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De l’utilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents Chers parents, chers enseignants, chers éducateurs, Nous le savons toutes et tous, le smartphone est devenu un objet incontournable de notre quotidien, nous connectant en permanence au réseau Internet qui, avant cela, restait cantonné aux ordinateurs sur nos bureaux. En voyant grandir nos enfants, la question se pose : quand, comment et pourquoi les faire entrer dans le monde de cette hyperconnexion permanente. L’adolescence est une phase critique de la vie durant laquelle le cerveau est particulièrement réceptif et forme des réflexes qui resteront ancrés toute une vie. C’est également une période durant laquelle la pression du groupe et le désir de conformité sociale sont les plus importants. Ce n’est pas un hasard si les producteurs de cigarettes et d’alcool ciblent explicitement les adolescents dans le marketing de leur produit. Le smartphone étant une invention incroyablement récente, nous manquons totalement de...
6 days ago

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À la recherche de l’attention perdue

À la recherche de l’attention perdue La messagerie instantanée et la politique Vous l’avez certainement vu passer : Un journaliste américain s’est fait inviter par erreur sur un chat Signal où des personnes très haut placées de l’administration américaine (y compris le vice-président) discutent de l’organisation top secrète d’une frappe militaire au Yémen le 15 mars. L’administration Trump envoie par erreur ses plans de guerre à un journaliste via Signal (next.ink) La raison de cette erreur est que le porte-parole de Trump, Brian Hughes, avait, durant la campagne électorale, reçu un email du journaliste en question pour demander des précisions sur un autre sujet. Brian Hughes avait alors copié/collé la totalité de l’email, incluant la signature contenant le numéro de téléphone du journaliste, dans un message instantané Apple iMessage à destination de Mike Waltz, qui allait devenir le conseiller à la sécurité de Trump. Recevant ce numéro par message de la part de Brian Hughes, Mike Waltz aurait ensuite sauvegardé ce numéro sous le nom de Brian Hughes. En voulant inviter plus tard Brian Hughes dans le chat Signal, Mike Waltz a par erreur invité le journaliste américain. Exclusive: how the Atlantic’s Jeffrey Goldberg got added to the White House Signal group chat (www.theguardian.com) Cette anecdote nous apprend plusieurs choses: Premièrement, Signal est devenu une réelle infrastructure critique de sécurité, y compris dans les cercles les plus hauts placés. Deuxièmement, les discussions de guerre ultra-stratégique ont désormais lieu… par chat. Pas difficile d’imaginer que chaque participant répond machinalement, poste un émoji entre deux réunions, lors d’une pause pipi. Et là se décident la vie et la mort du reste du monde : dans les toilettes et les réunions qui n’ont rien à voir ! L’erreur initiale provient du fait que Mike Waltz ne lit vraisemblablement pas ses emails (sinon, on lui aurait fait suivre l’email au lieu de l’envoyer par message) et que Brian Hughues est incapable de résumer efficacement un long texte (sinon il n’aurait pas collé l’intégralité du message). Non seulement Mike Waltz ne lit pas ses emails, mais on peut soupçonner qu’il ne lit pas les messages trop longs : il a quand même ajouté un numéro de téléphone qui se trouvait à la fin d’un message sans prendre le temps de lire et de comprendre ledit message. À sa décharge, il semblerait qu’il soit possible que ce soit "l’intelligence artificielle" de l’iPhone qui ait ajouté ce numéro automatiquement au contact. Je ne sais pas si cette fonctionnalité existe, mais le fait d’utiliser un téléphone qui peut décider automatiquement de changer le numéro de ses contacts est quand même assez effrayant. Et bien dans le genre d’Apple dont j’interprète les slogans marketing comme « achetez avec nos produits l’intelligence qui vous fait défaut, bande de crétins ! ». Crise politique attentionnelle et surveillance généralisée La crise attentionnelle est réelle : nous sommes de moins en moins capables de nous concentrer et nous votons pour des gens qui le sont encore moins ! Un ami ayant été embauché pour participer à une campagne électorale en Belgique m’a raconté avoir été abasourdi par l’addiction des politiciens les plus en vue aux réseaux sociaux. Ils sont en permanence rivés à leurs écrans à comptabiliser les likes et les partages de leurs publications et, quand ils reçoivent un dossier de plus de dix lignes, demandent un résumé ultra-succinct à leurs conseillers. Vos politiques ne comprennent rien à rien. Ils font semblant. Et désormais, ils demandent à ChatGPT qui a l’avantage de ne pas dormir, contrairement aux conseillers humains. Les fameuses intelligences artificielles qui, justement, sont peut-être coupables d’avoir ajouté le numéro à ce contact et d’avoir rédigé la politique fiscale de Trump. La fin d’un monde ? (ploum.net) Mais pourquoi utiliser Signal et pas une solution officielle qui empêcherait ce genre de fuite ? Officiellement, il n’y aurait pas d’alternative aussi facile. Mais je vois une raison non officielle très simple : les personnes