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De l’utilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents Chers parents, chers enseignants, chers éducateurs, Nous le savons toutes et tous, le smartphone est devenu un objet incontournable de notre quotidien, nous connectant en permanence au réseau Internet qui, avant cela, restait cantonné aux ordinateurs sur nos bureaux. En voyant grandir nos enfants, la question se pose : quand, comment et pourquoi les faire entrer dans le monde de cette hyperconnexion permanente. L’adolescence est une phase critique de la vie durant laquelle le cerveau est particulièrement réceptif et forme des réflexes qui resteront ancrés toute une vie. C’est également une période durant laquelle la pression du groupe et le désir de conformité sociale sont les plus importants. Ce n’est pas un hasard si les producteurs de cigarettes et d’alcool ciblent explicitement les adolescents dans le marketing de leur produit. Le smartphone étant une invention incroyablement récente, nous manquons totalement de recul sur l’impact qu’il peut avoir durant la croissance. Est-il totalement inoffensif ou sera-t-il considéré, d’ici quelques années, comme le tabac l’est aujourd’hui ? Personne ne le sait avec certitude. Nos enfants sont les cobayes de cette technologie. L’administrateur de la santé publique des États-Unis (US Surgeon General) tire la sonnette d’alarme à ce sujet. Il me parait important de souligner certains points importants, qui ne sont que quelques éléments parmi les nombreuses problématiques étudiées dans le domaine Impacts of Technology Use on Children: Exploring Literature on the Brain, Cognition and Well-Being (OECD) L’attention et la concentration Il est désormais démontré que le smartphone perturbe grandement l’attention et la concentration, y compris chez les adultes. Ce n’est pas un hasard : il est conçu pour cela. Les entreprises comme Google et Meta (Facebook, Whatsapp, Instagram) sont payées proportionnellement au temps que nous passons devant l’écran. Tout est optimisé en ce sens. Le simple fait d’avoir un téléphone près de soi, même éteint, perturbe le raisonnement et fait baisser sensiblement les résultats de tests de QI. Brain Drain: The Mere Presence of One’s Own Smartphone Reduces Available Cognitive Capacity Le cerveau acquiert le réflexe d’attendre des notifications de nouveaux messages de cet appareil, sa seule présence est donc un handicap majeur dans toutes les tâches qui requièrent de l’attention : lecture, apprentissage, réflexion, calculs. Il ne suffit pas de l’éteindre : il faut le mettre à distance, si possible dans une pièce différente ! Il est démontré que l’utilisation des réseaux sociaux comme Tik-Tok perturbe complètement la notion du temps et la formation de la mémoire. Nous en avons tous fait l’expérience : nous jurons avoir passé 10 minutes sur notre smartphone alors qu’il s’est en réalité écoulé près d’une heure. How Social Media Interferences With The Psychology of Time and Memory (www.neuroscienceof.com) Pour mémoriser et apprendre, le cerveau a besoin de temps de repos, de vide, d’ennui et de réflexion. Ces nécessaires temps « morts » dans les trajets, dans les files d’attente, dans la solitude d’une chambre d’adolescent voire même durant un cours rébarbatif ont été supplantés par une hyperconnexion. The Psychology behind TikTok’s Memory Interference (www.neuroscienceof.com) L’angoisse sociale et la perturbation du sommeil Même lorsque nous ne l’utilisons pas, nous savons que les conversations continuent. Que des messages importants sont peut-être échangés en notre absence. Cette sensation bien connue appelée « FOMO » (Fear Of Missing Out, peur de manquer quelque chose) nous pousse à consulter notre téléphone jusque tard dans la nuit et dès le réveil. Une proportion inquiétante de jeunes reconnaissent se réveiller durant la nuit pour consulter leur smartphone. Or la qualité du sommeil est fondamentale dans le processus d’apprentissage et de formation du cerveau. Les adolescents se réveillent pour se connecter (www.lemonde.fr) School smartphone ban results in better sleep and improved mo (www.york.ac.uk) La santé mentale De récentes avancées démontrent une corrélation forte entre le degré d’utilisation des réseaux sociaux et les symptômes de dépression. Le monde occidental semble atteint d’une épidémie de dépression adolescente, épidémie dont la temporalité correspond exactement avec l’apparition du smartphone. Les filles en dessous de 16 ans sont la population la plus touchée. Does Social Media Use Cause Depression? (childmind.org) The Teen Mental Illness Epidemic is International: The Anglosphere (www.afterbabel.com) Has Social Media Fuelled a Teen-Suicide Crisis? (www.newyorker.com) Le harcèlement et la prédation Sur les réseaux sociaux, il est trivial de créer un compte anonyme ou usurpant l’identité d’une autre personne (contrairement à ce qu’il est parfois affirmé dans les médias, il n’est pas nécessaire d’être un génie de l’informatique pour mettre un faux nom dans un formulaire). À l’abri sous cet anonymat, il est parfois très tentant de faire des blagues de mauvais goût, de tenir des propos injurieux, de révéler aux grands jours les secrets dont les adolescents sont friands voire de calomnier pour régler des différends de cours de récré. Ces comportements ont toujours fait partie de l’adolescence et font partie d’une exploration naturelle normale des relations sociales. Cependant, le fonctionnement des réseaux sociaux aggrave fortement l’impact de ces actions tout en favorisant l’impunité du responsable. Cela peut conduire à des conséquences graves allant au-delà de ce qu’imaginent initialement les participants. Ce pseudonymat est également une bénédiction pour les personnes mal intentionnées qui se font passer pour des enfants et, après des semaines de discussion, proposent à l’enfant de se retrouver en vrai, mais sans rien dire aux adultes. Au lieu d’en tirer des leçons sociales éducatives, nous appelons les adolescents faisant des blagues de mauvais goût des « pirates informatiques », stigmatisant l’utilisation de la technologie plutôt que le comportement. Le thème des prédateurs sexuels est mis en exergue pour réclamer à cor et à cri des solutions de contrôle technologiques. Solutions que les géants de l’informatique se font un plaisir de nous vendre, jouant sur la peur et stigmatisant la technologie ainsi que celles et ceux qui ont le malheur d’en avoir une compréhension intuitive. La peur et l’incompréhension deviennent les moteurs centraux pour mettre en avant une seule valeur éducative : obéir aveuglément à ce qui est incompréhensible et