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Dédicace à Trolls & Vélo et magie cycliste Je serai ce samedi 19 avril à Mons au festival Trolls & Légende en dédicace au stand PVH. La star de la table sera sans conteste Sara Schneider, autrice fantasy de la saga des enfants d’Aliel et qui est toute auréolée du Prix SFFF Suisse 2024 pour son superbe roman « Place d’âmes » (dont je vous ai déjà parlé). C’est la première fois que je dédicacerai à côté d’une autrice ayant reçu un prix majeur. Je suis pas sûr qu’elle acceptera encore que je la tutoie. Sara Schneider avec son roman et son prix SFFF Suisse 2024 Bref, si Sara vient pour faire la légende, le nom du festival implique qu’il faille compléter avec des trolls. D’où la présence également à la table PVH de Tirodem, Allius et moi-même. Ça, les trolls, on sait faire ! Les belles mécaniques de l’imaginaire S’il y a des trolls et des légendes, il y a aussi tout un côté Steampunk. Et quoi de plus Steampunk qu’un vélo ? Ce qui fait la beauté de la bicyclette, c’est sa sincérité. Elle ne cache rien, ses mouvements sont apparents, l’effort chez elle se voit et se comprend; elle proclame son but, elle dit qu’elle veut aller vite, silencieusement et légèrement. Pourquoi la voiture automobile est-elle si vilaine et nous inspire-t-elle un sentiment de malaise ? Parce qu’elle dissimule ses organes comme une honte. On ne sait pas ce qu’elle veut. Elle semble inachevée. – Voici des ailes, Maurice Leblanc Le vélo, c’est l’aboutissement d’un transhumanisme humaniste rêvé par la science-fiction. La bicyclette a résolu le problème, qui remédie à notre lenteur et supprime la fatigue. L’homme maintenant est pourvu de tous ses moyens. La vapeur, l’électricité n’étaient que des progrès servant à son bien-être; la bicyclette est un perfectionnement de son corps même, un achèvement pourrait-on dire. C’est une paire de jambes plus rapides qu’on lui offre. Lui et sa machine ne font qu’un, ce ne sont pas deux êtres différents comme l’homme et le cheval, deux instincts en opposition; non, c’est un seul être, un automate d’un seul morceau. Il n’y a pas un homme et une machine, il y a un homme plus vite. – Voici des ailes, Maurice Leblanc Un aboutissement technologique qui, paradoxalement, connecte avec la nature. Le vélo est une technologie respectueuse et utilisable par les korrigans, les fées, les elfes et toutes les peuplades qui souffrent de notre croissance technologique. Le vélo étend notre cerveau pour nous connecter à la nature, induit une transe chamanique dès que les pédales se mettent à tourner. Nos rapports avec la nature sont bouleversés ! Imaginez deux hommes sur un grand chemin : l’un marche, l’autre roule; leur situation à l’égard de la nature sera-t-elle la même ? Oh ! non. L’un recevra d’elle de menues sensations de détails, l’autre une vaste impression d’ensemble. À pied, vous respirez le parfum de cette plante, vous admirez la nuance de cette fleur, vous entendez le chant de cet oiseau; à bicyclette, vous respirez, vous admirez, vous entendez la nature elle-même. C’est que le mouvement produit tend nos nerfs jusqu’à leur maximum d’intensité et nous dote d’une sensibilité inconnue jusqu’alors. – Voici des ailes, Maurice Leblanc Oui, le vélo a amplement sa place à Trolls & Légendes, comme le démontrent ses extraits de « Voici des ailes » de Maurice Leblanc, roman écrit… en 1898, quelques années avant la création d’Arsène Lupin ! Célébrer l’univers Bikepunk Moi aussi, j’aime me faire lyrique pour célébrer le vélo, comme le prouvent les extraits que sélectionnent les critiques de mon roman Bikepunk. Chierie chimique de bordel nucléaire de saloperie vomissoire de permamerde ! — Bikepunk, Ploum Bikepunk - L'Antre d'un poulpe (blog.grishka.fr) Ouais bon, d’accord… C’est un style légèrement différent. J’essaie juste de toucher un public un poil plus moderne quoi. Et puis on avait dit « pas cet extrait-là ! ». Allez, comme on dit chez les cyclisteurs : on enchaîne, on enchaîne… Donc, pour célébrer le vélo et l’imaginaire cycliste, je me propose d’offrir une petite surprise à toute personne qui se présentera sur le stand PVH avec un déguisement dans le thème Bikepunk ce samedi (et si vous me prévenez à l’avance, c’est encore mieux). Parce qu’on va leur montrer à ces elfes, ces barbares et ces mages ce que c’est la véritable magie, la véritable puissance : des pédales, deux roues et un guidon ! À samedi les cyclotrolls ! L’événement Dédicace à Trolls & Légendes sur Mobilizon. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
À la recherche de l’attention perdue La messagerie instantanée et la politique Vous l’avez certainement vu passer : Un journaliste américain s’est fait inviter par erreur sur un chat Signal où des personnes très haut placées de l’administration américaine (y compris le vice-président) discutent de l’organisation top secrète d’une frappe militaire au Yémen le 15 mars. L’administration Trump envoie par erreur ses plans de guerre à un journaliste via Signal (next.ink) La raison de cette erreur est que le porte-parole de Trump, Brian Hughes, avait, durant la campagne électorale, reçu un email du journaliste en question pour demander des précisions sur un autre sujet. Brian Hughes avait alors copié/collé la totalité de l’email, incluant la signature contenant le numéro de téléphone du journaliste, dans un message instantané