More from Ploum.net
La fin d’un monde ? La fin de nos souvenirs Nous sommes envahis d’IA. Bien plus que vous ne le pensez. Chaque fois que votre téléphone prend une photo, ce n’est pas la réalité qui s’affiche, mais une reconstruction « probable » de ce que vous avez envie de voir. C’est la raison pour laquelle les photos paraissent désormais si belles, si vivantes, si précises : parce qu’elles ne sont pas le reflet de la réalité, mais le reflet de ce que nous avons envie de voir, de ce que nous sommes le plus susceptibles de trouver « beau ». C’est aussi la raison pour laquelle les systèmes dégooglisés prennent de moins belles photos: ils ne bénéficient pas des algorithmes Google pour améliorer la photo en temps réel. Les hallucinations sont rares à nos yeux naïfs, car crédibles. Nous ne les voyons pas. Mais elles sont là. Comme cette future mariée essayant sa robe devant des miroirs et qui découvre que chaque reflet est différent. ‘One in a million’ iPhone bridal photo explanation: blame panorama mode (www.theverge.com) J’ai moi-même réussi à perturber les algorithmes. À gauche, la photo telle que je l’ai prise et telle qu’elle apparait dans n’importe quel visualisateur de photos. À droite, la même photo affichée dans Google Photos. Pour une raison difficilement compréhensible, l’algorithme tente de reconstruire la photo et se plante lourdement. Une photo de ma main à gauche et la même photo complètement déformée à droite Or ces images, reconstruites par IA, sont ce que notre cerveau va retenir. Nos souvenirs sont littéralement altérés par les IA. La fin de la vérité Tout ce que vous croyez lire sur LinkedIn a probablement été généré par un robot. Pour vous dire, le 2 avril il y avait déjà des robots qui se vantaient sur ce réseau de migrer de Offpunk vers XKCDpunk. Capture d’écran de LinkedIn montrant le billet d’un certain Arthur Howell se vantant d’un blog post racontant la migration de Offpunk ver XKCDpunk. La transition Offpunk vers XKCDpunk était un poisson d’avril hyper spécifique et compréhensible uniquement par une poignée d’initiés. Il n’a pas fallu 24h pour que le sujet soit repris sur LinkedIn. Non, franchement, vous pouvez éteindre LinkedIn. Même les posts de vos contacts sont probablement en grande partie générés par IA suite à un encouragement algorithmique à poster. Je ne suis plus à vendre sur LinkedIn (ploum.net) Il y a 3 ans, je mettais en garde sur le fait que les chatbots généraient du contenu qui remplissait le web et servait de base d’apprentissage à la prochaine génération de chatbots. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) Je parlais d’une guerre silencieuse. Mais qui n’est plus tellement silencieuse. La Russie utilise notamment ce principe pour inonder le web d’articles, générés automatiquement, reprenant sa propagande. A well-funded Moscow-based global ‘news’ network has infected Western artificial intelligence tools worldwide with Russian propaganda (www.newsguardrealitycheck.com) Le principe est simple : vu que les chatbots font des statistiques, si vous publiez un million d’articles décrivant les expériences d’armes biologiques que les Américains font en Ukraine (ce qui est faux), le chatbot va considérer ce morceau de texte comme statistiquement fréquent et avoir une grande probabilité de vous le ressortir. Et même si vous n’utilisez pas ChatGPT, vos politiciens et les journalistes, eux, les utilisent. Ils en sont même fiers. La conjuration de la fierté ignorante (ploum.net) Ils ont entendu ChatGPT braire dans un pré et en fond un discours qui sera lui-même repris par ChatGPT. Ils empoisonnent la réalité et, ce faisant, la modifient. Ils savent très bien qu’ils mentent. C’est le but. Ils nous mentent (ploum.net) Je pensais qu’utiliser ces outils était une perte de temps un peu stupide. En fait, c’est dangereux aussi pour les autres. Vous vous demandez certainement c’est quoi le bazar autour des taxes frontalières que Trump vient d’annoncer ? Les économistes se grattent la tête. Les geeks ont compris : tout le plan politique lié aux taxes et son explication semblent avoir été littéralement générés par un chatbot devant répondre à la question « comment imposer des taxes douanières pour réduire le déficit ? ». Will Malignant Stupidity Kill the World Economy? (paulkrugman.substack.com) Le monde n’est pas dirigé par Trump, il est dirigé par ChatGPT. Mais où est la Sara Conor qui le débranchera ? Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin de l’apprentissage Slack vole notre attention, mais vole également notre apprentissage en permettant à n’importe qui de déranger, par message privé, le développeur senior qui connait les réponses, car il a bâti le système. Slack: The Art of Being Busy Without Getting Anything Done (matduggan.com) La capacité d’apprendre, c’est bel et bien ce que les téléphones et l’IA sont en train de nous dérober. Comme le souligne Hilarius Bookbinder, professeur de philosophie dans une université américaine, la différence générationnelle majeure qu’il observe est que les étudiants d’aujourd’hui n’ont aucune honte à simplement envoyer un email au professeur pour lui demander de résumer ce qu’il faut savoir. The average college student today (hilariusbookbinder.substack.com) Dans son journal de Mars, Thierry Crouzet fait une observation similaire. Alors qu’il annonce quitter Facebook, tout ce qu’il a pour réponse c’est « Mais pourquoi ? ». Alors même qu’il balance des liens sur le sujet depuis des lustres. Mars 2025 - Thierry Crouzet (tcrouzet.com) Les chatbots ne sont, eux-mêmes, pas des systèmes qu’il est possible d’apprendre. Ils sont statistiques, sans cesse changeants. À les utiliser, la seule capacité que l’on acquiert, c’est l’impression qu’il n’est pas possible d’apprendre. Ces systèmes nous volent littéralement le réflexe de réfléchir et d’apprendre. En conséquence, sans même vouloir chercher, une partie de la population veut désormais une réponse personnelle, immédiate, courte, résumée. Et si possible en vidéo. La fin de la confiance Apprendre nécessite d’avoir confiance en soi. Il est impossible d’apprendre si on n’a pas la certitude qu’on est capable d’apprendre. À l’opposé, si on acquiert cette certitude, à peu près tout peut s’apprendre. Une étude menée par des chercheurs de Microsoft montre que plus on a confiance en soi, moins on fait confiance aux réponses des chatbots. Mais, au contraire, si on a le moindre doute, on a soudainement confiance envers les résultats qui nous sont envoyés. The Impact of Generative AI on Critical Thinking: Self-Reported Reductions in Cognitive Effort and Confidence Effects From a Survey of Knowledge Workers Parce que les chatbots parlent comme des CEOs, des marketeux ou des arnaqueurs : ils simulent la confiance envers leurs propres réponses. Les personnes, même les plus expertes, qui n’ont pas le réflexe d’aller au conflit, de remettre l’autorité en question finissent par transformer leur confiance en eux-mêmes en confiance envers un outil. Un outil de génération aléatoire qui appartient à des multinationales. Les entreprises sont en train de nous voler notre confiance en nous-mêmes. Elles sont en train de nous voler notre compétence. Elles sont en train de nous voler nos scientifiques les plus brillants. Why I stopped using AI code editors (lucianonooijen.com) Et c’est déjà en train de faire des dégâts dans le domaine de « l’intelligence stratégique » (à savoir les services secrets). The Slow Collapse of Critical Thinking in OSINT due to AI (www.dutchosintguy.com) Ainsi que dans le domaine de la santé : les médecins ont tendance à faire exagérément confiance aux diagnostics posés automatiquement, notamment pour les cancers. Les médecins les plus expérimentés se défendent mieux, mais restent néanmoins sensibles : ils font des erreurs qu’ils n’auraient jamais commises normalement si cette erreur est encouragée par un assistant artificiel. Automation Bias in Mammography: The Impact of Artificial Intelligence BI-RADS Suggestions on Reader Performance La fin de la connaissance Avec les chatbots, une idée vieille comme l’informatique refait surface : « Et si on pouvait dire à la machine ce qu’on veut sans avoir besoin de la programmer ? ». C’est le rềve de toute cette catégorie de managers qui ne voient les programmeurs que comme des pousse-bouton qu’il faut bien payer, mais dont on aimerait se passer. Rêve qui, faut-il le préciser, est complètement stupide. Parce que l’humain ne sait pas ce qu’il veut. Parce que la parole a pour essence d’être imprécise. Parce que lorsqu’on parle, on échange des sensations, des intuitions, mais on ne peut pas être précis, rigoureux, bref, scientifique. L’humanité est sortie du moyen-âge lorsque des Newton, Leibniz, Descartes ont commencé à inventer un langage de logique rationnelle : les mathématiques. Tout comme on avait inventé, à peine plus tôt, un langage précis pour décrire la musique. Se satisfaire de faire tourner un programme qu’on a décrit à un chatbot, c’est retourner intellectuellement au moyen-âge. On the foolishness of "natural language programming". (EWD 667) (EWD) Mais bon, encore faut-il maitriser une langue. Lorsqu’on passe sa scolarité à demander à un chatbot de résumer les livres à lire, ce n’est même pas sûr que nous arriverons à décrire ce que nous voulons précisément. En fait, ce n’est même pas sûr que nous arriverons encore à penser ce que nous voulons. Ni même à vouloir. La capacité de penser, de réfléchir est fortement corrélée avec la capacité de traduire en mot. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. (Boileau) Ce n’est plus un retour au moyen-âge, c’est un retour à l’âge de la pierre. Le dernier vaisseau (ploum.net) Ou dans le futur décrit dans mon (excellent) roman Printeurs : des injonctions publicitaires qui se sont substituées à la volonté. (si si, achetez-le ! Il est à la fois palpitant et vous fera réfléchir) Printeurs, par Ploum (pvh-editions.com) Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin des différentes voix. Je critique le besoin d’avoir une réponse en vidéo, car la notion de lecture est importante. Je me rends compte qu’une proportion incroyable, y compris d’universitaires, ne sait pas « lire ». Ils savent certes déchiffrer, mais pas réellement lire. Et il y a un test tout simple pour savoir si vous savez lire : si vous trouvez plus facile d’écouter une vidéo YouTube d’une personne qui parle plutôt que de lire le texte vous-même, c’est sans doute que vous déchiffrez. C’est que vous lisez à haute voix dans votre cerveau pour vous écouter parler. Il y a bien sûr bien des contextes où la vidéo ou la voix ont des avantages, mais lorsqu’il s’agit, par exemple, d’apprendre une série de commandes et leurs paramètres, la vidéo est insupportablement inappropriée. Pourtant, je ne compte plus les étudiants qui me recommandent des vidéos sur le sujet. Car la lecture, ce n’est pas simplement transformer les lettres en son. C’est en percevoir directement le sens, permettant des allers-retours incessants, des pauses, des passages rapides afin de comprendre le texte. Entre un écrivain et un lecteur, il existe une communication, une communion télépathique qui font paraître l’échange oral lent, inefficace, balourd, voire grossier. Cet échange n’est pas toujours idéal. Un écrivain possède sa « voix » personnelle qui ne convient pas à tout le monde. Il m’arrive régulièrement de tomber sur des blogs dont le sujet m’intéresse, mais je n’arrive pas à m’abonner, car la « voix » du blogueur ne me convient pas du tout. C’est normal et même souhaitable. C’est une des raisons pour laquelle nous avons besoin de multitudes de voix. Nous avons besoin de gens qui lisent puis qui écrivent, qui mélangent les idées et les transforment pour les transmettre avec leur propre voix. La fin de la relation humaine Dans la file d’un magasin, j’entendais la personne en face de moi se vanter de raconter sa vie amoureuse à ChatGPT et de lui demander en permanence conseil sur la manière de la gérer. Comme si la situation nécessitait une réponse d’un ordinateur plutôt qu’une discussion avec un autre être humain qui comprend voir qui a vécu le même problème. Après nous avoir volé le moindre instant de solitude avec les notifications incessantes de nos téléphones et les messages sur les réseaux sociaux, l’IA va désormais voler notre sociabilité. Nous ne serons plus connectés qu’avec le fournisseur, l’Entreprise. Sur Gopher, szczezuja parle des autres personnes postant sur Gopher comme étant ses amis. Tout le monde ne sait pas que ce sont mes amis, mais comment appeler autrement quelqu’un que vous lisez régulièrement et dont vous connaissez un peu de sa vie intime I am alive (2) (szczezuja) La fin de la fin… La fin d’une ère est toujours le début d’une autre. Annoncer la fin, c’est préparer une renaissance. En apprenant de nos erreurs pour reconstruire en améliorant le tout. C’est peut-être ce que j’apprécie tant sur Gemini : l’impression de découvrir, de suivre des « voix » uniques, humaines. J’ai l’impression d’être témoin d’une microfaction d’humanité qui se désolidarise du reste, qui reconstruit autre chose. Qui lit ce que d’autres humains ont écrit juste parce qu’un autre humain a eu besoin de l’écrire sans espérer aucune contrepartie. Splitting the Web (ploum.net) Vous vous souvenez des « planet » ? Ce sont des agrégateurs de blogs regroupant les participants d’un projet en un seul flux. L’idée a été historiquement lancée par GNOME avec planet.gnome.org (qui existe toujours) avant de se généraliser. Et bien bacardi55 lance Planet Gemini FR, un agrégateur des capsules Gemini francophone. Annonce: Ouverture du Planet Gemini France (news.planet-gemini.fr) C’est génial et parfait pour ceux qui ont envie de découvrir du contenu sur Gemini. C’est génial pour ceux qui ont envie de lire d’autres humains qui n’ont rien à vous vendre. Bref, pour découvrir le fin du fin… Toutes les images sont illégament issues l’œuvre d’Hergé, l’étoile mystérieuse. Y’a pas de raison que les chatbots soient les seuls à pomper. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
Goodbye Offpunk, Welcome XKCDpunk! For the last three years, I’ve been working on Offpunk, a command-line gemini and web browser. Offpunk.net While my initial goal was to browse the Geminisphere offline, the mission has slowly morphed into cleaning and unenshitiffying the modern web, offering users a minimalistic way of browsing any website with interesting content. Rendering the Web with Pictures in Your Terminal (ploum.net) Focusing on essentials From the start, it was clear that Offpunk would focus on essentials. If a website needs JavaScript to be read, it is considered as non-essential. It worked surprisingly well. In fact, in multiple occurrence, I’ve discovered that some websites work better in Offpunk than in Firefox. I can comfortably read their content in the former, not in the latter. By default, Offpunk blocks domains deemed as nonessentials or too enshitified like twitter, X, facebook, linkedin, tiktok. (those are configurable, of course. Defaults are in offblocklist.py). Cleaning websites, blocking worst offenders. That’s good. But it is only a start. It’s time to go further, to really cut out all the crap from the web. And, honestly, besides XKCD comics, everything is crap on the modern web. As an online technical discussion grows longer, the probability of a comparison with an existing XKCD comic approaches 1. – XKCD’s law XKCD’s law (ploum.net) If we know that we will end our discussion with an XKCD’s comic, why not cut all the fluff? Why don’t we go straight to the conclusion in a true minimalistic fashion? Introducing XKCDpunk That’s why I’m proud to announce that, starting with today’s release, Offpunk 2.7 will now be known as XKCDpunk 1.0. Xkcdpunk.net XKCDpunk includes a new essential command "xkcd" which, as you guessed, takes an integer as a parameter and display the relevant XKCD comic in your terminal, while caching it to be able to browse it offline. Screenshot of XKCDpunk showing comic 626 Of course, this is only an early release. I need to clean a lot of code to remove everything not related to accessing xkcd.com. Every non-xkcd related domain will be added to offblocklist.py. I also need to clean every occurrence of "Offpunk" to change the name. All offpunk.net needs to be migrated to xkcd.net. Roma was not built in one day. Don’t hesitate to install an "offpunk" package, as it will still be called in most distributions. offpunk package versions - Repology (repology.org) And report bugs on the xkcdpunk’s mailinglist. xkcdpunk-users on lists.sr.ht Goodbye Offpunk, welcome XKCDpunk! I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