haut placées ont désormais peur de leur propre infrastructure, car ils savent que tout est sauvegardé et peut-être utilisé contre eux lors d’une éventuelle enquête ou d’un procès, même des années plus tard. Trump a été élu la première fois en faisant campagne sur le fait qu’Hillary Clinton avait utilisé un serveur email personnel, ce qui lui permettait, selon Trump lui-même, d’échapper à la justice en ayant ses mails soustraits aux services de surveillance internes américains. Même ceux qui mettent en place le système de surveillance généralisé en ont peur. L’éducation à la compréhension La dernière leçon que je tire de cette anecdote c’est, encore une fois, celle de l’éducation : vous pouvez avoir l’infrastructure cryptographique la plus sécurisée, si vous êtes incompétent au point d’inviter n’importe qui dans votre chat, on ne peut rien faire pour vous. La plus grosse faille de sécurité est toujours entre la chaise et le clavier, la seule manière de sécuriser un système est de faire en sorte que l’utilisateur soit éduqué. Le meilleur exemple reste celui des voitures autonomes : nous sommes en train de mettre des générations entières dans des Tesla qui se conduisent toutes seules 99% du temps. Et lorsqu’un accident arrive, dans le 1% restant, nous demandons au conducteur : « Mais pourquoi tu n’as pas réagi comme un bon conducteur ? » Et la réponse est très simple : « Parce que je n’ai jamais conduit de ma vie, je ne sais pas ce que c’est conduire, je n’ai jamais appris à réagir quand le système ne fonctionne pas correctement ». Vous pensez que j’exagère ? Attendez… Se faire engager grâce à l’IA Eric Lu a reçu le CV d’un candidat très prometteur pour bosser dans sa startup. CV qui semblait fort optimisé en mots clés, mais qui était particulièrement pointu dans les technologies utilisées par Eric. Il a donc proposé au candidat une interview par vidéo. Au début, tout s’est très bien passé jusqu’à ce que le candidat commence à s’emmêler dans ses réponses. « Vous dites que le service d’envoi de SMS sur lequel vous avez bossé était saturé, mais vous décrivez le service comme étant utilisé par une classe de 30 personnes. Comment 30 SMS peuvent-ils saturer le service ? » … euh… « Pouvez-vous me dire quelle interface utilisateur vous avez mise en place avec ce que vous dites avoir implémenté ? » … euh, je ne me souviens plus… Eric comprend alors que le candidat baratine. Le CV a été généré par ChatGPT. Le candidat s’est préparé en simulant un entretien d’embauche avec ChatGPT et en étudiant par cœur ce qu’il devait répondre. Il panique dès qu’on sort de son script. What it's like to interview a software engineer preparing with AI (www.kapwing.com) Ce qui est particulièrement dommage, c’est que le candidat avait un profil vraiment adapté. S’il avait été honnête et franc au regard de son manque d’expérience, il aurait pu se faire engager comme junior et acquérir l’expérience souhaitée. S’il avait consacré son temps à lire des explications techniques sur les technologies concernées plutôt que d’utiliser ChatGPT, il aurait pu convaincre l’employeur de sa motivation, de sa curiosité. « Je ne connais pas encore grand-chose, mais je suis désireux d’apprendre ». Mais le plus triste dans tout cela, c’est qu’il a sincèrement pensé que ça pouvait fonctionner. Il a détruit sa réputation parce que ça ne lui a même pas traversé l’esprit que, quand bien même il aurait été engagé, il n’aurait pas tenu deux jours dans son boulot avant de passer pour un crétin. Il a été malhonnête parce qu’il était persuadé que c’était la bonne manière de fonctionner. Bref, il était un vrai Julius. Mon collègue Julius (ploum.net) Il a « appris à conduire une Tesla » en s’asseyant sur le siège et regardant celle-ci faire 100 fois le tour du quartier. Confiant, il est parti dans une autre ville et s’est pris le premier platane. Sauver une génération Les smartphones, l’IA, les monopoles publicitaires, les réseaux sociaux sont toutes les facettes d’un même problème : la volonté de rendre la technologie incompréhensible afin de nous asservir commercialement et de nous occuper l’esprit. J’ai écrit comment je pensais que nous devions agir pour éduquer la prochaine génération d’adultes : De l’utilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents (ploum.net) Mais c’est un point de vue de parent. C’est pour cela que je trouve très pertinente l’analyse de Thual qui, lui, est un jeune adulte à peine sorti de l’adolescence. Il peut parler de tout cela à la première personne. Adolescence et numérique : retour d'expérience (thual.eu) La grande leçon que j’en tire est que la génération qui nous suit est loin d’être perdue. Comme toutes les générations, elle est désireuse d’apprendre, de se battre. Nous devons avoir l’humilité de réaliser que ma génération s’est complètement plantée. Que nous détruisons tout, que nous sommes des fascistes addicts à Facebook et Candy Crush qui roulons en SUV. Nous n’avons pas de leçons à leur donner. Nous avons le devoir de les aider, de nous mettre à leur service en désactivant le pilote automatique et en brûlant les slides PowerPoint dont nous sommes si fiers. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.

2 days ago 2 votes
La fin d’un monde ?

