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De la soumission au technofascisme religieux Les générateurs de code stupide Sur Mastodon, David Chisnall fait le point sur une année d’utilisation de GitHub Copilot pour coder. Et le résultat est clair : si, au début, il a l’impression de gagner du temps en devant moins taper sur son ordinateur, ce temps est très largement perdu par les heures voire les jours nécessaires à déboguer des bugs subtils qui ne seraient jamais arrivés s’il avait écrit le code lui-même en premier lieu ou, au pire, qu’il aurait pu détecter beaucoup plus vite. Thread Mastodon de David Chisnall Il réalise alors que la difficulté et le temps passé sur le code n’est pas d’écrire le code, c’est de savoir quoi et comment l’écrire. S’il faut relire le code généré par l’IA pour le comprendre, c’est plus compliqué pour le programmeur que de tout écrire soi-même. « Oui, mais pour générer le code pas très intelligent » Là, je rejoins David à 100% : si votre projet nécessite d’écrire du code bête qui a déjà été écrit...
3 days ago

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Le succès existe-t-il ?

Le succès existe-t-il ? La notion de succès d’un blog Un blogueur que j’aime beaucoup, Gee, revient sur ses 10 ans de blogging. Cela me fascine de voir l’envers du décor des autres créateurs. Gee pense avoir fait l’erreur de ne pas profiter de la vague d’enthousiasme qu’à connu son Geektionnerd et de ne pas en avoir profité pour faire plus de promo. [GB10ans] 0. Auteur en burnout (grisebouille.net) Je ne suis pas d’accord avec Gee : il a très bien fait de continuer sa vie sans se préoccuper du succès. Les vagues d’enthousiasme vont et viennent, elles sont très brèves. Le public passe très vite à autre chose. Partir en quête du buzz permanent est la recette absolue pour se perdre. C’est un métier à part entière : le marketing. Trop d’artistes et de créateurs se sont détournés vers le marketing, espérant obtenir une fraction du succès obtenu par des gens sans talents autre que le marketing. Mais vous oubliez que la perception du succès elle-même fait partie du plan marketing. Vous pensez qu’un tel a du succès ? Vous n’en savez rien. Vous ne savez même pas définir « succès ». C’est une intuition confuse. Faire croire qu’on a du succès fait partie du mensonge ! Pour beaucoup de gens de mon entourage éloigné, je suis soudainement devenu un écrivain à succès parce que… je suis passé à la télé à une heure de grande écoute. Pour ces gens-là qui me connaissent, je suis passé de « type qui écrit de vagues livres dont personne n’a entendu parler » à « véritable écrivain connu qui passe à la télé ». Pour ceux, et ils sont nombreux, qui ont délégué à la télévision le pouvoir d’ordonner les individus au rang de « célébrité », j’ai du succès. Pour eux, je ne peux rien rêver de plus si ce n’est, peut-être, passer régulièrement à la télé et devenir une « vedette ». Dans ma vie quotidienne et aux yeux de toutes les (trop rares) personnes qui n’idolâtre pas inconsciemment la télévision, ces passages à la télé n’ont strictement rien changé. J’ai certainement vendu quelques centaines de livres en plus. Mais ai-je du « succès » pour autant ? Il y a quelques mois, j’étais invité comme expert pour le tournage d’une émission télé sur l’importance de protéger ses données personnelles en ligne. Lors d’une pause, j’ai demandé au présentateur ce qu’il faisait d’autre dans la vie. Il m’a regardé, étonné, et m’a répondu : « Je présente le JT ». Ça ne devait plus lui arriver très souvent de ne pas être reconnu. La moitié de la Belgique doit savoir qui il est. Nous avons rigolé et j’ai expliqué que je n’avais pas la télévision. Question : cette personne a-t-elle du « succès » ? Le succès est éphémère À 12 ans, en vacances avec mes parents, je trouve un livre abandonné sur une table de la réception de l’hôtel. « Tantzor » de Paul-Loup Sulitzer. Je le dévore et je ne suis visiblement pas le seul. Paul-Loup Sulitzer est l’écrivain à la mode du moment. Selon Wikipédia, il a vendu près de 40 millions de livres dans 40 langues, dont son roman le plus connu : « Money ». Il vit alors une vie de milliardaire flamboyant. Trente ans plus tard, ruiné, il publie la suite de Money: « Money 2 ». Il s’en écoulera moins de 1.300 exemplaires. Adoré, adulé, moqué, parodié des centaines de fois, Sulitzer est tout simplement tombé dans l’oubli le plus total. Si le « succès » reste une notion floue et abstraite, une chose est certaine : il doit s’entretenir en permanence. Il n’est jamais véritablement acquis. Si on peut encore comprendre la notion de « faire fortune » comme « avoir plus d’argent que l’on ne peut en dépenser » (et donc ne plus avoir besoin d’en gagner), le succès lui ne se mesure pas. Il ne se gère pas de manière rationnelle. Quels indicateurs ? Dans son billet, Gee s’étonne également d’avoir reçu beaucoup moins de propositions pour le concours des 5 ans du blog que pour celui du premier anniversaire. Malgré une audience supposée supérieure. De nouveau, le succès est une affaire de perception. Quel succès voulons-nous ? Des interactions intéressantes ? Des interactions nombreuses (ce qui est contradictoire avec la précédente) ? Des ventes ? Du chiffre d’affaires ? Des chiffres sur un compteur de visite comme les sites web du siècle précédent ? Il n’y a pas une définition de succès. En fait, je ne connais personne, moi le premier, qui soit satisfait de son succès. Nous sommes, par essence humaine, éternellement insatisfaits. Nous sommes jaloux de ce que nous croyons voir chez d’autres (« Il passe à la télé ! ») et déçus de nos propres réussites (« Je suis passé à la télé, mais en fait, ça n’a rien changé à ma vie »). Écrire dans le vide C’est peut-être pour cela que j’aime tant le réseau Gemini. C’est le réseau anti-succès par essence. En publiant sur Gemini, on a réellement l’impression que personne ne va nous lire, ce qui est donne une réelle liberté. Certains de mes posts de blog font le buzz sur le web. Je n’ai pas de statistiques, mais je vois qu’ils tournent sur Mastodon, qu’ils font la première page sur Hacker News. Mais si je n’allais pas sur Hacker News ni sur Mastodon, je ne le saurais pas. J’aurais tout autant l’impression d’ếcrire dans le vide que sur Gemini. À l’opposé, certains de mes billets ne semblent pas attirer les "likes", "partages", "votes" et autres "commentaires". Pourtant, je reçois de nombreux emails à leur sujet. De gens qui veulent creuser le sujet, réfléchir avec moi. Ou me remercier pour cette réflexion. C’est particulièrement le cas avec le réseau Gemini qui semble attirer des personnes qui sont dans l’échange direct. Moi-même il m’arrive souvent de dégainer mon client mail pour répondre spontanément à un billet personnel lu sur Gemini. La réaction la plus fréquente à ces messages est : « Wow, je ne pensais pas que quelqu’un me lisait ! ». Je vous pose la question : quel type de billet a, selon vous, le plus de « succès » ? Est-ce que la notion de succès a réellement un sens ? Peut-on avoir assez de succès ? Pour donner un peu de succès financier à Gee Sortilèges & Sindycats, le roman de Gee qui mériterait plus de succès ! Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.

