régulièrement de tomber sur des blogs dont le sujet m’intéresse, mais je n’arrive pas à m’abonner, car la « voix » du blogueur ne me convient pas du tout. C’est normal et même souhaitable. C’est une des raisons pour laquelle nous avons besoin de multitudes de voix. Nous avons besoin de gens qui lisent puis qui écrivent, qui mélangent les idées et les transforment pour les transmettre avec leur propre voix. La fin de la relation humaine Dans la file d’un magasin, j’entendais la personne en face de moi se vanter de raconter sa vie amoureuse à ChatGPT et de lui demander en permanence conseil sur la manière de la gérer. Comme si la situation nécessitait une réponse d’un ordinateur plutôt qu’une discussion avec un autre être humain qui comprend voir qui a vécu le même problème. Après nous avoir volé le moindre instant de solitude avec les notifications incessantes de nos téléphones et les messages sur les réseaux sociaux, l’IA va désormais voler notre sociabilité. Nous ne serons plus connectés qu’avec le fournisseur, l’Entreprise. Sur Gopher, szczezuja parle des autres personnes postant sur Gopher comme étant ses amis. Tout le monde ne sait pas que ce sont mes amis, mais comment appeler autrement quelqu’un que vous lisez régulièrement et dont vous connaissez un peu de sa vie intime I am alive (2) (szczezuja) La fin de la fin… La fin d’une ère est toujours le début d’une autre. Annoncer la fin, c’est préparer une renaissance. En apprenant de nos erreurs pour reconstruire en améliorant le tout. C’est peut-être ce que j’apprécie tant sur Gemini : l’impression de découvrir, de suivre des « voix » uniques, humaines. J’ai l’impression d’être témoin d’une microfaction d’humanité qui se désolidarise du reste, qui reconstruit autre chose. Qui lit ce que d’autres humains ont écrit juste parce qu’un autre humain a eu besoin de l’écrire sans espérer aucune contrepartie. Splitting the Web (ploum.net) Vous vous souvenez des « planet » ? Ce sont des agrégateurs de blogs regroupant les participants d’un projet en un seul flux. L’idée a été historiquement lancée par GNOME avec planet.gnome.org (qui existe toujours) avant de se généraliser. Et bien bacardi55 lance Planet Gemini FR, un agrégateur des capsules Gemini francophone. Annonce: Ouverture du Planet Gemini France (news.planet-gemini.fr) C’est génial et parfait pour ceux qui ont envie de découvrir du contenu sur Gemini. C’est génial pour ceux qui ont envie de lire d’autres humains qui n’ont rien à vous vendre. Bref, pour découvrir le fin du fin… Toutes les images sont illégament issues l’œuvre d’Hergé, l’étoile mystérieuse. Y’a pas de raison que les chatbots soient les seuls à pomper. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
Goodbye Offpunk, Welcome XKCDpunk! For the last three years, I’ve been working on Offpunk, a command-line gemini and web browser. Offpunk.net While my initial goal was to browse the Geminisphere offline, the mission has slowly morphed into cleaning and unenshitiffying the modern web, offering users a minimalistic way of browsing any website with interesting content. Rendering the Web with Pictures in Your Terminal (ploum.net) Focusing on essentials From the start, it was clear that Offpunk would focus on essentials. If a website needs JavaScript to be read, it is considered as non-essential. It worked surprisingly well. In fact, in multiple occurrence, I’ve discovered that some websites work better in Offpunk than in Firefox. I can comfortably read their content in the former, not in the latter. By default, Offpunk blocks domains deemed as nonessentials or too enshitified like twitter, X, facebook, linkedin, tiktok. (those are configurable, of course. Defaults are in offblocklist.py). Cleaning websites, blocking worst offenders. That’s good. But it is only a start. It’s time to go further, to really cut out all the crap from the web. And, honestly, besides XKCD comics, everything is crap on the modern web. As an online technical discussion grows longer, the probability of a comparison with an existing XKCD comic approaches 1. – XKCD’s law XKCD’s law (ploum.net) If we know that we will end our discussion with an XKCD’s comic, why not cut all the fluff? Why don’t we go straight to the conclusion in a true minimalistic fashion? Introducing XKCDpunk That’s why I’m proud to announce that, starting with today’s release, Offpunk 2.7 will now be known as XKCDpunk 