Apple iMessage à destination de Mike Waltz, qui allait devenir le conseiller à la sécurité de Trump. Recevant ce numéro par message de la part de Brian Hughes, Mike Waltz aurait ensuite sauvegardé ce numéro sous le nom de Brian Hughes. En voulant inviter plus tard Brian Hughes dans le chat Signal, Mike Waltz a par erreur invité le journaliste américain. Exclusive: how the Atlantic’s Jeffrey Goldberg got added to the White House Signal group chat (www.theguardian.com) Cette anecdote nous apprend plusieurs choses: Premièrement, Signal est devenu une réelle infrastructure critique de sécurité, y compris dans les cercles les plus hauts placés. Deuxièmement, les discussions de guerre ultra-stratégique ont désormais lieu… par chat. Pas difficile d’imaginer que chaque participant répond machinalement, poste un émoji entre deux réunions, lors d’une pause pipi. Et là se décident la vie et la mort du reste du monde : dans les toilettes et les réunions qui n’ont rien à voir ! L’erreur initiale provient du fait que Mike Waltz ne lit vraisemblablement pas ses emails (sinon, on lui aurait fait suivre l’email au lieu de l’envoyer par message) et que Brian Hughues est incapable de résumer efficacement un long texte (sinon il n’aurait pas collé l’intégralité du message). Non seulement Mike Waltz ne lit pas ses emails, mais on peut soupçonner qu’il ne lit pas les messages trop longs : il a quand même ajouté un numéro de téléphone qui se trouvait à la fin d’un message sans prendre le temps de lire et de comprendre ledit message. À sa décharge, il semblerait qu’il soit possible que ce soit "l’intelligence artificielle" de l’iPhone qui ait ajouté ce numéro automatiquement au contact. Je ne sais pas si cette fonctionnalité existe, mais le fait d’utiliser un téléphone qui peut décider automatiquement de changer le numéro de ses contacts est quand même assez effrayant. Et bien dans le genre d’Apple dont j’interprète les slogans marketing comme « achetez avec nos produits l’intelligence qui vous fait défaut, bande de crétins ! ». Crise politique attentionnelle et surveillance généralisée La crise attentionnelle est réelle : nous sommes de moins en moins capables de nous concentrer et nous votons pour des gens qui le sont encore moins ! Un ami ayant été embauché pour participer à une campagne électorale en Belgique m’a raconté avoir été abasourdi par l’addiction des politiciens les plus en vue aux réseaux sociaux. Ils sont en permanence rivés à leurs écrans à comptabiliser les likes et les partages de leurs publications et, quand ils reçoivent un dossier de plus de dix lignes, demandent un résumé ultra-succinct à leurs conseillers. Vos politiques ne comprennent rien à rien. Ils font semblant. Et désormais, ils demandent à ChatGPT qui a l’avantage de ne pas dormir, contrairement aux conseillers humains. Les fameuses intelligences artificielles qui, justement, sont peut-être coupables d’avoir ajouté le numéro à ce contact et d’avoir rédigé la politique fiscale de Trump. La fin d’un monde ? (ploum.net) Mais pourquoi utiliser Signal et pas une solution officielle qui empêcherait ce genre de fuite ? Officiellement, il n’y aurait pas d’alternative aussi facile. Mais je vois une raison non officielle très simple : les personnes haut placées ont désormais peur de leur propre infrastructure, car ils savent que tout est sauvegardé et peut-être utilisé contre eux lors d’une éventuelle enquête ou d’un procès, même des années plus tard. Trump a été élu la première fois en faisant campagne sur le fait qu’Hillary Clinton avait utilisé un serveur email personnel, ce qui lui permettait, selon Trump lui-même, d’échapper à la justice en ayant ses mails soustraits aux services de surveillance internes américains. Même ceux qui mettent en place le système de surveillance généralisé en ont peur. L’éducation à la compréhension La dernière leçon que je tire de cette anecdote c’est, encore une fois, celle de l’éducation : vous pouvez avoir l’infrastructure cryptographique la plus sécurisée, si vous êtes incompétent au point d’inviter n’importe qui dans votre chat, on ne peut rien faire pour vous. La plus grosse faille de sécurité est toujours entre la chaise et le clavier, la seule manière de sécuriser un système est de faire en sorte que l’utilisateur soit éduqué. Le meilleur exemple reste celui des voitures autonomes : nous sommes en train de mettre des générations entières dans des Tesla qui se conduisent toutes seules 99% du temps. Et lorsqu’un accident arrive, dans le 1% restant, nous demandons au conducteur : « Mais pourquoi tu n’as pas réagi comme un bon conducteur ? » Et la réponse est très simple : « Parce que je n’ai jamais conduit de ma vie, je ne sais pas ce que c’est conduire, je n’ai jamais appris à réagir quand le système ne fonctionne pas correctement ». Vous pensez que j’exagère ? Attendez… Se faire engager grâce à l’IA Eric Lu a reçu le CV d’un candidat très prometteur pour bosser dans sa startup. CV qui semblait fort optimisé en mots clés, mais qui était particulièrement pointu dans les technologies utilisées par Eric. Il a donc proposé au candidat une interview par vidéo. Au début, tout s’est très bien passé jusqu’à ce que le candidat commence à s’emmêler dans ses réponses. « Vous dites que le service d’envoi de SMS sur lequel vous avez bossé était saturé, mais vous décrivez le service comme étant