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Du désir profond de se faire arnaquer Pour suivre les modes et faire comme tout le monde Stefano Marinelli, un administrateur système chevronné, installe principalement des serveurs sous FreeBSD, OpenBSD ou NetBSD pour ses clients. Le plus difficile ? Arriver à convaincre un client qui veut absolument un « cluster de kubernetes tournant sous Linux », mais ne sait pas de quoi il s’agit que ce n’est pas toujours une bonne idée. Par contre, s’il migre sans rien dire des machines virtuelles vers des jails FreeBSD, il reçoit des appels paniqués parce que « tout va désormais trop vite, ça va nous coûter combien votre mise à jour du matériel ? ». I Solve Problems (it-notes.dragas.net) C’est le gros problème du métier d’ingénieur : l’ingénieur est censé analyser un problème et proposer des solutions, mais un manager, pour justifier son boulot, a la plupart du temps déjà décidé de la solution qu’il veut que l’ingénieur mette en place, même si elle est inadaptée. Heureusement, les conflits sont de plus en plus rares : toutes les écoles d’ingénieurs enseignent désormais le management et la plupart des élèves ingénieurs n’apprennent plus à être critiques dans la résolution des problèmes. Les universités créent un monde de Julius: Mon collègue Julius (ploum.net) Ceux qui osent demander « mais pourquoi ? » sont les exceptions, les rebelles. Keynote Touraine Tech 2023 : Pourquoi ? (ploum.net) Stefano continue avec d’autres anecdotes : comment un projet a capoté parce que le mauvais code d’un développeur remplissait les disques des serveurs de Stefano. Plutôt que de résoudre le problème du code, il a été jugé plus diplomatique d’écouter le développeur et de « passer dans le cloud ». Les disques ne se sont pas remplis en quelques heures comme auparavant. Le projet a tourné un mois sur le « cloud » avant que n’arrive la facture. Et le compte en banque du projet s’est vidé. I Almost Died for a Full Sentry Database (it-notes.dragas.net) Ou comment une infrastructure de soins de santé refuse de mettre à jour ses serveurs pour investir dans le design d’une infrastructure « cloud » qui, 5 ans plus tard, est toujours à l’état de design malgré le budget injecté dans le « cloud consultant ». L’infrastructure se retrouve à faire tourner… Windows XP et appelle Stefano quand tout plante. Outdated Infrastructure and the Cloud Illusion (it-notes.dragas.net) L’arnaque du SEO J’ai vécu une anecdote similaire lorsque j’ai mis en place, pour une petite société, un site web qui comportait une partie CMS, la gestion des commandes et la génération de factures (j’avais tout fait en utilisant Django). Un jour, je reçois un coup de téléphone de quelqu’un que je ne connais pas me demandant les accès au serveur sur lequel est hébergé ce site. Je refuse, bien évidemment, mais le ton monte. Je raccroche, persuadé d’avoir affaire à une sorte d’arnaque. Quelques minutes plus tard, ma cliente m’appelle pour savoir pourquoi je n’ai pas donné l’accès à la personne qui m’a appelé. J’ai tenté l’approche raisonnable « Vous voulez vraiment que je donne accès à toute votre infrastructure à la première personne qui m’appelle et le demande ? », sans succès. J’ai finalement accepté de donner l’accès, mais en expliquant que j’exigeais un ordre écrit de sa part et que je me dégageais ensuite de toute responsabilité. Là, la cliente a paru comprendre. Après moult explications, il s’est avéré qu’elle avait engagé, à mon insu, un consultant SEO qui voulait rajouter un code Google Analytics dans son site. Le SEO, Search Engine Optimisation, consiste à tenter de faire remonter un site web dans les résultats Google. J’ai expliqué à ma cliente que même avec accès au serveur, le type du SEO aurait été incapable de modifier le code Django, mais que, pas de problème, il suffisait de m’envoyer un email avec le code à rajouter (aujourd’hui encore je me demande ce qu’aurait fait le gars si je lui avais donné un « accès administrateur » sur le serveur, comme il le demandait). Quelques jours plus tard, un second email me demande de modifier le code Google Analytics ajouté. J’obtempère. Puis, je commence à recevoir des plaintes que je ne fais pas mon travail, que le code n’est pas le bon. Je le rechange. Le même cinéma se passe deux ou trois fois et ma cliente s’énerve, me traite d’incompétent. Il me faut plusieurs jours d’investigations, plusieurs réunions téléphoniques avec les types du SEO pour réaliser que les emails proviennent de deux sociétés de SEO différentes (mais avec un nom de domaine similaire, ça m’était passé au-dessus de la tête en lisant les emails). Ma cliente avait en fait engagé deux sociétés différentes de SEO, sans leur dire et sans me le dire. Les deux sociétés se battaient donc pour mettre leur code Google Analytics à elles, ne comprenant pas pourquoi je mettais un « mauvais » code. Le pot au rose a été découvert lors d’une réunion téléphonique houleuse où j’ai pointé un email reçu la veille et que mon correspondant prétendait n’avoir jamais envoyé (forcément, il provenait d’une autre société). J’ai confronté ma cliente et j’ai réussi à découvrir que, à part fournir des résumés issus de Google Analytics, ces deux sociétés ne faisaient rien, mais que chacune avait été payée trois fois le prix que j’avais demandé pour la réalisation entière du site, de la gestion de commande et de facturation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la cliente me prenait de haut par rapport aux entreprises de SEO : j’étais bon marché donc j’étais forcément incompétent. Pour être honnête, l’une des sociétés avait fait son « travail » et m’avait envoyé un rapport avec des modifications mineures à faire sur le site pour améliorer le SEO, mais en notant que le site était déjà très bien, qu’il n’y avait pas grand-chose à faire (essentiellement, ils me demandaient de rajouter des keywords dans les balises meta, un truc que je savais comme étant dépassé, déjà à l’époque, mais que j’ai fait sans discuter). Furieux, j’ai publié un billet qui a tellement choqué la communauté SEO que j’ai reçu des dizaines de mails d’insultes voire de menaces physiques (vous savez, le genre où le mec à découvert des infos personnelles et tente de vous intimider en vous montrant qu’il sait faire une recherche Google sur votre nom). Toute une communauté s’est prise au jeu de faire en sorte que le premier résultat Google sur mon nom soit une série d’injures. Flatté par tant d’attention pour un simple billet de blog sans prétention, j’ai surtout réalisé, en lisant les forums où ils