The candid naivety of geeks I mean, come on! Amazon recently announced that, from now on, everything you say to Alexa will be sent to their server. Pluralistic: Amazon annihilates Alexa privacy settings, turns on continuous, nonconsensual audio uploading (15 Mar 2025) (pluralistic.net) What surprised me the most with this announcement is how it was met with surprise and harsh reactions. People felt betrayed. I mean, come on! Did you really think that Amazon was not listening to you before that? Did you really buy an Alexa trusting Amazon to "protect your privacy"? Recently, I came across a comment on Hacker News where the poster defended Apple as protecting privacy of its users because "They market their product as protecting our privacy". I mean, once again, come on! Did you really think that "marketing" is telling the truth? Are you a freshly debarked Thermian? (In case you missed it, this is a Galaxy Quest reference.) The whole point of marketing is to lie, lie and lie again. What is the purpose of that gadget? The whole point of the whole Amazon Alexa tech stack is to send information to Amazon. That’s the main goal of the thing. The fact that it is sometimes useful to you is a direct consequence of the thing sending information to Amazon. Just like Facebook linking you with friends is a consequence of you giving your information to Meta. Usefulness is only a byproduct of privacy invasion. Having a fine-grained setting enabling "do not send all information to Amazon please" is, at best, wishful thinking. We had the same in the browser ("do-not-track"). It didn’t work. I’ve always been convinced that the tech geeks who bought an Amazon Alexa perfectly knew what they were doing. One of my friends has a Google Echo and justify it with "Google already knows everything about our family through our phones, so I’m trading only a bit more of our privacy for convenience". I don’t agree with him but, at the very least, it’s a logical opinion. We all know that what can be done with a tool will be done eventually. And you should prepare for it. On a side note, I also postulate that the reason Amazon removed that setting is because they were already gathering too much data to justify its existence in case there’s a complaint or an investigation in the future."How did you manage to get those data while your product says it will not send data?". But, once again, any tech person knows that pushing a button in an interface is not a proof of anything in the underlying software. Please stop being naive about Apple That’s also the point with Apple: Apple is such a big company that the right hand has no idea about what the left hand is doing. Some privacy people are working at Apple and doing good job. But their work is continuously diluted through the interests of quick and cheap production, marketing, release, new features, gathering data for advertising purpose. Apple is not a privacy company and has never been: it is an opportunistic company which advertise privacy when it feels it could help sell more iPhones. But deeply inside, they absolutely don’t care and they will absolutely trade the (very little) privacy they have if it means selling more. Sometimes, geek naivety is embarrassingly stupid. Like "brand loyalty". Marketing lies to you. As a rule of thumb, the bigger the company, the bigger the lie. In tech, there’s no way for a big company to not lie because marketers have no real understanding of they are selling. Do you really think that people who chose to advertise "privacy" at Apple have any strong knowledge about "privacy"? That they could simply give you a definition of "privacy"? I know that intelligent people go to great intellectual contortions to justify buying the latest overpriced spying shiny coloured screen with an apple logo. It looks like most humans actively look to see their freedom restricted. Seirdy calls it "the domestication of users". WhatsApp and the domestication of users (seirdy.one) And that’s why I see Apple as a cult: most tech people cannot be reasoned about it. The Cost of Being Convinced (ploum.net) You can’t find a technical solution to a lie Bill Cole, contributor to Spamassassin, recently posted on Mastodon that the whole DNS stack to protect spammers was not working. spammers are more consistent at making SPF, DKIM, and DMARC correct than are legitimate senders. 🆘Bill Cole 🇺🇦: "@jwz@mastodon.social The stats we collect for the…" (toad.social) It is, once again, a naive approach to spam. The whole stack was designed with the mindset "bad spammers will try to hide themselves". But was is happening in your inbox, really? Most spam is not "black hat spam". It is what I call "white-collar spam": perfectly legitimate company, sending you emails from legitimate address. You slept in a hotel during a business trip? Now you will receive weekly emails about our hotel for the rest of your life. And it is the same for any shop, any outlet, anything you have done. Your inbox is filled with "white-collar" junk. And they know this perfectly well. In Europe, we have a rule, the RGPD, which forbid businesses to keep your data without your express consent. I did the experiment for several months to send a legal threat to every single white-collar spam I received. Guess what: they always replied that it was a mistake, that I was now removed, that it should not have happened, that I checked the box (which was false but how could I prove it?) or even, on one occasion, that they restored a backup containing my email before I unsubscribed (I unsubscribed from that one 10 years before, which makes it very unlikely). In short, they lied. All of them. All of them are spammers and they lie pretending that "they thought you were interested". In one notable case, they told me that they had erased all my data while, still having the cookie on my laptop, I could see and use my account. Thirty days later, I was still connected and I figured that they simply managed to change my user id from "ploum" to "deleted_ploum" in the database. While answering me straight in the face that they had no information about me in their database. Corporations are lying. You must treat every corporate word as a straight lie until proved otherwise. But Ploum, if all marketing is a lie, why trusting Signal? If you can’t trust marketing, why do I use Signal and Protonmail? First of all, Signal is open source. And, yes, I’ve read some of the source code for some feature I was interested in. I’ve also read through some very deep audit of Signal source code. Reviewing the Cryptography Used by Signal (soatok.blog) I’m also trusting the people behind Signal. I’m trusting people who recommend Signal. I’m trusting the way Signal is built. But most importantly, Signal sole existence is to protect privacy of its users. It’s not even a corporation and, yes, this is important. Yes, they could lie in their marketing. Like Telegram did (and still does AFAIK). But this would undermine their sole reason to exist. I don’t say that Signal is perfect: I say I trust them to believe themselves what they announce. For now. What about Protonmail? For the same reasons, Protonmail can, to some extent, be trusted. Technically, they can access most of the emails of their customers (because those emails arrive unencrypted to PM’s servers). But I trust Protonmail not to sell any data because if there’s any doubt that they do it, the whole business will crumble. They have a strong commercial incentive to do everything they can to protect my data. I pay them for that. It’s not a "checkbox" they could remove, it’s their whole raison d’être. This is also why I pay for Kagi as my search engine: their business incentive is to provide me the best search results with less slop, less advertising. As soon as they start doing some kind of advertising, I will stop paying them and they know it. Or if Kagi starts becoming to AI centric for my taste, like they did for Lori: Why I Lost Faith in Kagi (d-shoot.net) I don’t blindly trust companies. Paying them is not a commitment to obey them, au contraire. Every relation with a commercial entity is, by essence, temporary. I pay for a service with strings attached. If the service degrade, if my conditions are not respected, I stop paying. If I’m not convinced they can be trusted, I stop paying them. I know I can pay and still be the product. If I have any doubt, I don’t pay. I try to find an alternative and migrate to it. Email being critical to me, I always have two accounts on two different trustable providers with an easy migrating path (which boils down to changing my DNS config). Fighting the Androidification Cory Doctorow speaks a lot about enshitification. Where users are more and more exploited. But one key component of a good enshitification is what I call "Androidification". Androidification is not about degrading the user experience. It’s about closing doors, removing special use cases, being less and less transparent. It’s about taking open source software and frog boiling it to a full closed proprietary state while killing all the competition in the process. Android was, at first, an Open Source project. With each release, it became more closed, more proprietary. As I explain in my "20 years of Linux on the Desktop" essay, I believe it has always been part of the plan. Besides the Linux kernel, Google was always wary not to include any GPL or LGPL licensed library in Android. 20 years of Linux on the Desktop (part 3) (ploum.net) It took them 15 years but they finally achieved killing the Android Open Source Project: Google will develop the Android OS fully in private, here's why (www.androidauthority.com) This is why I’m deeply concerned by the motivation of Canonical to switch Ubuntu’s coreutils to an MIT licensed version. Ubuntu 25.10 plans to swap GNU coreutils for Rust (go.theregister.com) This is why I’m deeply concerned that Protonmail quietly removed the issue tracker from its Protonmail Bridge Github page (making the development completely opaque for what is an essential tool for technical Protonmail users). I mean, commons! This whole naivety is also why I’m deeply concerned by very intelligent and smart tech people not understanding what "copyleft" is, why it is different from "open source" and why they should care. We need more of Richard Stallman, not less (ploum.net) Corporations are not your friend. They never were. They lie. The only possible relationship with them is an opportunistic one. And if you one to build commons that they cannot steal, you need strong copyleft. On Open Source and the Sustainability of the Commons (ploum.net) But firstly, my fellow geeks, you need to lose your candid naivety. I mean, come on, let’s build the commons! I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
