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De la soumission au technofascisme religieux Les générateurs de code stupide Sur Mastodon, David Chisnall fait le point sur une année d’utilisation de GitHub Copilot pour coder. Et le résultat est clair : si, au début, il a l’impression de gagner du temps en devant moins taper sur son ordinateur, ce temps est très largement perdu par les heures voire les jours nécessaires à déboguer des bugs subtils qui ne seraient jamais arrivés s’il avait écrit le code lui-même en premier lieu ou, au pire, qu’il aurait pu détecter beaucoup plus vite. Thread Mastodon de David Chisnall Il réalise alors que la difficulté et le temps passé sur le code n’est pas d’écrire le code, c’est de savoir quoi et comment l’écrire. S’il faut relire le code généré par l’IA pour le comprendre, c’est plus compliqué pour le programmeur que de tout écrire soi-même. « Oui, mais pour générer le code pas très intelligent » Là, je rejoins David à 100% : si votre projet nécessite d’écrire du code bête qui a déjà été écrit...
2 weeks ago

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More from Ploum.net

The Engagement Rehab

The Engagement Rehab I’ve written extensively, in French, about my quest to break my "connection addiction" by doing what I called "disconnections". At first, it was only doing three months without major news media and social networks. Then I tried to do one full year where I would only connect once a day. This proved to be too ambitious and failed around May when the amount of stuff that required me to be online (banking, travel booking, online meetings, …) became too high. À la recherche de la déconnexion parfaite (ploum.net) But I’m not giving up. I started 2025 by buying a new office chair and pledging to never be connected in that chair. I disabled Wifi in the Bios of my laptop. To be online, I now need to use my laptop on my standing desk which has a RJ-45 cable. This means I can be connected whenever I want but I’m physically feeling the connection as standing up. There’s now a clear physical difference between "being online" and "being in my offline bubble". This doesn’t mean that I’m as super productive as I was dreaming. Instead of working on my current book project, I do lots of work on Offpunk, I draft blog posts like this one. Not great but, at least, I feel I’ve accomplished something at the end of the day. Hush is addicted to YouTube and reflects on spending 28 days without it. Like myself, they found themselves not that much productive but, at the very least, not feeling like shit at the end of the day. Reflection on Four Weeks without YouTube (hush) I’ve read that post because being truly disconnected forces me to read more of what is in my Offpunk. My RSS feeds, my toread list and many gemlogs. This is basically how I start every day: Ploum’s workflow with Offpunk I’ve discovered that between 20 and 25% of what I read from online sources is from Gemini. It appears that I like "content" on Gemini. Historically, people were complaining that there was no content on Gemini, that most posts were about the protocol itself. There Is No Content on Gemini (ploum.net) Then there was a frenzy of posts about why social media were bad. And those are subtly replaced by some kind of self-reflection about our own habits, our owns addictions. Like this one about addiction to analytics: analytics are risky business (drmollytov.flounder.online) That’s when it struck me: we are all addicted to engagement. On both sides. We like being engaged. We like seeing engagement on our own content. Gemini is an engagement rehab! While reading Gemini posts, I feel that I’m not alone being addicted to engagement, suffering from it and trying to find a solution. And when people in the real world starts, out of the blue, asking my opinion about Elon Musk’s latest declaration, it reminds me that the engagement addiction is not an individual problem but a societal one. Anyway, welcome to Gemini, welcome to rehab! I’m Ploum and I’m addicted to engagement. I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!

6 days ago 7 votes
Le succès existe-t-il ?