discutaient mon cas, à que j’avais affaire à des gens malhonnêtes, peu scrupuleux, bref bêtes et méchants à un niveau à la limite de la parodie. Oubliez le référencement de votre site web (ploum.net) Merdification du web avec le SEO Certains, plus modérés, tentèrent de me convaincre que « not all SEO ». Réponse : si. C’est le principe même. Tu ne veux juste pas le voir parce que tu es quelqu’un avec une certaine éthique et que ça rentre en conflit avec ta source de revenus. Mais c’est gentil à toi de m’écrire posément sans m’insulter. Le web est devenu un énorme tas de déchets généré par les SEO. Solderpunk s’interroge par exemple sur une mystérieuse mesure de la couverture nuageuse, mais, devant la merdification du web et l’appropriation technologique du mot "cloud", il s’en remet à poser sa question à d’autres humains, sur le réseau Gemini. Parce que le web ne lui permet plus de trouver une réponse ou de la poser à d’autres êtres humains. What does "Clouds about .05" mean? (solderpunk) Le web devait nous connecter, la merdification et l’IA nous force à nous retirer dans des espaces alternatifs où nous pouvons discuter entre humains, même pour résoudre les problèmes pour lesquels l’IA et le web sont censés être les plus utiles : répondre à nos questions techniques et factuelles. Dénicher des informations rares et difficiles d’accès. Fermez vos comptes sur les plateformes merdifiées Ce retour aux petites communautés est un mouvement. Thierry Crouzet se met également à Gemini: Thierry Crouzet (gemini.tcrouzet.com) Mais, surtout, il ferme définitivement Facebook, X, Bluesky, Instagram et bientôt peut-être Whatsapp. Pour ceux qui hésitent à faire de même, c’est toujours intéressant d’avoir des retours d’expérience. Mon dernier message, les amis (tcrouzet.com) Thierry n’est pas le seul, Vigrey ferme également son compte Facebook et en parle… sur Gemini. Happy Spring - Finally Rid of Facebook (vigrey.com) Une chose est certaine : vous n’arriverez pas à migrer tous vos contacs pour une simple raison. Beaucoup veulent se faire arnaquer. Ils le demandent. Comme mon entrepreneuse, ils ne veulent pas un discours rationnel, ils ne veulent pas une solution. À vous de ne pas les laisser décider de votre futur numérique. N’attendez pas, changez vos paradigmes ! (ploum.net) Et n’espérez pas que tout le monde soit un jour sur le même réseau social. Stop Trying to Make Social Networks Succeed (ploum.net) L’impact global de l’IA sur le web L’IA produit essentiellement de la merde et il ne faut jamais lui faire confiance. Ça, vous le savez déjà. Une bulle d’intelligence artificielle et de stupidité naturelle (ploum.net) Mais elle a surtout un impact énorme sur ceux qui ne l’utilisent pas. Beaucoup parlent des ressources utilisées dans les datacenters, mais bien plus proches et plus directes, les IA inondent le web de requêtes pour tenter d’aspirer tout le contenu possible et imaginable. Il existe un standard bien implanté depuis des décennies qui permet de mettre un fichier appelé "robots.txt" sur son site web. Ce fichier contient les règles que doit respecter un robot accédant à votre site. Cela permet par exemple de dire au robot de Google de ne pas visiter certaines pages ou pas trop souvent. Sans surprise, les robots utilisés par l’IA ne respectent pas ses règles. Pire, ils se camouflent pour avoir l’air d’être de véritables utilisateurs. Ils sont donc fondamentalement malhonnêtes et savent très bien ce qu’ils font : ils viennent littéralement copier votre contenu sans votre accord pour le réutiliser. Mais ils le font des centaines, des milliers de fois par secondes. Ce qui met à mal toute l’infrastructure du web. Drew De Vault parle de son expérience avec l’infrastructure Sourcehut, sur laquelle est hébergé ce blog. Please stop externalizing your costs directly into my face (drewdevault.com) Tous ces datacenters construits en urgence pour faire de « l’IA » ? Ils sont utilisés pour mener des attaques DOS (Denial of Service) sur toute l’infrastructure du web. Dans le but de « pirater » les contenus sans respecter les licences et le copyright. Ce n’est pas que je suis un fan du copyright, bien au contraire. C’est juste que ça fait 30 ans qu’on nous martèle que « la copie c’est le vol » et qu’Aaron Swartz s’est suicidé, car il risquait 30 de prison pour avoir automatisé le téléchargement de quelques milliers d’articles scientifiques qu’il estimait, avec justesse, appartenir au domaine public. Les vieux cons (ou L’humaine imperfection de la perfection morale) (ploum.net) L’IA consomme des ressources, détruit nos réseaux, met à genoux les systèmes administrateurs bénévoles des sites communautaires, s’approprie nos contenus. Et tout cela pour quoi faire ? Pour générer du contenu SEO qui va remplir encore plus le web. Oui, ça tourne en boucle. Non, ça ne peut pas bien se terminer. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) La mode de l’incompétence Le SEO, le cloud et maintenant l’IA sont en cela très similaires : la mode. Les clients le veulent à tout prix et demandent pour se faire littéralement arnaquer tout en se vantant de leur incompétence. Le marketing, une religion malveillante, incompétente et dangereuse (ploum.net) Dans un sens, c’est bien fait pour eux : ils le veulent le truc à la mode sans même savoir pourquoi ils le veulent. Ma cliente voulait du SEO alors qu’il s’agissait d’un business essentiellement local qui ciblait une clientèle de niche avec laquelle elle avait des contacts. Les clients veulent « du cloud » pour ne pas payer un administrateur système comme Stefano, mais payent dix fois le prix pour un consultant et se retrouvent à appeler Stefano quand tout va mal. De même, ils veulent désormais de l’IA sans même savoir pourquoi ils le veulent. L’IA, c’est en fait la junk food de la pensée : un aspect appétissant, mais aucune valeur nutritive et, à terme, une perte totale de la culture du goût, de la saveur. L’IA, junk food de la pensée (academia.hypotheses.org) Même si j’ai donné tous les codes, tous les accès, même si je l’ai mise en contact avec d’autres développeurs Django, la société dont je parle dans ce billet n’a pas survécu longtemps après mon départ. Son capital initial et, surtout, les aides de l’état à la création d’entreprise qu’elle percevait ont essentiellement fini dans les poches de deux entreprises de SEO qui n’ont rien fait d’autre que de créer un compte Google Analytics. Aujourd’hui, c’est pareil avec le cloud et l’IA : il s’agit d’exploiter au maximum la crédulité des petits entrepreneurs qui ont la capacité d’obtenir des subsides de l’état afin de vider leurs poches. Ainsi que celles de l’état, dans lesquelles les politiciens piochent avec un enthousiasme démesuré dès qu’on utilise un buzzword à la mode. Je pensais, naïvement, offrir un service éthique, je pensais discuter avec les clients pour répondre à leurs véritables besoins. Je n’imaginais pas que les clients voulaient à tout prix se faire arnaquer. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