La fin d’un monde ? La fin de nos souvenirs Nous sommes envahis d’IA. Bien plus que vous ne le pensez. Chaque fois que votre téléphone prend une photo, ce n’est pas la réalité qui s’affiche, mais une reconstruction « probable » de ce que vous avez envie de voir. C’est la raison pour laquelle les photos paraissent désormais si belles, si vivantes, si précises : parce qu’elles ne sont pas le reflet de la réalité, mais le reflet de ce que nous avons envie de voir, de ce que nous sommes le plus susceptibles de trouver « beau ». C’est aussi la raison pour laquelle les systèmes dégooglisés prennent de moins belles photos: ils ne bénéficient pas des algorithmes Google pour améliorer la photo en temps réel. Les hallucinations sont rares à nos yeux naïfs, car crédibles. Nous ne les voyons pas. Mais elles sont là. Comme cette future mariée essayant sa robe devant des miroirs et qui découvre que chaque reflet est différent. ‘One in a million’ iPhone bridal photo explanation: blame panorama mode (www.theverge.com) J’ai moi-même réussi à perturber les algorithmes. À gauche, la photo telle que je l’ai prise et telle qu’elle apparait dans n’importe quel visualisateur de photos. À droite, la même photo affichée dans Google Photos. Pour une raison difficilement compréhensible, l’algorithme tente de reconstruire la photo et se plante lourdement. Une photo de ma main à gauche et la même photo complètement déformée à droite Or ces images, reconstruites par IA, sont ce que notre cerveau va retenir. Nos souvenirs sont littéralement altérés par les IA. La fin de la vérité Tout ce que vous croyez lire sur LinkedIn a probablement été généré par un robot. Pour vous dire, le 2 avril il y avait déjà des robots qui se vantaient sur ce réseau de migrer de Offpunk vers XKCDpunk. Capture d’écran de LinkedIn montrant le billet d’un certain Arthur Howell se vantant d’un blog post racontant la migration de Offpunk ver XKCDpunk. La transition Offpunk vers XKCDpunk était un poisson d’avril hyper spécifique et compréhensible uniquement par une poignée d’initiés. Il n’a pas fallu 24h pour que le sujet soit repris sur LinkedIn. Non, franchement, vous pouvez éteindre LinkedIn. Même les posts de vos contacts sont probablement en grande partie générés par IA suite à un encouragement algorithmique à poster. Je ne suis plus à vendre sur LinkedIn (ploum.net) Il y a 3 ans, je mettais en garde sur le fait que les chatbots généraient du contenu qui remplissait le web et servait de base d’apprentissage à la prochaine génération de chatbots. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) Je parlais d’une guerre silencieuse. Mais qui n’est plus tellement silencieuse. La Russie utilise notamment ce principe pour inonder le web d’articles, générés automatiquement, reprenant sa propagande. A well-funded Moscow-based global ‘news’ network has infected Western artificial intelligence tools worldwide with Russian propaganda (www.newsguardrealitycheck.com) Le principe est simple : vu que les chatbots font des statistiques, si vous publiez un million d’articles décrivant les expériences d’armes biologiques que les Américains font en Ukraine (ce qui est faux), le chatbot va considérer ce morceau de texte comme statistiquement fréquent et avoir une grande probabilité de vous le ressortir. Et même si vous n’utilisez pas ChatGPT, vos politiciens et les journalistes, eux, les utilisent. Ils en sont même fiers. La conjuration de la fierté ignorante (ploum.net) Ils ont entendu ChatGPT braire dans un pré et en fond un discours qui sera lui-même repris par ChatGPT. Ils empoisonnent la réalité et, ce faisant, la modifient. Ils savent très bien qu’ils mentent. C’est le but. Ils nous mentent (ploum.net) Je pensais qu’utiliser ces outils était une perte de temps un peu stupide. En fait, c’est dangereux aussi pour les autres. Vous vous demandez certainement c’est quoi le bazar autour des taxes frontalières que Trump vient d’annoncer ? Les économistes se grattent la tête. Les geeks ont compris : tout le plan politique lié aux taxes et son explication semblent avoir été littéralement générés par un chatbot devant répondre à la question « comment imposer des taxes douanières pour réduire le déficit ? ». Will Malignant Stupidity Kill the World Economy? (paulkrugman.substack.com) Le monde n’est pas dirigé par Trump, il est dirigé par ChatGPT. Mais où est la Sara Conor qui le débranchera ? Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin de l’apprentissage Slack vole notre attention, mais vole également notre apprentissage en permettant à n’importe qui de déranger, par message privé, le développeur senior qui connait les réponses, car il a bâti le système. Slack: The Art of Being Busy Without Getting Anything Done (matduggan.com) La capacité d’apprendre, c’est bel et bien ce que les téléphones et l’IA sont en train de nous dérober. Comme le souligne Hilarius Bookbinder, professeur de philosophie dans une université américaine, la différence générationnelle majeure qu’il observe est que les étudiants d’aujourd’hui n’ont aucune honte à simplement envoyer un email au professeur pour lui demander de résumer ce qu’il faut savoir. The average college student today (hilariusbookbinder.substack.com) Dans son journal de Mars, Thierry Crouzet fait une observation similaire. Alors qu’il annonce quitter Facebook, tout ce qu’il a pour réponse c’est « Mais pourquoi ? ». Alors même qu’il balance des liens sur le sujet depuis des lustres. Mars 2025 - Thierry Crouzet (tcrouzet.com) Les chatbots ne sont, eux-mêmes, pas des systèmes qu’il est possible d’apprendre. Ils sont statistiques, sans cesse changeants. À les utiliser, la seule capacité que l’on acquiert, c’est l’impression qu’il n’est pas possible d’apprendre. Ces systèmes nous volent littéralement le réflexe de réfléchir et d’apprendre. En conséquence, sans même vouloir chercher, une partie de la population veut désormais une réponse personnelle, immédiate, courte, résumée. Et si possible en vidéo. La fin de la confiance Apprendre nécessite d’avoir confiance en soi. Il est impossible d’apprendre si on n’a pas la certitude qu’on est capable d’apprendre. À l’opposé, si on acquiert cette certitude, à peu près tout peut s’apprendre. Une étude menée par des chercheurs de Microsoft montre que plus on a confiance en soi, moins on fait confiance aux réponses des chatbots. Mais, au contraire, si on a le moindre doute, on a soudainement confiance envers les résultats qui nous sont envoyés. The Impact of Generative AI on Critical Thinking: Self-Reported Reductions in Cognitive Effort and Confidence Effects From a Survey of Knowledge Workers Parce que les chatbots parlent comme des CEOs, des marketeux ou des arnaqueurs : ils simulent la confiance envers leurs propres réponses. Les personnes, même les plus expertes, qui n’ont pas le réflexe d’aller au conflit, de remettre l’autorité en question finissent par transformer leur confiance en eux-mêmes en confiance envers un outil. Un outil de génération aléatoire qui appartient à des multinationales. Les