Le succès existe-t-il ? La notion de succès d’un blog Un blogueur que j’aime beaucoup, Gee, revient sur ses 10 ans de blogging. Cela me fascine de voir l’envers du décor des autres créateurs. Gee pense avoir fait l’erreur de ne pas profiter de la vague d’enthousiasme qu’à connu son Geektionnerd et de ne pas en avoir profité pour faire plus de promo. [GB10ans] 0. Auteur en burnout (grisebouille.net) Je ne suis pas d’accord avec Gee : il a très bien fait de continuer sa vie sans se préoccuper du succès. Les vagues d’enthousiasme vont et viennent, elles sont très brèves. Le public passe très vite à autre chose. Partir en quête du buzz permanent est la recette absolue pour se perdre. C’est un métier à part entière : le marketing. Trop d’artistes et de créateurs se sont détournés vers le marketing, espérant obtenir une fraction du succès obtenu par des gens sans talents autre que le marketing. Mais vous oubliez que la perception du succès elle-même fait partie du plan marketing. Vous pensez qu’un tel a du succès ? Vous n’en savez rien. Vous ne savez même pas définir « succès ». C’est une intuition confuse. Faire croire qu’on a du succès fait partie du mensonge ! Pour beaucoup de gens de mon entourage éloigné, je suis soudainement devenu un écrivain à succès parce que… je suis passé à la télé à une heure de grande écoute. Pour ces gens-là qui me connaissent, je suis passé de « type qui écrit de vagues livres dont personne n’a entendu parler » à « véritable écrivain connu qui passe à la télé ». Pour ceux, et ils sont nombreux, qui ont délégué à la télévision le pouvoir d’ordonner les individus au rang de « célébrité », j’ai du succès. Pour eux, je ne peux rien rêver de plus si ce n’est, peut-être, passer régulièrement à la télé et devenir une « vedette ». Dans ma vie quotidienne et aux yeux de toutes les (trop rares) personnes qui n’idolâtre pas inconsciemment la télévision, ces passages à la télé n’ont strictement rien changé. J’ai certainement vendu quelques centaines de livres en plus. Mais ai-je du « succès » pour autant ? Il y a quelques mois, j’étais invité comme expert pour le tournage d’une émission télé sur l’importance de protéger ses données personnelles en ligne. Lors d’une pause, j’ai demandé au présentateur ce qu’il faisait d’autre dans la vie. Il m’a regardé, étonné, et m’a répondu : « Je présente le JT ». Ça ne devait plus lui arriver très souvent de ne pas être reconnu. La moitié de la Belgique doit savoir qui il est. Nous avons rigolé et j’ai expliqué que je n’avais pas la télévision. Question : cette personne a-t-elle du « succès » ? Le succès est éphémère À 12 ans, en vacances avec mes parents, je trouve un livre abandonné sur une table de la réception de l’hôtel. « Tantzor » de Paul-Loup Sulitzer. Je le dévore et je ne suis visiblement pas le seul. Paul-Loup Sulitzer est l’écrivain à la mode du moment. Selon Wikipédia, il a vendu près de 40 millions de livres dans 40 langues, dont son roman le plus connu : « Money ». Il vit alors une vie de milliardaire flamboyant. Trente ans plus tard, ruiné, il publie la suite de Money: « Money 2 ». Il s’en écoulera moins de 1.300 exemplaires. Adoré, adulé, moqué, parodié des centaines de fois, Sulitzer est tout simplement tombé dans l’oubli le plus total. Si le « succès » reste une notion floue et abstraite, une chose est certaine : il doit s’entretenir en permanence. Il n’est jamais véritablement acquis. Si on peut encore comprendre la notion de « faire fortune » comme « avoir plus d’argent que l’on ne peut en dépenser » (et donc ne plus avoir besoin d’en gagner), le succès lui ne se mesure pas. Il ne se gère pas de manière rationnelle. Quels indicateurs ? Dans son billet, Gee s’étonne également d’avoir reçu beaucoup moins de propositions pour le concours des 5 ans du blog que pour celui du premier anniversaire. Malgré une audience supposée supérieure. De nouveau, le succès est une affaire de perception. Quel succès voulons-nous ? Des interactions intéressantes ? Des interactions nombreuses (ce qui est contradictoire avec la précédente) ? Des ventes ? Du chiffre d’affaires ? Des chiffres sur un compteur de visite comme les sites web du siècle précédent ? Il n’y a pas une définition de succès. En fait, je ne connais personne, moi le premier, qui soit satisfait de son succès. Nous sommes, par essence humaine, éternellement insatisfaits. Nous sommes jaloux de ce que nous croyons voir chez d’autres (« Il passe à la télé ! ») et déçus de nos propres réussites (« Je suis passé à la télé, mais en fait, ça n’a rien changé à ma vie »). Écrire dans le vide C’est peut-être pour cela que j’aime tant le réseau Gemini. C’est le réseau anti-succès par essence. En publiant sur Gemini, on a réellement l’impression que personne ne va nous lire, ce qui est donne une réelle liberté. Certains de mes posts de blog font le buzz sur le web. Je n’ai pas de statistiques, mais je vois qu’ils tournent sur Mastodon, qu’ils font la première page sur Hacker News. Mais si je n’allais pas sur Hacker News ni sur Mastodon, je ne le saurais pas. J’aurais tout autant l’impression d’ếcrire dans le vide que sur Gemini. À l’opposé, certains de mes billets ne semblent pas attirer les "likes", "partages", "votes" et autres "commentaires". Pourtant, je reçois de nombreux emails à leur sujet. De gens qui veulent creuser le sujet, réfléchir avec moi. Ou me remercier pour cette réflexion. C’est particulièrement le cas avec le réseau Gemini qui semble attirer des personnes qui sont dans l’échange direct. Moi-même il m’arrive souvent de dégainer mon client mail pour répondre spontanément à un billet personnel lu sur Gemini. La réaction la plus fréquente à ces messages est : « Wow, je ne pensais pas que quelqu’un me lisait ! ». Je vous pose la question : quel type de billet a, selon vous, le plus de « succès » ? Est-ce que la notion de succès a réellement un sens ? Peut-on avoir assez de succès ? Pour donner un peu de succès financier à Gee Sortilèges & Sindycats, le roman de Gee qui mériterait plus de succès ! Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.