ce qu’il ne faut surtout pas essayer de comprendre. La fausse idée de l’apprentissage de l’informatique Car il faut à tout prix déconstruire le mythe de la « génération numérique ». Contrairement à ce qui est parfois exprimé, l’utilisation d’un smartphone ou d’une tablette ne prépare en rien à l’apprentissage de l’informatique. Les smartphones sont, au contraire, conçus pour cacher la manière dont ils fonctionnent et sont majoritairement utilisés pour discuter et suivre des publications sponsorisées. Ils préparent à l’informatique autant que lire un magazine people à l’arrière d’un taxi prépare à devenir mécanicien. Ce n’est pas parce que vous êtes assis dans une voiture que vous apprenez son fonctionnement. Une dame de 87 ans se sert d’une tablette sans avoir été formée, mais il faudrait former les enfants à l’école ? Former à utiliser Word ou PowerPoint ? Les enfants doivent apprendre à découvrir les généralités des logiciels, à tester, à « chipoter », pas à reproduire à l’aveugle un comportement propre à un logiciel propriétaire donné afin de les préparer à devenir des clients captifs. Et que dire d’un PowerPoint qui force à casser la textualité, la capacité d’écriture pour réduire des idées complexes sous forme de bullet points ? Former à PowerPoint revient à inviter ses élèves dans un fast-food sous prétexte de leur apprendre à cuisiner. L’aspect propriétaire et fermé de ces logiciels est incroyablement pervers. Introduire Microsoft Windows, Google Android ou Apple iOS dans les classes, c’est forcer les étudiants à fumer à l’intérieur sans ouvrir les fenêtres pour en faire de bons apnéistes qui savent retenir leur souffle. C’est à la fois dangereusement stupide et contre-productif. Les gamins ne savent pas utiliser les ordinateurs… Voici pourquoi ça devrait vous inquiéter. (lunatopia.fr) Pourquoi les jeunes sont devenus si nuls en informatique (www.mac4ever.com) De manière étonnante, c’est d’ailleurs dans les milieux de l’informatique professionnelle que l’on trouve le plus de personnes retournant aux « dumbphones », téléphones simples. Car, comme dit le proverbe « Quand on sait comment se prépare la saucisse, on perd l’envie d’en manger… » Que faire ? Le smartphone est omniprésent. Chaque génération transmet à ses enfants ses propres peurs. S’il y a tant de discussions, de craintes, de volonté « d’éducation », c’est avant tout parce que la génération des parents d’aujourd’hui est celle qui est le plus addict à son smartphone, qui est la plus espionnée par les monopoles publicitaires. Nous avons peur de l’impact du smartphone sur nos enfants parce que nous nous rendons confusément compte de ce qu’il nous inflige. Mais les adolescents ne sont pas forcés d’être aussi naïfs que nous face à la technologie. Commencer le plus tard possible Les pédiatres et les psychiatres recommandent de ne pas avoir une utilisation régulière du smartphone avant 15 ou 16 ans, le système nerveux et visuel étant encore trop sensible avant cela. Les adolescents eux-mêmes, lorsqu’on les interroge, considèrent qu’ils ne devraient pas avoir de téléphone avant 12 ou 13 ans. GAFA tes gosses | ARTE Radio (www.arteradio.com) Youth Perspectives on the Recommended Age of Mobile Phone Adoption: Survey Study (www.ncbi.nlm.nih.gov) Si une limite d’âge n’est pas réaliste pour tout le monde, il semble important de retarder au maximum l’utilisation quotidienne et régulière du smartphone. Lorsque votre enfant devient autonome, privilégiez un « dumbphone », un simple téléphone lui permettant de vous appeler et de vous envoyer des SMS. Votre enfant arguera, bien entendu, qu’il est le seul de sa bande à ne pas avoir de smartphone. Nous avons tous été adolescents et utilisé cet argument pour nous habiller avec le dernier jeans à la mode. Comme le signale Jonathan Haidt dans son livre « The Anxious Generation », il y a un besoin urgent de prendre des actions collectives. Nous offrons des téléphones de plus en plus tôt à nos enfants, car ils nous disent « Tout le monde en a sauf moi ». Nous cédons, sans le savoir, nous forçons d’autres parents à céder. Des expériences pilotes d’écoles « sans téléphone » montrent des résultats immédiats en termes de bien-être et de santé mentale des enfants.. What happens when a school bans smartphones? A complete transformation (www.theguardian.com) Jonathan Haidt Talks His New Book ‘The Anxious Generation’ (www.noemamag.com) Parlez-en avec les autres parents. Développez des stratégies ensemble qui permettent de garder une utilisation raisonnable du smartphone tout en évitant l’exclusion du groupe, ce qui est la plus grande hantise de l’adolescent. Discutez en amont avec votre enfant Expliquez à votre enfant les problématiques liées au smartphone. Plutôt que de prendre des décisions arbitraires, consultez-le et discutez avec lui de la meilleure manière pour lui d’entrer dans le monde connecté. Établissez un lien de confiance en lui expliquant de ne jamais faire confiance à ce qu’il pourra lire sur le téléphone. Dans le doute, il doit avoir le réflexe d’en discuter avec vous. Introduisez l’outil progressivement Ne laissez pas votre enfant se débrouiller directement avec un smartphone une fois votre limite d’âge atteinte. Bien avant cela, montrez-lui comment vous utilisez votre propre smartphone, votre ordinateur. Montrez-lui la même page Wikipédia sur les deux outils en expliquant qu’il ne s’agit que d’une manière de visualiser un contenu qui se trouve sur un autre ordinateur. Lorsque votre enfant reçoit son propre appareil, introduisez-le progressivement en ne lui autorisant l’utilisation que pour des cas particuliers. Vous pouvez par exemple garder le téléphone, en ne le donnant à l’enfant que lorsqu’il en fait la demande pour une durée limitée et pour un usage précis. Ne créez pas immédiatement des comptes sur toutes les plateformes à la mode. Observez avec lui les réflexes qu’il acquiert, discutez sur l’inondation permanente que sont les groupes Whatsapp. Parlez de vie privée Rappelez à votre enfant que l’objectif des plateformes monopolistiques est de vous espionner en permanence afin de revendre votre vie privée et de vous bombarder de publicités. Que tout ce qui est dit et posté sur les réseaux sociaux, y compris les photos, doit être considéré comme public, le secret n’est qu’une illusion. Une règle d’or : on ne poste pas ce qu’on ne serait pas confortable de voir afficher en grand sur les murs de l’école. Google et Meta ont conclu un accord pub secret ciblant les ados pour les attirer vers Instagram, quelques mois apr�s que Zuckerberg se soit excusé devant le Congrès pour l'exploitation des enfants sur Instagram (www.developpez.com) Au