utilisé par une classe de 30 personnes. Comment 30 SMS peuvent-ils saturer le service ? » … euh… « Pouvez-vous me dire quelle interface utilisateur vous avez mise en place avec ce que vous dites avoir implémenté ? » … euh, je ne me souviens plus… Eric comprend alors que le candidat baratine. Le CV a été généré par ChatGPT. Le candidat s’est préparé en simulant un entretien d’embauche avec ChatGPT et en étudiant par cœur ce qu’il devait répondre. Il panique dès qu’on sort de son script. What it's like to interview a software engineer preparing with AI (www.kapwing.com) Ce qui est particulièrement dommage, c’est que le candidat avait un profil vraiment adapté. S’il avait été honnête et franc au regard de son manque d’expérience, il aurait pu se faire engager comme junior et acquérir l’expérience souhaitée. S’il avait consacré son temps à lire des explications techniques sur les technologies concernées plutôt que d’utiliser ChatGPT, il aurait pu convaincre l’employeur de sa motivation, de sa curiosité. « Je ne connais pas encore grand-chose, mais je suis désireux d’apprendre ». Mais le plus triste dans tout cela, c’est qu’il a sincèrement pensé que ça pouvait fonctionner. Il a détruit sa réputation parce que ça ne lui a même pas traversé l’esprit que, quand bien même il aurait été engagé, il n’aurait pas tenu deux jours dans son boulot avant de passer pour un crétin. Il a été malhonnête parce qu’il était persuadé que c’était la bonne manière de fonctionner. Bref, il était un vrai Julius. Mon collègue Julius (ploum.net) Il a « appris à conduire une Tesla » en s’asseyant sur le siège et regardant celle-ci faire 100 fois le tour du quartier. Confiant, il est parti dans une autre ville et s’est pris le premier platane. Sauver une génération Les smartphones, l’IA, les monopoles publicitaires, les réseaux sociaux sont toutes les facettes d’un même problème : la volonté de rendre la technologie incompréhensible afin de nous asservir commercialement et de nous occuper l’esprit. J’ai écrit comment je pensais que nous devions agir pour éduquer la prochaine génération d’adultes : De l’utilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents (ploum.net) Mais c’est un point de vue de parent. C’est pour cela que je trouve très pertinente l’analyse de Thual qui, lui, est un jeune adulte à peine sorti de l’adolescence. Il peut parler de tout cela à la première personne. Adolescence et numérique : retour d'expérience (thual.eu) La grande leçon que j’en tire est que la génération qui nous suit est loin d’être perdue. Comme toutes les générations, elle est désireuse d’apprendre, de se battre. Nous devons avoir l’humilité de réaliser que ma génération s’est complètement plantée. Que nous détruisons tout, que nous sommes des fascistes addicts à Facebook et Candy Crush qui roulons en SUV. Nous n’avons pas de leçons à leur donner. Nous avons le devoir de les aider, de nous mettre à leur service en désactivant le pilote automatique et en brûlant les slides PowerPoint dont nous sommes si fiers. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
De l’utilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents Chers parents, chers enseignants, chers éducateurs, Nous le savons toutes et tous, le smartphone est devenu un objet incontournable de notre quotidien, nous connectant en permanence au réseau Internet qui, avant cela, restait cantonné aux ordinateurs sur nos bureaux. En voyant grandir nos enfants, la question se pose : quand, comment et pourquoi les faire entrer dans le monde de cette hyperconnexion permanente. L’adolescence est une phase critique de la vie durant laquelle le cerveau est particulièrement réceptif et forme des réflexes qui resteront ancrés toute une vie. C’est également une période durant laquelle la pression du groupe et le désir de conformité sociale sont les plus importants. Ce n’est pas un hasard si les producteurs de cigarettes et d’alcool ciblent explicitement les adolescents dans le marketing de leur produit. Le smartphone étant une invention incroyablement récente, nous manquons totalement de recul sur l’impact qu’il peut avoir durant la croissance. Est-il totalement inoffensif ou sera-t-il considéré, d’ici quelques années, comme le tabac l’est aujourd’hui ? Personne ne le sait avec certitude. Nos enfants sont les cobayes de cette technologie. L’administrateur de la santé publique des États-Unis (US Surgeon General) tire la sonnette d’alarme à ce sujet. Il me parait important de souligner certains points importants, qui ne sont que quelques éléments parmi les nombreuses problématiques étudiées dans le domaine Impacts of Technology Use on Children: Exploring Literature on the Brain, Cognition and Well-Being (OECD) L’attention et la concentration Il est désormais démontré que le smartphone perturbe grandement l’attention et la concentration, y compris chez les adultes. Ce n’est pas un hasard : il est conçu pour cela. Les entreprises comme Google et Meta (Facebook, Whatsapp, Instagram) sont payées proportionnellement au temps que nous passons devant l’écran. Tout est optimisé en ce sens. Le simple fait d’avoir un téléphone près de soi, même éteint, perturbe le raisonnement et fait baisser sensiblement les résultats de tests de QI. Brain Drain: The Mere Presence of One’s Own Smartphone Reduces Available Cognitive Capacity Le cerveau acquiert le réflexe d’attendre des