2 weeks ago 12 votes
À la recherche de la déconnexion parfaite

À la recherche de la déconnexion parfaite Une rétrospective de ma quête de concentration Une première déconnexion À la fin de l’année 2018, épuisé par la promotion de la compagne Ulule de mon livre « Les aventures d’Aristide, le lapin cosmonaute » et prenant conscience de mon addiction aux réseaux sociaux, je décide de me « déconnecter ». Un bien grand mot pour m’interdire pendant 3 mois l’utilisation des réseaux sociaux et des sites d’actualité. En partance pour ma déconnexion… (ploum.net) Je suis déconnecté ! (ploum.net) Le premier effet va se faire sentir très vite avec la désinstallation de l’app que j’utilise le plus à l’époque : Pocket. Le jour où j’ai désinstallé mon app préférée ! (ploum.net) L’expérience est avant tout une prise de conscience. Je découvre que, dès que je m’ennuie, j’ouvre machinalement un navigateur web sans même y réfléchir. C’est littéralement un réflexe. 1 mois de déconnexion, premier bilan (ploum.net) Je commence à percevoir la différence entre l’information et le « bruit ». L’hyperconnexion est, comme le tabac, une assuétude et une pollution. Une notion qui deviendra essentielle dans ma réflexion. Le silence au milieu du bruit (ploum.net) L’humeur d’un déconnecté (ploum.net) Si je tente de subir moins de bruit, mon épouse me fait remarquer que je tente toujours d’en générer en postant sur des réseaux que je ne lis plus. Je suis incohérent. De la pollution mentale et de la quête d’égo (ploum.net) Comme souvent dans ce genre d’expérience, on en sort sans aucune envie de se « reconnecter ». Mais je vais, bien entendu, très vite reprendre mes anciennes habitudes. 3 mois de déconnexion : bilan final (ploum.net) Le problème de l’hyperconnexion est désormais clair dans ma tête. Je suis addict et cette addiction m’est néfaste à tous les points de vue. Sous les réseaux sociaux, un monde post-déconnexion (ploum.net) La période technosolutionniste Face à la réalisation de l’ampleur du problème, mon premier réflexe est de trouver une solution technique, technologique. Beaucoup de personnes sont dans le même cas et, si cette étape est loin de suffire, elle est indispensable : faire du tri dans les outils numériques que nous utilisons. Je me rends compte que l’univers Apple, que je fréquente à l’époque, ayant reçu un MacBook de mon employeur, est à la fois contraire à mes valeurs et complètement incompatible avec une forme de sobriété numérique, car poussant à la consommation. Cette dichotomie entre ma philosophie et mon vécu entraine une tension que je tente d’évacuer par la surconnexion. Il est temps pour moi de revenir entièrement sous Linux. À la poursuite du minimalisme numérique (ploum.net) Linux et minimalisme numérique (ploum.net) J’achète également un téléphone qui est tellement merdique et bugué que je n’ai jamais envie de l’utiliser (non, ne l’achetez pas). Se passer d’écran avec un téléphone e-ink (ploum.net) Concrètement, cette première déconnexion a également été l’opportunité de terminer mon feuilleton « Printeurs » ainsi que d’écrire quelques nouvelles. Celui-ci intéresse un éditeur et je publie mon premier roman en 2020. Printeurs, le premier roman imprimé en 3D (ploum.net) Une autre action concrète que j’entreprends est de supprimer au maximum de comptes en ligne. Je ne le sais pas encore, mais je vais en découvrir et en supprimer près de 500 et cela va me prendre près de trois ans. Pour la plupart, j’ai oublié qu’ils existent, mais pour certains, l’étape est significative. Je ne suis plus à vendre sur Linkedin (ploum.net) En parallèle, je découvre le protocole minimaliste Gemini. Suite à l’utilisation de ce protocole, une idée commence à me trotter dans la tête : travailler complètement déconnecté. J’ai en effet découvert que bloquer certains sites n’est pas suffisant : je trouve automatiquement des alternatives sur lesquelles procrastiner, alternatives qui sont même parfois moins intéressantes. J’ai donc envie d’explorer une déconnexion totale. Je commence à rédiger mon journal personnel à la machine à écrire. Gemini, le protocole du slow web (ploum.net) The Offline-First Quest (ploum.net) Offline-First, Typewriters, Emails and Gemini (ploum.net) Looking for offline-first tools (ploum.net) Seconde déconnexion : une tentative d’année déconnectée Le 1er janvier 2022, trois ans après la fin de ma première déconnexion, je me lance dans une tentative d’année complètement déconnectée. L’idée est de n’utiliser mon ordinateur que déconnecté dans mon bureau, de le synchroniser une fois par jour. Le tout est rendu possible par un logiciel que j’ai développé dans les derniers mois de 2021 : Offpunk. Offpunk, an offline-first browser Évidemment, la connexion est nécessaire pour certaines actions que je me propose de chronométrer et d’enregistrer. J’écris, en direct, le compte-rendu de cette déconnexion et, contre toute attente, ces écrits semblent passionner les lecteurs. 1er janvier 2022, quelques minutes après minuit (ploum.net) 3 janvier 2022, qu’est-ce qu’une déconnexion ? (ploum.net) Chapitre 3 : Le manque (ploum.net) Chapitre 4 : les messageries instantanées (ploum.net) Chapitre 5 : le plaisir coupable de l’exploration (ploum.net) Chapitre 6 : la machine à cliquer se rebelle contre le superorganisme (ploum.net) Chapitre 7 : l’hystérie médiatique (ploum.net) Chapitre 8 : l’artiste déconnecté (ploum.net) Mieux préparée et beaucoup plus ambitieuse (trop ?), cette déconnexion est finalement un échec après moins de 6 mois. Chapitre 9 : l’échec (ploum.net) La leçon est dure : il n’est quasiment pas possible de se déconnecter de manière structurelle dans la société actuelle. Nous sommes tout le temps sollicités pour accomplir des actions en ligne, actions qui nécessitent du temps, mais pas toujours de la concentration. Tout est désormais optimisé pour que nous soyons en ligne. Ma déconnexion est un échec. Le livre de cette déconnexion est inachevé. Un autre manuscrit sur lequel je travaille durant cette déconnexion est dans un état inutilisable. Cependant, j’ai profité de ce temps pour écrire quelques