4 days ago 7 votes
À la recherche de la déconnexion parfaite

À la recherche de la déconnexion parfaite Une rétrospective de ma quête de concentration Une première déconnexion À la fin de l’année 2018, épuisé par la promotion de la compagne Ulule de mon livre « Les aventures d’Aristide, le lapin cosmonaute » et prenant conscience de mon addiction aux réseaux sociaux, je décide de me « déconnecter ». Un bien grand mot pour m’interdire pendant 3 mois l’utilisation des réseaux sociaux et des sites d’actualité. En partance pour ma déconnexion… (ploum.net) Je suis déconnecté ! (ploum.net) Le premier effet va se faire sentir très vite avec la désinstallation de l’app que j’utilise le plus à l’époque : Pocket. Le jour où j’ai désinstallé mon app préférée ! (ploum.net) L’expérience est avant tout une prise de conscience. Je découvre que, dès que je m’ennuie, j’ouvre machinalement un navigateur web sans même y réfléchir. C’est littéralement un réflexe. 1 mois de déconnexion, premier bilan (ploum.net) Je commence à percevoir la différence entre l’information et le « bruit ». L’hyperconnexion est, comme le tabac, une assuétude et une pollution. Une notion qui deviendra essentielle dans ma réflexion. Le silence au milieu du bruit (ploum.net) L’humeur d’un déconnecté (ploum.net) Si je tente de subir moins de bruit, mon épouse me fait remarquer que je tente toujours d’en générer en postant sur des réseaux que je ne lis plus. Je suis incohérent. De la pollution mentale et de la quête d’égo (ploum.net) Comme souvent dans ce genre d’expérience, on en sort sans aucune envie de se « reconnecter ». Mais je vais, bien entendu, très vite reprendre mes anciennes habitudes. 3 mois de déconnexion : bilan final (ploum.net) Le problème de l’hyperconnexion est désormais clair dans ma tête. Je suis addict et cette addiction m’est néfaste à tous les points de vue. Sous les réseaux sociaux, un monde post-déconnexion (ploum.net) La période technosolutionniste Face à la réalisation de l’ampleur du problème, mon premier réflexe est de trouver une solution technique, technologique. Beaucoup de personnes sont dans le même cas et, si cette étape est loin de suffire, elle est indispensable : faire du tri dans les outils numériques que nous utilisons. Je me rends compte que l’univers Apple, que je fréquente à l’époque, ayant reçu un MacBook de mon employeur, est à la fois contraire à mes valeurs et complètement incompatible avec une forme de sobriété numérique, car poussant à la consommation. Cette dichotomie entre ma philosophie et mon vécu entraine une tension que je tente d’évacuer par la surconnexion. Il est temps pour moi de revenir entièrement sous Linux. À la poursuite du minimalisme numérique (ploum.net) Linux et minimalisme numérique (ploum.net) J’achète également un téléphone qui est tellement merdique et bugué que je n’ai jamais envie de l’utiliser (non, ne l’achetez pas). Se passer d’écran avec un téléphone e-ink (ploum.net) Concrètement, cette première déconnexion a également été l’opportunité de terminer mon feuilleton « Printeurs » ainsi que d’écrire quelques nouvelles. Celui-ci intéresse un éditeur et je publie mon premier roman en 2020. Printeurs, le premier roman imprimé en 3D (ploum.net) Une autre action concrète que j’entreprends est de supprimer au maximum de comptes en ligne. Je ne le sais pas encore, mais je vais en découvrir et en supprimer près de 500 et cela va me prendre près de trois ans. Pour la plupart, j’ai oublié qu’ils existent, mais pour certains, l’étape est significative. Je ne suis plus à vendre sur Linkedin (ploum.net) En parallèle, je découvre le protocole minimaliste Gemini. Suite à l’utilisation de ce protocole, une idée commence à me trotter dans la tête : travailler complètement déconnecté. J’ai en effet découvert que bloquer certains sites n’est pas suffisant : je trouve automatiquement des alternatives sur lesquelles procrastiner, alternatives qui sont même parfois moins intéressantes. J’ai donc envie d’explorer une déconnexion totale. Je commence à rédiger mon journal personnel à la machine à écrire. Gemini, le protocole du slow web (ploum.net) The Offline-First Quest (ploum.net) Offline-First, Typewriters, Emails and Gemini (ploum.net) Looking for offline-first tools (ploum.net) Seconde déconnexion : une tentative d’année déconnectée Le 1er janvier 2022, trois ans après la fin de ma première déconnexion, je me lance dans une tentative d’année complètement déconnectée. L’idée est de n’utiliser mon ordinateur que déconnecté dans mon bureau, de le synchroniser une fois par jour. Le tout est rendu possible par un logiciel que j’ai développé dans les derniers mois de 2021 : Offpunk. Offpunk, an offline-first browser Évidemment, la connexion est nécessaire pour certaines actions que je me propose de chronométrer et d’enregistrer. J’écris, en direct, le compte-rendu de cette déconnexion et, contre toute attente, ces écrits semblent passionner les lecteurs. 1er janvier 2022, quelques minutes après minuit (ploum.net) 3 janvier 2022, qu’est-ce qu’une déconnexion ? (ploum.net) Chapitre 3 : Le manque (ploum.net) Chapitre 4 : les messageries instantanées (ploum.net) Chapitre 5 : le plaisir coupable de l’exploration (ploum.net) Chapitre 6 : la machine à cliquer se rebelle contre le superorganisme (ploum.net) Chapitre 7 : l’hystérie médiatique (ploum.net) Chapitre 8 : l’artiste déconnecté (ploum.net) Mieux préparée et beaucoup plus ambitieuse (trop ?), cette déconnexion est finalement un échec après moins de 6 mois. Chapitre 9 : l’échec (ploum.net) La leçon est dure : il n’est quasiment pas possible de se déconnecter de manière structurelle dans la société actuelle. Nous sommes tout le temps sollicités pour accomplir des actions en ligne, actions qui nécessitent du temps, mais pas toujours de la concentration. Tout est désormais optimisé pour que nous soyons en ligne. Ma déconnexion est un échec. Le livre de cette déconnexion est inachevé. Un autre manuscrit sur lequel je travaille durant cette déconnexion est dans un état inutilisable. Cependant, j’ai profité de ce temps pour écrire quelques