entreprises sont en train de nous voler notre confiance en nous-mêmes. Elles sont en train de nous voler notre compétence. Elles sont en train de nous voler nos scientifiques les plus brillants. Why I stopped using AI code editors (lucianonooijen.com) Et c’est déjà en train de faire des dégâts dans le domaine de « l’intelligence stratégique » (à savoir les services secrets). The Slow Collapse of Critical Thinking in OSINT due to AI (www.dutchosintguy.com) Ainsi que dans le domaine de la santé : les médecins ont tendance à faire exagérément confiance aux diagnostics posés automatiquement, notamment pour les cancers. Les médecins les plus expérimentés se défendent mieux, mais restent néanmoins sensibles : ils font des erreurs qu’ils n’auraient jamais commises normalement si cette erreur est encouragée par un assistant artificiel. Automation Bias in Mammography: The Impact of Artificial Intelligence BI-RADS Suggestions on Reader Performance La fin de la connaissance Avec les chatbots, une idée vieille comme l’informatique refait surface : « Et si on pouvait dire à la machine ce qu’on veut sans avoir besoin de la programmer ? ». C’est le rềve de toute cette catégorie de managers qui ne voient les programmeurs que comme des pousse-bouton qu’il faut bien payer, mais dont on aimerait se passer. Rêve qui, faut-il le préciser, est complètement stupide. Parce que l’humain ne sait pas ce qu’il veut. Parce que la parole a pour essence d’être imprécise. Parce que lorsqu’on parle, on échange des sensations, des intuitions, mais on ne peut pas être précis, rigoureux, bref, scientifique. L’humanité est sortie du moyen-âge lorsque des Newton, Leibniz, Descartes ont commencé à inventer un langage de logique rationnelle : les mathématiques. Tout comme on avait inventé, à peine plus tôt, un langage précis pour décrire la musique. Se satisfaire de faire tourner un programme qu’on a décrit à un chatbot, c’est retourner intellectuellement au moyen-âge. On the foolishness of "natural language programming". (EWD 667) (EWD) Mais bon, encore faut-il maitriser une langue. Lorsqu’on passe sa scolarité à demander à un chatbot de résumer les livres à lire, ce n’est même pas sûr que nous arriverons à décrire ce que nous voulons précisément. En fait, ce n’est même pas sûr que nous arriverons encore à penser ce que nous voulons. Ni même à vouloir. La capacité de penser, de réfléchir est fortement corrélée avec la capacité de traduire en mot. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. (Boileau) Ce n’est plus un retour au moyen-âge, c’est un retour à l’âge de la pierre. Le dernier vaisseau (ploum.net) Ou dans le futur décrit dans mon (excellent) roman Printeurs : des injonctions publicitaires qui se sont substituées à la volonté. (si si, achetez-le ! Il est à la fois palpitant et vous fera réfléchir) Printeurs, par Ploum (pvh-editions.com) Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin des différentes voix. Je critique le besoin d’avoir une réponse en vidéo, car la notion de lecture est importante. Je me rends compte qu’une proportion incroyable, y compris d’universitaires, ne sait pas « lire ». Ils savent certes déchiffrer, mais pas réellement lire. Et il y a un test tout simple pour savoir si vous savez lire : si vous trouvez plus facile d’écouter une vidéo YouTube d’une personne qui parle plutôt que de lire le texte vous-même, c’est sans doute que vous déchiffrez. C’est que vous lisez à haute voix dans votre cerveau pour vous écouter parler. Il y a bien sûr bien des contextes où la vidéo ou la voix ont des avantages, mais lorsqu’il s’agit, par exemple, d’apprendre une série de commandes et leurs paramètres, la vidéo est insupportablement inappropriée. Pourtant, je ne compte plus les étudiants qui me recommandent des vidéos sur le sujet. Car la lecture, ce n’est pas simplement transformer les lettres en son. C’est en percevoir directement le sens, permettant des allers-retours incessants, des pauses, des passages rapides afin de comprendre le texte. Entre un écrivain et un lecteur, il existe une communication, une communion télépathique qui font paraître l’échange oral lent, inefficace, balourd, voire grossier. Cet échange n’est pas toujours idéal. Un écrivain possède sa « voix » personnelle qui ne convient pas à tout le monde. Il m’arrive régulièrement de tomber sur des blogs dont le sujet m’intéresse, mais je n’arrive pas à m’abonner, car la « voix » du blogueur ne me convient pas du tout. C’est normal et même souhaitable. C’est une des raisons pour laquelle nous avons besoin de multitudes de voix. Nous avons besoin de gens qui lisent puis qui écrivent, qui mélangent les idées et les transforment pour les transmettre avec leur propre voix. La fin de la relation humaine Dans la file d’un magasin, j’entendais la personne en face de moi se vanter de raconter sa vie amoureuse à ChatGPT et de lui demander en permanence conseil sur la manière de la gérer. Comme si la situation nécessitait une réponse d’un ordinateur plutôt qu’une discussion avec un autre être humain qui comprend voir qui a vécu le même problème. Après nous avoir volé le moindre instant de solitude avec les notifications incessantes de nos téléphones et les messages sur les réseaux sociaux, l’IA va désormais voler notre sociabilité. Nous ne serons plus connectés qu’avec le fournisseur, l’Entreprise. Sur Gopher, szczezuja parle des autres personnes postant sur Gopher comme étant ses amis. Tout le monde ne sait pas que ce sont mes amis, mais comment appeler autrement quelqu’un que vous lisez régulièrement et dont vous connaissez un peu de sa vie intime I am alive (2) (szczezuja) La fin de la fin… La fin d’une ère est toujours le début d’une autre. Annoncer la fin, c’est préparer une renaissance. En apprenant de nos erreurs pour reconstruire en améliorant le tout. C’est peut-être ce que j’apprécie tant sur Gemini : l’impression de découvrir, de suivre des « voix » uniques, humaines. J’ai l’impression d’être témoin d’une microfaction d’humanité qui se désolidarise du reste, qui reconstruit autre chose. Qui lit ce que d’autres humains ont écrit juste parce qu’un autre humain a eu besoin de l’écrire sans espérer aucune contrepartie. Splitting the Web (ploum.net) Vous vous souvenez des « planet » ? Ce sont des agrégateurs de blogs regroupant les participants d’un projet en un seul flux. L’idée a été historiquement lancée par GNOME avec planet.gnome.org (qui existe toujours) avant de se généraliser. Et bien bacardi55 lance Planet Gemini FR, un agrégateur des capsules Gemini francophone. Annonce: Ouverture du Planet Gemini France (news.planet-gemini.fr) C’est génial et parfait pour ceux qui ont envie de découvrir du contenu sur Gemini. C’est génial pour ceux qui ont envie de lire d’autres humains qui n’ont rien à vous vendre. Bref, pour découvrir le fin du fin… Toutes les images sont illégament issues l’œuvre d’Hergé, l’étoile mystérieuse. Y’a pas de raison que les chatbots soient les seuls à pomper. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.