notifications de nouveaux messages de cet appareil, sa seule présence est donc un handicap majeur dans toutes les tâches qui requièrent de l’attention : lecture, apprentissage, réflexion, calculs. Il ne suffit pas de l’éteindre : il faut le mettre à distance, si possible dans une pièce différente ! Il est démontré que l’utilisation des réseaux sociaux comme Tik-Tok perturbe complètement la notion du temps et la formation de la mémoire. Nous en avons tous fait l’expérience : nous jurons avoir passé 10 minutes sur notre smartphone alors qu’il s’est en réalité écoulé près d’une heure. How Social Media Interferences With The Psychology of Time and Memory (www.neuroscienceof.com) Pour mémoriser et apprendre, le cerveau a besoin de temps de repos, de vide, d’ennui et de réflexion. Ces nécessaires temps « morts » dans les trajets, dans les files d’attente, dans la solitude d’une chambre d’adolescent voire même durant un cours rébarbatif ont été supplantés par une hyperconnexion. The Psychology behind TikTok’s Memory Interference (www.neuroscienceof.com) L’angoisse sociale et la perturbation du sommeil Même lorsque nous ne l’utilisons pas, nous savons que les conversations continuent. Que des messages importants sont peut-être échangés en notre absence. Cette sensation bien connue appelée « FOMO » (Fear Of Missing Out, peur de manquer quelque chose) nous pousse à consulter notre téléphone jusque tard dans la nuit et dès le réveil. Une proportion inquiétante de jeunes reconnaissent se réveiller durant la nuit pour consulter leur smartphone. Or la qualité du sommeil est fondamentale dans le processus d’apprentissage et de formation du cerveau. Les adolescents se réveillent pour se connecter (www.lemonde.fr) School smartphone ban results in better sleep and improved mo (www.york.ac.uk) La santé mentale De récentes avancées démontrent une corrélation forte entre le degré d’utilisation des réseaux sociaux et les symptômes de dépression. Le monde occidental semble atteint d’une épidémie de dépression adolescente, épidémie dont la temporalité correspond exactement avec l’apparition du smartphone. Les filles en dessous de 16 ans sont la population la plus touchée. Does Social Media Use Cause Depression? (childmind.org) The Teen Mental Illness Epidemic is International: The Anglosphere (www.afterbabel.com) Has Social Media Fuelled a Teen-Suicide Crisis? (www.newyorker.com) Le harcèlement et la prédation Sur les réseaux sociaux, il est trivial de créer un compte anonyme ou usurpant l’identité d’une autre personne (contrairement à ce qu’il est parfois affirmé dans les médias, il n’est pas nécessaire d’être un génie de l’informatique pour mettre un faux nom dans un formulaire). À l’abri sous cet anonymat, il est parfois très tentant de faire des blagues de mauvais goût, de tenir des propos injurieux, de révéler aux grands jours les secrets dont les adolescents sont friands voire de calomnier pour régler des différends de cours de récré. Ces comportements ont toujours fait partie de l’adolescence et font partie d’une exploration naturelle normale des relations sociales. Cependant, le fonctionnement des réseaux sociaux aggrave fortement l’impact de ces actions tout en favorisant l’impunité du responsable. Cela peut conduire à des conséquences graves allant au-delà de ce qu’imaginent initialement les participants. Ce pseudonymat est également une bénédiction pour les personnes mal intentionnées qui se font passer pour des enfants et, après des semaines de discussion, proposent à l’enfant de se retrouver en vrai, mais sans rien dire aux adultes. Au lieu d’en tirer des leçons sociales éducatives, nous appelons les adolescents faisant des blagues de mauvais goût des « pirates informatiques », stigmatisant l’utilisation de la technologie plutôt que le comportement. Le thème des prédateurs sexuels est mis en exergue pour réclamer à cor et à cri des solutions de contrôle technologiques. Solutions que les géants de l’informatique se font un plaisir de nous vendre, jouant sur la peur et stigmatisant la technologie ainsi que celles et ceux qui ont le malheur d’en avoir une compréhension intuitive. La peur et l’incompréhension deviennent les moteurs centraux pour mettre en avant une seule valeur éducative : obéir aveuglément à ce qui est incompréhensible et ce qu’il ne faut surtout pas essayer de comprendre. La fausse idée de l’apprentissage de l’informatique Car il faut à tout prix déconstruire le mythe de la « génération numérique ». Contrairement à ce qui est parfois exprimé, l’utilisation d’un smartphone ou d’une tablette ne prépare en rien à l’apprentissage de l’informatique. Les smartphones sont, au contraire, conçus pour cacher la manière dont ils fonctionnent et sont majoritairement utilisés pour discuter et suivre des publications sponsorisées. Ils préparent à l’informatique autant que lire un magazine people à l’arrière d’un taxi prépare à devenir mécanicien. Ce n’est pas parce que vous êtes assis dans une voiture que vous apprenez son fonctionnement. Une dame de 87 ans se sert d’une tablette sans avoir été formée, mais il faudrait former les enfants à l’école ? Former à utiliser Word ou PowerPoint ? Les enfants doivent apprendre à découvrir les généralités des logiciels, à tester, à « chipoter », pas à reproduire à l’aveugle un comportement propre à un logiciel propriétaire donné afin de les