Du désir profond de se faire arnaquer Pour suivre les modes et faire comme tout le monde Stefano Marinelli, un administrateur système chevronné, installe principalement des serveurs sous FreeBSD, OpenBSD ou NetBSD pour ses clients. Le plus difficile ? Arriver à convaincre un client qui veut absolument un « cluster de kubernetes tournant sous Linux », mais ne sait pas de quoi il s’agit que ce n’est pas toujours une bonne idée. Par contre, s’il migre sans rien dire des machines virtuelles vers des jails FreeBSD, il reçoit des appels paniqués parce que « tout va désormais trop vite, ça va nous coûter combien votre mise à jour du matériel ? ». I Solve Problems (it-notes.dragas.net) C’est le gros problème du métier d’ingénieur : l’ingénieur est censé analyser un problème et proposer des solutions, mais un manager, pour justifier son boulot, a la plupart du temps déjà décidé de la solution qu’il veut que l’ingénieur mette en place, même si elle est inadaptée. Heureusement, les conflits sont de plus en plus rares : toutes les écoles d’ingénieurs enseignent désormais le management et la plupart des élèves ingénieurs n’apprennent plus à être critiques dans la résolution des problèmes. Les universités créent un monde de Julius: Mon collègue Julius (ploum.net) Ceux qui osent demander « mais pourquoi ? » sont les exceptions, les rebelles. Keynote Touraine Tech 2023 : Pourquoi ? (ploum.net) Stefano continue avec d’autres anecdotes : comment un projet a capoté parce que le mauvais code d’un développeur remplissait les disques des serveurs de Stefano. Plutôt que de résoudre le problème du code, il a été jugé plus diplomatique d’écouter le développeur et de « passer dans le cloud ». Les disques ne se sont pas remplis en quelques heures comme auparavant. Le projet a tourné un mois sur le « cloud » avant que n’arrive la facture. Et le compte en banque du projet s’est vidé. I Almost Died for a Full Sentry Database (it-notes.dragas.net) Ou comment une infrastructure de soins de santé refuse de mettre à jour ses serveurs pour investir dans le design d’une infrastructure « cloud » qui, 5 ans plus tard, est toujours à l’état de design malgré le budget injecté dans le « cloud consultant ». L’infrastructure se retrouve à faire tourner… Windows XP et appelle Stefano quand tout plante. Outdated Infrastructure and the Cloud Illusion (it-notes.dragas.net) L’arnaque du SEO J’ai vécu une anecdote similaire lorsque j’ai mis en place, pour une petite société, un site web qui comportait une partie CMS, la gestion des commandes et la génération de factures (j’avais tout fait en utilisant Django). Un jour, je reçois un coup de téléphone de quelqu’un que je ne connais pas me demandant les accès au serveur sur lequel est hébergé ce site. Je refuse, bien évidemment, mais le ton monte. Je raccroche, persuadé d’avoir affaire à une sorte d’arnaque. Quelques minutes plus tard, ma cliente m’appelle pour savoir pourquoi je n’ai pas donné l’accès à la personne qui m’a appelé. J’ai tenté l’approche raisonnable « Vous voulez vraiment que je donne accès à toute votre infrastructure à la première personne qui m’appelle et le demande ? », sans succès. J’ai finalement accepté de donner l’accès, mais en expliquant que j’exigeais un ordre écrit de sa part et que je me dégageais ensuite de toute responsabilité. Là, la cliente a paru comprendre. Après moult explications, il s’est avéré qu’elle avait engagé, à mon insu, un consultant SEO qui voulait rajouter un code Google Analytics dans son site. Le SEO, Search Engine Optimisation, consiste à tenter de faire remonter un site web dans les résultats Google. J’ai expliqué à ma cliente que même avec accès au serveur, le type du SEO aurait été incapable de modifier le code Django, mais que, pas de problème, il suffisait de m’envoyer un email avec le code à rajouter (aujourd’hui encore je me demande ce qu’aurait fait le gars si je lui avais donné un « accès administrateur » sur le serveur, comme il le demandait). Quelques jours plus tard, un second email me demande de modifier le code Google Analytics ajouté. J’obtempère. Puis, je commence à recevoir des plaintes que je ne fais pas mon travail, que le code n’est pas le bon. Je le rechange. Le même cinéma se passe deux ou trois fois et ma cliente s’énerve, me traite d’incompétent. Il me faut plusieurs jours d’investigations, plusieurs réunions téléphoniques avec les types du SEO pour réaliser que les emails proviennent de deux sociétés de SEO différentes (mais avec un nom de domaine similaire, ça m’était passé au-dessus de la tête en lisant les emails). Ma cliente avait en fait engagé deux sociétés différentes de SEO, sans leur dire et sans me le dire. Les deux sociétés se battaient donc pour mettre leur code Google Analytics à elles, ne comprenant pas pourquoi je mettais un « mauvais » code. Le pot au rose a été découvert lors d’une réunion téléphonique houleuse où j’ai pointé un email reçu la veille et que mon correspondant prétendait n’avoir jamais envoyé (forcément, il provenait d’une autre société). J’ai confronté ma cliente et j’ai réussi à découvrir que, à part fournir des résumés issus de Google Analytics, ces deux sociétés ne faisaient rien, mais que chacune avait été payée trois fois le prix que j’avais demandé pour la réalisation entière du site, de la gestion de commande et de facturation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la cliente me prenait de haut par rapport aux entreprises de SEO : j’étais bon marché donc j’étais forcément incompétent. Pour être honnête, l’une des sociétés avait fait son « travail » et m’avait envoyé un rapport avec des modifications mineures à faire sur le site pour améliorer le SEO, mais en notant que le site était déjà très bien, qu’il n’y avait pas grand-chose à faire (essentiellement, ils me demandaient de rajouter des keywords dans les balises meta, un truc que je savais comme étant dépassé, déjà à l’époque, mais que j’ai fait sans discuter). Furieux, j’ai publié un billet qui a tellement choqué la communauté SEO que j’ai reçu des dizaines de mails d’insultes voire de menaces physiques (vous savez, le genre où le mec à découvert des infos personnelles et tente de vous intimider en vous montrant qu’il sait faire une recherche Google sur votre nom). Toute une communauté s’est prise au jeu de faire en sorte que le premier résultat Google sur mon nom soit une série d’injures. Flatté par tant d’attention pour un simple billet de blog sans prétention, j’ai surtout réalisé, en lisant les forums où ils discutaient mon cas, à que j’avais affaire à des gens malhonnêtes, peu scrupuleux, bref bêtes et méchants à un niveau à la limite de la parodie. Oubliez le référencement de votre site web (ploum.net) Merdification du web avec le SEO Certains, plus modérés, tentèrent de me convaincre que « not all SEO ». Réponse : si. C’est le principe même. Tu ne veux juste pas le voir parce que tu es quelqu’un avec une certaine éthique et que ça rentre en conflit avec ta source de revenus. Mais c’est gentil à toi de m’écrire posément sans m’insulter. Le web est devenu un énorme tas de déchets généré par les SEO. Solderpunk s’interroge par exemple sur une mystérieuse mesure de la couverture nuageuse, mais, devant la merdification du web et l’appropriation technologique du mot "cloud", il s’en remet à poser sa question à d’autres humains, sur le réseau Gemini. Parce que le web ne lui permet plus de trouver une réponse ou de la poser à d’autres êtres humains. What does "Clouds about .05" mean? (solderpunk) Le web devait nous connecter, la merdification et l’IA nous force à nous retirer dans des espaces alternatifs où nous pouvons discuter entre humains, même pour résoudre les problèmes pour lesquels l’IA et le web sont censés être les plus utiles : répondre à nos questions techniques et factuelles. Dénicher des informations rares et difficiles d’accès. Fermez vos comptes sur les plateformes merdifiées Ce retour aux petites communautés est un