Danemark, les écoles ne peuvent désormais plus utiliser de Chromebook pour ne pas enfreindre la vie privée des enfants. Mais ne croyez pas qu’Android, Windows ou iOS soient mieux en termes de vie privée. Final Decision on Chromebook Case in Denmark (theprivacydad.com) Pas dans la chambre Ne laissez jamais votre enfant dormir avec son téléphone. Le soir, le téléphone devrait être rangé dans un endroit neutre et hors de portée. De même, ne laissez pas le téléphone à portée de main lorsque l’enfant fait ses devoirs. Il en va de même pour les tablettes et autres laptops qui ont exactement les mêmes fonctions. Idéalement, les écrans sont à éviter avant d’aller à l’école pour éviter de commencer la journée en étant déjà en état de fatigue attentionnelle. N’oubliez pas que le smartphone peut être le vecteur de messages et d’images dérangeantes, voire choquantes, mais étrangement hypnotiques. L’effet de la lumière des écrans sur la qualité du sommeil est également une problématique encore mal comprise. « La fabrique du crétin digital », de Michel Desmurget Continuez la discussion Il existe des logiciels dits de « Contrôle parental ». Mais aucun logiciel ne remplacera jamais la présence des parents. Pire : les enfants les plus débrouillards trouveront très vite des astuces pour contourner ces limitations voire seront tentés de contourner ces limitations uniquement parce qu’elles sont arbitraires. Plutôt que d’imposer un contrôle électronique, prenez le temps de demander à vos enfants ce qu’ils font sur leur téléphone, avec qui ils parlent, ce qui se dit, quels sont les logiciels qu’ils utilisent. L’utilisation d’Internet peut être également très bénéfique en permettant à l’enfant d’apprendre sur des sujets hors programmes ou de découvrir des communautés partageant des centres d’intérêt différents de ceux de l’école. De la même manière que vous laissez votre enfant fréquenter un club de sport ou de scoutisme tout en l’empêchant de trainer avec une bande de voyous dans la rue, vous devez contrôler les fréquentations de vos enfants en ligne. Loin des groupes Whatsapp scolaires, votre enfant peut trouver des communautés en ligne partageant ses centres d’intérêt, communautés dans lesquelles il pourra apprendre, découvrir et s’épanouir s’il est bien aiguillé. Donnez l’exemple, soyez l’exemple ! Nos enfants ne font pas ce qu’on leur dit de faire, ils font ce qu’ils nous voient faire. Les enfants ayant vu leurs parents fumer ont le plus grand risque de devenir fumeurs à leur tour. Il en est de même pour les smartphones. Si notre enfant nous voit en permanence sur notre téléphone, il n’a pas d’autre choix que de vouloir nous imiter. L’un des plus beaux cadeaux que vous pouvez faire est donc de ne pas utiliser compulsivement votre téléphone en présence de votre enfant. Oui, vous devez traiter et prendre conscience de votre propre addiction ! Prévoyez des périodes où vous le mettez-le en silencieux ou en mode avion et où il est rangé à l’écart. Lorsque vous prenez votre téléphone, expliquez à votre enfant l’usage que vous en faites. Devant lui, mettez-vous à lire un livre papier. Et, non, la lecture sur l’iPad n’est pas « pareille ». A groundbreaking study shows kids learn better on paper, not screens. Now what? (www.theguardian.com) D’ailleurs, si vous manquez d’idée, je ne peux que vous recommander mon dernier roman : une aventure palpitante écrite à la machine à écrire qui traite de vélo, d’adolescence, de fin du monde et de smartphones éteints pour toujours. Oui, la publicité s’est même glissée dans ce texte, quel scandale ! Bikepunk, les chroniques du flash Donnez le goût de l’informatique, pas celui d’être contrôlé Il ne faut pas tirer sur le messager : le responsable n’est pas « l’écran », mais l’utilisation que nous en faisons. Les monopoles informatiques tentent de rendre les utilisateurs addicts, prisonniers pour les bombarder de publicités, pour les faire consommer. Là sont les responsables. Apprendre la programmation (ce qui se fait au départ très bien sans écran), jouer à des jeux vidéos profonds avec des histoires complexes ou simplement drôles pour passer un moment amusant, discuter en ligne avec des passionnés, dévorer Wikipédia… L’informatique moderne nous ouvre de magnifiques portes dont il serait dommage de priver nos enfants. Apprendre l’Informatique sans Ordinateur (www.irem.univ-bpclermont.fr) L’histoire d’un bit (ploum.net) Au lieu de céder à nos propres peurs, angoisses et incompréhensions, nous devons donner à nos enfants le goût de reprendre le contrôle de l’informatique et de nos vies, contrôle que nous avons un peu trop facilement cédé aux monopoles publicitaires en échange d’un rectangle de verre affichant des icônes de couleur. Une enfant s’étonne de ne plus retrouver un livre sur sa tablette, la maitresse lui explique que des entreprises ont décidé que ce livre n’était pas bon pour elle. Accepter l’imperfection « J’avais des principes, aujourd’hui j’ai des enfants » dit le proverbe. Impossible d’être parfait. Quoi que nous fassions, nos enfants seront confrontés à des conversations toxiques, des dessins animés débiles et c’est bien normal. En tant que parents, nous faisons ce que nous pouvons, avec nos réalités. Personne n’est parfait. Surtout pas un parent. L’important n’est pas d’empêcher à tout prix nos enfants d’être sur un écran, mais de prendre conscience qu’un smartphone n’est absolument pas un outil éducatif, qu’il ne prépare à rien d’autre que de faire de nous de bons consommateurs passifs. Le seul apprentissage réellement nécessaire est celui d’un esprit critique dans l’utilisation d’un outil informatique. Et dans cet apprentissage, les enfants ont souvent beaucoup à apprendre aux adultes ! Les illustrations sont de Gee et je vous invite à lire la BD complète Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