a week ago 12 votes
Goodbye Offpunk, Welcome XKCDpunk!

Goodbye Offpunk, Welcome XKCDpunk! For the last three years, I’ve been working on Offpunk, a command-line gemini and web browser. Offpunk.net While my initial goal was to browse the Geminisphere offline, the mission has slowly morphed into cleaning and unenshitiffying the modern web, offering users a minimalistic way of browsing any website with interesting content. Rendering the Web with Pictures in Your Terminal (ploum.net) Focusing on essentials From the start, it was clear that Offpunk would focus on essentials. If a website needs JavaScript to be read, it is considered as non-essential. It worked surprisingly well. In fact, in multiple occurrence, I’ve discovered that some websites work better in Offpunk than in Firefox. I can comfortably read their content in the former, not in the latter. By default, Offpunk blocks domains deemed as nonessentials or too enshitified like twitter, X, facebook, linkedin, tiktok. (those are configurable, of course. Defaults are in offblocklist.py). Cleaning websites, blocking worst offenders. That’s good. But it is only a start. It’s time to go further, to really cut out all the crap from the web. And, honestly, besides XKCD comics, everything is crap on the modern web. As an online technical discussion grows longer, the probability of a comparison with an existing XKCD comic approaches 1. – XKCD’s law XKCD’s law (ploum.net) If we know that we will end our discussion with an XKCD’s comic, why not cut all the fluff? Why don’t we go straight to the conclusion in a true minimalistic fashion? Introducing XKCDpunk That’s why I’m proud to announce that, starting with today’s release, Offpunk 2.7 will now be known as XKCDpunk 1.0. Xkcdpunk.net XKCDpunk includes a new essential command "xkcd" which, as you guessed, takes an integer as a parameter and display the relevant XKCD comic in your terminal, while caching it to be able to browse it offline. Screenshot of XKCDpunk showing comic 626 Of course, this is only an early release. I need to clean a lot of code to remove everything not related to accessing xkcd.com. Every non-xkcd related domain will be added to offblocklist.py. I also need to clean every occurrence of "Offpunk" to change the name. All offpunk.net needs to be migrated to xkcd.net. Roma was not built in one day. Don’t hesitate to install an "offpunk" package, as it will still be called in most distributions. offpunk package versions - Repology (repology.org) And report bugs on the xkcdpunk’s mailinglist. xkcdpunk-users on lists.sr.ht Goodbye Offpunk, welcome XKCDpunk! I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!