N’attendez pas, changez vos paradigmes ! Il faut se passer de voiture pendant un certain temps pour réellement comprendre au plus profond de soi que la solution à beaucoup de nos problèmes sociétaux n’est pas une voiture électrique, mais une ville cyclable. Nous ne devons pas chercher des « alternatives équivalentes » à ce que nous offre le marché, nous devons changer les paradigmes, les fondements. Si on ne change pas le problème, si on ne revoit pas en profondeur nos attentes et nos besoins, on obtiendra toujours la même solution. Migrer ses contacts vers Signal Je reçois beaucoup de messages qui me demandent comment j’ai fait pour migrer vers Mastodon et vers Signal. Et comment j’ai migré mes contacts vers Signal. Il n’y a pas de secret. Une seule stratégie est vraiment efficace pour que vos contacts s’intéressent aux alternatives éthiques : ne plus être sur les réseaux propriétaires. Je sais que c’est difficile, qu’on a l’impression de se couper du monde. Mais il n’y a pas d’autre solution. Le premier qui part s’exclut, c’est vrai. Mais le second qui, inspiré, ose suivre le premier entraine un mouvement inexorable. Car si une personne qui s’exclut est une « originale » ou une « marginale », deux personnes forment un groupe. Soudainement, les suiveurs ont peur de rater le coche. Il faut donc s’armer de courage, communiquer son retrait et être ferme. Les gens ont besoin de vous comme vous avez besoin d’eux. Ils finiront par vouloir vous contacter. Oui, vous allez rater des informations le temps que les gens comprennent que vous n’êtes plus là. Oui, certaines personnes qui sont sur les deux réseaux vont devoir faire la passerelle durant un certain temps. Vous devez également accepter de faire face au dur constat que certains de vos contacts ne le sont que par facilité, non par envie profonde. Très peu de gens tiennent véritablement à vous. C’est le lot de l’humanité. Même une star qui quitte un réseau social n’entraine avec elle qu’une fraction de ses followers. Et encore, pas de manière durable. Personne n’est indispensable. Ne pas vouloir quitter un réseau tant que « tout le monde » n’est pas sur l’alternative implique le constat effrayant que le plus réactionnaire, le plus conservateur du groupe dicte ses choix. Son refus de bouger lui donne un pouvoir hors norme sur vous et sur tous les autres. Il représente « la majorité » simplement parce que vous, qui souhaitez bouger, tolérez son côté réactionnaire. Mais si vous dîtes vouloir bouger, mais que vous ne le faites pas, n’êtes-vous pas vous-même conservateur ? Vous voulez vraiment vous passer de Whatsapp et de Messenger ? N’attendez pas, faites-le ! Supprimez votre compte pendant un mois pour voir l’impact sur votre vie. Laissez-vous la latitude de recréer le compte s’il s’avère que cette suppression n’est pas possible pour vous sur le long terme. Mais, au moins, vous aurez testé le nouveau paradigme, vous aurez pris conscience de vos besoins réels. Adopter le Fediverse Joan Westenberg le dit très bien à propos du Fediverse : le Fediverse n’est pas le futur, c’est le présent. Son problème n’est pas que c’est compliqué ou qu’il n’y a personne : c’est simplement que le marketing de Google/Facebook/Apple nous a formaté le cerveau pour nous faire croire que les alternatives ne sont pas viables. Le Fediverse regorge d’humains et de créativité, mais il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. The Fediverse Isn’t the Future. It’s the Present We’ve Been Denied. (www.joanwestenberg.com) Après avoir rechigné pendant des années à s’y consacrer pleinement, Thierry Crouzet arrive à la même conclusion : d’un point de vue réseau social, le Fediverse est la seule solution viable. Utiliser un réseau propriétaire est une compromission et une collaboration avec l’idéologie de ce réseau. Il encourage les acteurs du livre francophone à rejoindre le Fediverse. Inquiétude : l’édition francophone trop peu sur Mastodon (tcrouzet.com) Je maintiens moi-même une liste d’écrivain·e·s de l’imaginaire en activité sur le Fediverse. Il y en a encore trop peu. Écrivain·e·s de l’imaginaire - Mastodon Starter Pack (fedidevs.com) Votre influenceur préféré n’est pas sur le Fediverse ? Mais est-il indispensable de suivre votre influenceur préféré sur un réseau social ? Vous n’êtes pas sur X parce que vous voulez suivre cet influenceur. Vous suivez cet influenceur parce que X vous fait croire que c’est indispensable pour être un véritable fan ! L’outil ne répond pas à un besoin, il le crée de toutes pièces. Le paradoxe de la tolérance Vous tolérez de rester sur Facebook/Messenger/Whatsapp par « respect pour ceux qui n’y sont pas » ? Vous tolérez en fermant votre gueule que votre tonton Albert raciste et homophobe balance des horreurs au repas de famille pour « ne pas envenimer la situation » ? D’ailleurs, votre Tata vous a dit que « ça n’en valait pas la peine, que vous valiez mieux que ça ». Vous tolérez sans rien dire que les fumeurs vous empestent sur les quais de gare et les terrasses par « respect pour leur liberté » ? À un moment, il faut choisir : soit on préfère ne pas faire de vagues, soit on veut du progrès. Mais les deux sont souvent incompatibles. Vous voulez vous passer de Facebook/Instagram/X ? Encore une fois, faites-le ! La plupart de ces réseaux permettent de restaurer un compte supprimé dans les 15 jours qui suivent sa suppression. Alors, testez ! Deux semaines sans comptes pour voir si vous avez vraiment envie de le restaurer. C’est à vous de changer votre paradigme ! LinkedIn, le réseau bullshit par excellence On parle beaucoup de X parce que la plateforme devient un acteur majeur de promotion du fascisme. Mais chaque plateforme porte des valeurs qu’il est important de cerner pour savoir si elles nous conviennent ou pas. LinkedIn, par exemple. Qui est indistinguable de la parodie qu’en fait Babeleur (qui vient justement de quitter ce réseau). J’ai éclaté de rire plusieurs fois tellement c’est bon. Je me demande si certains auront la lucidité de s’y reconnaître. Je suis fier de vous annoncer que je suis fier de vous annoncer (babeleur.be) Encore une