1.0. Xkcdpunk.net XKCDpunk includes a new essential command "xkcd" which, as you guessed, takes an integer as a parameter and display the relevant XKCD comic in your terminal, while caching it to be able to browse it offline. Screenshot of XKCDpunk showing comic 626 Of course, this is only an early release. I need to clean a lot of code to remove everything not related to accessing xkcd.com. Every non-xkcd related domain will be added to offblocklist.py. I also need to clean every occurrence of "Offpunk" to change the name. All offpunk.net needs to be migrated to xkcd.net. Roma was not built in one day. Don’t hesitate to install an "offpunk" package, as it will still be called in most distributions. offpunk package versions - Repology (repology.org) And report bugs on the xkcdpunk’s mailinglist. xkcdpunk-users on lists.sr.ht Goodbye Offpunk, welcome XKCDpunk! I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
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In general, however, he [Louis XVI] preferred writing down his thoughts instead of uttering them by word of mouth; and he was fond of reading, for books are quiet and unobtrusive, and do not try to hustle the reader. (Stefan Zweig, Marie Antoinette, 1932, p. 77 of the 1933 American edition, tr. Eden and Cedar Paul) Soon I will put up a schedule of my autumn Not Shakespeare reading, just in case anyone wants to join in. In effect it will be a lot of Christopher Marlowe with a few contemporaries. Marlowe is a lot of fun. FICTION Love, Death, and the Ladies' Drill Team (1955), Jessamyn West – Reading Salinger’s Nine Stories (1953) I wondered what else the New Yorker readers of the time were reading along with “A Perfect Day for Bananafish.” One answer is Jessamyn West. These stories seemed good to me. “The Mysteries of Life in an Orderly Manner” (1948) is easy to recommend as a sample, for one thing because it is only six pages. The Holy Innocents (1981), Miguel Delibes – A famous Spanish novel, just translated, that uses its post-Franco freedom to indulge in a little revenge on the powerful. Modernist and unconventionally punctuated, but I do not want to say it was too surprising. New to English – what took so long? That They May Face the Rising Sun (2003), John McGahern – I am not sure what a quiet novel is but this is likely one of those. Irish people lives their lives. Seasons pass. There is agriculture. I have not read McGahern before; my understanding is that the novels that made his names are not so quiet. But Ireland in 2003 had quieted down a lot, which I think is one of the ideas behind the novel. Quite good. The American version was for some reason given the accurate but dull title By the Lake. The Director (2023), Daniel Kehlmann – Discussed over here. NON-FICTION Brazilian Adventure (1933), Peter Fleming – A jolly, self-conscious romp written in, or let’s say approaching, the style of Evelyn Waugh. Young Fleming’s river trip in the Amazon is more dangerous and a bit more substantive than Waugh’s Mediterranean tourism in Labels (1930), but still, useless, except for the pleasures of the resulting book. Exophony: Voyages Outside the Mother Tongue (2003), Yoko Tawada – Tawada publishes fiction in both Japanese and German. This book is an extended essay about the creative relationship between the two languages, based on Tawada’s education, travel, and writing. It is perhaps especially fresh because English plays so little part in the book. How the Classics Made Shakespeare (2019), Jonathan Bate – Outstanding preparation for my upcoming reading. The title describes the book exactly. Marie Antoinette (1932), Stefan Zweig – Just the first 80 or 90 pages. I have wondered what Zweig’s biographies, still much read in France, were like, and now I know a little better. Not for me. Badly sourced and rhetorically dubious. Obtrusive! At times trying to hustle me! POETRY Selected Poems (1952-68), Vasko Popa Helen of Troy, 1993 (2025), Maria Zoccola – This Helen lives in Sparta, Tennessee. The up-to-date formal poems are interesting: American sonnets, and golden shovels, a form invented in 2010, incorporating lines from Robert Fagle’s Iliad. IN FRENCH & PORTUGUESE La rage de l'expression (1952), Francis Ponge – More thing poems. Literatura Portuguesa (1971), Jorge de Sena – Long encyclopedia entries on Portuguese and Brazilian literature now published as a little book. So useful. A