2 weeks ago 12 votes
The candid naivety of geeks

The candid naivety of geeks I mean, come on! Amazon recently announced that, from now on, everything you say to Alexa will be sent to their server. Pluralistic: Amazon annihilates Alexa privacy settings, turns on continuous, nonconsensual audio uploading (15 Mar 2025) (pluralistic.net) What surprised me the most with this announcement is how it was met with surprise and harsh reactions. People felt betrayed. I mean, come on! Did you really think that Amazon was not listening to you before that? Did you really buy an Alexa trusting Amazon to "protect your privacy"? Recently, I came across a comment on Hacker News where the poster defended Apple as protecting privacy of its users because "They market their product as protecting our privacy". I mean, once again, come on! Did you really think that "marketing" is telling the truth? Are you a freshly debarked Thermian? (In case you missed it, this is a Galaxy Quest reference.) The whole point of marketing is to lie, lie and lie again. What is the purpose of that gadget? The whole point of the whole Amazon Alexa tech stack is to send information to Amazon. That’s the main goal of the thing. The fact that it is sometimes useful to you is a direct consequence of the thing sending information to Amazon. Just like Facebook linking you with friends is a consequence of you giving your information to Meta. Usefulness is only a byproduct of privacy invasion. Having a fine-grained setting enabling "do not send all information to Amazon please" is, at best, wishful thinking. We had the same in the browser ("do-not-track"). It didn’t work. I’ve always been convinced that the tech geeks who bought an Amazon Alexa perfectly knew what they were doing. One of my friends has a Google Echo and justify it with "Google already knows everything about our family through our phones, so I’m trading only a bit more of our privacy for convenience". I don’t agree with him but, at the very least, it’s a logical opinion. We all know that what can be done with a tool will be done eventually. And you should prepare for it. On a side note, I also postulate that the reason Amazon removed that setting is because they were already gathering too much data to justify its existence in case there’s a complaint or an investigation in the future."How did you manage to get those data while your product says it will not send data?". But, once again, any tech person knows that pushing a button in an interface is not a proof of anything in the underlying software. Please stop being naive about Apple That’s also the point with Apple: Apple is such a big company that the right hand has no idea about what the left hand is doing. Some privacy people are working at Apple and doing good job. But their work is continuously diluted through the interests of quick and cheap production, marketing, release, new features, gathering data for advertising purpose. Apple is not a privacy company and has never been: it is an opportunistic company which advertise privacy when it feels it could help sell more iPhones. But deeply inside, they absolutely don’t care and they will absolutely trade the (very little) privacy they have if it means selling more. Sometimes, geek naivety is embarrassingly stupid. Like "brand loyalty". Marketing lies to you. As a rule of thumb, the bigger the company, the bigger the lie. In tech, there’s no way for a big company to not lie because marketers have no real understanding of they are selling. Do you really think that people who chose to advertise "privacy" at Apple have any strong knowledge about "privacy"? That they could simply give you a definition of "privacy"? I know that intelligent people go to great intellectual contortions to justify buying the latest overpriced spying shiny coloured screen with an apple logo. It looks like most humans actively look to see their freedom restricted. Seirdy calls it "the domestication of users". WhatsApp and the domestication of users (seirdy.one) And that’s why I see Apple as a cult: most tech people cannot be reasoned about it. The Cost of Being Convinced (ploum.net) You can’t find a technical solution to a lie Bill Cole, contributor to Spamassassin, recently posted on Mastodon that the whole DNS stack to protect spammers was not working. spammers are more consistent at making SPF, DKIM, and DMARC correct than are legitimate senders. 🆘Bill Cole 🇺🇦: "@jwz@mastodon.social The stats we collect for the…" (toad.social) It is, once again, a naive approach to spam. The whole stack was designed with the mindset "bad spammers will try to hide themselves". But was is happening in your inbox, really? Most spam is not "black hat spam". It is what I call "white-collar spam": perfectly legitimate company, sending you emails from legitimate address. You slept in a hotel during a business trip? Now you will receive weekly emails about our hotel for the rest of your life. And it is the same for any shop, any outlet, anything you have done. Your inbox is filled with "white-collar" junk. And they know this perfectly well. In Europe, we have a rule, the RGPD, which forbid businesses to keep your data without your express consent. I did the experiment for several months to send a legal threat to every single white-collar spam I received. Guess what: they always replied that it was a mistake, that I was now removed, that it should not have happened, that I checked the box (which was false but how could I prove it?) or even, on one occasion, that they restored a backup containing my email before I unsubscribed (I unsubscribed from that one 10 years before, which makes it very unlikely). In short, they lied. All of them. All of them are spammers and they lie pretending that "they thought you were interested". In one notable case, they told me that they had erased all my data while, still having the cookie on my laptop, I could see and use my account. Thirty days later, I was still connected and I figured that they simply managed to change my user id from "ploum" to "deleted_ploum" in the database. While answering me straight in the face that they had no information about me in their database. Corporations are lying. You must treat every corporate word as a straight lie until proved otherwise. But Ploum, if all marketing is a lie, why trusting Signal? If you can’t trust marketing, why do I use Signal and Protonmail? First of all, Signal is open source. And, yes, I’ve read some of the source code for some feature I was interested in. I’ve also read through some very deep audit of Signal source code. Reviewing the Cryptography Used by Signal (soatok.blog) I’m also trusting the people behind Signal. I’m trusting people who recommend Signal. I’m trusting the way Signal is built. But most importantly, Signal sole existence is to protect privacy of its users. It’s not even a corporation and, yes, this is important. Yes, they could lie in their marketing. Like Telegram did (and still does AFAIK). But this would undermine their sole reason to exist. I don’t say that Signal is perfect: I say I trust them to believe themselves what they announce. For now. What about Protonmail? For the same reasons, Protonmail can, to some extent, be trusted. Technically, they can access most of the emails of their customers (because those emails arrive unencrypted to PM’s servers). But I trust Protonmail not to sell any data because if there’s any doubt that they do it, the whole business will crumble. They have a strong commercial incentive to do everything they can to protect my data. I pay them for that. It’s not a "checkbox" they could remove, it’s their whole raison d’être. This is also why I pay for Kagi as my search engine: their business incentive is to provide me the best search results with less slop, less advertising. As soon as they start doing some kind of advertising, I will stop paying them and they know it. Or if Kagi starts becoming to AI centric for my taste, like they did for Lori: Why I Lost Faith in Kagi (d-shoot.net) I don’t blindly trust companies. Paying them is not a commitment to obey them, au contraire. Every relation with a commercial entity is, by essence, temporary. I pay for a service with strings attached. If the service degrade, if my conditions are not respected, I stop paying. If I’m not convinced they can be trusted, I stop paying them. I know I can pay and still be the product. If I have any doubt, I don’t pay. I try to find an alternative and migrate to it. Email being critical to me, I always have two accounts on two different trustable providers with an easy migrating path (which boils down to changing my DNS config). Fighting the Androidification Cory Doctorow speaks a lot about enshitification. Where users are more and more exploited. But one key component of a good enshitification is what I call "Androidification". Androidification is not about degrading the user experience. It’s about closing doors, removing special use cases, being less and less transparent. It’s about taking open source software and frog boiling it to a full closed proprietary state while killing all the competition in the process. Android was, at first, an Open Source project. With each release, it became more closed, more proprietary. As I explain in my "20 years of Linux on the Desktop" essay, I believe it has always been part of the plan. Besides the Linux kernel, Google was always wary not to include any GPL or LGPL licensed library in Android. 20 years of Linux on the Desktop (part 3) (ploum.net) It took them 15 years but they finally achieved killing the Android Open Source Project: Google will develop the Android OS fully in private, here's why (www.androidauthority.com) This is why I’m deeply concerned by the motivation of Canonical to switch Ubuntu’s coreutils to an MIT licensed version. Ubuntu 25.10 plans to swap GNU coreutils for Rust (go.theregister.com) This is why I’m deeply concerned that Protonmail quietly removed the issue tracker from its Protonmail Bridge Github page (making the development completely opaque for what is an essential tool for technical Protonmail users). I mean, commons! This whole naivety is also why I’m deeply concerned by very intelligent and smart tech people not understanding what "copyleft" is, why it is different from "open source" and why they should care. We need more of Richard Stallman, not less (ploum.net) Corporations are not your friend. They never were. They lie. The only possible relationship with them is an opportunistic one. And if you one to build commons that they cannot steal, you need strong copyleft. On Open Source and the Sustainability of the Commons (ploum.net) But firstly, my fellow geeks, you need to lose your candid naivety. I mean, come on, let’s build the commons! I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!