nouvelles et finaliser mon recueil « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur ». …et autres joyeusetés que nous réserve le futur (ploum.net) Conséquence directe de cette déconnexion, mon compte Whatsapp disparait. Mon compte Twitter suit bientôt également. Le suicide de mon compte WhatsApp (ploum.net) Chapitre 10 : la suppression des comptes en ligne (ploum.net) Pourquoi j’ai supprimé mon compte Twitter (et pourquoi vous pouvez probablement en faire autant sans hésiter) (ploum.net) J’ai également pris conscience que mon blog Wordpress n’est plus du tout en phase avec ma philosophie. En parallèle de mon travail sur Offpunk, je réécris complètement mon blog pour en faire un outil « offline ». La fin d’un blog et la dernière version de ploum.net (ploum.net) Le second retour à la normalité Début 2023, je m’isole pour commencer l’écriture de Bikepunk qui paraitra en 2024. J’alterne entre les périodes de déconnexion totale et des périodes d’hyperconnexion. Bikepunk, les chroniques du flash Le seul réseau social où j’ai gardé un compte, Mastodon, commence à attirer l’attention. J’y suis très présent et, philosophiquement, je ne peux que soutenir et encourager toutes les personnes cherchant à quitter X et Meta. Je retombe dans l’hyperconnexion. Une hyperconnexion éthique, mais une hyperconnexion tout de même. Pendant deux ans, j’utilise l’extension Firefox LeechBlock qui permet de n’autoriser qu’un temps limité par jour sur certains sites web. Cela fonctionne pas trop mal pendant un temps jusqu’au moment où j’acquiers le réflexe de désactiver le plugin sans même y penser. Comme tous les trois ans, il est temps pour moi de lancer un nouveau cycle et de m’interroger sur mes usages. Un de mes apprentissages principaux est que toute modification de mon comportement mental doit s’accompagner chez moi par une modification physique. Mon esprit suit les réflexes de mon corps. Je tape encore parfois machinalement dans la barre d’adresse Firefox les premières lettres de sites procrastinatoires sur lesquels je n’ai plus été depuis dix ans ! Le second apprentissage est que la radicalité implique une rechute plus forte. La connexion est nécessaire tous les jours, de manière imprévisible. Je ne souhaite pas m’isoler, mais concevoir une manière de fonctionner durable. Créer de nouveaux réflexes. Une troisième déconnexion Pour ma « déconnexion 2025 », j’ai donc pris une grande décision : j’ai acheté un fauteuil pour remplacer ma chaise de bureau. Pendant toutes mes études et mes premières années professionnelles, je n’avais que des chaises de récupération. Au printemps 2008, disposant d’un salaire stable et d’un appartement, j’achète une chaise de bureau neuve : le premier prix de chez Ikea. Cette chaise, rafistolée avec des coussins défoncés dont mes beaux-parents ne voulaient plus, était encore celle que j’utilisais jusqu’il y a quelques jours. Ce nouveau fauteuil est donc un très grand changement pour moi. Et je me suis promis de ne l’utiliser qu’en étant déconnecté. Pour ce faire, je désactive le wifi dans le Bios de mon ordinateur. J’ai également organisé un « bureau debout » dans un coin de la pièce, bureau debout où arrive un câble RJ-45. Si je veux me connecter, je dois donc physiquement me lever et brancher un câble. Tout ce que je dois faire en ligne s’effectue désormais en étant debout. Lorsque je suis assis (ou vautré, pour être plus exact), je suis déconnecté. J’ai également pris d’autres petites mesures. En premier lieu, mes todos ne sont plus stockés sur mon ordinateur, mais sur des fiches sur un tableau de liège. Un comble pour qui se rappelle que j’ai passé plusieurs années à développer le logiciel « Getting Things GNOME ». Je revois aussi la gestion de mon email. J’adore recevoir des emails et de mes lecteurs et j’ai beaucoup de mal à ne pas y répondre. Puis à répondre à la réponse de ma réponse. Avec le succès de Bikepunk, mon courrier s’est étoffé et je me retrouve parfois à la fin de la journée en réalisant que j’ai… « répondu à mes emails ». Des discussions certes enrichissantes, mais chronophages. Dans bien des cas, je répète dans plusieurs mails ce qui pourrait être un billet de blog. Considérez que j’ai lu votre mail, mais que ma réponse alimentera mes prochains billets de blogs. Certains billets futurs traiteront de thèmes que je n’aborde pas d’habitude, mais pour lesquels je reçois énormément de questions. Sur Mastodon, que je ne consulte plus que debout, j’ai pris la décision de mettre tous les comptes que je suis dans une liste, liste que j’ai configurée pour qu’elle ne s’affiche pas dans ma timeline. Quand je consulte Mastodon, je ne vois donc que mes posts à moi et je dois accomplir une action en plus si je veux voir ce qui se dit (ce que je ne fais plus tous les jours). Comme avant, les notifications sont régulièrement « vidées ». Si vous voulez suivre ce blog, privilégiez le flux RSS ou bien mes deux newsletters: Newsletter avec mes billets francophones Newsletter avec mes billets en anglais À la recherche de l’ennui. Déconnexion est un bien grand mot pour simplement dire que je ne serai plus connecté 100% du temps. Mais telle est l’époque où nous vivons. Cal Newport parle de l’incroyable productivité de l’écrivain Brandon Sanderson qui a créé une entreprise de 70 personnes uniquement dédiée à une seule activité : le laisser écrire le plus possible ! Let Brandon Cook (calnewport.com) Si l’exemple est extrême, Cal s’étonne de ce qu’on ne voit pas plus de structures qui cherchent à favoriser la concentration et la créativité. Dans un âge où l’hyperdistraction permanente est la norme, il est nécessaire de se battre et de développer les outils pour se concentrer. Et s’ennuyer. Surtout s’ennuyer. Car pour réfléchir et créer, l’ennui est primordial. D’ailleurs, si je ne m’étais pas ennuyé, je n’aurais jamais écrit ce billet ! Nous dresserons le bilan dans 3 ans pour ma quatrième déconnexion… Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! 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a week ago 10 votes
De la décadence technologique et des luddites technophiles