nouvelles et finaliser mon recueil « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur ». …et autres joyeusetés que nous réserve le futur (ploum.net) Conséquence directe de cette déconnexion, mon compte Whatsapp disparait. Mon compte Twitter suit bientôt également. Le suicide de mon compte WhatsApp (ploum.net) Chapitre 10 : la suppression des comptes en ligne (ploum.net) Pourquoi j’ai supprimé mon compte Twitter (et pourquoi vous pouvez probablement en faire autant sans hésiter) (ploum.net) J’ai également pris conscience que mon blog Wordpress n’est plus du tout en phase avec ma philosophie. En parallèle de mon travail sur Offpunk, je réécris complètement mon blog pour en faire un outil « offline ». La fin d’un blog et la dernière version de ploum.net (ploum.net) Le second retour à la normalité Début 2023, je m’isole pour commencer l’écriture de Bikepunk qui paraitra en 2024. J’alterne entre les périodes de déconnexion totale et des périodes d’hyperconnexion. Bikepunk, les chroniques du flash Le seul réseau social où j’ai gardé un compte, Mastodon, commence à attirer l’attention. J’y suis très présent et, philosophiquement, je ne peux que soutenir et encourager toutes les personnes cherchant à quitter X et Meta. Je retombe dans l’hyperconnexion. Une hyperconnexion éthique, mais une hyperconnexion tout de même. Pendant deux ans, j’utilise l’extension Firefox LeechBlock qui permet de n’autoriser qu’un temps limité par jour sur certains sites web. Cela fonctionne pas trop mal pendant un temps jusqu’au moment où j’acquiers le réflexe de désactiver le plugin sans même y penser. Comme tous les trois ans, il est temps pour moi de lancer un nouveau cycle et de m’interroger sur mes usages. Un de mes apprentissages principaux est que toute modification de mon comportement mental doit s’accompagner chez moi par une modification physique. Mon esprit suit les réflexes de mon corps. Je tape encore parfois machinalement dans la barre d’adresse Firefox les premières lettres de sites procrastinatoires sur lesquels je n’ai plus été depuis dix ans ! Le second apprentissage est que la radicalité implique une rechute plus forte. La connexion est nécessaire tous les jours, de manière imprévisible. Je ne souhaite pas m’isoler, mais concevoir une manière de fonctionner durable. Créer de nouveaux réflexes. Une troisième déconnexion Pour ma « déconnexion 2025 », j’ai donc pris une grande décision : j’ai acheté un fauteuil pour remplacer ma chaise de bureau. Pendant toutes mes études et mes premières années professionnelles, je n’avais que des chaises de récupération. Au printemps 2008, disposant d’un salaire stable et d’un appartement, j’achète une chaise de bureau neuve : le premier prix de chez Ikea. Cette chaise, rafistolée avec des coussins défoncés dont mes beaux-parents ne voulaient plus, était encore celle que j’utilisais jusqu’il y a quelques jours. Ce nouveau fauteuil est donc un très grand changement pour moi. Et je me suis promis de ne l’utiliser qu’en étant déconnecté. Pour ce faire, je désactive le wifi dans le Bios de mon ordinateur. J’ai également organisé un « bureau debout » dans un coin de la pièce, bureau debout où arrive un câble RJ-45. Si je veux me connecter, je dois donc physiquement me lever et brancher un câble. Tout ce que je dois faire en ligne s’effectue désormais en étant debout. Lorsque je suis assis (ou vautré, pour être plus exact), je suis déconnecté. J’ai également pris d’autres petites mesures. En premier lieu, mes todos ne sont plus stockés sur mon ordinateur, mais sur des fiches sur un tableau de liège. Un comble pour qui se rappelle que j’ai passé plusieurs années à développer le logiciel « Getting Things GNOME ». Je revois aussi la gestion de mon email. J’adore recevoir des emails et de mes lecteurs et j’ai beaucoup de mal à ne pas y répondre. Puis à répondre à la réponse de ma réponse. Avec le succès de Bikepunk, mon courrier s’est étoffé et je me retrouve parfois à la fin de la journée en réalisant que j’ai… « répondu à mes emails ». Des discussions certes enrichissantes, mais chronophages. Dans bien des cas, je répète dans plusieurs mails ce qui pourrait être un billet de blog. Considérez que j’ai lu votre mail, mais que ma réponse alimentera mes prochains billets de blogs. Certains billets futurs traiteront de thèmes que je n’aborde pas d’habitude, mais pour lesquels je reçois énormément de questions. Sur Mastodon, que je ne consulte plus que debout, j’ai pris la décision de mettre tous les comptes que je suis dans une liste, liste que j’ai configurée pour qu’elle ne s’affiche pas dans ma timeline. Quand je consulte Mastodon, je ne vois donc que mes posts à moi et je dois accomplir une action en plus si je veux voir ce qui se dit (ce que je ne fais plus tous les jours). Comme avant, les notifications sont régulièrement « vidées ». Si vous voulez suivre ce blog, privilégiez le flux RSS ou bien mes deux newsletters: Newsletter avec mes billets francophones Newsletter avec mes billets en anglais À la recherche de l’ennui. Déconnexion est un bien grand mot pour simplement dire que je ne serai plus connecté 100% du temps. Mais telle est l’époque où nous vivons. Cal Newport parle de l’incroyable productivité de l’écrivain Brandon Sanderson qui a créé une entreprise de 70 personnes uniquement dédiée à une seule activité : le laisser écrire le plus possible ! Let Brandon Cook (calnewport.com) Si l’exemple est extrême, Cal s’étonne de ce qu’on ne voit pas plus de structures qui cherchent à favoriser la concentration et la créativité. Dans un âge où l’hyperdistraction permanente est la norme, il est nécessaire de se battre et de développer les outils pour se concentrer. Et s’ennuyer. Surtout s’ennuyer. Car pour réfléchir et créer, l’ennui est primordial. D’ailleurs, si je ne m’étais pas ennuyé, je n’aurais jamais écrit ce billet ! Nous dresserons le bilan dans 3 ans pour ma quatrième déconnexion… Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! 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3 weeks ago 13 votes
De la décadence technologique et des luddites technophiles