2 weeks ago 16 votes

More in literature

'You Should Take a Book of Poetry'

“The Brains Trust” was a BBC radio show popular in the nineteen-forties and -fifties. A panel of “experts” – among them Desmond MacCarthy, Kenneth Clark and Rose Macaulay – would answer questions submitted by listeners. The U.S. had similar radio programs at the time, such as “Information Please,” hosted by Clifton Fadiman. In 1942, Hutchinson and Co. published The Brain Trust Book, a collection of edited transcripts from the show, one of which was devoted to the “Classical Book-shelf.” Mr. D. E. Griffith of Compton Bassett, Wiltshire, asked the panelists to recommend “eight half-crown classics for a soldier to take on active service.” As I read the responses, I wondered how “experts” would answer in 2025.  C.E.M. Joad, though described as a “philosopher,” sounds more like a dubious media opportunist. He recommends taking “a book of understandable pleasant philosophy,” specifically the World Classics edition of Selections from Plato, introduced by Sir Richard Livingstone.   Commander A.B. Campbell was a naval officer, a veteran of the Great War and a radio celebrity. He answered: “I am glad I come in second. I fancy everybody will want to say this. I certainly think that Shakespeare’s works should be one book to take with him.”   I’m reminded of the answers politicians give when asked to name their favorite or most influential book. Shakespeare is a perfectly respectable answer but one is left to wonder.   Malcolm Sargent was a British conductor, organist and composer. His answer: “If I could take only one book, I would take the Bible.”   The evolutionary biologist Julian Huxley replied: “I think it is good to have some good, long novel to get your teeth into and I should have thought that (especially for a soldier) Tolstoi’s War and Peace was unrivalled. You should also take a book of poetry and it should be a selection. If the Oxford Book of English Verse is in a cheap edition, that would be ideal. If not, The Golden Treasury.”   Joad seconds Huxley’s choice of War and Peace and adds two novels by Trollope. “They are,” he says, “both in the way of being classics and both are absolutely first-rate. History? I would like to suggest Gibbon, The Decline and Fall of the Roman Empire, which I think is the greatest history book ever written.”   Few would argue with that judgment but think of the enlisted man at El Alamein  carrying all six volumes -- 1.6 million words -- in his pack. Joad adds:   “One other suggestion I would like to make and it is this. I think Swift’s Gulliver’s Travels is one of the greatest books ever written [and a well-known morale-booster]. It happens to be in Everyman, price 2/6, and it is extraordinarily topical. The last satire about the Divine forces and the human being who Swift called ‘Yahoo’ is extraordinarily apt to the moment. I won't say to what nation it happens to be apt. Let the soldiers read it and find out.”   Commander Campbell gets in the last word: “It may sound dry reading, but one of the most interesting books I’ve read has been Motley’s History [Rise] of the Dutch Republic.” That’s three volumes, roughly 300,000 words.