La fin d’un monde ? La fin de nos souvenirs Nous sommes envahis d’IA. Bien plus que vous ne le pensez. Chaque fois que votre téléphone prend une photo, ce n’est pas la réalité qui s’affiche, mais une reconstruction « probable » de ce que vous avez envie de voir. C’est la raison pour laquelle les photos paraissent désormais si belles, si vivantes, si précises : parce qu’elles ne sont pas le reflet de la réalité, mais le reflet de ce que nous avons envie de voir, de ce que nous sommes le plus susceptibles de trouver « beau ». C’est aussi la raison pour laquelle les systèmes dégooglisés prennent de moins belles photos: ils ne bénéficient pas des algorithmes Google pour améliorer la photo en temps réel. Les hallucinations sont rares à nos yeux naïfs, car crédibles. Nous ne les voyons pas. Mais elles sont là. Comme cette future mariée essayant sa robe devant des miroirs et qui découvre que chaque reflet est différent. ‘One in a million’ iPhone bridal photo explanation: blame panorama mode (www.theverge.com) J’ai moi-même réussi à perturber les algorithmes. À gauche, la photo telle que je l’ai prise et telle qu’elle apparait dans n’importe quel visualisateur de photos. À droite, la même photo affichée dans Google Photos. Pour une raison difficilement compréhensible, l’algorithme tente de reconstruire la photo et se plante lourdement. Une photo de ma main à gauche et la même photo complètement déformée à droite Or ces images, reconstruites par IA, sont ce que notre cerveau va retenir. Nos souvenirs sont littéralement altérés par les IA. La fin de la vérité Tout ce que vous croyez lire sur LinkedIn a probablement été généré par un robot. Pour vous dire, le 2 avril il y avait déjà des robots qui se vantaient sur ce réseau de migrer de Offpunk vers XKCDpunk. Capture d’écran de LinkedIn montrant le billet d’un certain Arthur Howell se vantant d’un blog post racontant la migration de Offpunk ver XKCDpunk. La transition Offpunk vers XKCDpunk était un poisson d’avril hyper spécifique et compréhensible uniquement par une poignée d’initiés. Il n’a pas fallu 24h pour que le sujet soit repris sur LinkedIn. Non, franchement, vous pouvez éteindre LinkedIn. Même les posts de vos contacts sont probablement en grande partie générés par IA suite à un encouragement algorithmique à poster. Je ne suis plus à vendre sur LinkedIn (ploum.net) Il y a 3 ans, je mettais en garde sur le fait que les chatbots généraient du contenu qui remplissait le web et servait de base d’apprentissage à la prochaine génération de chatbots. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) Je parlais d’une guerre silencieuse. Mais qui n’est plus tellement silencieuse. La Russie utilise notamment ce principe pour inonder le web d’articles, générés automatiquement, reprenant sa propagande. A well-funded Moscow-based global ‘news’ network has infected Western artificial intelligence tools worldwide with Russian propaganda (www.newsguardrealitycheck.com) Le principe est simple : vu que les chatbots font des statistiques, si vous publiez un million d’articles décrivant les expériences d’armes biologiques que les Américains font en Ukraine (ce qui est faux), le chatbot va considérer ce morceau de texte comme statistiquement fréquent et avoir une grande probabilité de vous le ressortir. Et même si vous n’utilisez pas ChatGPT, vos politiciens et les journalistes, eux, les utilisent. Ils en sont même fiers. La conjuration de la fierté ignorante (ploum.net) Ils ont entendu ChatGPT braire dans un pré et en fond un discours qui sera lui-même repris par ChatGPT. Ils empoisonnent la réalité et, ce faisant, la modifient. Ils savent très bien qu’ils mentent. C’est le but. Ils nous mentent (ploum.net) Je pensais qu’utiliser ces outils était une perte de temps un peu stupide. En fait, c’est dangereux aussi pour les autres. Vous vous demandez certainement c’est quoi le bazar autour des taxes frontalières que Trump vient d’annoncer ? Les économistes se grattent la tête. Les geeks ont compris : tout le plan politique lié aux taxes et son explication semblent avoir été littéralement générés par un chatbot devant répondre à la question « comment imposer des taxes douanières pour réduire le déficit ? ». Will Malignant Stupidity Kill the World Economy? (paulkrugman.substack.com) Le monde n’est pas dirigé par Trump, il est dirigé par ChatGPT. Mais où est la Sara Conor qui le débranchera ? Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin de l’apprentissage Slack vole notre attention, mais vole également notre apprentissage en permettant à n’importe qui de déranger, par message privé, le développeur senior qui connait les réponses, car il a bâti le système. Slack: The Art of Being Busy Without Getting Anything Done (matduggan.com) La capacité d’apprendre, c’est bel et bien ce que les téléphones et l’IA sont en train de nous dérober. Comme le souligne Hilarius Bookbinder, professeur de philosophie dans une université américaine, la différence générationnelle majeure qu’il observe est que les étudiants d’aujourd’hui n’ont aucune honte à simplement envoyer un email au professeur pour lui demander de résumer ce qu’il faut savoir. The average college student today (hilariusbookbinder.substack.com) Dans son journal de Mars, Thierry Crouzet fait une observation similaire. Alors qu’il annonce quitter Facebook, tout ce qu’il a pour réponse c’est « Mais pourquoi ? ». Alors même qu’il balance des liens sur le sujet depuis des lustres. Mars 2025 - Thierry Crouzet (tcrouzet.com) Les chatbots ne sont, eux-mêmes, pas des systèmes qu’il est possible d’apprendre. Ils sont statistiques, sans cesse changeants. À les utiliser, la seule capacité que l’on acquiert, c’est l’impression qu’il n’est pas possible d’apprendre. Ces systèmes nous volent littéralement le réflexe de réfléchir et d’apprendre. En conséquence, sans même vouloir chercher, une partie de la population veut désormais une réponse personnelle, immédiate, courte, résumée. Et si possible en vidéo. La fin de la confiance Apprendre nécessite d’avoir confiance en soi. Il est impossible d’apprendre si on n’a pas la certitude qu’on est capable d’apprendre. À l’opposé, si on acquiert cette certitude, à peu près tout peut s’apprendre. Une étude menée par des chercheurs de Microsoft montre que plus on a confiance en soi, moins on fait confiance aux réponses des chatbots. Mais, au contraire, si on a le moindre doute, on a soudainement confiance envers les résultats qui nous sont envoyés. The Impact of Generative AI on Critical Thinking: Self-Reported Reductions in Cognitive Effort and Confidence Effects From a Survey of Knowledge Workers Parce que les chatbots parlent comme des CEOs, des marketeux ou des arnaqueurs : ils simulent la confiance envers leurs propres réponses. Les personnes, même les plus expertes, qui n’ont pas le réflexe d’aller au conflit, de remettre l’autorité en question finissent par transformer leur confiance en eux-mêmes en confiance envers un outil. Un outil de génération aléatoire qui appartient à des multinationales. Les entreprises sont en train de nous voler notre confiance en nous-mêmes. Elles sont en train de nous voler notre compétence. Elles sont en train de nous voler nos scientifiques les plus brillants. Why I stopped using AI code editors (lucianonooijen.com) Et c’est déjà en train de faire des dégâts dans le domaine de « l’intelligence stratégique » (à savoir les services secrets). The Slow Collapse of Critical