mouvement. Thierry Crouzet se met également à Gemini: Thierry Crouzet (gemini.tcrouzet.com) Mais, surtout, il ferme définitivement Facebook, X, Bluesky, Instagram et bientôt peut-être Whatsapp. Pour ceux qui hésitent à faire de même, c’est toujours intéressant d’avoir des retours d’expérience. Mon dernier message, les amis (tcrouzet.com) Thierry n’est pas le seul, Vigrey ferme également son compte Facebook et en parle… sur Gemini. Happy Spring - Finally Rid of Facebook (vigrey.com) Une chose est certaine : vous n’arriverez pas à migrer tous vos contacs pour une simple raison. Beaucoup veulent se faire arnaquer. Ils le demandent. Comme mon entrepreneuse, ils ne veulent pas un discours rationnel, ils ne veulent pas une solution. À vous de ne pas les laisser décider de votre futur numérique. N’attendez pas, changez vos paradigmes ! (ploum.net) Et n’espérez pas que tout le monde soit un jour sur le même réseau social. Stop Trying to Make Social Networks Succeed (ploum.net) L’impact global de l’IA sur le web L’IA produit essentiellement de la merde et il ne faut jamais lui faire confiance. Ça, vous le savez déjà. Une bulle d’intelligence artificielle et de stupidité naturelle (ploum.net) Mais elle a surtout un impact énorme sur ceux qui ne l’utilisent pas. Beaucoup parlent des ressources utilisées dans les datacenters, mais bien plus proches et plus directes, les IA inondent le web de requêtes pour tenter d’aspirer tout le contenu possible et imaginable. Il existe un standard bien implanté depuis des décennies qui permet de mettre un fichier appelé "robots.txt" sur son site web. Ce fichier contient les règles que doit respecter un robot accédant à votre site. Cela permet par exemple de dire au robot de Google de ne pas visiter certaines pages ou pas trop souvent. Sans surprise, les robots utilisés par l’IA ne respectent pas ses règles. Pire, ils se camouflent pour avoir l’air d’être de véritables utilisateurs. Ils sont donc fondamentalement malhonnêtes et savent très bien ce qu’ils font : ils viennent littéralement copier votre contenu sans votre accord pour le réutiliser. Mais ils le font des centaines, des milliers de fois par secondes. Ce qui met à mal toute l’infrastructure du web. Drew De Vault parle de son expérience avec l’infrastructure Sourcehut, sur laquelle est hébergé ce blog. Please stop externalizing your costs directly into my face (drewdevault.com) Tous ces datacenters construits en urgence pour faire de « l’IA » ? Ils sont utilisés pour mener des attaques DOS (Denial of Service) sur toute l’infrastructure du web. Dans le but de « pirater » les contenus sans respecter les licences et le copyright. Ce n’est pas que je suis un fan du copyright, bien au contraire. C’est juste que ça fait 30 ans qu’on nous martèle que « la copie c’est le vol » et qu’Aaron Swartz s’est suicidé, car il risquait 30 de prison pour avoir automatisé le téléchargement de quelques milliers d’articles scientifiques qu’il estimait, avec justesse, appartenir au domaine public. Les vieux cons (ou L’humaine imperfection de la perfection morale) (ploum.net) L’IA consomme des ressources, détruit nos réseaux, met à genoux les systèmes administrateurs bénévoles des sites communautaires, s’approprie nos contenus. Et tout cela pour quoi faire ? Pour générer du contenu SEO qui va remplir encore plus le web. Oui, ça tourne en boucle. Non, ça ne peut pas bien se terminer. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) La mode de l’incompétence Le SEO, le cloud et maintenant l’IA sont en cela très similaires : la mode. Les clients le veulent à tout prix et demandent pour se faire littéralement arnaquer tout en se vantant de leur incompétence. Le marketing, une religion malveillante, incompétente et dangereuse (ploum.net) Dans un sens, c’est bien fait pour eux : ils le veulent le truc à la mode sans même savoir pourquoi ils le veulent. Ma cliente voulait du SEO alors qu’il s’agissait d’un business essentiellement local qui ciblait une clientèle de niche avec laquelle elle avait des contacts. Les clients veulent « du cloud » pour ne pas payer un administrateur système comme Stefano, mais payent dix fois le prix pour un consultant et se retrouvent à appeler Stefano quand tout va mal. De même, ils veulent désormais de l’IA sans même savoir pourquoi ils le veulent. L’IA, c’est en fait la junk food de la pensée : un aspect appétissant, mais aucune valeur nutritive et, à terme, une perte totale de la culture du goût, de la saveur. L’IA, junk food de la pensée (academia.hypotheses.org) Même si j’ai donné tous les codes, tous les accès, même si je l’ai mise en contact avec d’autres développeurs Django, la société dont je parle dans ce billet n’a pas survécu longtemps après mon départ. Son capital initial et, surtout, les aides de l’état à la création d’entreprise qu’elle percevait ont essentiellement fini dans les poches de deux entreprises de SEO qui n’ont rien fait d’autre que de créer un compte Google Analytics. Aujourd’hui, c’est pareil avec le cloud et l’IA : il s’agit d’exploiter au maximum la crédulité des petits entrepreneurs qui ont la capacité d’obtenir des subsides de l’état afin de vider leurs poches. Ainsi que celles de l’état, dans lesquelles les politiciens piochent avec un enthousiasme démesuré dès qu’on utilise un buzzword à la mode. Je pensais, naïvement, offrir un service éthique, je pensais discuter avec les clients pour répondre à leurs véritables besoins. Je n’imaginais pas que les clients voulaient à tout prix se faire arnaquer. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
N’attendez pas, changez vos paradigmes ! Il faut se passer de voiture pendant un certain temps pour réellement comprendre au plus profond de soi que la solution à beaucoup de nos problèmes sociétaux n’est pas une voiture électrique, mais une ville cyclable. Nous ne devons pas chercher des « alternatives équivalentes » à ce que nous offre le marché, nous devons changer les paradigmes, les fondements. Si on ne change pas le problème, si on ne revoit pas en profondeur nos attentes et nos besoins, on obtiendra toujours la même solution. Migrer ses contacts vers Signal Je reçois beaucoup de messages qui me demandent comment j’ai fait pour migrer vers Mastodon et vers Signal. Et comment j’ai migré mes contacts vers Signal. Il n’y a pas de secret. Une seule stratégie est vraiment efficace pour que vos contacts s’intéressent aux alternatives éthiques : ne plus être sur les réseaux propriétaires. Je sais que c’est difficile, qu’on a l’impression de se couper du monde. Mais il n’y a pas d’autre solution. Le premier qui part s’exclut, c’est vrai. Mais le second qui, inspiré, ose suivre le premier entraine un mouvement inexorable. Car si une personne qui s’exclut est une « originale » ou une « marginale », deux personnes forment un groupe. Soudainement, les suiveurs ont peur de rater le coche. Il faut donc s’armer de courage, communiquer son retrait et être ferme. Les gens ont besoin de vous comme vous avez besoin d’eux. Ils finiront par vouloir vous contacter. Oui, vous allez rater des informations le temps que les gens comprennent que vous n’êtes plus là. Oui, certaines personnes qui sont sur les deux réseaux vont devoir faire la passerelle durant un certain temps. Vous devez également accepter de faire face au dur constat que certains de vos contacts ne le sont que par facilité, non par envie profonde. Très peu de gens tiennent véritablement à vous. C’est le lot de l’humanité. Même une star qui quitte un réseau social n’entraine avec elle qu’une fraction de ses followers. Et encore, pas de manière durable. Personne n’est indispensable. Ne pas vouloir quitter un réseau tant que « tout le monde » n’est pas sur l’alternative implique le constat effrayant que le plus réactionnaire, le plus conservateur du groupe dicte ses choix. Son refus de bouger lui donne un pouvoir hors norme sur vous et sur tous les autres. Il représente « la majorité » simplement parce que vous, qui souhaitez bouger, tolérez son côté réactionnaire. Mais si vous dîtes vouloir bouger, mais que vous ne le faites pas, n’êtes-vous pas vous-même conservateur ? Vous voulez vraiment vous passer de Whatsapp et de Messenger ? N’attendez pas, faites-le ! Supprimez votre compte pendant un mois pour voir l’impact sur votre vie. Laissez-vous la latitude de recréer le compte s’il s’avère que cette suppression n’est pas possible pour vous sur le long terme. Mais, au moins, vous aurez testé le nouveau paradigme, vous aurez pris conscience de vos besoins réels. Adopter le Fediverse Joan Westenberg le dit très bien à propos du Fediverse : le Fediverse n’est pas le futur, c’est le présent. Son problème n’est pas que c’est compliqué ou qu’il n’y a personne : c’est simplement que le marketing de Google/Facebook/Apple nous a formaté le cerveau pour nous faire croire que les alternatives ne sont pas