De la décadence technologique et des luddites technophiles La valeur de texte brut Thierry s’essaie à publier son blog sur le réseau Gemini, mais a du mal avec le format minimaliste. Qui est justement pour moi la meilleure partie du protocole Gemini. La low-tech peut-elle coexister avec la high-tech ? (tcrouzet.com) Le format Gemini impose, comme dans un livre, du texte pur. Il est possible d’ajouter un titre, des sous-titres, des liens, des citations, mais avec une particularité importante : cela doit concerner toute la ligne, pas une simple partie de texte. Les liens doivent donc être sur leur propre ligne plutôt que de se perdre et foisonner dans le texte. Comme ils interrompent la lecture entre deux paragraphes, ils doivent être explicités et justifiés plutôt que d’être cachés au petit bonheur du clic. Il est également impossible de mettre de l’italique ou du gras dans son texte. Ce qui est une excellente chose. Comme le rappelle Neal Stephenson dans son « In the beginning was the command line », les mélanges gras/italiques aléatoires n’ont rien à faire dans un texte. Prenez un livre et tentez de trouver du texte en gras dans le corps du texte. Il n’y en a pas et pour une bonne raison : cela ne veut rien dire, cela perturbe la lecture. Mais lorsque Microsoft Word est apparu, il a rendu plus facile de mettre en gras que de faire des titres corrects. Tout comme le clavier azerty a soudainement fait croire qu’il ne fallait pas mettre d’accent sur les majuscules, l’outil technologique a appauvri notre rapport au texte. Car le besoin d’attirer l’attention au milieu d’un texte est un aveu d’insécurité de l’auteur. Le texte doit exister par lui-même. C’est au lecteur de choisir ce qu’il veut mettre en avant en surlignant, pas à l’auteur. Orner un texte d’artifices inutiles pour tenter de combler les vides porte un nom : la décadence. Le gras, le word art, le Comic San MS, les powerpoints envoyés par mail, tous sont des textes décadents qui tentent de camoufler la vacuité ou l’inanité du contenu. La décadence inexorable de la tech Le texte n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Thierry se pose également beaucoup de questions sur les notions low-tech et high-tech, notamment dans le médical. Mais le terme « low-tech » est selon moi trompeur. Je suis un luddite technophile. Contrairement à ce que la légende prétend, les luddites n’étaient pas du tout opposés à la technologie. Ils étaient opposés à la propriété technologique par la classe bourgeoise, ce qui transformait les artisans spécialisés en interchangeables esclaves des machines. Les luddites n’ont pas tenté de détruire des métiers à tisser technologiques, mais des machines que leurs patrons utilisaient pour les exploiter. Le retour de la vengeance des luddites technophiles (ploum.net) De la même manière, je ne suis pas opposé aux réseaux sociaux centralisés ni aux chatbots parce que c’est « high tech », mais parce que ce sont des technologies qui sont activement utilisées pour nous appauvrir, tant intellectuellement que financièrement. C’est même leur seul objectif avoué. Que l’IA soit utilisée pour détecter plus précocement des cancers, je trouve l’idée formidable. Mais je sais également qu’elle est impossible dans le contexte actuel. Pas d’un point de vue technique. Mais parce que, bien utilisée, elle coûtera plus cher que pas d’IA du tout. En effet, l’IA peut aider en détectant des cancers que le médecin a ratés. Il faut donc un double diagnostic, tant du médecin que de l’IA et se poser des questions lorsque les deux sont en désaccord. Il faut payer le coût de l’IA en plus du surplus du travail du médecin, car il devra faire plus d’heures vu qu’il devra revoir les diagnostics « divergents » pour trouver son erreur ou celle de l’IA. L’IA est un outil qui peut être utile si on accepte qu’il coûte beaucoup plus cher. Ça, c’est la théorie. En pratique, une telle technologie est vendue sous prétexte de « faire des économies ». Elle va forcément induire un relâchement attentionnel des médecins et, pour justifier les coûts, une diminution du temps consacré à chaque diagnostic humain. Perdant de l’expérience et de l’habitude, le diagnostic des médecins va devenir de moins en moins sûr et, par effet ricochet, les nouveaux médecins vont être de moins en moins bien formés. Les cancers indétectés par l’IA ne le seront plus par les humains. L’IA étant entrainée sur les diagnostics réalisés par des humains, elle va également devenir de moins en moins compétente et s’autovalider. Au final, nul besoin d’être grand clerc pour voir que si la technologie est intéressante, son utilisation dans notre contexte socio-économique ne peut que se révéler catastrophique et n’est intéressante que pour les vendeurs d’IA. Le mensonge high tech Les partisans du « low tech » ont l’intuition que la « high tech » cherche à les exploiter. Ils ont raison sur le fond, pas sur la cause. Ce n’est pas la technologie le nœud du problème, mais sa décadence. La course à la technologie est une bulle bâtie sur un mensonge. L’idée n’est pas de construire quelque chose de durable, mais de faire croire qu’on va le construire pour attirer des investisseurs. Les entreprises du NASDAQ sont devenues une énorme pyramide de Ponzi. Elles tentent de se soutenir l’une l’autre à coup de millions, mais perdent toutes énormément d’argent, ce qu’elles arrivent à cacher grâce au cours de la bourse. Godot Isn't Making it (www.wheresyoured.at) D’ailleurs, des recherches sérieuses confirment mon intuition : au plus on comprend ce qu’il y a derrière « l’intelligence artificielle », au moins on en veut. L’IA est littéralement un piège à ignorants. Et les producteurs l’ont très bien compris : ils ne veulent pas que l’on comprenne ce qu’ils font. Knowing less about AI makes people more open to having it in their lives - new research (theconversation.com) Ed Zitron continue sur sa lancée avec l’inattendue arrivée de DeepSeek, le ChatGPT chinois qui est simplement 30 fois moins cher. À la question « Pourquoi OpenAI et les autres n’ont pas réussi à faire moins cher », il propose la réponse rétrospectivement évidente : « Parce que ces entreprises n’avaient aucun intérêt à faire moins cher. Au plus elles perdent de l’argent, au plus elles justifient que ce qu’elles font est cher, au plus elles attirent les investisseurs et effraient de potentiels compétiteurs ». En bref : parce qu’elles sont complètement décadentes ! Deep Impact (www.wheresyoured.at) Cory Doctorow parle souvent de merdification, je propose plutôt de parler de « décadence technologique ». Nous produisons la technologie la plus chère, la plus complexe et la moins écologique possible par simple réflexe. Comme pour les orgies romaines, la complexité et le coût ne sont plus des obstacles, mais les objectifs premiers que nous cherchons à atteindre. Ceci explique aussi pourquoi la technologie se retourne complètement contre ses utilisateurs. Dernièrement, une dame d’un certain âge voulait me montrer sur son téléphone un post vu sur son compte Facebook. La moitié de son gigantesque écran de téléphone était littéralement une publicité fixe pour une voiture. Dans la seconde moitié de l’écran, la dame scrollait et alternait entre d’autres pubs pour des voitures et ce qui était probablement du contenu. Son téléphone était doté d’un écran gigantesque, mais seule une fraction de celui-ci était au service de l’utilisateur. Et encore, pas complètement. La bagnole est en soi le parfait exemple de décadence : d’outil, elle est devenue un symbole qui doit être le plus gros, le plus lourd, le plus voyant possible. Ce qui entraine une complexité infernale tant en termes d’espace public que d’espace privé. Les maisons des dernières décennies sont, pour la plupart, bâties comme des pièces autour d’un garage. Les villes comme des bâtiments autour de nœuds routiers. La voiture est devenue le véritable citoyen des villes, les humains n’en sont que les servants. Le Web suit la même trajectoire avec les robots remplaçant les voitures. La frénésie envers l’intelligence artificielle est l’archétype de cette décadence. Car si les nouveaux outils ont clairement une utilité et peuvent clairement aider dans certains contextes, nous sommes dans une situation inverse : trouver un problème auquel appliquer l’outil . Retour au concept d’utilité C’est également la raison pour laquelle Gemini me passionne tellement. C’est l’outil le plus direct pour transmettre le texte de mon cerveau à celui d’un lecteur. En ouvrant la porte au gras, à l’italique puis aux images et au JavaScript, le Web est devenu une jungle décadente. Les auteurs y publient puis, sans se soucier d’être lus, consultent avidement les statistiques de clics et de likes. Le texte est de plus en plus optimisé pour ces statistiques. Avant d’être automatisés par des robots, robots qui pour s’entrainer vont consulter les textes en ligne et générer automatiquement des clics. La boucle de la décadence technologique est bouclée : les contenus sont lus et générés par les mêmes machines. Les bourgeois capitalistes propriétaires ont réussi à automatiser totalement tant leurs ouvriers (les créateurs de contenus) que leurs clients (ceux qui font du clic). Je ne veux pas servir les propriétaires de plateforme. Je ne veux pas consommer ce fade et inhumain contenu automatisé. Je tente de comprendre les conséquences de mes usages technologiques pour en tirer le maximum d’utilité avec le moins de conséquences négatives possible. Face à la décadence technologique, je suis devenu un luddite technophile. Photo by Anne Fehres and Luke Conroy & AI4Media CC-BY 4.0 Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.