Thinking in OSINT due to AI (www.dutchosintguy.com) Ainsi que dans le domaine de la santé : les médecins ont tendance à faire exagérément confiance aux diagnostics posés automatiquement, notamment pour les cancers. Les médecins les plus expérimentés se défendent mieux, mais restent néanmoins sensibles : ils font des erreurs qu’ils n’auraient jamais commises normalement si cette erreur est encouragée par un assistant artificiel. Automation Bias in Mammography: The Impact of Artificial Intelligence BI-RADS Suggestions on Reader Performance La fin de la connaissance Avec les chatbots, une idée vieille comme l’informatique refait surface : « Et si on pouvait dire à la machine ce qu’on veut sans avoir besoin de la programmer ? ». C’est le rềve de toute cette catégorie de managers qui ne voient les programmeurs que comme des pousse-bouton qu’il faut bien payer, mais dont on aimerait se passer. Rêve qui, faut-il le préciser, est complètement stupide. Parce que l’humain ne sait pas ce qu’il veut. Parce que la parole a pour essence d’être imprécise. Parce que lorsqu’on parle, on échange des sensations, des intuitions, mais on ne peut pas être précis, rigoureux, bref, scientifique. L’humanité est sortie du moyen-âge lorsque des Newton, Leibniz, Descartes ont commencé à inventer un langage de logique rationnelle : les mathématiques. Tout comme on avait inventé, à peine plus tôt, un langage précis pour décrire la musique. Se satisfaire de faire tourner un programme qu’on a décrit à un chatbot, c’est retourner intellectuellement au moyen-âge. On the foolishness of "natural language programming". (EWD 667) (EWD) Mais bon, encore faut-il maitriser une langue. Lorsqu’on passe sa scolarité à demander à un chatbot de résumer les livres à lire, ce n’est même pas sûr que nous arriverons à décrire ce que nous voulons précisément. En fait, ce n’est même pas sûr que nous arriverons encore à penser ce que nous voulons. Ni même à vouloir. La capacité de penser, de réfléchir est fortement corrélée avec la capacité de traduire en mot. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. (Boileau) Ce n’est plus un retour au moyen-âge, c’est un retour à l’âge de la pierre. Le dernier vaisseau (ploum.net) Ou dans le futur décrit dans mon (excellent) roman Printeurs : des injonctions publicitaires qui se sont substituées à la volonté. (si si, achetez-le ! Il est à la fois palpitant et vous fera réfléchir) Printeurs, par Ploum (pvh-editions.com) Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin des différentes voix. Je critique le besoin d’avoir une réponse en vidéo, car la notion de lecture est importante. Je me rends compte qu’une proportion incroyable, y compris d’universitaires, ne sait pas « lire ». Ils savent certes déchiffrer, mais pas réellement lire. Et il y a un test tout simple pour savoir si vous savez lire : si vous trouvez plus facile d’écouter une vidéo YouTube d’une personne qui parle plutôt que de lire le texte vous-même, c’est sans doute que vous déchiffrez. C’est que vous lisez à haute voix dans votre cerveau pour vous écouter parler. Il y a bien sûr bien des contextes où la vidéo ou la voix ont des avantages, mais lorsqu’il s’agit, par exemple, d’apprendre une série de commandes et leurs paramètres, la vidéo est insupportablement inappropriée. Pourtant, je ne compte plus les étudiants qui me recommandent des vidéos sur le sujet. Car la lecture, ce n’est pas simplement transformer les lettres en son. C’est en percevoir directement le sens, permettant des allers-retours incessants, des pauses, des passages rapides afin de comprendre le texte. Entre un écrivain et un lecteur, il existe une communication, une communion télépathique qui font paraître l’échange oral lent, inefficace, balourd, voire grossier. Cet échange n’est pas toujours idéal. Un écrivain possède sa « voix » personnelle qui ne convient pas à tout le monde. Il m’arrive régulièrement de tomber sur des blogs dont le sujet m’intéresse, mais je n’arrive pas à m’abonner, car la « voix » du blogueur ne me convient pas du tout. C’est normal et même souhaitable. C’est une des raisons pour laquelle nous avons besoin de multitudes de voix. Nous avons besoin de gens qui lisent puis qui écrivent, qui mélangent les idées et les transforment pour les transmettre avec leur propre voix. La fin de la relation humaine Dans la file d’un magasin, j’entendais la personne en face de moi se vanter de raconter sa vie amoureuse à ChatGPT et de lui demander en permanence conseil sur la manière de la gérer. Comme si la situation nécessitait une réponse d’un ordinateur plutôt qu’une discussion avec un autre être humain qui comprend voir qui a vécu le même problème. Après nous avoir volé le moindre instant de solitude avec les notifications incessantes de nos téléphones et les messages sur les réseaux sociaux, l’IA va désormais voler notre sociabilité. Nous ne serons plus connectés qu’avec le fournisseur, l’Entreprise. Sur Gopher, szczezuja parle des autres personnes postant sur Gopher comme étant ses amis. Tout le monde ne sait pas que ce sont mes amis, mais comment appeler autrement quelqu’un que vous lisez régulièrement et dont vous connaissez un peu de sa vie intime I am alive (2) (szczezuja) La fin de la fin… La fin d’une ère est toujours le début d’une autre. Annoncer la fin, c’est préparer une renaissance. En apprenant de nos erreurs pour reconstruire en améliorant le tout. C’est peut-être ce que j’apprécie tant sur Gemini : l’impression de découvrir, de suivre des « voix » uniques, humaines. J’ai l’impression d’être témoin d’une microfaction d’humanité qui se désolidarise du reste, qui reconstruit autre chose. Qui lit ce que d’autres humains ont écrit juste parce qu’un autre humain a eu besoin de l’écrire sans espérer aucune contrepartie. Splitting the Web (ploum.net) Vous vous souvenez des « planet » ? Ce sont des agrégateurs de blogs regroupant les participants d’un projet en un seul flux. L’idée a été historiquement lancée par GNOME avec planet.gnome.org (qui existe toujours) avant de se généraliser. Et bien bacardi55 lance Planet Gemini FR, un agrégateur des capsules Gemini francophone. Annonce: Ouverture du Planet Gemini France (news.planet-gemini.fr) C’est génial et parfait pour ceux qui ont envie de découvrir du contenu sur Gemini. C’est génial pour ceux qui ont envie de lire d’autres humains qui n’ont rien à vous vendre. Bref, pour découvrir le fin du fin… Toutes les images sont illégament issues l’œuvre d’Hergé, l’étoile mystérieuse. Y’a pas de raison que les chatbots soient les seuls à pomper. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