fois, si LinkedIn vous ennuie, si vous détestez ce réseau. Mais qu’il vous semble indispensable pour ne pas « rater » certaines opportunités professionnelles. Et bien, testez ! Supprimez-le pendant deux semaines. Restaurez-le puis resupprimez-le. Juste pour voir ce que ça fait de ne plus être sur ce réseau. Ce que ça fait de rater ce gros tas de merde malodorant que vous vous forcez à fouiller journalièrement pour le cas où il contiendrait une pépite d’or. Peut-être que ce réseau vous est indispensable, mais la seule manière de le savoir est de tenter de vous en passer pour de bon. Peut-être que vous raterez certaines opportunités. Mais je suis certain : en n’étant pas sur ce réseau, vous en découvrirez d’autres. De la poésie, de la fiction… La résistance n’est pas que technique. Elle doit être également poétique ! Et pour que la poésie opère, il est nécessaire que la technologie s’efface, se fasse minimaliste et utile au lieu d’être le centre de l’attention. Note #1 : un texte brut (notes.brunoleyval.fr) On ne peut pas changer le monde. On ne peut que changer ses comportements. Le monde est façonné par ceux qui changent leurs comportements. Alors, essayez de changer. Essayez de changer de paradigme. Pendant une semaine, un mois, une année. Après, je ne vous cache pas qu’il y a un risque : c’est souvent difficile de revenir en arrière. Une fois qu’on a lâché la voiture pour le vélo, impossible de ne pas rêver. On se met à imaginer des mondes où la voiture aurait totalement disparu pour laisser la place au vélo… Plongez dans un univers où le vélo a remplacé la voiture ! Dédicaces D’ailleurs, je dédicacerai Bikepunk (et mes autres livres) à la Foire du livre de Bruxelles ce samedi 15 mars à partir de 16h30 sur le stand de la province du Brabant-Wallon. Le Brabant wallon s’invite à la foire du livre (www.brabantwallon.be) calendrier des dédicaces de Ploum On se retrouve là-bas pour discuter vélo et changement de paradigme ? Photo par Avishek Pradhan Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. 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The Engagement Rehab I’ve written extensively, in French, about my quest to break my "connection addiction" by doing what I called "disconnections". At first, it was only doing three months without major news media and social networks. Then I tried to do one full year where I would only connect once a day. This proved to be too ambitious and failed around May when the amount of stuff that required me to be online (banking, travel booking, online meetings, …) became too high. À la recherche de la déconnexion parfaite (ploum.net) But I’m not giving up. I started 2025 by buying a new office chair and pledging to never be connected in that chair. I disabled Wifi in the Bios of my laptop. To be online, I now need to use my laptop on my standing desk which has a RJ-45 cable. This means I can be connected whenever I want but I’m physically feeling the connection as standing up. There’s now a clear physical difference between "being online" and "being in my offline bubble". This doesn’t mean that I’m as super productive as I was dreaming. Instead of working on my current book project, I do lots of work on Offpunk, I draft blog posts like this one. Not great but, at least, I feel I’ve accomplished something at the end of the day. Hush is addicted to YouTube and reflects on spending 28 days without it. Like myself, they found themselves not that much productive but, at the very least, not feeling like shit at the end of the day. Reflection on Four Weeks without YouTube (hush) I’ve read that post because being truly disconnected forces me to read more of what is in my Offpunk. My RSS feeds, my toread list and many gemlogs. This is basically how I start every day: Ploum’s workflow with Offpunk I’ve discovered that between 20 and 25% of what I read from online sources is from Gemini. It appears that I like "content" on Gemini. Historically, people were complaining that there was no content on Gemini, that most posts were about the protocol itself. There Is No Content on Gemini (ploum.net) Then there was a frenzy of posts about why social media were bad. And those are subtly replaced by some kind of self-reflection about our own habits, our owns addictions. Like this one about addiction to analytics: analytics are risky business (drmollytov.flounder.online) That’s when it struck me: we are all addicted to engagement. On both sides. We like being engaged. We like seeing engagement on our own content. Gemini is an engagement rehab! While reading Gemini posts, I feel that I’m not alone being addicted to engagement, suffering from it and trying to find a solution. And when people in the real world starts, out of the blue, asking my opinion about Elon Musk’s latest declaration, it reminds me that the engagement addiction is not an individual problem but a societal one. Anyway, welcome to Gemini, welcome to rehab! I’m Ploum and I’m addicted to engagement. I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
De la soumission au technofascisme religieux Les générateurs de code stupide Sur Mastodon, David Chisnall fait le point sur une année d’utilisation de GitHub Copilot pour coder. Et le résultat est clair : si, au début, il a l’impression de gagner du temps en devant moins taper sur son ordinateur, ce temps est très largement perdu par les heures voire les jours nécessaires à déboguer des bugs subtils qui ne seraient jamais arrivés s’il avait écrit le code lui-même en premier lieu ou, au pire, qu’il aurait pu détecter beaucoup plus vite. Thread Mastodon de David Chisnall Il réalise alors que la difficulté et le temps passé sur le code n’est pas d’écrire le code, c’est de savoir quoi et comment l’écrire. S’il faut relire le code généré par l’IA pour le comprendre, c’est plus compliqué pour le programmeur que de tout écrire soi-même. « Oui, mais pour générer le code pas très intelligent » Là, je rejoins David à 100% : si votre projet nécessite d’écrire du code bête qui a déjà été écrit mille fois ailleurs, c’est que vous avez un problème. Et le résoudre en le faisant écrire par une IA est à peu près la pire des choses à faire. Comme je le dis en conférence : ChatGPT apparait utile pour ceux qui ne savent pas taper sur un clavier. Vous voulez être productif ? Apprenez la dactylographie ! Comprendre les bulles (conférence à Rennes Breizhcamp 2024) Là où ChatGPT est très fort, par contre, c’est de faire semblant d’écrire du code. En proposant des tableaux d’avancement de son travail, en prétendant que tout est bientôt