3 weeks ago 8 votes

More in literature

“Writing in the Dark” by Denise Levertov

Poems read aloud, beautifully The post “Writing in the Dark” by Denise Levertov appeared first on The American Scholar.

20 hours ago 2 votes
'To Think, to Read, to Meditate, to React'

Often, I think of the late Adam Zagajewski urging young poets – and by extension, the rest of us -- to “read everything.” The suggestion is not dictatorial. The Pole even admits he is a “chaotic reader,” as most of us are. I’ve never been systematic about much of anything and inevitably there are embarrassing holes in my education. Call it the Autodidact Syndrome. When it comes to books, we never know in advance what will come in handy, which volume will help solve a problem we didn’t know we were asking. Here is Zagajewski the literary cheerleader:  “Read for yourselves, read for the sake of your inspiration, for the sweet turmoil in your lovely head. But also read against yourselves, read for questioning and impotence, for despair and erudition, read the dry, sardonic remarks of cynical philosophers like Cioran or even Carl Schmitt, read newspapers, read those who despise, dismiss, or simply ignore poetry and try to understand why they do it. Read your enemies and your friends, read those who reinforce your sense of what's evolving in poetry, and also read those whose darkness or malice or madness or greatness you can’t yet understand because only in this way will you grow, outlive yourself, and become what you are.”   Zagajewski’s enthusiasm is almost embarrassing but the juggernaut of aliteracy and the threat it poses to Western Civilization may already be irreversible. My friend Cynthia Haven published an interview with Zagajewski not long after his death in 2021 in which she reminds him of his “read everything” essay. He replies:      “What can I say? I’m in favor of reading and taking into consideration past writers. But you know, I don’t know ancient Greek, my Latin almost doesn’t exist; I’m not one of those lofty professors who know everything and terrorize others with their perfect erudition. What’s important is to think, to read, to meditate, to react, to be imaginative. Sometimes a reduced reading list, if given strong attention, can be better than a classical education when pursued somewhat mechanically. Of course I want the past writers to persist but first of all I want thinking and being moved by intelligent texts to persist.”   Good advice. Don’t be intimidated by the vastness of the reading list. Choose a volume someone once mentioned he enjoyed or that had a strong emotional or intellectual impact on him. Say, the Life of Johnson, Richard Wilbur’s poems, Gershom Scholem’s Sabbatai Sevi: The Mystical Messiah, a novel by P.G. Wodehouse or Unamuno’s Tragic Sense of Life. Read it and see where it carries you.

19 hours ago 2 votes
Insomnia and the Secret Life of Ideas: Kafka on the Relationship Between Sleeplessness and Creativity

Where we go when we go to sleep and why we go there is one of the great mysteries of the mind. Why the mind at times refuses to go there, despite the pleading and bargaining of its conscious owner, is a greater mystery still. We know that ever since REM evolved in the bird brain, the third of our lives we spend sleeping and dreaming has been a crucible of our capacity for learning, emotional regulation, and creativity. But the price we have paid for these crowning curios of consciousness has been savage self-consciousness, thought turned in on itself,… read article