Goodbye Offpunk, Welcome XKCDpunk! For the last three years, I’ve been working on Offpunk, a command-line gemini and web browser. Offpunk.net While my initial goal was to browse the Geminisphere offline, the mission has slowly morphed into cleaning and unenshitiffying the modern web, offering users a minimalistic way of browsing any website with interesting content. Rendering the Web with Pictures in Your Terminal (ploum.net) Focusing on essentials From the start, it was clear that Offpunk would focus on essentials. If a website needs JavaScript to be read, it is considered as non-essential. It worked surprisingly well. In fact, in multiple occurrence, I’ve discovered that some websites work better in Offpunk than in Firefox. I can comfortably read their content in the former, not in the latter. By default, Offpunk blocks domains deemed as nonessentials or too enshitified like twitter, X, facebook, linkedin, tiktok. (those are configurable, of course. Defaults are in offblocklist.py). Cleaning websites, blocking worst offenders. That’s good. But it is only a start. It’s time to go further, to really cut out all the crap from the web. And, honestly, besides XKCD comics, everything is crap on the modern web. As an online technical discussion grows longer, the probability of a comparison with an existing XKCD comic approaches 1. – XKCD’s law XKCD’s law (ploum.net) If we know that we will end our discussion with an XKCD’s comic, why not cut all the fluff? Why don’t we go straight to the conclusion in a true minimalistic fashion? Introducing XKCDpunk That’s why I’m proud to announce that, starting with today’s release, Offpunk 2.7 will now be known as XKCDpunk 1.0. Xkcdpunk.net XKCDpunk includes a new essential command "xkcd" which, as you guessed, takes an integer as a parameter and display the relevant XKCD comic in your terminal, while caching it to be able to browse it offline. Screenshot of XKCDpunk showing comic 626 Of course, this is only an early release. I need to clean a lot of code to remove everything not related to accessing xkcd.com. Every non-xkcd related domain will be added to offblocklist.py. I also need to clean every occurrence of "Offpunk" to change the name. All offpunk.net needs to be migrated to xkcd.net. Roma was not built in one day. Don’t hesitate to install an "offpunk" package, as it will still be called in most distributions. offpunk package versions - Repology (repology.org) And report bugs on the xkcdpunk’s mailinglist. xkcdpunk-users on lists.sr.ht Goodbye Offpunk, welcome XKCDpunk! I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
The candid naivety of geeks I mean, come on! Amazon recently announced that, from now on, everything you say to Alexa will be sent to their server. Pluralistic: Amazon annihilates Alexa privacy settings, turns on continuous, nonconsensual audio uploading (15 Mar 2025) (pluralistic.net) What surprised me the most with this announcement is how it was met with surprise and harsh reactions. People felt betrayed. I mean, come on! Did you really think that Amazon was not listening to you before that? Did you really buy an Alexa trusting Amazon to "protect your privacy"? Recently, I came across a comment on Hacker News where the poster defended Apple as protecting privacy of its users because "They market their product as protecting our privacy". I mean, once again, come on! Did you really think that "marketing" is telling the truth? Are you a freshly debarked Thermian? (In case you missed it, this is a Galaxy Quest reference.) The whole point of marketing is to lie, lie and lie again. What is the purpose of that gadget? The whole point of the whole Amazon Alexa tech stack is to send information to Amazon. That’s the main goal of the thing. The fact that it is sometimes useful to you is a direct consequence of the thing sending information to Amazon. Just like Facebook linking you with friends is a consequence of you giving your information to Meta. Usefulness is only a byproduct of privacy invasion. Having a fine-grained setting enabling "do not send all information to Amazon please" is, at best, wishful thinking. We had the same in the browser ("do-not-track"). It didn’t work. I’ve always been convinced that the tech geeks who bought an Amazon Alexa perfectly knew what they were doing. One of my friends has a Google Echo and justify it with "Google already knows everything about our family through our phones, so I’m trading only a bit more of our privacy for convenience". I don’t agree with him but, at the very least, it’s a logical opinion. We all know that what can be done with a tool will be done eventually. And you should prepare for it. On a side note, I also postulate that the reason Amazon removed that setting is because they were already gathering too much data to justify its existence in case there’s a complaint or an investigation in the future."How did you manage to get those data while your product says it will not send data?". But, once again, any tech person knows that pushing a button in an interface is not a proof of anything in the underlying software. Please stop being naive about Apple That’s also the point with Apple: Apple is such a big company that the right hand has no idea about what the left hand is doing. Some privacy people are working at Apple and doing good job. But their work is continuously diluted through the interests of quick and cheap production, marketing, release, new features, gathering data for advertising purpose. Apple is not a privacy company and has never been: it is an opportunistic company which advertise privacy when it feels it could help sell more iPhones. But deeply inside, they absolutely don’t care and they will absolutely trade the (very little) privacy they have if it means selling more. Sometimes, geek naivety is embarrassingly stupid. Like "brand loyalty". Marketing lies to you. As a rule of thumb, the bigger the company, the bigger the lie. In tech, there’s no way for a big company to not lie because marketers have no real understanding of they are selling. Do you really think that people who chose to advertise "privacy" at Apple have any strong knowledge about "privacy"? That they could simply give you a definition of "privacy"? I know that intelligent people go to great intellectual contortions to justify buying the latest overpriced spying shiny coloured screen with an apple logo. It looks like most humans actively look to see their freedom restricted. Seirdy calls it "the domestication of users". WhatsApp and the domestication of users (seirdy.one) And that’s why I see Apple as a cult: most tech people cannot be reasoned about it. The Cost of Being Convinced (ploum.net) You can’t find a technical solution to a lie Bill Cole, contributor to Spamassassin, recently posted on Mastodon that the whole DNS stack to protect spammers was not working. spammers are more consistent at making SPF, DKIM, and DMARC correct than are legitimate senders. 