préparer à devenir des clients captifs. Et que dire d’un PowerPoint qui force à casser la textualité, la capacité d’écriture pour réduire des idées complexes sous forme de bullet points ? Former à PowerPoint revient à inviter ses élèves dans un fast-food sous prétexte de leur apprendre à cuisiner. L’aspect propriétaire et fermé de ces logiciels est incroyablement pervers. Introduire Microsoft Windows, Google Android ou Apple iOS dans les classes, c’est forcer les étudiants à fumer à l’intérieur sans ouvrir les fenêtres pour en faire de bons apnéistes qui savent retenir leur souffle. C’est à la fois dangereusement stupide et contre-productif. Les gamins ne savent pas utiliser les ordinateurs… Voici pourquoi ça devrait vous inquiéter. (lunatopia.fr) Pourquoi les jeunes sont devenus si nuls en informatique (www.mac4ever.com) De manière étonnante, c’est d’ailleurs dans les milieux de l’informatique professionnelle que l’on trouve le plus de personnes retournant aux « dumbphones », téléphones simples. Car, comme dit le proverbe « Quand on sait comment se prépare la saucisse, on perd l’envie d’en manger… » Que faire ? Le smartphone est omniprésent. Chaque génération transmet à ses enfants ses propres peurs. S’il y a tant de discussions, de craintes, de volonté « d’éducation », c’est avant tout parce que la génération des parents d’aujourd’hui est celle qui est le plus addict à son smartphone, qui est la plus espionnée par les monopoles publicitaires. Nous avons peur de l’impact du smartphone sur nos enfants parce que nous nous rendons confusément compte de ce qu’il nous inflige. Mais les adolescents ne sont pas forcés d’être aussi naïfs que nous face à la technologie. Commencer le plus tard possible Les pédiatres et les psychiatres recommandent de ne pas avoir une utilisation régulière du smartphone avant 15 ou 16 ans, le système nerveux et visuel étant encore trop sensible avant cela. Les adolescents eux-mêmes, lorsqu’on les interroge, considèrent qu’ils ne devraient pas avoir de téléphone avant 12 ou 13 ans. GAFA tes gosses | ARTE Radio (www.arteradio.com) Youth Perspectives on the Recommended Age of Mobile Phone Adoption: Survey Study (www.ncbi.nlm.nih.gov) Si une limite d’âge n’est pas réaliste pour tout le monde, il semble important de retarder au maximum l’utilisation quotidienne et régulière du smartphone. Lorsque votre enfant devient autonome, privilégiez un « dumbphone », un simple téléphone lui permettant de vous appeler et de vous envoyer des SMS. Votre enfant arguera, bien entendu, qu’il est le seul de sa bande à ne pas avoir de smartphone. Nous avons tous été adolescents et utilisé cet argument pour nous habiller avec le dernier jeans à la mode. Comme le signale Jonathan Haidt dans son livre « The Anxious Generation », il y a un besoin urgent de prendre des actions collectives. Nous offrons des téléphones de plus en plus tôt à nos enfants, car ils nous disent « Tout le monde en a sauf moi ». Nous cédons, sans le savoir, nous forçons d’autres parents à céder. Des expériences pilotes d’écoles « sans téléphone » montrent des résultats immédiats en termes de bien-être et de santé mentale des enfants.. What happens when a school bans smartphones? A complete transformation (www.theguardian.com) Jonathan Haidt Talks His New Book ‘The Anxious Generation’ (www.noemamag.com) Parlez-en avec les autres parents. Développez des stratégies ensemble qui permettent de garder une utilisation raisonnable du smartphone tout en évitant l’exclusion du groupe, ce qui est la plus grande hantise de l’adolescent. Discutez en amont avec votre enfant Expliquez à votre enfant les problématiques liées au smartphone. Plutôt que de prendre des décisions arbitraires, consultez-le et discutez avec lui de la meilleure manière pour lui d’entrer dans le monde connecté. Établissez un lien de confiance en lui expliquant de ne jamais faire confiance à ce qu’il pourra lire sur le téléphone. Dans le doute, il doit avoir le réflexe d’en discuter avec vous. Introduisez l’outil progressivement Ne laissez pas votre enfant se débrouiller directement avec un smartphone une fois votre limite d’âge atteinte. Bien avant cela, montrez-lui comment vous utilisez votre propre smartphone, votre ordinateur. Montrez-lui la même page Wikipédia sur les deux outils en expliquant qu’il ne s’agit que d’une manière de visualiser un contenu qui se trouve sur un autre ordinateur. Lorsque votre enfant reçoit son propre appareil, introduisez-le progressivement en ne lui autorisant l’utilisation que pour des cas particuliers. Vous pouvez par exemple garder le téléphone, en ne le donnant à l’enfant que lorsqu’il en fait la demande pour une durée limitée et pour un usage précis. Ne créez pas immédiatement des comptes sur toutes les plateformes à la mode. Observez avec lui les réflexes qu’il acquiert, discutez sur l’inondation permanente que sont les groupes Whatsapp. Parlez de vie privée Rappelez à votre enfant que l’objectif des plateformes monopolistiques est de vous espionner en permanence afin de revendre votre vie privée et de vous bombarder de publicités. Que tout ce qui est dit et posté sur les réseaux sociaux, y compris les photos, doit être considéré comme public, le secret n’est qu’une illusion. Une règle d’or : on ne poste pas ce qu’on ne serait pas confortable de voir afficher en grand sur les murs de l’école. Google et Meta ont