2 days ago 3 votes
A measure of forever

For me, fiction is a space of plainness and excess.             Amina Cain When TS Eliot read Dante for the first time, he noted a discrepancy between his enjoyment and his understanding, leading to the famous claim that "genuine poetry can communicate before it is understood". He warns potential readers against two extremes: believing one has to master the theology, structure and historical context of the Commedia to appreciate its poetry or that knowledge is irrelevant to further enjoyment, which is why he thinks many readers' enjoyment is limited to the local thrills of Inferno. The warning holds today as we remain uncertain about the role literature plays in our lives: is it a repository of instrumental knowledge, cod liver oil for the soul, or pure escapism? "All three" is the public answer, except the distinctions are never clear and never overtly discussed despite fueling an entire literary culture, manifesting in, for example, the Guardian's Where to start with series in which pellets of one are slipped inside morsels of another. (Dante started with a dark wood lacking a branch of Waterstone's.)  In the months before I read the sentence in Amina Cain's A Horse at Night, I had stopped enjoying novels. I picked up several hailed as modern-day masterpieces and, despite their mutually incompatible variety, there was no spark. I bought and borrowed more seeking to break the cycle. Nothing worked. It would be easy to deceive myself into a rhetorical enjoyment, such as one reads every day in reviews, and I have often done that myself only later to reflect and regret, but I couldn't deny something was missing. Be assured this isn't a prelude to announcing the death of the novel and a call toward the tethered blimp of non-fiction, as I maintain faith in the indefinable potential of formal adventure. So if my loss of enjoyment was not the dulling of age, I wondered if there was a common absence. A answer came in that sentence. Eliot defined his enjoyment. He called it "poetic emotion". The quotation marks are his own as the phrase refers to his earlier essay on Hamlet and its definition of the Objective Correlative in which "a set of objects, a situation, a chain of events" elicit a particular emotion. This suggests literature must stick to generic templates through which a skilled writer can provoke a response immanent to the work, and Eliot more or less confirms it by reckoning Hamlet an "artistic failure" because Shakespeare did not find an objective correlative for Hamlet's behaviour that he superimposed onto the "cruder material" of earlier plays: "Hamlet (the man) is dominated by an emotion which is inexpressible, because it is in excess of the facts as they appear." He dismisses the emotion as adolescent. However, if we go back to the essay on Dante, Eliot mitigates the mixture of autobiography, lyric poetry and allegory comprising the Vita Nuova because it is a recipe "not available to the modern mind", the one that assumes biographical detail is an exposé of a personality. Instead, in Dante's case it is a report of personal experiences that were important not because they happened to Dante but because they had "philosophical and impersonal value". We might ask in response: when did a change occur that makes such a recipe unavailable to us? Perhaps it was changing in Shakespeare's time and that is precisely what makes Hamlet an excessive play. For Dante, the inexpressible and excess of facts took the form of Beatrice, a childhood love who becomes a personification of the divine and leads to a religious commitment. For Hamlet (the man), the opposite is the case. What presents itself to him is not an undoubted human presence and its gift of beatitude but a ghost he may have hallucinated and yet whose demands press upon him. Can he trust the experience? If it is false, how can he trust himself? If it is genuine, how can he trust the world? If Eliot thinks Hamlet's angst is adolescent, it may be because such introversion is now firmly embedded in the modern mind (as embodied by a certain J. Alfred Prufrock) and so easily dismissed, whereas in Shakespeare's time it was only just emerging and out of joint with what was firmly embedded then and responsible for the plays Eliot judged as "assured" artistic successes.  Vita Nuova and Hamlet are anomalies in literary history (anomalies define literary history), and what they both exhibit and what they both emerge from is excess and deprivation. The combination plays out differently in each: for Dante, the excess of emotion caused by Beatrice's presence and the deprivation experienced when she withheld her greeting and then when she died is transfigured into a mystical apocalypse and a key to salvation. His new life will be one of praise. For Hamlet the excess of ambiguity and subsequent deprivation of trust leads to behaviour that nowadays might be considered signs of a breakdown. What they also have in common is a meeting of the personal and the other-worldly. William Franke says the Vita Nuova is modelled on the New Testament gospels in which the experience of the apparent son of God remains central to the life of the writer. Beatrice was Dante's path to God and lyric poetry was his witness, the only proper means of communicating the revelation, with the prose commentary grounding the divine in everyday experience. The phenomenon of transcendence that Beatrice was for Dante became possible "only by the instrumentality of the lyric, specifically by virtue of its powers to express registers of personal experience in which subjective response and feeling are constitutive parts or aspects of objective events, not secondary and less real". Franke compares this to Christ's beatitudes that "lend themselves...to liturgical recitation and serve as kernels inviting supplemental elaboration in the form of illustrative narratives or parables and edifying doctrinal discourses". Hamlet does not have this resource and the very different form the play takes from Dante's little book indicates stages in a long process in which lyric poetry and literary prose finally become divorced, as described by Robert Alter, cited by Franke. The progressive narrativization of verse specifically in the refashioning and transmutation of biblical poetry into epic narration...describes a natural evolution starting from poetry, as the original form of literary expression, and moving to prose as its extension and elaboration. The process follows the incremental secularisation of Western society and the decline of the effects of revelation. It may explain why certain phrases in Hamlet have become embedded in everyday life in the same way as lines of poetry have (and so the apocryphal story of someone complaining that the play is full of quotations), while passages of novels, the exemplary form of disenchantment, have not (and indeed why poetry and plays have become minor forms in literary culture). Of course, novels are often common reference points, but nobody has lines running through their heads or recites passages off the cuff. They neither lend themselves to recitation nor to the rituals of performance. By becoming wholly extension and elaboration, prose has freed itself from its roots in lyric poetry and in the process that which exceeds the everyday, divine or otherwise. The lyrical state is a state beyond forms and systems.                                        