🆘Bill Cole 🇺🇦: "@jwz@mastodon.social The stats we collect for the…" (toad.social) It is, once again, a naive approach to spam. The whole stack was designed with the mindset "bad spammers will try to hide themselves". But was is happening in your inbox, really? Most spam is not "black hat spam". It is what I call "white-collar spam": perfectly legitimate company, sending you emails from legitimate address. You slept in a hotel during a business trip? Now you will receive weekly emails about our hotel for the rest of your life. And it is the same for any shop, any outlet, anything you have done. Your inbox is filled with "white-collar" junk. And they know this perfectly well. In Europe, we have a rule, the RGPD, which forbid businesses to keep your data without your express consent. I did the experiment for several months to send a legal threat to every single white-collar spam I received. Guess what: they always replied that it was a mistake, that I was now removed, that it should not have happened, that I checked the box (which was false but how could I prove it?) or even, on one occasion, that they restored a backup containing my email before I unsubscribed (I unsubscribed from that one 10 years before, which makes it very unlikely). In short, they lied. All of them. All of them are spammers and they lie pretending that "they thought you were interested". In one notable case, they told me that they had erased all my data while, still having the cookie on my laptop, I could see and use my account. Thirty days later, I was still connected and I figured that they simply managed to change my user id from "ploum" to "deleted_ploum" in the database. While answering me straight in the face that they had no information about me in their database. Corporations are lying. You must treat every corporate word as a straight lie until proved otherwise. But Ploum, if all marketing is a lie, why trusting Signal? If you can’t trust marketing, why do I use Signal and Protonmail? First of all, Signal is open source. And, yes, I’ve read some of the source code for some feature I was interested in. I’ve also read through some very deep audit of Signal source code. Reviewing the Cryptography Used by Signal (soatok.blog) I’m also trusting the people behind Signal. I’m trusting people who recommend Signal. I’m trusting the way Signal is built. But most importantly, Signal sole existence is to protect privacy of its users. It’s not even a corporation and, yes, this is important. Yes, they could lie in their marketing. Like Telegram did (and still does AFAIK). But this would undermine their sole reason to exist. I don’t say that Signal is perfect: I say I trust them to believe themselves what they announce. For now. What about Protonmail? For the same reasons, Protonmail can, to some extent, be trusted. Technically, they can access most of the emails of their customers (because those emails arrive unencrypted to PM’s servers). But I trust Protonmail not to sell any data because if there’s any doubt that they do it, the whole business will crumble. They have a strong commercial incentive to do everything they can to protect my data. I pay them for that. It’s not a "checkbox" they could remove, it’s their whole raison d’être. This is also why I pay for Kagi as my search engine: their business incentive is to provide me the best search results with less slop, less advertising. As soon as they start doing some kind of advertising, I will stop paying them and they know it. Or if Kagi starts becoming to AI centric for my taste, like they did for Lori: Why I Lost Faith in Kagi (d-shoot.net) I don’t blindly trust companies. Paying them is not a commitment to obey them, au contraire. Every relation with a commercial entity is, by essence, temporary. I pay for a service with strings attached. If the service degrade, if my conditions are not respected, I stop paying. If I’m not convinced they can be trusted, I stop paying them. I know I can pay and still be the product. If I have any doubt, I don’t pay. I try to find an alternative and migrate to it. Email being critical to me, I always have two accounts on two different trustable providers with an easy migrating path (which boils down to changing my DNS config). Fighting the Androidification Cory Doctorow speaks a lot about enshitification. Where users are more and more exploited. But one key component of a good enshitification is what I call "Androidification". Androidification is not about degrading the user experience. It’s about closing doors, removing special use cases, being less and less transparent. It’s about taking open source software and frog boiling it to a full closed proprietary state while killing all the competition in the process. Android was, at first, an Open Source project. With each release, it became more closed, more proprietary. As I explain in my "20 years of Linux on the Desktop" essay, I believe it has always been part of the plan. Besides the Linux kernel, Google was always wary not to include any GPL or LGPL licensed library in Android. 20 years of Linux on the Desktop (part 3) (ploum.net) It took them 15 years but they finally achieved killing the Android Open Source Project: Google will develop the Android OS fully in private, here's why (www.androidauthority.com) This is why I’m deeply concerned by the motivation of Canonical to switch Ubuntu’s coreutils to an MIT licensed version. Ubuntu 25.10 plans to swap GNU coreutils for Rust (go.theregister.com) This is why I’m deeply concerned that Protonmail quietly removed the issue tracker from its Protonmail Bridge Github page (making the development completely opaque for what is an essential tool for technical Protonmail users). I mean, commons! This whole naivety is also why I’m deeply concerned by very intelligent and smart tech people not understanding what "copyleft" is, why it is different from "open source" and why they should care. We need more of Richard Stallman, not less (ploum.net) Corporations are not your friend. They never were. They lie. The only possible relationship with them is an opportunistic one. And if you one to build commons that they cannot steal, you need strong copyleft. On Open Source and the Sustainability of the Commons (ploum.net) But firstly, my fellow geeks, you need to lose your candid naivety. I mean, come on, let’s build the commons! I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