conclu un accord pub secret ciblant les ados pour les attirer vers Instagram, quelques mois apr�s que Zuckerberg se soit excusé devant le Congrès pour l'exploitation des enfants sur Instagram (www.developpez.com) Au Danemark, les écoles ne peuvent désormais plus utiliser de Chromebook pour ne pas enfreindre la vie privée des enfants. Mais ne croyez pas qu’Android, Windows ou iOS soient mieux en termes de vie privée. Final Decision on Chromebook Case in Denmark (theprivacydad.com) Pas dans la chambre Ne laissez jamais votre enfant dormir avec son téléphone. Le soir, le téléphone devrait être rangé dans un endroit neutre et hors de portée. De même, ne laissez pas le téléphone à portée de main lorsque l’enfant fait ses devoirs. Il en va de même pour les tablettes et autres laptops qui ont exactement les mêmes fonctions. Idéalement, les écrans sont à éviter avant d’aller à l’école pour éviter de commencer la journée en étant déjà en état de fatigue attentionnelle. N’oubliez pas que le smartphone peut être le vecteur de messages et d’images dérangeantes, voire choquantes, mais étrangement hypnotiques. L’effet de la lumière des écrans sur la qualité du sommeil est également une problématique encore mal comprise. « La fabrique du crétin digital », de Michel Desmurget Continuez la discussion Il existe des logiciels dits de « Contrôle parental ». Mais aucun logiciel ne remplacera jamais la présence des parents. Pire : les enfants les plus débrouillards trouveront très vite des astuces pour contourner ces limitations voire seront tentés de contourner ces limitations uniquement parce qu’elles sont arbitraires. Plutôt que d’imposer un contrôle électronique, prenez le temps de demander à vos enfants ce qu’ils font sur leur téléphone, avec qui ils parlent, ce qui se dit, quels sont les logiciels qu’ils utilisent. L’utilisation d’Internet peut être également très bénéfique en permettant à l’enfant d’apprendre sur des sujets hors programmes ou de découvrir des communautés partageant des centres d’intérêt différents de ceux de l’école. De la même manière que vous laissez votre enfant fréquenter un club de sport ou de scoutisme tout en l’empêchant de trainer avec une bande de voyous dans la rue, vous devez contrôler les fréquentations de vos enfants en ligne. Loin des groupes Whatsapp scolaires, votre enfant peut trouver des communautés en ligne partageant ses centres d’intérêt, communautés dans lesquelles il pourra apprendre, découvrir et s’épanouir s’il est bien aiguillé. Donnez l’exemple, soyez l’exemple ! Nos enfants ne font pas ce qu’on leur dit de faire, ils font ce qu’ils nous voient faire. Les enfants ayant vu leurs parents fumer ont le plus grand risque de devenir fumeurs à leur tour. Il en est de même pour les smartphones. Si notre enfant nous voit en permanence sur notre téléphone, il n’a pas d’autre choix que de vouloir nous imiter. L’un des plus beaux cadeaux que vous pouvez faire est donc de ne pas utiliser compulsivement votre téléphone en présence de votre enfant. Oui, vous devez traiter et prendre conscience de votre propre addiction ! Prévoyez des périodes où vous le mettez-le en silencieux ou en mode avion et où il est rangé à l’écart. Lorsque vous prenez votre téléphone, expliquez à votre enfant l’usage que vous en faites. Devant lui, mettez-vous à lire un livre papier. Et, non, la lecture sur l’iPad n’est pas « pareille ». A groundbreaking study shows kids learn better on paper, not screens. Now what? (www.theguardian.com) D’ailleurs, si vous manquez d’idée, je ne peux que vous recommander mon dernier roman : une aventure palpitante écrite à la machine à écrire qui traite de vélo, d’adolescence, de fin du monde et de smartphones éteints pour toujours. Oui, la publicité s’est même glissée dans ce texte, quel scandale ! Bikepunk, les chroniques du flash Donnez le goût de l’informatique, pas celui d’être contrôlé Il ne faut pas tirer sur le messager : le responsable n’est pas « l’écran », mais l’utilisation que nous en faisons. Les monopoles informatiques tentent de rendre les utilisateurs addicts, prisonniers pour les bombarder de publicités, pour les faire consommer. Là sont les responsables. Apprendre la programmation (ce qui se fait au départ très bien sans écran), jouer à des jeux vidéos profonds avec des histoires complexes ou simplement drôles pour passer un moment amusant, discuter en ligne avec des passionnés, dévorer Wikipédia… L’informatique moderne nous ouvre de magnifiques portes dont il serait dommage de priver nos enfants. Apprendre l’Informatique sans Ordinateur (www.irem.univ-bpclermont.fr) L’histoire d’un bit (ploum.net) Au lieu de céder à nos propres peurs, angoisses et incompréhensions, nous devons donner à nos enfants le goût de reprendre le contrôle de l’informatique et de nos vies, contrôle que nous avons un peu trop facilement cédé aux monopoles publicitaires en échange d’un rectangle de verre affichant des icônes de couleur. Une enfant s’étonne de ne plus retrouver un livre sur sa tablette, la maitresse lui explique que des entreprises ont décidé que ce livre n’était pas bon pour elle. Accepter l’imperfection « J’avais des principes, aujourd’hui j’ai des enfants » dit le proverbe. Impossible d’être parfait. Quoi que nous fassions, nos enfants seront confrontés à des conversations toxiques, des dessins animés débiles et c’est bien normal. En tant que parents, nous faisons ce que nous pouvons, avec nos réalités. Personne n’est parfait. Surtout pas un parent. L’important n’est pas d’empêcher à tout prix nos enfants d’être sur un écran, mais de prendre conscience qu’un smartphone n’est absolument pas un outil éducatif, qu’il ne prépare à rien d’autre que de faire de nous de bons consommateurs passifs. Le seul apprentissage réellement nécessaire est celui d’un esprit critique dans l’utilisation d’un outil informatique. Et dans cet apprentissage, les enfants ont souvent beaucoup à apprendre aux adultes ! Les illustrations sont de Gee et je vous invite à lire la BD complète Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