Bicicleta Que Tinha Bigodes (The Bicycle that Has a Moustache, 2011), Ondjaki – An Angolan boy wants to win a bicycle by borrowing a story from his famous fiction-writing uncle. Specifically by borrowing the letters that he combs from his moustache. That’s not how it works, kid. A Biblioteca: Uma segunda casa (The Library: A Second Home, 2024), Manuel Carvalho Coutinho – I have now read all the books I brought home from Portugal last year. This one is literally a series of four-page profiles of Portuguese municipal libraries. Why did I buy it (aside from loving libraries)? It is at times as dull as it sounds, but sometimes, caused by the authors skilled or desperate attempt to write a less dull book, shimmered with the possibility of another book, a Calvino-like book, Invisible Libraries. Visit the library full of obsolete technology, the library with books no one wants, the library for tourists, the library, most unlikely of all, where everyone goes to read books.
Luc de Clapiers, Marquis de Vauvenargues (1715-47), died at the age of thirty-one after a life spent mostly as a soldier, though he lived for some time in Paris and was befriended by Voltaire. His health was never good. No longer in the army, Vauvenargues died of complications from the frostbite he suffered during the War of the Austrian Succession. Not as well-known as fellow French moralist-aphorists La Bruyère, Chamfort and La Rochefoucauld, Vauvenargues’ thinking is informed by a soldier’s experience and is rooted in a pragmatic view of life: “It is not bringing hunger and misery to foreigners that is glorious in a hero’s eyes, but enduring them for his country’s sake; not inflicting death, but courting it.” The Reflections and Maxims of Vauvenargues (Oxford University Press, 1940) is translated from the French by F.G. Stevens. I’m using the copy borrowed from the Fondren Library. It is yet another volume previously owned by Edgar Odell Lovett, president of Rice University from 1908 to 1946. Again, one can hardly imagine an American university president today buying and reading such a book. In 1746, Vauvenargues anonymously published his only book, Introduction à la connaissance de l'esprit humain, which included Reflexions and Maximes. Here is a sampler: “People don't say much that is sensible when they are trying to be unusual.” “We condemn strongly the least offences of the unfortunate, and show little sympathy for their greatest troubles.” “There would be few happy people if others could determine our occupations and amusements.” “We should expect the best and the worst from mankind, as from the weather.” “Those whose only asset is cleverness never occupy the first rank in any walk of life.” “We have no right to make unhappy those whom we cannot make good.” “War is not so heavy a burden as slavery.” Vauvenargues is often gentler, less cynical than La Rochefoucauld. One tends to think of him as a boy. C.H. Sisson published an essay on him in the Winter 1987 issue of The American Scholar (collected in In Two Minds: Guesses at Other Writers, Carcanet Press, 1990) that begins: “Vauvenargues is hardly the most fashionable of writers. He has a further distinction, that there never was a time when his work was fashionable, yet for some two hundred and fifty years there has never been a time when he might not have been said to have friends and admirers.” Sisson places him among the “observers who lived in the world and recorded their findings in more or less summary fashion.” Sisson makes a useful comparison: “Vauvenargues is one of those writers, like George Herbert, whose life--and indeed death--cannot be satisfactorily separated from their works.” He adds: “A profound and vulnerable diffidence marks the thought of Vauvenargues as it marks his life,” and we recall how young and “unsuccessful” he was in life. Never married, no children, always fending off poverty. Sisson also wrote a forty-six-line poem titled “Vauvenargues” (Collected Poems, Carcanet, 1998), saying the aphorist “found no resting place on this earth.” He writes: “They say the boy did not learn much Latin But got drunk on Plutarch—perhaps Amyot? How many years of barracks after that, Inspecting guards, collecting up the drunks, Trailing his pike in the muddy streets, Garrisoned at Besançon, Arras, Reims? There were campaigns, though nothing much perhaps Historians would really care much about . . .”