prêt et sera sur WeTransfer. C’est évidemment bidon : ChatGPT a appris à arnaquer ! Julien Paster raconte sur X comment son kiné s’est fait arnaqué par ChatGPT (xcancel.com) Bref, ChatGPT est devenu le parfait Julius. Mon collègue Julius (ploum.net) Ed Zitron enfonce encore plus le clou à ce sujet : les ChatGPTs et consorts sont des « succès » parce que toute la presse ne fait qu’en parler en termes élogieux, que ce soit par bêtise ou par corruption. Mais, en réalité, le nombre d’utilisateurs payants est incroyablement faible et, comme Trump, Sam Altman s’adresse à nous en considérant que nous sommes des débiles qui avalons les plus gros mensonges sans broncher. Et les médias et les CEOs applaudissent… The Generative AI Con (www.wheresyoured.at) Débiles, nous le sommes peut-être complètement. Plusieurs dizaines d’articles scientifiques mentionnent désormais la « miscroscopie électronique végétative ». Ce terme ne veut rien dire. Quelle est son origine ? Il vient tout simplement d’un article de 1959 publié sur deux colonnes, mais qui est entré dans le corpus comme une seule colonne ! As a nonsense phrase of shady provenance makes the rounds, Elsevier defends its use (retractionwatch.com) Ce que cette anecdote nous apprend c’est que, premièrement, les générateurs de conneries sont encore plus mauvais qu’on ne l’imagine, mais, surtout, que notre monde est déjà rempli de cette merde ! Les LLMs ne font qu’appliquer au contenu en ligne ce que l’industrie a fait pour le reste : les outils, les vêtements, la bouffe. Produire le plus possible en baissant la qualité autant que possible. Puis en l’abaissant encore plus. Condorcet, les réseaux sociaux et les producteurs de merde (ploum.net) La suppression des filtres L’imprimerie fait passer la communication de "One to one" à "One to many", ce qui rend obsolète l’Église catholique, l’outil utilisé en occident pour que les puissants imposent leur discours à la population. La première conséquence de l’imprimerie sera d’ailleurs le protestantisme qui revendique explicitement la capacité pour chacun d’interpréter la parole de Dieu et donc de créer son propre discours à diffuser, le "One to many". Comme le souligne Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris, « la presse tuera l’église ». Lectures 4 : un tournant civilisationnel (voir la section "L’imprimerie") Conséquences directes de l’imprimerie : la Renaissance puis les Lumières. Toute personne qui réfléchit peut diffuser ses idées et s’inspirer de celles qui sont diffusées. Chaque humain ne doit plus réinventer la roue, il peut se baser sur l’existant. L’éducation prend le pas sur l’obéissance. Après quelques siècles de « One to many » apparait l’étape suivante : Internet. Du « One to many » on passe au « Many to many ». Il n’y a plus aucune limite pour diffuser ses idées : tout le monde peut le faire envers tout le monde. Il faudra la construire sans eux… (ploum.net) Une conséquence logique qui m’avait échappé à l’époque du billet précédent, c’est que si tout le monde veut parler, plus personne n’écoute. Comme beaucoup, j’ai cru que le « many to many » serait incroyablement positif. La triste réalité est que l’immense majorité d’entre nous n’avons pas grand-chose à dire, mais que nous voulons quand même nous faire entendre. Alors nous crions. Nous générons du bruit. Nous étouffons ce qui est malgré tout intéressant. L’investissement nécessaire pour imprimer un livre ainsi que le faible retour direct constitue un filtre. Ne vont publier un livre que ceux qui veulent vraiment le faire. La pérennité de l’objet livre et la relative lenteur de sa transmission implique également un second filtre : les livres les moins intéressants seront vite oubliés. C’est d’ailleurs pourquoi nous idéalisons parfois le passé, tant en termes de littérature que de cinématographie ou de musique : parce que ne nous sont parvenus que les meilleurs, parce que nous avons oublié les sombres merdes qui firent un flop ou eurent un succès éphémère. Bien que très imparfait et filtrant probablement de très bonnes choses que nous avons malheureusement perdues, la barrière à l’entrée et la dilution temporelle nous permettaient de ne pas sombrer dans la cacophonie. L’échec de la démocratisation de la parole Internet, en permettant le « many to many » sans aucune limite a rendu ces deux filtres inopérants. Tout le monde peut poster pour un coût nul. Pire : les mécanismes d’addiction des plateformes ont rendu plus facile de poster que de ne pas poster. Le support numérique rend également floue la frontière temporelle : un contenu est soit parfaitement conservé, soit disparait totalement. Cela entraine que de vieux contenus réapparaissent comme s’ils étaient neufs et personne ne s’en rend compte. Le filtre temporel a totalement disparu. De possible, le « many to many » s’est transformé en obligation. Pour exister, nous devons être vus, entendus. Nous devons avoir une audience. Prendre des selfies et les partager. Recevoir des likes qui nous sont vendus bien cher. Le « many to many » s’est donc révélé une catastrophe, peut-être pas dans son principe, mais dans sa mise en œuvre. Au lieu d’une seconde renaissance, nous entrons en décadence, dans un second moyen-âge. La frustration de pouvoir s’exprimer, mais de ne pas être entendu est grande. Olivier Ertzscheid va même plus loin : pour lui, ChatGPT permet justement d’avoir l’impression d’être écouté alors que personne ne nous écoute plus. Du « many to many », nous sommes passés au « many to nobody ». Google, Wikipédia et ChatGPT. Les trois cavaliers de l’apocalypse (qui ne vient pas). (affordance.framasoft.org) Utiliser ChatGPT pour obtenir des infos se transforme en utiliser ChatGPT pour obtenir confirmation à ses propres croyances, comme le relève le journaliste politique Nils Wilcke. Pouet de Nils Wilcke sur Mastodon J’en ai marre de le répéter, mais ChatGPT et consorts sont des générateurs de conneries explicitement conçus pour vous dire ce que vous avez envie d’entendre. Que « ChatGPT a dit que » puisse être un argument politique sur un plateau télévisé sans que personne ne bronche est l’illustration d’un crétinisme total généralisé. Le Techno-Fascisme religieux La « Many to nobody » est en soi un retour à l’ordre ancien. Plus personne n’écoute la populace. Seuls les grands seigneurs disposent de l’outil pour imposer leur vue. L’Église catholique a été remplacée par la presse et les médias, eux-mêmes remplacés par les réseaux sociaux et ChatGPT. ChatGPT qui n’est finalement qu’une instance automatisée d’un prêtre qui vous écoute