Goodbye Offpunk, Welcome XKCDpunk! For the last three years, I’ve been working on Offpunk, a command-line gemini and web browser. Offpunk.net While my initial goal was to browse the Geminisphere offline, the mission has slowly morphed into cleaning and unenshitiffying the modern web, offering users a minimalistic way of browsing any website with interesting content. Rendering the Web with Pictures in Your Terminal (ploum.net) Focusing on essentials From the start, it was clear that Offpunk would focus on essentials. If a website needs JavaScript to be read, it is considered as non-essential. It worked surprisingly well. In fact, in multiple occurrence, I’ve discovered that some websites work better in Offpunk than in Firefox. I can comfortably read their content in the former, not in the latter. By default, Offpunk blocks domains deemed as nonessentials or too enshitified like twitter, X, facebook, linkedin, tiktok. (those are configurable, of course. Defaults are in offblocklist.py). Cleaning websites, blocking worst offenders. That’s good. But it is only a start. It’s time to go further, to really cut out all the crap from the web. And, honestly, besides XKCD comics, everything is crap on the modern web. As an online technical discussion grows longer, the probability of a comparison with an existing XKCD comic approaches 1. – XKCD’s law XKCD’s law (ploum.net) If we know that we will end our discussion with an XKCD’s comic, why not cut all the fluff? Why don’t we go straight to the conclusion in a true minimalistic fashion? Introducing XKCDpunk That’s why I’m proud to announce that, starting with today’s release, Offpunk 2.7 will now be known as XKCDpunk 1.0. Xkcdpunk.net XKCDpunk includes a new essential command "xkcd" which, as you guessed, takes an integer as a parameter and display the relevant XKCD comic in your terminal, while caching it to be able to browse it offline. Screenshot of XKCDpunk showing comic 626 Of course, this is only an early release. I need to clean a lot of code to remove everything not related to accessing xkcd.com. Every non-xkcd related domain will be added to offblocklist.py. I also need to clean every occurrence of "Offpunk" to change the name. All offpunk.net needs to be migrated to xkcd.net. Roma was not built in one day. Don’t hesitate to install an "offpunk" package, as it will still be called in most distributions. offpunk package versions - Repology (repology.org) And report bugs on the xkcdpunk’s mailinglist. xkcdpunk-users on lists.sr.ht Goodbye Offpunk, welcome XKCDpunk! I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
More in literature
Prediction is the sharpest tool the human animal has devised — the chisel with which we sculpted survival out of chance, the fulcrum by which we lifted civilization out of survival. Among the greatest gifts of the imagination, that crowning curio of consciousness, is our ability to alchemize hindsight into foresight, to chart the most probable course of the future by drawing on our experience of the past. And yet, like the tragic flaw of the Greek hero, our great strength is also our great vulnerability. It is salutary to remember how often our predictions have been wrong, how again… read article
How do we reconcile the saddest of English writers being at the same time among the wittiest? And when I say “saddest,” I don’t mean depressed or suicidal; rather, wistful, ever aware of human ephemerality, calibrating his words until they attain the precise edge of irony he seeks, which is never cold or savage. It is, rather, sad, and not a psychiatric diagnosis to be treated pharmaceutically. I’ve heard from a reader who tells me his idea of a great essayist is Susan Sontag. I won’t touch that. He questions why I value the essays of Max Beerbohm. “He’s a lightweight,” my reader writes. “His effects are cheap. He seems to know nothing about the world around him. He’s a minor humorist.” I won’t deny “minor” but “cheap” is way off. I dare you to detect a wrong note anywhere in Beerbohm’s prose, even a single clunker. Consider “No. 2. The Pines” (And Even Now, 1920), written in 1914. Beerbohm is describing his youthful visits with Charles Algernon Swinburne, beginning in 1899. The essay’s title refers to the address of Swinburne’s home in Putney. Beerbohm writes: “It is odd how little remains to a man of his own past--how few minutes of even his memorable hours are not clean forgotten, and how few seconds in any one of those minutes can be recaptured... I am middle-aged, and have lived a vast number of seconds. Subtract one third of these, for one mustn't count sleep as life. The residual number is still enormous. Not a single one of