A writer’s intrepid exploration of troubled waters The post Streams of Consciousness appeared first on The American Scholar.
On Saturday I saw the first hummingbird of the season in our front garden. I’ve counted eight butterfly species there this summer and found a monarch chrysalis hanging from a tropical milkweed plant. Brown and green anoles have densely colonized the garden, which has never been so lush. Because of the ample lighting I usually read while seated on the couch by the oversized front window. The garden is a comfort. Framed by the window, it’s like a slow-motion movie. The appeal is less aesthetic than – what? Metaphysical? I like to be reminded of life’s profusion and persistence, the opposite of sterility. There’s little difference between “weed” and “flower.” I like Louise Bogan’s endorsement of weeds in “The Sudden Marigolds” (A Poet’s Prose: Selected Writings of Louise Bogan, 2005): “What was the matter with me, that daisies and buttercups made hardly any impression at all. . . . As a matter of fact, it was weeds that I felt closest to and happiest about; and there were more flowering weeds, in those days, than flowers in gardens. . . . Yes: weeds: jill-over-the-ground and tansy and the exquisite chicory (in the terrains vagues) and a few wild flowers: lady’s slipper and the arbutus my mother showed me how to find, under the snow, as far back as Norwich. Solomon’s seal and Indian pipe. Ferns. Apple blossoms.” A reminder that poets ought to know the names of wildflowers, according to Seamus Heaney. Not every poet would agree. I was looking for something in Zibaldone, Giacomo Leopardi’s 2,500-page commonplace book kept between 1817 and 1832, when I happened on a passage from April 1826 that only Leopardi could have written: “Go into a garden of plants, grass, flowers. No matter how lovely it seems. Even in the mildest season of the year. You will not be able to look anywhere and not find suffering. That whole family of vegetation is in a state of souf-france [suffering], each in its own way to some degree. Here a rose is attacked by the sun, which has given it life; it withers, languishes, wilts. There a lily is sucked cruelly by a bee, in its most sensitive, most life-giving parts.” Leopardi’s understanding of biology is limited but his Zeitgeist remains consistent. He goes on for a full page turning a mini-Eden into a raging Hell: “The spectacle of such abundance of life when you first go into this garden lifts your spirits. And that is why you think it is a joyful place. But in truth this life is wretched and unhappy, every garden is a vast hospital (a place much more deplorable than a cemetery), and if these beings feel, or rather, were to feel, surely not being would be better for them than being.” It's almost as though Leopardi had read the crackpot bestseller The Secret Life of Plants (1973) by Peter Tompkins and Christopher Bird. I first encountered Leopardi more than half a century ago in Samuel Beckett’s Proust (1931). The Irishman refers to the Italian’s “wisdom that consists not in the satisfaction but in the ablation of desire.” Beckett quotes two lines from “A se stesso” (“To himself”): “In noi di cari inganni, / Non che la speme, il desiderio e ’spento.” (“Not only our hope / but our desire for dear illusions is gone.” Trans. Jonathan Galassi, Canti, 2010). Melville, too, found a kindred spirit in Leopardi. In his 18,000-line Clarel: A Poem and Pilgrimage in the Holy Land (1876), Part I, Section 14, “In the Glen,” he writes: “If Savonarola’s zeal devout But with the fagot’s flame died out; If Leopardi, stoned by Grief, A young St. Stephen of the Doubt Might merit well the martyr’s leaf.” [Zibaldone was edited by Michael Caesar and Franco D’Intino, translated into English by seven translators, and published by Farrar, Straus and Giroux in 2013.]
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