en confession avant de vous dire ce qui est bien et ce qui est mal, basé sur les ordres qu’il reçoit d’en haut. Dans un très bon billet sur le réseau Gemini, small patata réalise que l’incohérence du fascisme n’est pas un bug, c’est son mode de fonctionnement, son essence. Une incohérence aléatoire et permanente qui permet aux esprits faibles de voir ce qu’ils ont envie de voir par paréidolie et qui brise les esprits les plus forts. En brisant toute logique et cohérence, le fascisme permet aux abrutis de s’affranchir de l’intelligence et de prendre le contrôle sur les esprits rationnels. Le légendaire pigeon qui chie sur l’échiquier et renverse les pièces avant de déclarer victoire. Poison as Praxis (gemini.patatas.ca) L’incohérence de ChatGPT n’est pas un bug qui sera résolu ! C’est au contraire ce qui lui permet d’avoir du succès avec les esprits faibles qui, en suivant des formations de « prompt engineering », ont l’impression de reprendre un peu de contrôle sur leur vie et d’acquérir un peu de pouvoir sur la réalité. C’est l’essence de toutes les arnaques : prétendre aux personnes en situation de faiblesse intellectuelle qu’ils vont miraculeusement retrouver du pouvoir. Small patata fait le lien avec les surréalistes qui tentèrent de lutter artistiquement contre le fascisme et voit dans le surréalisme une manière beaucoup plus efficace de lutter contre les générateurs de conneries. Il faut dire que face à un générateur mondial de conneries, fasciste, centralisé, ultra capitaliste et bénéficiant d’une adulation religieuse, je ne vois pas d’autre échappatoire que le surréalisme. Brandissons ce qui nous reste d’humanité ! Aux âmes citoyens ! Image reprise du gemlog de small patatas: Le triomphe du surréalisme, Max Ernst (1937) Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
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All of us when young – readers, I mean – fancy ourselves rebels and independent thinkers but most of us are afflicted to varying degrees with the superego of the age. That is, we are influenced, whether we know it or not, by the critical climate, by the judgments and fashions of critics and other readers, especially those among our contemporaries. For decades starting in my early teens my model of a great writer, one worthy of rereading, study, annotation and – though I would have denied it – worship, was James Joyce. Now I know that much of my veneration for the Irishman was rooted in his reputation for difficulty. Dubliners and Ulysses remain among the supreme works of twentieth-century fiction, and one wonders what all the fuss was about regarding the purported obscurity of the latter. Today, any reasonably attentive reader can enjoy Ulysses without breaking a sweat, though I wouldn’t reread Finnegans Wake with a gun to my head. Never underestimate the role of snobbery in human affairs, especially among readers, writers and anyone associated with the academic study of literature. As I’ve gotten older, I’ve generally lost interest in ranking writers and books – including deciding who is major and who is minor -- and gained interest in those who appeal to me and reward my efforts, regardless of pedigree. It’s not unlike friendship. At some point we decide who is worth spending time with, who is reliable, worthy of trust and who rewards our efforts. I’ve scratched some writers from my mental list of favorites but added many more, most of whom I ignored when young. A few examples, mostly English: Max Beerbohm, Maurice Baring, Walter Savage Landor, E.A. Robinson, Rebecca West, Charles Doughty, Paul Valéry, Walter de la Mare. Another is Desmond MacCarthy, who collected the essay “Literary Snobs” in Criticism (1932). He speaks to the snobs: “It is true that your literary judgments are not interesting, but you get a great deal of fun out of your rapid revulsions and temporary admirations – and fun is human. Moreover, if you are always ludicrously unfair, you are at any rate unstinting in praise while giving it, which is, in a way, amiable.” [Isaac Waisberg of IWP Books has published Criticism and five other MacCarthy titles, along with links to dozens of other good books.]
Du désir profond de se faire arnaquer Pour suivre les modes et faire comme tout le monde Stefano Marinelli, un administrateur système chevronné, installe principalement des serveurs sous FreeBSD, OpenBSD ou NetBSD pour ses clients. Le plus difficile ? Arriver à convaincre un client qui veut absolument un « cluster de kubernetes tournant sous Linux », mais ne sait pas de quoi il s’agit que ce n’est pas toujours une bonne idée. Par contre, s’il migre sans rien dire des machines virtuelles vers des jails FreeBSD, il reçoit des appels paniqués parce que « tout va désormais trop vite, ça va nous coûter combien votre mise à jour du matériel ? ». I Solve Problems (it-notes.dragas.net) C’est le gros problème du métier d’ingénieur : l’ingénieur est censé analyser un problème et proposer des solutions, mais un manager, pour justifier son boulot, a la plupart du temps déjà décidé de la solution qu’il veut que l’ingénieur mette en place, même si elle est inadaptée. Heureusement, les conflits sont de plus en plus rares : toutes les écoles d’ingénieurs enseignent désormais le management et la plupart des élèves ingénieurs n’apprennent plus à être critiques dans la résolution des problèmes. Les universités créent un monde de Julius: Mon collègue Julius (ploum.net) Ceux qui osent demander « mais pourquoi ? » sont les exceptions, les rebelles. Keynote Touraine Tech 2023 : Pourquoi ? (ploum.net) Stefano continue avec d’autres anecdotes : comment un projet a capoté parce que le mauvais code d’un développeur remplissait les disques des serveurs de Stefano. Plutôt que de résoudre le problème du code, il a été jugé plus diplomatique d’écouter le développeur et de « passer dans le cloud ». Les disques ne se sont pas remplis en quelques heures comme auparavant. Le projet a tourné un mois sur le « cloud » avant que n’arrive la facture. Et le compte en banque du projet s’est vidé. I Almost Died for a Full Sentry Database (it-notes.dragas.net) Ou comment une infrastructure de soins de santé refuse de mettre à jour ses serveurs pour investir dans le design d’une infrastructure « cloud » qui, 5 ans plus tard, est toujours à l’état de design malgré le budget injecté dans le « cloud consultant ». L’infrastructure se retrouve à faire tourner… Windows XP et appelle Stefano quand tout plante. Outdated Infrastructure and the Cloud Illusion (it-notes.dragas.net) L’arnaque du SEO J’ai vécu