De la décadence technologique et des luddites technophiles La valeur de texte brut Thierry s’essaie à publier son blog sur le réseau Gemini, mais a du mal avec le format minimaliste. Qui est justement pour moi la meilleure partie du protocole Gemini. La low-tech peut-elle coexister avec la high-tech ? (tcrouzet.com) Le format Gemini impose, comme dans un livre, du texte pur. Il est possible d’ajouter un titre, des sous-titres, des liens, des citations, mais avec une particularité importante : cela doit concerner toute la ligne, pas une simple partie de texte. Les liens doivent donc être sur leur propre ligne plutôt que de se perdre et foisonner dans le texte. Comme ils interrompent la lecture entre deux paragraphes, ils doivent être explicités et justifiés plutôt que d’être cachés au petit bonheur du clic. Il est également impossible de mettre de l’italique ou du gras dans son texte. Ce qui est une excellente chose. Comme le rappelle Neal Stephenson dans son « In the beginning was the command line », les mélanges gras/italiques aléatoires n’ont rien à faire dans un texte. Prenez un livre et tentez de trouver du texte en gras dans le corps du texte. Il n’y en a pas et pour une bonne raison : cela ne veut rien dire, cela perturbe la lecture. Mais lorsque Microsoft Word est apparu, il a rendu plus facile de mettre en gras que de faire des titres corrects. Tout comme le clavier azerty a soudainement fait croire qu’il ne fallait pas mettre d’accent sur les majuscules, l’outil technologique a appauvri notre rapport au texte. Car le besoin d’attirer l’attention au milieu d’un texte est un aveu d’insécurité de l’auteur. Le texte doit exister par lui-même. C’est au lecteur de choisir ce qu’il veut mettre en avant en surlignant, pas à l’auteur. Orner un texte d’artifices inutiles pour tenter de combler les vides porte un nom : la décadence. Le gras, le word art, le Comic San MS, les powerpoints envoyés par mail, tous sont des textes décadents qui tentent de camoufler la vacuité ou l’inanité du contenu. La décadence inexorable de la tech Le texte n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Thierry se pose également beaucoup de questions sur les notions low-tech et high-tech, notamment dans le médical. Mais le terme « low-tech » est selon moi trompeur. Je suis un luddite technophile. Contrairement à ce que la légende prétend, les luddites n’étaient pas du tout opposés à la technologie. Ils étaient opposés à la propriété technologique par la classe bourgeoise, ce qui transformait les artisans spécialisés en interchangeables esclaves des machines. Les luddites n’ont pas tenté de détruire des métiers à tisser technologiques, mais des machines que leurs patrons utilisaient pour les exploiter. Le retour de la vengeance des luddites technophiles (ploum.net) De la même manière, je ne suis pas opposé aux réseaux sociaux centralisés ni aux chatbots parce que c’est « high tech », mais parce que ce sont des technologies qui sont activement utilisées pour nous appauvrir, tant intellectuellement que financièrement. C’est même leur seul objectif avoué. Que l’IA soit utilisée pour détecter plus précocement des cancers, je trouve l’idée formidable. Mais je sais également qu’elle est impossible dans le contexte actuel. Pas d’un point de vue technique. Mais parce que, bien utilisée, elle coûtera plus cher que pas d’IA du tout. En effet, l’IA peut aider en détectant des cancers que le médecin a ratés. Il faut donc un double diagnostic, tant du médecin que de l’IA et se poser des questions lorsque les deux sont en désaccord. Il faut payer le coût de l’IA en plus du surplus du travail du médecin, car il devra faire plus d’heures vu qu’il devra revoir les diagnostics « divergents » pour trouver son erreur ou celle de l’IA. L’IA est un outil qui peut être utile si on accepte qu’il coûte beaucoup plus cher. Ça, c’est la théorie. En pratique, une telle technologie est vendue sous prétexte de « faire des économies ». Elle va forcément induire un relâchement attentionnel des médecins et, pour justifier les coûts, une diminution du temps consacré à chaque diagnostic humain. Perdant de l’expérience et de l’habitude, le diagnostic des médecins va devenir de moins en moins sûr et, par effet ricochet, les nouveaux médecins vont être de moins en moins bien formés. Les cancers indétectés par l’IA ne le seront plus par les humains. L’IA étant entrainée sur les diagnostics réalisés par des humains, elle va également devenir de moins en moins compétente et s’autovalider. Au final, nul besoin d’être grand clerc pour voir que si la technologie est intéressante, son utilisation dans notre contexte socio-économique ne peut que se révéler catastrophique et n’est intéressante que pour les vendeurs d’IA. Le mensonge high tech Les partisans du « low tech » ont l’intuition que la « high tech » cherche à les exploiter. Ils ont raison sur le fond, pas sur la cause. Ce n’est pas la technologie le nœud du problème, mais sa décadence. La course à la technologie est une bulle bâtie sur un mensonge. L’idée n’est pas de construire quelque chose de durable, mais de faire croire qu’on va le construire pour attirer des investisseurs. Les entreprises du NASDAQ sont devenues une énorme pyramide de Ponzi. Elles tentent de se soutenir l’une l’autre à coup de millions, mais perdent toutes énormément d’argent, ce qu’elles arrivent à cacher grâce au cours de la bourse. Godot Isn't Making it (www.wheresyoured.at) D’ailleurs, des recherches sérieuses confirment mon intuition : au plus on comprend ce qu’il y a derrière « l’intelligence artificielle », au moins on en veut. L’IA est littéralement un piège à ignorants. Et les producteurs l’ont très bien compris : ils ne veulent pas que l’on comprenne ce qu’ils font. Knowing less about AI makes people more open to having it in their lives - new research (theconversation.com) Ed Zitron continue sur sa lancée avec l’inattendue arrivée de DeepSeek, le ChatGPT chinois qui est simplement 30 fois moins cher. À la question « Pourquoi OpenAI et les autres n’ont pas réussi à faire moins cher », il propose la réponse rétrospectivement évidente : « Parce que ces entreprises n’avaient aucun intérêt à faire moins cher. Au plus elles perdent de l’argent, au plus elles justifient que ce qu’elles font est cher, au plus elles attirent les investisseurs et effraient de potentiels compétiteurs ». En bref : parce qu’elles sont complètement décadentes ! Deep Impact (www.wheresyoured.at) Cory Doctorow parle souvent de merdification, je propose plutôt de parler de « décadence technologique ». Nous produisons la technologie la plus chère, la plus complexe et la moins écologique possible par simple réflexe. Comme pour les orgies romaines, la complexité et le coût ne sont plus des obstacles, mais les objectifs premiers que nous cherchons à atteindre. Ceci explique aussi pourquoi la technologie se retourne complètement contre ses utilisateurs. Dernièrement, une dame d’un certain âge voulait me montrer sur son téléphone un post vu sur son compte Facebook. La moitié de son gigantesque écran de téléphone était littéralement une publicité fixe pour une voiture. Dans la seconde moitié de l’écran, la dame scrollait et alternait entre d’autres pubs pour des voitures et ce qui était probablement du contenu. Son téléphone était doté d’un écran gigantesque, mais seule une fraction de celui-ci était au service de l’utilisateur. Et encore, pas complètement. La bagnole est en soi le parfait exemple de décadence : d’outil, elle est devenue un symbole qui doit être le plus gros, le plus lourd, le plus voyant possible. Ce qui entraine une complexité infernale tant en termes d’espace public que d’espace privé. Les maisons des dernières décennies sont, pour la plupart, bâties comme des pièces autour d’un garage. Les villes comme des bâtiments autour de nœuds routiers. La voiture est devenue le véritable citoyen des villes, les humains n’en sont que les servants. Le Web suit la même trajectoire avec les robots remplaçant les voitures. La frénésie envers l’intelligence artificielle est l’archétype de cette décadence. Car si les nouveaux outils ont clairement une utilité et peuvent clairement aider dans certains contextes, nous sommes dans une situation inverse : trouver un problème auquel appliquer l’outil . Retour au concept d’utilité C’est également la raison pour laquelle Gemini me passionne tellement. C’est l’outil le plus direct pour transmettre le texte de mon cerveau à celui d’un lecteur. En ouvrant la porte au gras, à l’italique puis aux images et au JavaScript, le Web est devenu une jungle décadente. Les auteurs y publient puis, sans se soucier d’être lus, consultent avidement les statistiques de clics et de likes. Le texte est de plus en plus optimisé pour ces statistiques. Avant d’être automatisés par des robots, robots qui pour s’entrainer vont consulter les textes en ligne et générer automatiquement des clics. La boucle de la décadence technologique est bouclée : les contenus sont lus et générés par les mêmes machines. Les bourgeois capitalistes propriétaires ont réussi à automatiser totalement tant leurs ouvriers (les créateurs de contenus) que leurs clients (ceux qui font du clic). Je ne veux pas servir les propriétaires de plateforme. Je ne veux pas consommer ce fade et inhumain contenu automatisé. Je tente de comprendre les conséquences de mes usages technologiques pour en tirer le maximum d’utilité avec le moins de conséquences négatives possible. Face à la décadence technologique, je suis devenu un luddite technophile. Photo by Anne Fehres and Luke Conroy & AI4Media CC-BY 4.0 Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.