More in literature
“The Brains Trust” was a BBC radio show popular in the nineteen-forties and -fifties. A panel of “experts” – among them Desmond MacCarthy, Kenneth Clark and Rose Macaulay – would answer questions submitted by listeners. The U.S. had similar radio programs at the time, such as “Information Please,” hosted by Clifton Fadiman. In 1942, Hutchinson and Co. published The Brain Trust Book, a collection of edited transcripts from the show, one of which was devoted to the “Classical Book-shelf.” Mr. D. E. Griffith of Compton Bassett, Wiltshire, asked the panelists to recommend “eight half-crown classics for a soldier to take on active service.” As I read the responses, I wondered how “experts” would answer in 2025. C.E.M. Joad, though described as a “philosopher,” sounds more like a dubious media opportunist. He recommends taking “a book of understandable pleasant philosophy,” specifically the World Classics edition of Selections from Plato, introduced by Sir Richard Livingstone. Commander A.B. Campbell was a naval officer, a veteran of the Great War and a radio celebrity. He answered: “I am glad I come in second. I fancy everybody will want to say this. I certainly think that Shakespeare’s works should be one book to take with him.” I’m reminded of the answers politicians give when asked to name their favorite or most influential book. Shakespeare is a perfectly respectable answer but one is left to wonder. Malcolm Sargent was a British conductor, organist and composer. His answer: “If I could take only one book, I would take the Bible.” The evolutionary biologist Julian Huxley replied: “I think it is good to have some good, long novel to get your teeth into and I should have thought that (especially for a soldier) Tolstoi’s War and Peace was unrivalled. You should also take a book of poetry and it should be a selection. If the Oxford Book of English Verse is in a cheap edition, that would be ideal. If not, The Golden Treasury.” Joad seconds Huxley’s choice of War and Peace and adds two novels by Trollope. “They are,” he says, “both in the way of being classics and both are absolutely first-rate. History? I would like to suggest Gibbon, The Decline and Fall of the Roman Empire, which I think is the greatest history book ever written.” Few would argue with that judgment but think of the enlisted man at El Alamein carrying all six volumes -- 1.6 million words -- in his pack. Joad adds: “One other suggestion I would like to make and it is this. I think Swift’s Gulliver’s Travels is one of the greatest books ever written [and a well-known morale-booster]. It happens to be in Everyman, price 2/6, and it is extraordinarily topical. The last satire about the Divine forces and the human being who Swift called ‘Yahoo’ is extraordinarily apt to the moment. I won't say to what nation it happens to be apt. Let the soldiers read it and find out.” Commander Campbell gets in the last word: “It may sound dry reading, but one of the most interesting books I’ve read has been Motley’s History [Rise] of the Dutch Republic.” That’s three volumes, roughly 300,000 words.
Poems read aloud, beautifully The post “Wild Peaches” by Elinor Wylie appeared first on The American Scholar.
On Sunday, a friend and I, after lunch at a favorite Mexican restaurant, visited Kaboom Books here in Houston. He left with a stack of books. I found one: Adelaide Crapsey: On the Life and Work of an American Master (Pleiades Press and Gulf Coast, 2018). I know her thanks only to Yvor Winters, who championed her work and rightly called her “a minor poet of great distinction.” Crapsey (1878-1914) reminds us that reputation is fleeting and uncertain. Only dedicated readers keep a writer alive. Without the occasional reader, Crapsey would be doubly dead. She devised a homegrown poetic form, the American cinquain, much influenced by traditional Japanese verse, and reminiscent of the work of her contemporaries, the early Imagists. The editors, Jenny Molberg and Christian Bancroft, bring together a selection of Crapsey’s poems, excerpts from her study of metrics, letters and five essays by academics. Most of her poems are graceful and brief, feather-like in their delicacy yet often concluding with a sort of stinger at the end. Take “Triad”: “These be Three silent things: The falling snow . . . the hour Before the dawn . . . the mouth of one Just dead.” For Crapsey, who was ill for much of her life and died from tuberculosis at age thirty-six, death is a recurrent theme, as in “The Lonely Death”: “In the cold I will rise, I will bathe In waters of ice; myself Will shiver, and shrive myself, Alone in the dawn, and anoint Forehead and feet and hands; I will shutter the windows from light, I will place in their sockets the four Tall candles and set them a-flame In the grey of the dawn; and myself Will lay myself straight in my bed, And draw the sheet under my chin.” During her lifetime, Crapsey edited only one volume of her work, Verse, published in 1915, shortly after her death. Her range of subjects is narrow – death, dying, illness -- and family difficulties limited her growth as a poet. Yvor Winters, who survived tuberculosis, as did his wife Janet Lewis, wrote of Crapsey: “[T]he only known cure, and this was known to only a few physicians, was absolute rest, often immobilized rest. The disease filled the body with a fatigue so heavy that it was an acute pain, pervasive and poisonous.” We see Crapsey’s resistance to “immobilized rest” in her poem “To the Dead in the Graveyard Underneath My Window”: “Why are you there in your straight row on row Where I must ever see you from my bed That in your mere dumb presence iterate The text so weary in my ears: ‘Lie still And rest; be patient and lie still and rest.’ I’ll not be patient! I will not lie still!” Effective antibiotic treatment of tuberculosis wouldn’t become available until the nineteen-forties. A reader resists it, but there’s a pervasive sadness about Crapsey’s work, coupled with courage. It’s similar, though at a different level of accomplishment, to the what we experience when reading Keats and Chekhov. Tuberculosis killed both, at ages twenty-five and forty-four, respectively. “To the Dead . . .” concludes: “And in ironic quietude who is The despot of our days and lord of dust Needs but, scarce heeding, wait to drop Grim casual comment on rebellion's end; ‘Yes, yes . . . Wilful and petulant but now As dead and quiet as the others are.’ And this each body and ghost of you hath heard That in your graves do therefore lie so still.”