those seconds was unimportant to me in its passage. Many of them bored me, of course; but even boredom is a positive state: one chafes at it and hates it; strange that one should afterwards forget it! And stranger still that of one’s actual happinesses and unhappinesses so tiny and tattered a remnant clings about one!” Few writers could sustain that tone of melancholy reflection without resorting to self-pity. It reminds me of Msgr. Ronald Knox beginning his essay “Birmingham Revisited” (Literary Distractions, 1958) like this: “It is alleged by a friend of my family that I used to suffer from insomnia at the age of four; and that when she asked me how I managed to occupy my time at night I answered ‘I lie awake and think of the past.’” Beerbohm might have written that. V.S. Pritchett writes in “A Dandy” (Complete Collected Essays, 1991): “Among other things, in the wide-eyed persona he invented, there is sadness. Was it the sadness of not being a genius on the great scale, like his admired Henry James? Possibly. Was it the sadness of knowing that his work must be perfect – as that of minor writers has to be – because fate made him a simulacrum? Or was he simply born sad?”
Jessa Crispin on what the actor’s roles tell us about the crisis of masculinity The post Michael Douglas Explains It All appeared first on The American Scholar.
Contra Katie Boland on the private equity company’s employee-ownership model.
Most of us are born with a brain but without a user’s manual. This soggy organ weighs on average about three pounds and contains 86 billion neurons. That’s our birthright, and we did nothing to earn it. We tend to operate our brains passively, ignoring most available perceptions. We “tune them out” – the electronics metaphor is nowadays almost inevitable. It’s easy to be lazy, coast through the ocean of data we dwell in and go on living. Paying too much attention to the world can be madness, as is paying too little. I become aware of this only when I’m looking for something lost or misplaced, whether it be a word or the car keys. It’s like adjusting a camera lens – looking at what’s there, not what we have already assumed is there. The Indiana poet Jared Carter describes in the title poem to his 1993 collection After the Rain the hunt for arrowheads in a farmer’s field once the rain has stopped: “They seem, like hail, dropped from an empty sky, Yet for an hour or two, after the rain has washed away the dusty afterbirth of their return, a few will show up plain on the reopened earth. Still, even these are hard to see – at first they look like any other stone.” I’ve often gone hunting for arrowheads, pottery shards and other Indian debris, but Carter’s poem reminds me of a visit to a dairy farm near Belfast, N.Y., run by one of my mother’s cousins and her husband. This was sixty years ago. The pastures were dotted with limestone rich in trilobites and other fossils. My brother and I filled a milk crate with chunks of stone and brought them back to Ohio. There we fantasized about the future paleontologists baffled by their appearance so far from their native range. Carter continues: “The trick to finding them is not to be too sure about what’s known; Conviction’s liable to say straight off this one’s a leaf, or that one’s merely clay, and miss the point: after the rain, soft furrows show one way Across the field, but what is hidden here Lrequires a different view – the glance of one not looking straight ahead, who in the clear light of the morning sun Simply keeps wandering across the rows, letting his own perspective change.” Impatience sabotages perception. Carter concludes his poem with these lines: “After the rain, perhaps, something will show, / glittering and strange.” I’ve learned to stop looking, especially for a word I know is out there – or in there somewhere – in order to find it. “Finding” is an essay by Guy Davenport published in Antaeus in 1978 and later collected in The Geography of the Imagination (North Point Press, 1981). It may be the finest thing Davenport ever wrote, and it recounts the weekend expeditions his family took “to look for Indian arrows.” Davenport was born in 1926 in Anderson, S.C. His essay is a delicate balance of memoir and meditation on many things – family, lost time, the importance of attentiveness and the formation of sensibility. The essayist says he hopes the meaning of those childhood expeditions “elude[s] me forever,” that he will never find the meaning of finding but he can’t help speculating: “Its importance has, in maturity, become more and more apparent—an education that shaped me with a surer and finer hand than any classroom, an experience that gave me a sense of the earth, of autumn afternoons, of all the seasons, a connoisseur’s sense of things for their own sake.” We learn best by doing and by watching others do. Learning one thing (finding arrowheads) later may teach us another (reading texts, writing others). Davenport writes: “I know that my sense of place, of occasion, even of doing anything at all, was shaped by those afternoons. It took a while for me to realize that people can grow up without being taught to see, to search surfaces for all the details, to check out a whole landscape for what it has to offer.” As A.E. Stallings says in her poem “Arrowhead Hunting” (Hapax, 2006): “The land is full of what was lost.”