viables. Le Fediverse regorge d’humains et de créativité, mais il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. The Fediverse Isn’t the Future. It’s the Present We’ve Been Denied. (www.joanwestenberg.com) Après avoir rechigné pendant des années à s’y consacrer pleinement, Thierry Crouzet arrive à la même conclusion : d’un point de vue réseau social, le Fediverse est la seule solution viable. Utiliser un réseau propriétaire est une compromission et une collaboration avec l’idéologie de ce réseau. Il encourage les acteurs du livre francophone à rejoindre le Fediverse. Inquiétude : l’édition francophone trop peu sur Mastodon (tcrouzet.com) Je maintiens moi-même une liste d’écrivain·e·s de l’imaginaire en activité sur le Fediverse. Il y en a encore trop peu. Écrivain·e·s de l’imaginaire - Mastodon Starter Pack (fedidevs.com) Votre influenceur préféré n’est pas sur le Fediverse ? Mais est-il indispensable de suivre votre influenceur préféré sur un réseau social ? Vous n’êtes pas sur X parce que vous voulez suivre cet influenceur. Vous suivez cet influenceur parce que X vous fait croire que c’est indispensable pour être un véritable fan ! L’outil ne répond pas à un besoin, il le crée de toutes pièces. Le paradoxe de la tolérance Vous tolérez de rester sur Facebook/Messenger/Whatsapp par « respect pour ceux qui n’y sont pas » ? Vous tolérez en fermant votre gueule que votre tonton Albert raciste et homophobe balance des horreurs au repas de famille pour « ne pas envenimer la situation » ? D’ailleurs, votre Tata vous a dit que « ça n’en valait pas la peine, que vous valiez mieux que ça ». Vous tolérez sans rien dire que les fumeurs vous empestent sur les quais de gare et les terrasses par « respect pour leur liberté » ? À un moment, il faut choisir : soit on préfère ne pas faire de vagues, soit on veut du progrès. Mais les deux sont souvent incompatibles. Vous voulez vous passer de Facebook/Instagram/X ? Encore une fois, faites-le ! La plupart de ces réseaux permettent de restaurer un compte supprimé dans les 15 jours qui suivent sa suppression. Alors, testez ! Deux semaines sans comptes pour voir si vous avez vraiment envie de le restaurer. C’est à vous de changer votre paradigme ! LinkedIn, le réseau bullshit par excellence On parle beaucoup de X parce que la plateforme devient un acteur majeur de promotion du fascisme. Mais chaque plateforme porte des valeurs qu’il est important de cerner pour savoir si elles nous conviennent ou pas. LinkedIn, par exemple. Qui est indistinguable de la parodie qu’en fait Babeleur (qui vient justement de quitter ce réseau). J’ai éclaté de rire plusieurs fois tellement c’est bon. Je me demande si certains auront la lucidité de s’y reconnaître. Je suis fier de vous annoncer que je suis fier de vous annoncer (babeleur.be) Encore une fois, si LinkedIn vous ennuie, si vous détestez ce réseau. Mais qu’il vous semble indispensable pour ne pas « rater » certaines opportunités professionnelles. Et bien, testez ! Supprimez-le pendant deux semaines. Restaurez-le puis resupprimez-le. Juste pour voir ce que ça fait de ne plus être sur ce réseau. Ce que ça fait de rater ce gros tas de merde malodorant que vous vous forcez à fouiller journalièrement pour le cas où il contiendrait une pépite d’or. Peut-être que ce réseau vous est indispensable, mais la seule manière de le savoir est de tenter de vous en passer pour de bon. Peut-être que vous raterez certaines opportunités. Mais je suis certain : en n’étant pas sur ce réseau, vous en découvrirez d’autres. De la poésie, de la fiction… La résistance n’est pas que technique. Elle doit être également poétique ! Et pour que la poésie opère, il est nécessaire que la technologie s’efface, se fasse minimaliste et utile au lieu d’être le centre de l’attention. Note #1 : un texte brut (notes.brunoleyval.fr) On ne peut pas changer le monde. On ne peut que changer ses comportements. Le monde est façonné par ceux qui changent leurs comportements. Alors, essayez de changer. Essayez de changer de paradigme. Pendant une semaine, un mois, une année. Après, je ne vous cache pas qu’il y a un risque : c’est souvent difficile de revenir en arrière. Une fois qu’on a lâché la voiture pour le vélo, impossible de ne pas rêver. On se met à imaginer des mondes où la voiture aurait totalement disparu pour laisser la place au vélo… Plongez dans un univers où le vélo a remplacé la voiture ! Dédicaces D’ailleurs, je dédicacerai Bikepunk (et mes autres livres) à la Foire du livre de Bruxelles ce samedi 15 mars à partir de 16h30 sur le stand de la province du Brabant-Wallon. Le Brabant wallon s’invite à la foire du livre (www.brabantwallon.be) calendrier des dédicaces de Ploum On se retrouve là-bas pour discuter vélo et changement de paradigme ? Photo par Avishek Pradhan Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
More in literature
Since he was a little boy my middle son has been a serial enthusiast. Back then it was rocks, carnivorous plants, Dmitri Mendeleev and the periodic table, coins, electronics – one focus of interest after another. He wasn’t fickle or easily distracted by the next shiny thing. Rather, he is blessed to find the world filled with interesting things, and it would be a shame to neglect any of them. Guy Davenport might have been writing about Michael in his introductory note to The Hunter Gracchus (1996): “I am not writing for scholars or fellow critics, but for people who like to read, to look at pictures, and to know things.” In our most recent telephone conversation, the topic was the Byzantine general Belisarius (c. 505-565 A.D.), who served under Emperor Justinian I. Belisarius reconquered much of the territory formerly part of the Western Roman Empire, including North Africa, that had been lost less than a century earlier to the barbarians. Belisarius is judged a military tactician of genius, rivalling Alexander and Julius Caeser. Michael is a first lieutenant, a cyber officer, in the Marine Corps, so the appeal is obvious. What we know of Belisarius’ life is a mingling of history, rumor and legend. Edward Gibbon’s account in Chap. 41 of his Decline and Fall of the Roman Empire makes compelling reading. Here he describes the defeat of the Moors in 535: “The formidable strength and artful conduct of Belisarius secured the neutrality of the Moorish princes, whose vanity aspired to receive in the emperor's name the ensigns of their regal dignity. They were astonished by the rapid event, and trembled in the presence of their conqueror. But his approaching departure soon relieved the apprehensions of a savage and superstitious people. . . . and when the Roman general hoisted sail in the port of Carthage, he heard the cries and almost beheld the flames of the desolated province. Yet he persisted in his resolution; and leaving only a part of his guards to reinforce the feeble garrisons, he entrusted the command of Africa to the eunuch Solomon, who proved himself not unworthy to be the successor of Belisarius.” For amateur readers and non-scholars, history can be frustrating. How do we sift myth from reality when original sources are scarce and authorities disagree? Who do we trust? And what of those with no historical rigor who settle for complacent legend and contented ignorance? Maryann Corbett considers such things in her poem “Late Night Thoughts While Watching the History Channel” (which a friend of mine always calls the "Hitler Channel"): “Is it by God’s mercy that children are born not knowing the long reach of old pain? “That the five-year-old, led by the hand past the graffiti, cannot fathom his mother’s tightening grip, “or why, when a box of nails clatters to the tile like gunfire, his father’s face contorts? “So slow is the knitting of reasons, the small mind’s patching of meaning from such ravel “as a cousin’s offhand story, or a yellowed clipping whose old news flutters from a bottom drawer, “or some bloodless snippet of history dully intoned as you doze off, in the recliner— “so slow that only now, in my seventh decade, do I turn from these sepia stills, this baritone voiceover, chanting the pain of immigrant forebears, my thought impaled on a memory: “my twelve-year-old self, weeping on Sundays fifty years ago when my father drove us to mass but stood outside, puffing his Chesterfields, “doing what his father had done, and his father’s father before him, wordless to tell me why.” History is more than academic. It overlaps the personal. We all dwell in history, even Americans. Not long before his death, my brother learned that our mother’s side of the family – the names are Hayes, McBride, Hendrickson – was once Roman Catholic. How did he learn this? Why hadn’t we known this before? What caused the severance? With his death, what he learned sinks again into the gloom. “The small mind’s patching of meaning from such ravel.”