2 weeks ago 6 votes
Et si on arrêtait d’être de bons petits consultants obéissants ?

Et si on arrêtait d’être de bons petits consultants obéissants ? Le cauchemar des examens Régulièrement, je me réveille la nuit avec une boule dans le ventre et une bouffée de panique à l’idée que je n’ai pas étudié mon examen à l’université. Cela fait 20 ans que je n’ai plus passé d’examen et pourtant j’en suis encore traumatisé. Du coup, j’essaye de proposer à mes étudiants un examen le moins stressant possible. Si un étudiant n’est vraiment nulle part, je profite de l’adrénaline inhérente à un examen pour tenter de lui inculquer les concepts. Parfois, je demande à un étudiant d’enseigner la matière à l’autre. J’impose toute de même certaines règles vestimentaires : la cravate est interdite, mais tout le reste est encouragé. J’ai déjà eu des étudiants en peignoir, un étudiant en costume traditionnel de son pays, et toujours insurpassé, une étudiante en costume complet de Minnie (avec les oreilles, le maquillage, les chaussures, la totale !). Cette année j’ai eu droit… à une banane ! Un étudiant passe son examen déguisé en banane. Le monopole de l’East India Company J’encourage également les étudiants à venir avec leur propre sujet d’examen. Google Is Now the East India Company of the Internet (substack.com) Bon, l’article est fort naïf sur certains aspects. Il dit par exemple qu’AT&T n’a pas exploité sa position dominante parce qu’il suivait une certaine éthique. C’est faux. AT&T n’a pas exploité sa position dominante tout simplement parce que l’entreprise était sous la menace d’un procès pour abus de position dominante. La crainte du procès est ce qui a permis le succès d’UNIX (développé par AT&T) et d’Internet. Lorsque IBM a commencé à avoir une position dominante dans le marché informatique naissant, la crainte d’un procès est ce qui a permis la standardisation du PC que l’on connait aujourd’hui et ce qui a permis l’apparition de l’industrie logicielle où s’est engouffrée Microsoft. Mais je vous ai déjà raconté cette histoire : L’histoire du logiciel : entre collaboration et confiscation des libertés (ploum.net) Malheureusement, tout change dans les années 1980 avec la présidence de Reagan (le Trump de l’époque). Ses conseillers instaurent l’idée que les monopoles ne sont finalement pas si nocifs, ils sont même plutôt bons pour l’économie (surtout les économies des politiciens qui ont des actions dans ces monopoles). Du coup, on va beaucoup moins les poursuivre, voire les encourager. De là les succès de Microsoft, Google et Facebook qui, malgré les procès, n’ont pas été scindés ni n’ont jamais dû adapter leurs pratiques. La terrifiante hégémonie des monopoles (ploum.net) Si vous lisez ceci, ça vous parait sans doute absurde : comment peut-on justifier que les monopoles ne sont pas nocifs juste pour enrichir les politiciens ? Quelle astuce utiliser ? Le secret ? Il n’y a pas d’astuce. Pas besoin de se justifier. Il suffit de le faire. Et pour tous les aspects pratiques de n’importe quelle loi, aussi absurde et injuste soit-elle, il suffit de se passer des fonctionnaires scrupuleux et de tout faire faire par des cabinets de consultance. Enfin, surtout un : McKinsey. McKinsey et la naïveté de la bonté Étudiant, j’ai participé à une soirée d’embauche de McKinsey. Bon, je n’avais pas trop d’espoir, car ils annonçaient ne prendre que celleux avec les meilleurs points (ce dont j’étais loin), mais je me suis dit qu’on ne savait jamais. Je n’avais aucune idée de ce qu’était McKinsey ni de ce qu’ils faisaient, je savais juste que c’était une sorte de Graal vu qu’ils ne prenaient que les meilleurs. Assis dans un auditoire, j’ai assisté à la présentation de « cas » réels. Une employée de McKinsey, qui a annoncé avoir fait les mêmes études que moi quelques années auparavant (mais avec de bien meilleurs résultats), a présenté son travail. Il s’agissait de réaliser la fusion de deux entités dont les noms avaient été cachés. Sur l’écran s’affichait des colonnes de « ressources » pour chaque entité puis comment la fusion permettait d’économiser les ressources. J’étais d’abord un peu perdu dans le jargon. J’ai posé quelques questions et finis par comprendre que les « ressources » étaient des employé·e·s. Que ce que je voyais était avant tout un plan de licenciement brutal. J’ai interrompu la présentation pour demander comment étaient pris en compte les aspects éthiques. J’ai eu droit à une réponse standard comme quoi « l’éthique était primordiale chez McKinsey, qu’ils suivaient des règles strictes ». J’ai insisté, j’ai creusé. Parmi la cinquantaine d’étudiants participants, j’étais le seul à prendre la parole, j’étais le seul à m’étonner (j’en ai discuté après avec d’autres, personne ne semblait avoir vu le problème). J’ai demandé à la présentatrice de me donner un exemple d’une des fameuses règles de l’éthique McKinsey. Et j’ai obtenu cette réponse qui est restée gravée dans ma mémoire : « Un consultant McKinsey doit toujours favoriser l’intérêt de son client, quoi qu’il arrive ». Après la présentation, je suis allé trouver la consultante en question. Autour d’un petit four, j’ai insisté une fois de plus sur l’éthique. Elle m’a ressorti le même blabla. Je lui ai alors dit que je ne parlais pas de ça. Que toutes ses colonnes de chiffres étaient des personnes qui allaient perdre leur emploi, que la fusion allait avoir un impact économique important sur des milliers de familles et que je me demandais comment cet aspect était envisagé. Elle a ouvert la bouche. Son visage s’est décomposé. Et la brillante ingénieure qui avait réussi les études les plus difficiles avec les meilleurs points m’a répondu : « Je n’avais jamais pensé à ça… » Même les personnes soi-disant les plus intelligentes ne pensent pas. Elles obéissent. « Ne recruter que les meilleurs » n’était pas une technique de recrutement, mais bien une manière de créer un élitisme de façade qui empêchait les heureux élus de se poser des questions. « Je n’avais jamais pensé à ça… » À mon examen, j’ai eu une étudiante particulièrement brillante. Je lui ai dit que, vu sa compréhension hyper fine, j’attendais d’elle qu’elle questionne plus les choses, qu’elle réagisse surtout face à d’autres, moins brillants, mais plus sûrs d’eux. Elle est clairement plus intelligente que moi alors pourquoi n’intervient-elle pas pour me signaler lorsque je suis incohérent ? Le monde a besoin de gens intelligents qui posent des questions. Elle s’est défendue : « Mais on m’a toujours appris à faire le contraire ! ». Dans un très bon article, Garrison Lovely revient sur la stratégie de McKinsey. Le fait que les personnes qui avaient participé à une manifestation contre Trump soient ensuite des pièces centrales [en temps que consultants McKinsey] de sa politique de déportation est, en un sens, tout ce qu’il faut savoir. McKinsey exécute, ne fait pas de politique L’auteur interroge sur ce qui aurait empêché McKinsey d’optimiser la fourniture de fils barbelés des camps de concentration. La réponse tombe : "McKinsey a des valeurs". Des valeurs qui sont enseignées et répétées lors des "Values Days". 