20 hours ago 2 votes
“Wild Peaches” by Elinor Wylie

Poems read aloud, beautifully The post “Wild Peaches” by Elinor Wylie appeared first on The American Scholar.

21 hours ago 2 votes
3 Kinds of Loneliness and 4 Kinds of Forever

Loneliness is the fundamental condition of life — we are born by another, but born alone; die around others (if we are lucky and loved), but die alone; we spend our lives islanded in our one and only human experience — in these particular bodies and minds and circumstances drawn from the cosmic lottery — amid the immense ocean of time and chance teeming with all possible experience. Everything of beauty and substance that we make — every poem, every painting, every friendship — is an outstretched hand reaching out from one loneliness to another, reaching into the mute mouth… read article

2 hours ago 1 votes
Yes, it can be profitable to sell print magazines and books

Collectable print projects don't have to be an expensive vanity project.

5 hours ago 1 votes
What I Read in March 2025 – Some day, he thought, I must use such a scene to start a good, thick old-fashioned novel

FICTION The Return of Sherlock Holmes (1904), Arthur Conan Doyle – My emergency book, the book on my phone, for when I need to read in the dark, or it is raining at the bus stop, or similar dire situations.  I have been dipping into it for two years or more, but decided to finish it up.  In the previous collection, The Memoirs of Sherlock Holmes (1893), I could see Doyle growing bored with his creation to the extent that he shoved him off a cliff, but the stories in this book are rock solid magazine entertainment, every one of them. A Mirror for Witches (1928), Esther Forbes – How many of us read Johnny Tremain (1943) as a child?  All of us (among the U.S. us)?  This earlier novel is about a lively teenage witch in the Salem vicinity.  It is written in a lightly imitative 17th century, flavorful but not overdoing it.  The narrator thinks the girl is a witch, and the girl thinks she’s a witch, so the novel works as both inventive fantasy and as psychology.  It is a simpler younger cousin of James Hogg’s Private Memoirs and Confessions of a Justified Sinner (1824), so enjoyable that I am tempted to revisit Johnny Tremain after, oh, not fifty years, but getting close. Soul (1935-46), Andrey Platonov – I wrote about this terrific collection here. The Gift (1938), Vladimir Nabokov – I should write at least a little something about this one, which I have read several times.  A favorite novel; a great book.  The quotation in the title above is from the second page. Near to the Wild Heart (1943), Clarice Lispector – This one received a bit of incomprehension back here. The Matchmaker (1954), Thornton Wilder – Twelve years ago I read On the Razzle (1981), Tom Stoppard’s adaptation of Johann Nestroy’s farce Einen Jux will er sich machen (1842).  Wilder, in his earlier version, moves the fun from Vienna to Yonkers and Manhattan. The Acceptance World (1955), Anthony Powell – The third novel of Dance to the Music of Time.  Perhaps I will have something to write about it after I read the fourth novel. A Rage in Harlem (1957), Chester Himes – The portrait of grotesque Harlem from the first, say, half of this novel is astounding.  Then Himes has to move through a plot, which also has its pleasures. Attila (1991), Aliocha Coll Attila (2014), Javier Serena – A little bit of stunt publishing here.  I will write a longer note on these two books.  It’s a good stunt. POETRY Ten Indian Classics (6th-19th c) – A collection of ten excerpts from the Murty Classical Library of India series for its tenth anniversary.  There is so much to read. The Necessary Angel (1951) & Collected Poems (1954), Wallace Stevens Counterparts (1954) & Brutus's Orchard (1957) & Collected Poems: 1936-1961 (1962), Roy Fuller GERTRUDE STEIN Patriarchal Poetry (1927) Stanzas in Meditation (1932) The Autobiography of Alice B. Toklas (1933) Picasso (1938) IN FRENCH & PORTUGUESE Journal du voleur (1949), Jean Genet – Genet parapatets around Europe cities and prisons, getting by as a beggar, thief, and prostitute.  His great weakness is that his type is brutes, which leads to some ugly places in the 1930s.  The French is somewhat easier and sometimes more abstract than in Notre-Dame-des-Fleurs (1943) but still rough going.  All that slang. Livro Sexto (1962), Sophia de Mello Breyner Andresen – Poems of the shore and the sea, but with a little more political protest than usual. Tempo de Mercês  (1973), Maria Judite de Carvalho – Speaking of more abstract, compared to the earlier two collections I read.  Sad stories where nothing happens. O Surrealismo Português (2024), Clara Rocha – A volume in a Portuguese series like those Oxford Very Short Introductions.  I wish I had a shelf of them.  Portuguese Surrealism lasted five years.

23 minutes ago 1 votes