EM Cioran So it was when I read Amina Cain's sentence that I recognised the problem. Plainness and excess has become prosaic. Plainness has become unimpeachable by making the everyday consequential in itself, though this has constantly to be renewed with critical hype – Dirty Realism was all the rage when I got into reading – and yet the residue of lyric and its promise of something other than the everyday remains: revelation has become a ghost in popular features such the 'twist in the tale' and the resolution of a plot, while in more refined circles, the possibility of revelation is present in the value afforded to 'experimental' writing which seems to promise that "under the myopic scrutiny of a good close reading" as Catherine Liu puts it "an obdurate, clam-like text [would] give up its iridescent pearl of gorgeous meaning". Meanwhile, excess is converted into maximalist world-building breezeblocks telling stories spanning continents and centuries, packed with history, adventure, romance, horror and fantasy. Each, however, remains undisturbed by the excess of its own presence, the incomprehensible revelation that with one sentence, however plain, however excessive, something has been added to the world, in the world as a product of a culture, yet not completely of the world. The surprise of distance. This has an effect comparable to that which Beatrice had on Dante and the ghost had on Hamlet; comparable but distinct, as it goes unnoticed. You can see the return of the repressed in "lyrical humanism", the form Lee Rourke diagnosed as the default mode of 'literary fiction', poised uneasily between popular and elite culture. With 'poetic' prose, it seeks to enchant a world without transcendence, standing in for that transcendence, and while it is ultimately empty, drawing the contempt of popular authors, it comforts the reader as much as the cushions on their conservatory armchair. (Dirty Realism is lyrical humanism in black and white.) We overlook its origins because the reception of contemporary novels follows Eliot by using contemporary mutations of the objective correlative to contain the terms of evaluation.  The sparkless cycle was broken when in a desultory search I picked out Thomas Bernhard's 1967 novel Verstörung, unfortunately translated as Gargoyles (it means Disturbance or Derangement) and began to read it for the first time in 25 years. I had regarded it as an also-ran among his novels, perhaps because the first of its two chapters is a plain story. A doctor's son home from college is listening to his father describing his rounds in a handful of small Austrian towns. There was a schoolteacher in Salla who he found dying and then a child in Hüllberg who fell into a tub of boiling water. The visits wear him down and the death of his wife and his daughter's suicide attempt hang over him. Despite this, the son's presence gives him cheer and he speaks of the restorative effects of nature. They prepare for a walk along the local river but are immediately interrupted by an urgent call to attend an innkeeper's wife in Gradenberg who has been bludgeoned by a drunken miner. The son accompanies the father to the inn and then the hospital, where she dies.  Crime, sickness, psychological distress and death pervade the region with son and father like Dante and Virgil on a travelogue through Hell, only without Dante's contrapasso placing the suffering in God's design. Purgatory of sorts is suggested when they reach the father's friend Bloch, an estate agent. The father finds some equilibrium by discussing political and philosophical issues with him and borrowing the big books of European thought from his library: Pascal, Kant, Marx, Nietzsche. He says Bloch resists despair by "seeing his life as an easily understood mechanism" he can adjust as necessary to practical ends. The son, a student of mining, agrees: "It was worth making the maximum effort to shake off a tendency to despair". Next they visit a wealthy industrialist who also seeks to make the maximum effort, in his case by shutting himself up in a hunting lodge to write on a literary work on a "purely philosophical subject". Father and son enter the lodge and walk on wooden floorboards through dark and barely furnished rooms. The son wishes to scream and throw open the shutters, but makes the effort to check himself.  Throughout the first half then the tension between mind and body, between self and world, is held in place by the firebreak between the observer and observed. The son is part of the world, partly outside. The plain act of description maintains literary sanity, with its correlative in the story being the father's commentary on the cases in the sanctuary of the car as they drive towards the summit of the purgatorial mountain. It is here that they meet Prince Saurau on the outer wall of Hochgobernitz Castle perched high above the surrounding countryside, a paradise of sorts. It is also where the second chapter begins and is what led Italo Calvino to call Gargoyles one of the great novels of the 20th century.  The Prince greets the visitors and immediately begins talking about the three applicants for the job he had advertised that morning, commenting on their dress, their demeanour, their background, their family, the towns they come from and, leaping from one subject to another, doesn't stop talking for the next 140 pages. He is enraged by the "idiotic bureaucratic rabble" that runs the Austrian state who have "expropriated" everything. He repeats variations of "expropriated" several times, and then "empty" several times. "Everything is empty!". In his analysis he comes across as intensely sensitive, lucid perhaps, and in the repetitions on the edge of madness. As is familiar in Bernhard's novels, the conditions cannot be separated. If the Prince hasn't descended entirely it is because the repetitions of words and phrases coalesce to maintain him in an oscillation above his abyss, even if it is an oscillation in which anger, loneliness, alienation, distress and despair comprise its dynamo. The Prince's compulsive repetitions form a lyricism in the absence of meaning, a revelation of sorts. Gershom Scholem called it the nothingness of revelation: "a state in which revelation appears to be without meaning, in which it still asserts itself, in which it has validity but no significance. A state in which the wealth of meaning is lost and what is in the process of appearing...still does not disappear." It is a state we recognise in the process of reading Gargoyles. A more straightforward reader may interpret the condition as purely medical and the novel merely a case study, while admiring Bernhard's skill in capturing the symptoms. Lyricism has its place in these conditions, as Cioran observed: It is significant that the beginnings of all mental psychoses are marked by a lyrical phase during which all the usual barriers and limits disappear, giving way to an inner drunkenness of the most fertile, creative kind. This explains the poetic productivity characteristic of the first phases of psychoses. Consequently, madness could be seen as a sort of paroxysm of lyricism.  [Translated by Ilinca Zarifopol-Johnston] Except the condition enabling such a diagnosis is not an uncontaminated onlooker: rationalism could be seen as a paroxysm of psychic catalepsy, the checked scream in recognition of the eternal silence of infinite space beyond the shutters of science, unwilling to confront the utter mystery of conscious existence. Pascal's famous line is the appropriate epigram to Gargoyles. With this in mind, we may turn to German Idealism and the intellectual history of the deus absconditus to recognise that the Prince is in a "delirium of loss" whose theological ground is set out by Alina Feld in Melancholy and the Otherness of God. The unhappy consciousness is "torn between finitude and the infinite, between the fallen and the ideal, between the human self and transcendent God". And while this condition appears to be conclusive, the form it takes remains part of the possible paroxysm, with catalepsy its cure. The lack of satisfaction in rational codefication is why we turn to novels, to its excess of the world, to writing that has an openness to an apparent outside, made apparent by writing, however deceptive. What is revealed in reading Gargoyles, and by extension in all novels, is a relation to what does and at the same time does not exist. The Prince's disturbance of this novel in particular is a disturbance of the novel in its generic safety and its readers seeking knowledge, cod liver oil for the soul and escapism. It is the revelation of the novel as an other-worldly presence in our lives, a measure of forever, an enjoyment beyond our understanding.

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