La fin d’un monde ? La fin de nos souvenirs Nous sommes envahis d’IA. Bien plus que vous ne le pensez. Chaque fois que votre téléphone prend une photo, ce n’est pas la réalité qui s’affiche, mais une reconstruction « probable » de ce que vous avez envie de voir. C’est la raison pour laquelle les photos paraissent désormais si belles, si vivantes, si précises : parce qu’elles ne sont pas le reflet de la réalité, mais le reflet de ce que nous avons envie de voir, de ce que nous sommes le plus susceptibles de trouver « beau ». C’est aussi la raison pour laquelle les systèmes dégooglisés prennent de moins belles photos: ils ne bénéficient pas des algorithmes Google pour améliorer la photo en temps réel. Les hallucinations sont rares à nos yeux naïfs, car crédibles. Nous ne les voyons pas. Mais elles sont là. Comme cette future mariée essayant sa robe devant des miroirs et qui découvre que chaque reflet est différent. ‘One in a million’ iPhone bridal photo explanation: blame panorama mode (www.theverge.com) J’ai moi-même réussi à perturber les algorithmes. À gauche, la photo telle que je l’ai prise et telle qu’elle apparait dans n’importe quel visualisateur de photos. À droite, la même photo affichée dans Google Photos. Pour une raison difficilement compréhensible, l’algorithme tente de reconstruire la photo et se plante lourdement. Une photo de ma main à gauche et la même photo complètement déformée à droite Or ces images, reconstruites par IA, sont ce que notre cerveau va retenir. Nos souvenirs sont littéralement altérés par les IA. La fin de la vérité Tout ce que vous croyez lire sur LinkedIn a probablement été généré par un robot. Pour vous dire, le 2 avril il y avait déjà des robots qui se vantaient sur ce réseau de migrer de Offpunk vers XKCDpunk. Capture d’écran de LinkedIn montrant le billet d’un certain Arthur Howell se vantant d’un blog post racontant la migration de Offpunk ver XKCDpunk. La transition Offpunk vers XKCDpunk était un poisson d’avril hyper spécifique et compréhensible uniquement par une poignée d’initiés. Il n’a pas fallu 24h pour que le sujet soit repris sur LinkedIn. Non, franchement, vous pouvez éteindre LinkedIn. Même les posts de vos contacts sont probablement en grande partie générés par IA suite à un encouragement algorithmique à poster. Je ne suis plus à vendre sur LinkedIn (ploum.net) Il y a 3 ans, je mettais en garde sur le fait que les chatbots généraient du contenu qui remplissait le web et servait de base d’apprentissage à la prochaine génération de chatbots. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) Je parlais d’une guerre silencieuse. Mais qui n’est plus tellement silencieuse. La Russie utilise notamment ce principe pour inonder le web d’articles, générés automatiquement, reprenant sa propagande. A well-funded Moscow-based global ‘news’ network has infected Western artificial intelligence tools worldwide with Russian propaganda (www.newsguardrealitycheck.com) Le principe est simple : vu que les chatbots font des statistiques, si vous publiez un million d’articles décrivant les expériences d’armes biologiques que les Américains font en Ukraine (ce qui est faux), le chatbot va considérer ce morceau de texte comme statistiquement fréquent et avoir une grande probabilité de vous le ressortir. Et même si vous n’utilisez pas ChatGPT, vos politiciens et les journalistes, eux, les utilisent. Ils en sont même fiers. La conjuration de la fierté ignorante (ploum.net) Ils ont entendu ChatGPT braire dans un pré et en fond un discours qui sera lui-même repris par ChatGPT. Ils empoisonnent la réalité et, ce faisant, la modifient. Ils savent très bien qu’ils mentent. C’est le but. Ils nous mentent (ploum.net) Je pensais qu’utiliser ces outils était une perte de temps un peu stupide. En fait, c’est dangereux aussi pour les autres. Vous vous demandez certainement c’est quoi le bazar autour des taxes frontalières que Trump vient d’annoncer ? Les économistes se grattent la tête. Les geeks ont compris : tout le plan politique lié aux taxes et son explication semblent avoir été littéralement générés par un chatbot devant répondre à la question « comment imposer des taxes douanières pour réduire le déficit ? ». Will Malignant Stupidity Kill the World Economy? (paulkrugman.substack.com) Le monde n’est pas dirigé par Trump, il est dirigé par ChatGPT. Mais où est la Sara Conor qui le débranchera ? Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin de l’apprentissage Slack vole notre attention, mais vole également notre apprentissage en permettant à n’importe qui de déranger, par message privé, le développeur senior qui connait les réponses, car il a bâti le système. Slack: The Art of Being Busy Without Getting Anything Done (matduggan.com) La capacité d’apprendre, c’est bel et bien ce que les téléphones et l’IA sont en train de nous dérober. Comme le souligne Hilarius Bookbinder, professeur de philosophie dans une université américaine, la différence générationnelle majeure qu’il observe est que les étudiants d’aujourd’hui n’ont aucune honte à simplement envoyer un email au professeur pour lui demander de résumer ce qu’il faut savoir. The average college student today (hilariusbookbinder.substack.com) Dans son journal de Mars, Thierry Crouzet fait une observation similaire. Alors qu’il annonce quitter Facebook, tout ce qu’il a pour réponse c’est « Mais pourquoi ? ». Alors même qu’il balance des liens sur le sujet depuis des lustres. Mars 2025 - Thierry Crouzet (tcrouzet.com) Les chatbots ne sont, eux-mêmes, pas des systèmes qu’il est possible d’apprendre. Ils sont statistiques, sans cesse changeants. À les utiliser, la seule capacité que l’on acquiert, c’est l’impression qu’il n’est pas possible d’apprendre. Ces systèmes nous volent littéralement le réflexe de réfléchir et d’apprendre. En conséquence, sans même vouloir chercher, une partie de la population veut désormais une réponse personnelle, immédiate, courte, résumée. Et si possible en vidéo. La fin de la confiance Apprendre nécessite d’avoir confiance en soi. Il est impossible d’apprendre si on n’a pas la certitude qu’on est capable d’apprendre. À l’opposé, si on acquiert cette certitude, à peu près tout peut s’apprendre. Une étude menée par des chercheurs de Microsoft montre que plus on a confiance en soi, moins on fait confiance aux réponses des chatbots. Mais, au contraire, si on a le moindre doute, on a soudainement confiance envers les résultats qui nous sont envoyés. The Impact of Generative AI on Critical Thinking: Self-Reported Reductions in Cognitive Effort and Confidence Effects From a Survey of Knowledge Workers Parce que les chatbots parlent comme des CEOs, des marketeux ou des arnaqueurs : ils simulent la confiance envers leurs propres réponses. Les personnes, même les plus expertes, qui n’ont pas le réflexe d’aller au conflit, de remettre l’autorité en question finissent par transformer leur confiance en eux-mêmes en confiance envers un outil. Un outil de génération aléatoire qui appartient à des multinationales. Les entreprises sont en train de nous voler notre confiance en nous-mêmes. Elles sont en train de nous voler notre compétence. Elles sont en train de nous voler nos scientifiques les plus brillants. Why I stopped using AI code editors (lucianonooijen.com) Et c’est déjà en train de faire des dégâts dans le domaine de « l’intelligence stratégique » (à savoir les services secrets). The Slow Collapse of Critical Thinking in OSINT due to AI (www.dutchosintguy.com) Ainsi que dans le domaine de la santé : les médecins ont tendance à faire exagérément confiance aux diagnostics posés automatiquement, notamment pour les cancers. Les médecins les plus expérimentés se défendent mieux, mais restent néanmoins sensibles : ils font des erreurs qu’ils n’auraient jamais commises normalement si cette erreur est encouragée par un assistant artificiel. Automation Bias in Mammography: The Impact of Artificial Intelligence BI-RADS Suggestions on Reader Performance La fin de la connaissance Avec les chatbots, une idée vieille comme l’informatique refait surface : « Et si on pouvait dire à la machine ce qu’on veut sans avoir besoin de la programmer ? ». C’est le rềve de toute cette catégorie de managers qui ne voient les programmeurs que comme des pousse-bouton qu’il faut bien payer, mais dont on aimerait se passer. Rêve qui, faut-il le préciser, est complètement stupide. Parce que l’humain ne sait pas ce qu’il veut. Parce que la parole a pour essence d’être imprécise. Parce que lorsqu’on parle, on échange des sensations, des intuitions, mais on ne peut pas être précis, rigoureux, bref, scientifique. L’humanité est sortie du moyen-âge lorsque des Newton, Leibniz, Descartes ont commencé à inventer un langage de logique rationnelle : les mathématiques. Tout comme on avait inventé, à peine plus tôt, un langage précis pour décrire la musique. Se satisfaire de faire tourner un programme qu’on a décrit à un chatbot, c’est retourner intellectuellement au moyen-âge. On the foolishness of "natural language programming". (EWD 667) (EWD) Mais bon, encore faut-il maitriser une langue. Lorsqu’on passe sa scolarité à demander à un chatbot de résumer les livres à lire, ce n’est même pas sûr que nous arriverons à décrire ce que nous voulons précisément. En fait, ce n’est même pas sûr que nous arriverons encore à penser ce que nous voulons. Ni même à vouloir. La capacité de penser, de réfléchir est fortement corrélée avec la capacité de traduire en mot. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. (Boileau) Ce n’est plus un retour au moyen-âge, c’est un retour à l’âge de la pierre. Le dernier vaisseau (ploum.net) Ou dans le futur décrit dans mon (excellent) roman Printeurs : des injonctions publicitaires qui se sont substituées à la volonté. (si si, achetez-le ! Il est à la fois palpitant et vous fera réfléchir) Printeurs, par Ploum (pvh-editions.com) Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse La fin des différentes voix. Je critique le besoin d’avoir une réponse en vidéo, car la notion de lecture est importante. Je me rends compte qu’une proportion incroyable, y compris d’universitaires, ne sait pas « lire ». Ils savent certes déchiffrer, mais pas réellement lire. Et il y a un test tout simple pour savoir si vous savez lire : si vous trouvez plus facile d’écouter une vidéo YouTube d’une personne qui parle plutôt que de lire le texte vous-même, c’est sans doute que vous déchiffrez. C’est que vous lisez à haute voix dans votre cerveau pour vous écouter parler. Il y a bien sûr bien des contextes où la vidéo ou la voix ont des avantages, mais lorsqu’il s’agit, par exemple, d’apprendre une série de commandes et leurs paramètres, la vidéo est insupportablement inappropriée. Pourtant, je ne compte plus les étudiants qui me recommandent des vidéos sur le sujet. Car la lecture, ce n’est pas simplement transformer les lettres en son. C’est en percevoir directement le sens, permettant des allers-retours incessants, des pauses, des passages rapides afin de comprendre le texte. Entre un écrivain et un lecteur, il existe une communication, une communion télépathique qui font paraître l’échange oral lent, inefficace, balourd, voire grossier. Cet échange n’est pas toujours idéal. Un écrivain possède sa « voix » personnelle qui ne convient pas à tout le monde. Il m’arrive régulièrement de tomber sur des blogs dont le sujet m’intéresse, mais je n’arrive pas à m’abonner, car la « voix » du blogueur ne me convient pas du tout. C’est normal et même souhaitable. C’est une des raisons pour laquelle nous avons besoin de multitudes de voix. Nous avons besoin de gens qui lisent puis qui écrivent, qui mélangent les idées et les transforment pour les transmettre avec leur propre voix. La fin de la relation humaine Dans la file d’un magasin, j’entendais la personne en face de moi se vanter de raconter sa vie amoureuse à ChatGPT et de lui demander en permanence conseil sur la manière de la gérer. Comme si la situation nécessitait une réponse d’un ordinateur plutôt qu’une discussion avec un autre être humain qui comprend voir qui a vécu le même problème. Après nous avoir volé le moindre instant de solitude avec les notifications incessantes de nos téléphones et les messages sur les réseaux sociaux, l’IA va désormais voler notre sociabilité. Nous ne serons plus connectés qu’avec le fournisseur, l’Entreprise. Sur Gopher, szczezuja parle des autres personnes postant sur Gopher comme étant ses amis. Tout le monde ne sait pas que ce sont mes amis, mais comment appeler autrement quelqu’un que vous lisez régulièrement et dont vous connaissez un peu de sa vie intime I am alive (2) (szczezuja) La fin de la fin… La fin d’une ère est toujours le début d’une autre. Annoncer la fin, c’est préparer une renaissance. En apprenant de nos erreurs pour reconstruire en améliorant le tout. C’est peut-être ce que j’apprécie tant sur Gemini : l’impression de découvrir, de suivre des « voix » uniques, humaines. J’ai l’impression d’être témoin d’une microfaction d’humanité qui se désolidarise du reste, qui reconstruit autre chose. Qui lit ce que d’autres humains ont écrit juste parce qu’un autre humain a eu besoin de l’écrire sans espérer aucune contrepartie. Splitting the Web (ploum.net) Vous vous souvenez des « planet » ? Ce sont des agrégateurs de blogs regroupant les participants d’un projet en un seul flux. L’idée a été historiquement lancée par GNOME avec planet.gnome.org (qui existe toujours) avant de se généraliser. Et bien bacardi55 lance Planet Gemini FR, un agrégateur des capsules Gemini francophone. Annonce: Ouverture du Planet Gemini France (news.planet-gemini.fr) C’est génial et parfait pour ceux qui ont envie de découvrir du contenu sur Gemini. C’est génial pour ceux qui ont envie de lire d’autres humains qui n’ont rien à vous vendre. Bref, pour découvrir le fin du fin… Toutes les images sont illégament issues l’œuvre d’Hergé, l’étoile mystérieuse. Y’a pas de raison que les chatbots soient les seuls à pomper. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
Poems read aloud, beautifully The post “Campo dei Fiori” by Czesław Miłosz appeared first on The American Scholar.
“I recall admiring the calmly expository flavor and simple, nonjudgemental humanity of profile stories Patrick Kurp contributed to the Gazette, years and years ago.” After three decades, I’ve heard from a former newspaper colleague, a music writer, Mike Hochanadel. A retired photographer and newspaper alumnus, Marc Schultz, alerted me to Mike’s blog, “Hoke’s Jukebox” (“Quiet reflections on a loud life”) devoted to happenings in upstate New York, where I lived and worked for nineteen years. Mike refers to the features I wrote for The Daily Gazette in Schenectady from 1994 to 1999. In particular, I wrote a weekly series about “hamlets,” mostly in Saratoga County. I use quotation marks because these are not places that officially exist, at least according to any government, including the post office. Often they were rural crossroads without signs, phantom places from the nineteenth century. I would consult old maps, identify a promising defunct community, perhaps do a little research at the library and spend the day tramping around the hamlet. Usually, I would visit the cemetery, reading the stones that hadn’t been erased by acid rain, then knock on doors. Once I happened on a burial, in a grave dug by hand by the cemetery caretaker, a garrulous old man. Most people would talk to me, though often they were puzzled that anyone was curious about the place. Sometimes their families had lived there for generations. Other were newcomers. Slowly, over the course of the day, after many interviews, I formed an impression of the place. Then I drove back to the office and wrote my story. I remember Koons Corners and Porters Corners. All the stories are clipped and buried in a file cabinet. The novelist William Kennedy once asked if I was trying to be the Charles Kuralt of the Capital Region. I used to tell journalism students that I worked in two media – words and people. I was seldom interested in most conventional journalistic beats – government, business, politics, courts – though I had to cover all those fields and I’m grateful for the experience. I just never had much interest in “news,” and still don’t. People interest me, as does the quality of the writing. Mike’s description of my prose above is pleasing to hear. I worked hard on my copy to avoid clichés but at the same time to avoid purple language. In other words, I tried to be concise and precise. On this date, April 7, in 1891, Jules Renard wrote in his journal: “Style is the forgetting of all styles.” [The quoted passage is from Renard’s Journal 1887-1910 (trans. Theo Cuffe, selected and introduced by Julian Barnes, riverrun, 2020).]