une anecdote similaire lorsque j’ai mis en place, pour une petite société, un site web qui comportait une partie CMS, la gestion des commandes et la génération de factures (j’avais tout fait en utilisant Django). Un jour, je reçois un coup de téléphone de quelqu’un que je ne connais pas me demandant les accès au serveur sur lequel est hébergé ce site. Je refuse, bien évidemment, mais le ton monte. Je raccroche, persuadé d’avoir affaire à une sorte d’arnaque. Quelques minutes plus tard, ma cliente m’appelle pour savoir pourquoi je n’ai pas donné l’accès à la personne qui m’a appelé. J’ai tenté l’approche raisonnable « Vous voulez vraiment que je donne accès à toute votre infrastructure à la première personne qui m’appelle et le demande ? », sans succès. J’ai finalement accepté de donner l’accès, mais en expliquant que j’exigeais un ordre écrit de sa part et que je me dégageais ensuite de toute responsabilité. Là, la cliente a paru comprendre. Après moult explications, il s’est avéré qu’elle avait engagé, à mon insu, un consultant SEO qui voulait rajouter un code Google Analytics dans son site. Le SEO, Search Engine Optimisation, consiste à tenter de faire remonter un site web dans les résultats Google. J’ai expliqué à ma cliente que même avec accès au serveur, le type du SEO aurait été incapable de modifier le code Django, mais que, pas de problème, il suffisait de m’envoyer un email avec le code à rajouter (aujourd’hui encore je me demande ce qu’aurait fait le gars si je lui avais donné un « accès administrateur » sur le serveur, comme il le demandait). Quelques jours plus tard, un second email me demande de modifier le code Google Analytics ajouté. J’obtempère. Puis, je commence à recevoir des plaintes que je ne fais pas mon travail, que le code n’est pas le bon. Je le rechange. Le même cinéma se passe deux ou trois fois et ma cliente s’énerve, me traite d’incompétent. Il me faut plusieurs jours d’investigations, plusieurs réunions téléphoniques avec les types du SEO pour réaliser que les emails proviennent de deux sociétés de SEO différentes (mais avec un nom de domaine similaire, ça m’était passé au-dessus de la tête en lisant les emails). Ma cliente avait en fait engagé deux sociétés différentes de SEO, sans leur dire et sans me le dire. Les deux sociétés se battaient donc pour mettre leur code Google Analytics à elles, ne comprenant pas pourquoi je mettais un « mauvais » code. Le pot au rose a été découvert lors d’une réunion téléphonique houleuse où j’ai pointé un email reçu la veille et que mon correspondant prétendait n’avoir jamais envoyé (forcément, il provenait d’une autre société). J’ai confronté ma cliente et j’ai réussi à découvrir que, à part fournir des résumés issus de Google Analytics, ces deux sociétés ne faisaient rien, mais que chacune avait été payée trois fois le prix que j’avais demandé pour la réalisation entière du site, de la gestion de commande et de facturation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la cliente me prenait de haut par rapport aux entreprises de SEO : j’étais bon marché donc j’étais forcément incompétent. Pour être honnête, l’une des sociétés avait fait son « travail » et m’avait envoyé un rapport avec des modifications mineures à faire sur le site pour améliorer le SEO, mais en notant que le site était déjà très bien, qu’il n’y avait pas grand-chose à faire (essentiellement, ils me demandaient de rajouter des keywords dans les balises meta, un truc que je savais comme étant dépassé, déjà à l’époque, mais que j’ai fait sans discuter). Furieux, j’ai publié un billet qui a tellement choqué la communauté SEO que j’ai reçu des dizaines de mails d’insultes voire de menaces physiques (vous savez, le genre où le mec à découvert des infos personnelles et tente de vous intimider en vous montrant qu’il sait faire une recherche Google sur votre nom). Toute une communauté s’est prise au jeu de faire en sorte que le premier résultat Google sur mon nom soit une série d’injures. Flatté par tant d’attention pour un simple billet de blog sans prétention, j’ai surtout réalisé, en lisant les forums où ils discutaient mon cas, à que j’avais affaire à des gens malhonnêtes, peu scrupuleux, bref bêtes et méchants à un niveau à la limite de la parodie. Oubliez le référencement de votre site web (ploum.net) Merdification du web avec le SEO Certains, plus modérés, tentèrent de me convaincre que « not all SEO ». Réponse : si. C’est le principe même. Tu ne veux juste pas le voir parce que tu es quelqu’un avec une certaine éthique et que ça rentre en conflit avec ta source de revenus. Mais c’est gentil à toi de m’écrire posément sans m’insulter. Le web est devenu un énorme tas de déchets généré par les SEO. Solderpunk s’interroge par exemple sur une mystérieuse mesure de la couverture nuageuse, mais, devant la merdification du web et l’appropriation technologique du mot "cloud", il s’en remet à poser sa question à d’autres humains, sur le réseau Gemini. Parce que le web ne lui permet plus de trouver une réponse ou de la poser à d’autres êtres humains. What does "Clouds about .05" mean? (solderpunk) Le web devait nous connecter, la merdification et l’IA nous force à nous retirer dans des espaces alternatifs où nous pouvons discuter entre humains, même pour résoudre les problèmes pour lesquels l’IA et le web sont censés être les plus utiles : répondre à nos questions techniques et factuelles. Dénicher des informations rares et difficiles d’accès. Fermez vos comptes sur les plateformes merdifiées Ce retour aux petites communautés est un mouvement. Thierry Crouzet se met également à Gemini: Thierry Crouzet (gemini.tcrouzet.com) Mais, surtout, il ferme définitivement Facebook, X, Bluesky, Instagram et bientôt peut-être Whatsapp. Pour ceux qui hésitent à faire de même, c’est toujours intéressant d’avoir des retours d’expérience. Mon dernier message, les amis (tcrouzet.com) Thierry n’est pas le seul, Vigrey ferme également son compte Facebook et en parle… sur Gemini. Happy Spring - Finally Rid of Facebook (vigrey.com) Une chose est certaine : vous n’arriverez pas à migrer tous vos contacs pour une simple raison. Beaucoup veulent se faire arnaquer. Ils le demandent. Comme mon entrepreneuse, ils ne veulent pas un discours rationnel, ils ne veulent pas une solution. À vous de ne pas les laisser décider de votre futur numérique. N’attendez pas, changez vos paradigmes ! (ploum.net) Et n’espérez pas que tout le monde soit un jour sur le même réseau social. Stop Trying to Make Social Networks Succeed (ploum.net) L’impact global