20 ans après ma propre expérience d’une soirée McKinsey, rien n’a changé. Confessions of a McKinsey Whistleblower (www.thenation.com) La naïveté du bien Le problème des gens bons et subtils, c’est qu’ils n’arrivent pas à imaginer que l’arnaque est fondamentalement malhonnête et pas subtile. Ils cherchent à comprendre, à expliquer, à justifier. Il n’y a rien à comprendre : le malhonnête cherche son profit de manière directe et non subtile. C’est tellement évident que même les plus subtils laissent passer en se disant que ça cache « autre chose ». Je vois passer des messages qui disent que Trump ou Musk font des choses illégales. Qu’ils ne respectent pas les règles. Ben justement. C’est le principe. Que Trump ne peut décemment pas avoir triché aux élections parce que « quelqu’un » se serait opposé. Quelqu’un ? Mais qui ? Ceux qui obéissent à leurs chefs sans poser de questions parce que c’est leur boulot ? Ceux qui ont peur de perdre leur place et qui préfèrent ménager celui qui a gagné les élections ? Ceux qui, au contraire, se disent qu’ils peuvent faire une bonne affaire en brossant le vainqueur dans le sens du poil ? Si Trump avait été condamné pour son implication dans l’insurrection du 6 janvier, tout le monde lui serait tombé dessus et se serait disputé sa dépouille. Mais même les juges impliqués savaient qu’il pouvait redevenir président. Qu’il utiliserait son pouvoir pour punir toute personne impliquée dans sa condamnation. Il était moins risqué de soutenir Trump que le contraire. La majorité des gens, même les plus puissants, surtout les plus puissants, sont des moutons terrorisés par le bâton et à l’affut de la moindre petite carotte. Les seuls qui peuvent s’indigner sont celleux qui ont un sens moral fort, qui n’ont rien à perdre, qui n’ont rien à gagner, qui ont la force et l’énergie de s’indigner, le temps pour le faire et les réseaux pour se faire entendre. J’insiste sur le « et » logique. Il faut que toutes ces conditions soient remplies. Et force est de constater que ça ne fait pas beaucoup de monde. Surtout quand on réalise que ce « pas beaucoup de monde » est majoritairement peuplé d’idéalistes qui ne veulent pas croire que la personne en face puisse être à ce point dénuée de sens moral et de scrupule. Alors, comme des crétins, ils tentent de se faire entendre… sur X ou sur Facebook, des plateformes qui appartiennent à ceux qu’ils cherchent à combattre. Celleux qui se plaignent sur ces plateformes ont l’impression d’être actifs, mais ils sont algorithmiquement enfermés dans leur petite bulle où iels n’auront aucun impact sur le reste du monde. « Bon » et « bête » ça commence par la même lettre. On a ce qu’on mérite. Le simple fait d’avoir gardé un compte sur X après le rachat par Elon Musk était un vote virtuel pour Trump. Tout le monde le savait. Vous le saviez. Vous ne pouviez pas ne pas le savoir. C’est juste que, comme un bon consultant McKinsey, vous vous disiez que « ça n’était pas si grave que ça ». Qu’ « il y a des règles, non ? ». Si vous me lisez, vous êtes, comme beaucoup, une bonne personne et donc incapable d’imaginer qu’Elon Musk puisse avoir simplement et très ouvertement manipulé son réseau social pour favoriser Trump. Mieux vaut tard que jamais Mais il n’est jamais trop tard pour réagir. Le 1er février est annoncé comme le « Global Switch Day ». Vous êtes invités à migrer de X vers Mastodon. Le 1er février, migrez de X vers Mastodon Mastodon qui devient une fondation. Ça fait plaisir de voir qu’Eugen, le créateur de Mastodon qui tout un temps s’enorgueillait du titre de « CEO de Mastodon » se rend compte que cette pression est énorme, qu’il ne joue pas dans la même cour et que Mastodon est un bien commun. En se faisant appeler « CEO », Meta le flattait pour obtenir sa coopération. Eugen semble avoir compris qu’il se perdait. Excellente interview de Renaud, développeur Mastodon. Quitter X, mais pour Mastodon ou BlueSky ? (basta.media) Thierry Crouzet fait la comparaison avec les résistants. Le technofascisme est-il une fatalité ? (tcrouzet.com) En parallèle, Dansup développe Pixelfed, qui ressemble à Instagram. Ce qui est génial c’est que vous pouvez suivre des gens sur Mastodon depuis Pixelfed et vice-versa (enfin, en théorie, faudra qu’on en reparle, car, depuis Pixelfed, vous ne verrez pour le moment que les messages Mastodon contenant une image, j’espère que ça évoluera). Pixelfed a attiré tellement de gens dégoutés par Meta (propriétaire d’Instagram) que Dansup s’est vu assailli par les investisseurs désireux de mettre des sous dans son "entreprise". Le 1er février, migrez de Instagram vers Pixelfed Dommage pour eux, comme Mastodon, Pixelfed est un bien public. Il est et sera financé par les dons. Dansup lance d’ailleurs une campagne Kickstarter : Pixelfed’s Kickstarter Signal et la messagerie Lors de mon examen, la plupart des étudiants ont eu des questions sur le Fediverse ou sur Signal. Ce qui m’a permis de sonder leurs utilisations des réseaux sociaux et messageries. Fait marrant : ils sont tous sur des réseaux où ils pensent que « tout le monde est ». Mais, sans communiquer entre eux, ne sont pas d’accord sur quel est le réseau où tout le monde est. J’ai eu des étudiants qui ne jurent que par Instagram et d’autres qui n’ont jamais eu de compte. J’ai eu un étudiant qui est sur Facebook Messenger et sur Signal, mais n’a jamais éprouvé le besoin d’être sur Whatsapp. À côté de lui, un autre étudiant n’avait tout simplement jamais entendu parler de Signal. Il n’y a que Discord qui semble faire l’unanimité. Celleux qui utilisaient Signal disaient tou·te·s qu’iels regrettaient que Signal ne soit pas plus utilisé. Et bien, le 1er février, c’est l’occasion ! Le 1er février, migrez de Whatsapp vers Signal Alors, c’est peut-être le moment d’arrêter de jouer au bon petit consultant McKinsey ! Surtout si vous n’êtes pas payé pour ça… Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.

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More in literature

'Merely the joy of writing'

A rare and winning combination: a serious person who seldom takes himself seriously. He keeps his ego a little off to the side, muffled, away from the business at hand. It never disappears. It grows dormant, like some cases of tuberculosis. Jules Renard is such a man and writer, an aphorist and wit with the soul of a peasant. Often, he thinks like a farmer – practical, focused, unsentimental – while writing like a satirist. Here is Renard in his Journal, bargaining with fate on October 17, 1899: “Of all that we write, posterity will retain a page, at best. I would prefer to choose the page myself.”  Renard writing as a commonsensical critic, September 6, 1902: “A great poet need only employ the traditional forms. We can leave it to lesser poets to worry themselves with making reckless gestures.”   More writerly common sense, November 27, 1895: “Keep their interest! Keep their interest! Art is no excuse for boring people.”   A lesson for “cancel culture, August 1896: “We always confound the man and the artist, merely because chance has brought them together in the same body. La Fontaine wrote immoral letters to his womenfolk, which does not prevent us from admiring him. It is quite simple: Verlaine had the genius of a god, and the soul of a pig. Those who were close to him must have suffered. It was their own fault! – they made the mistake of being there.”   Renard sounding like the premise of a story by Maupassant, September 29, 1897: “Some men give the impression of having married solely to prevent their wives from marrying other men.”   On why some of us become writers, May 9, 1898: “Inspiration is perhaps merely the joy of writing: it does not precede writing.”   Renard was born on this date, February 22, in 1864 and died of arteriosclerosis in 1910 at age forty-six. With Montaigne and Proust, he is the French writer I most rely on.   [All quoted passages are from Renard’s Journal 1887-1910 (trans. Theo Cuffe, selected and introduced by Julian Barnes, riverrun, 2020).]

16 hours ago 3 votes
Meeting the Muse at the Edge of the Light: Poet Gary Snyder on Craftsmanship vs. Creative Force

It is tempting, because we make everything we make with everything we are, to take our creative potency for a personal merit. It is also tempting when we find ourselves suddenly impotent, as all artists regularly do, to blame the block on a fickle muse and rue ourselves abandoned by the gods of inspiration. The truth is somewhere in the middle: We are a channel and it does get blocked — it is not an accident that the psychological hallmark of creativity is the “flow state” — but while it matters how wide and long the channel is, how much… read article

3 hours ago 1 votes
'Even Belles Lettres Legitimate As Prayer'

In the “Prologue” to his 1962 prose collection The Dyer’s Hand, W.H. Auden borrows a conceit from Lewis Carroll and divides all writers – “except the supreme masters who transcend all systems of classification” – into Alices and Mabels. In Alice in Wonderland, the title character, pondering her identity, says “. . . I’m sure I can’t be Mabel for I know all sorts of things, and she, oh! she knows such a very little. Beside she’s she and I’m I.” The categorization recalls Sir Isaiah Berlin’s Foxes and Hedgehogs. Of course, all of humanity can also be divided into those who divide all of humanity into two categories and those who don’t.  Leading the list of Auden’s Alices is Montaigne, followed by the names of eight other writers, including Andrew Marvell, Jane Austen and Paul Valéry. Like Alice, Montaigne knew “all sorts of things” – he is among the most learned of writers -- even while asking “Que sais-je?”: “What do I know?” Montaigne begins his longest essay, “Apology for Raymond Sebond,” (1576) with these words:   “In truth, knowledge is a great and very useful quality; those who despise it give evidence enough of their stupidity. But yet I do not set its value at that extreme measure that some attribute to it, like Herillus the philosopher, who placed in it the sovereign good, and held that it was in its power to make us wise and content. That I do not believe, nor what others have said, that knowledge is the mother of all virtue, and that all vice is produced by ignorance. If that is true, it is subject to a long interpretation.”   Montaigne distills skepticism, which isn’t the same as nihilism or know-it-all-ism. It’s closer to the absence of naiveté, credulity and mental laziness, coupled with an open mind and curiosity. Montaigne was a benign skeptic and a Roman Catholic who lived through the French Wars of Religion. Auden wrote “Montaigne” in 1940, the year France fell to the Germans.   “Outside his library window he could see A gentle landscape terrified of grammar, Cities where lisping was compulsory, And provinces where it was death to stammer.   “The hefty sprawled, too tired to care: it took This donnish undersexed conservative To start a revolution and to give The Flesh its weapons to defeat the Book.   “When devils drive the reasonable wild, They strip their adult century so bare, Love must be re-grown from the sensual child,   ‘To doubt becomes a way of definition, Even belles lettres legitimate as prayer, And laziness a movement of contrition.”   “Death to stammer” is no exaggeration. In the sixteenth century, speech defects were often equated with possession by the devil. The final stanza is a writer’s credo. Auden was born on this day in 1907. He shares a birthday with my youngest son, David, who turns twenty-two today.     [The Montaigne passage is from The Complete Essays of Montaigne (trans. Donald Frame, Stanford University Press, 1957).]

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“Muse Circe Reclaims Her Lucre”

Five new prompts The post “Muse Circe Reclaims Her Lucre” appeared first on The American Scholar.

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