de l’IA sur le web L’IA produit essentiellement de la merde et il ne faut jamais lui faire confiance. Ça, vous le savez déjà. Une bulle d’intelligence artificielle et de stupidité naturelle (ploum.net) Mais elle a surtout un impact énorme sur ceux qui ne l’utilisent pas. Beaucoup parlent des ressources utilisées dans les datacenters, mais bien plus proches et plus directes, les IA inondent le web de requêtes pour tenter d’aspirer tout le contenu possible et imaginable. Il existe un standard bien implanté depuis des décennies qui permet de mettre un fichier appelé "robots.txt" sur son site web. Ce fichier contient les règles que doit respecter un robot accédant à votre site. Cela permet par exemple de dire au robot de Google de ne pas visiter certaines pages ou pas trop souvent. Sans surprise, les robots utilisés par l’IA ne respectent pas ses règles. Pire, ils se camouflent pour avoir l’air d’être de véritables utilisateurs. Ils sont donc fondamentalement malhonnêtes et savent très bien ce qu’ils font : ils viennent littéralement copier votre contenu sans votre accord pour le réutiliser. Mais ils le font des centaines, des milliers de fois par secondes. Ce qui met à mal toute l’infrastructure du web. Drew De Vault parle de son expérience avec l’infrastructure Sourcehut, sur laquelle est hébergé ce blog. Please stop externalizing your costs directly into my face (drewdevault.com) Tous ces datacenters construits en urgence pour faire de « l’IA » ? Ils sont utilisés pour mener des attaques DOS (Denial of Service) sur toute l’infrastructure du web. Dans le but de « pirater » les contenus sans respecter les licences et le copyright. Ce n’est pas que je suis un fan du copyright, bien au contraire. C’est juste que ça fait 30 ans qu’on nous martèle que « la copie c’est le vol » et qu’Aaron Swartz s’est suicidé, car il risquait 30 de prison pour avoir automatisé le téléchargement de quelques milliers d’articles scientifiques qu’il estimait, avec justesse, appartenir au domaine public. Les vieux cons (ou L’humaine imperfection de la perfection morale) (ploum.net) L’IA consomme des ressources, détruit nos réseaux, met à genoux les systèmes administrateurs bénévoles des sites communautaires, s’approprie nos contenus. Et tout cela pour quoi faire ? Pour générer du contenu SEO qui va remplir encore plus le web. Oui, ça tourne en boucle. Non, ça ne peut pas bien se terminer. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) La mode de l’incompétence Le SEO, le cloud et maintenant l’IA sont en cela très similaires : la mode. Les clients le veulent à tout prix et demandent pour se faire littéralement arnaquer tout en se vantant de leur incompétence. Le marketing, une religion malveillante, incompétente et dangereuse (ploum.net) Dans un sens, c’est bien fait pour eux : ils le veulent le truc à la mode sans même savoir pourquoi ils le veulent. Ma cliente voulait du SEO alors qu’il s’agissait d’un business essentiellement local qui ciblait une clientèle de niche avec laquelle elle avait des contacts. Les clients veulent « du cloud » pour ne pas payer un administrateur système comme Stefano, mais payent dix fois le prix pour un consultant et se retrouvent à appeler Stefano quand tout va mal. De même, ils veulent désormais de l’IA sans même savoir pourquoi ils le veulent. L’IA, c’est en fait la junk food de la pensée : un aspect appétissant, mais aucune valeur nutritive et, à terme, une perte totale de la culture du goût, de la saveur. L’IA, junk food de la pensée (academia.hypotheses.org) Même si j’ai donné tous les codes, tous les accès, même si je l’ai mise en contact avec d’autres développeurs Django, la société dont je parle dans ce billet n’a pas survécu longtemps après mon départ. Son capital initial et, surtout, les aides de l’état à la création d’entreprise qu’elle percevait ont essentiellement fini dans les poches de deux entreprises de SEO qui n’ont rien fait d’autre que de créer un compte Google Analytics. Aujourd’hui, c’est pareil avec le cloud et l’IA : il s’agit d’exploiter au maximum la crédulité des petits entrepreneurs qui ont la capacité d’obtenir des subsides de l’état afin de vider leurs poches. Ainsi que celles de l’état, dans lesquelles les politiciens piochent avec un enthousiasme démesuré dès qu’on utilise un buzzword à la mode. Je pensais, naïvement, offrir un service éthique, je pensais discuter avec les clients pour répondre à leurs véritables besoins. Je n’imaginais pas que les clients voulaient à tout prix se faire arnaquer. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
What attracted me was the anthologist’s audacity in titling his book: 100 Best Poems in the English Language (1952). In his introduction, Stephen Graham does little to impress us with his literary humility. His anthology is, he writes, “perhaps the only one of its kind, being exclusive, not inclusive.” The contents are arranged chronologically, from the ballad “Sir Patrick Spens” to Yeats’ “The Lake Isle of Innisfree.” The most represented poets, with five poems each, are Wordsworth, Keats, Tennyson and Browning. Three Americans are are here – Poe, Whitman and Lanier (“The Marshes of Glynn”). No Dickinson, Robinson, Frost, Eliot or Stevens. Graham includes two poets I had never heard of -- Arthur O’Shaughnessy (“Ode”) and John Davidson (“The Last Journey”). In other words, Graham’s anthology is rather predictable – in 1952 and in 2025 -- and stuffed with warhorses and no previously undiscovered treasures. “Of course,” the editor admits, magnanimously, “everyone is entitled to make his own selection of what he would consider the hundred best poems in the language.” A nice choice for the volume’s epigraph, unaccompanied by source, is spoken by Theseus in Act V, Scene 1 of A Midsummer Night's Dream: “The poet’s eye, in a fine frenzy rolling, Doth glance from heaven to earth, from earth to heaven, And as imagination bodies forth The forms of things unknown, the poet’s pen Turns them to shapes and gives to airy nothing A local habitation and a name.” Best of all is the bookplate pasted to the front endpaper: “From the Library of Edgar Odell Lovett First President of the Rice Institute” Lovett (1871-1957) served as president of Rice University from 1912 until his retirement in 1946. He was educated and employed as a mathematician, but I have borrowed dozens of books from his personal library, now in the collection of Rice’s Fondren Library, and all were belles lettres – poetry, essays, fiction, literary biography. Such university presidents have long been extinct.