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Du désir profond de se faire arnaquer Pour suivre les modes et faire comme tout le monde Stefano Marinelli, un administrateur système chevronné, installe principalement des serveurs sous FreeBSD, OpenBSD ou NetBSD pour ses clients. Le plus difficile ? Arriver à convaincre un client qui veut absolument un « cluster de kubernetes tournant sous Linux », mais ne sait pas de quoi il s’agit que ce n’est pas toujours une bonne idée. Par contre, s’il migre sans rien dire des machines virtuelles vers des jails FreeBSD, il reçoit des appels paniqués parce que « tout va désormais trop vite, ça va nous coûter combien votre mise à jour du matériel ? ». I Solve Problems (it-notes.dragas.net) C’est le gros problème du métier d’ingénieur : l’ingénieur est censé analyser un problème et proposer des solutions, mais un manager, pour justifier son boulot, a la plupart du temps déjà décidé de la solution qu’il veut que l’ingénieur mette en place, même si elle est inadaptée. Heureusement, les conflits sont de plus en plus rares : toutes les écoles d’ingénieurs enseignent désormais le management et la plupart des élèves ingénieurs n’apprennent plus à être critiques dans la résolution des problèmes. Les universités créent un monde de Julius: Mon collègue Julius (ploum.net) Ceux qui osent demander « mais pourquoi ? » sont les exceptions, les rebelles. Keynote Touraine Tech 2023 : Pourquoi ? (ploum.net) Stefano continue avec d’autres anecdotes : comment un projet a capoté parce que le mauvais code d’un développeur remplissait les disques des serveurs de Stefano. Plutôt que de résoudre le problème du code, il a été jugé plus diplomatique d’écouter le développeur et de « passer dans le cloud ». Les disques ne se sont pas remplis en quelques heures comme auparavant. Le projet a tourné un mois sur le « cloud » avant que n’arrive la facture. Et le compte en banque du projet s’est vidé. I Almost Died for a Full Sentry Database (it-notes.dragas.net) Ou comment une infrastructure de soins de santé refuse de mettre à jour ses serveurs pour investir dans le design d’une infrastructure « cloud » qui, 5 ans plus tard, est toujours à l’état de design malgré le budget injecté dans le « cloud consultant ». L’infrastructure se retrouve à faire tourner… Windows XP et appelle Stefano quand tout plante. Outdated Infrastructure and the Cloud Illusion (it-notes.dragas.net) L’arnaque du SEO J’ai vécu une anecdote similaire lorsque j’ai mis en place, pour une petite société, un site web qui comportait une partie CMS, la gestion des commandes et la génération de factures (j’avais tout fait en utilisant Django). Un jour, je reçois un coup de téléphone de quelqu’un que je ne connais pas me demandant les accès au serveur sur lequel est hébergé ce site. Je refuse, bien évidemment, mais le ton monte. Je raccroche, persuadé d’avoir affaire à une sorte d’arnaque. Quelques minutes plus tard, ma cliente m’appelle pour savoir pourquoi je n’ai pas donné l’accès à la personne qui m’a appelé. J’ai tenté l’approche raisonnable « Vous voulez vraiment que je donne accès à toute votre infrastructure à la première personne qui m’appelle et le demande ? », sans succès. J’ai finalement accepté de donner l’accès, mais en expliquant que j’exigeais un ordre écrit de sa part et que je me dégageais ensuite de toute responsabilité. Là, la cliente a paru comprendre. Après moult explications, il s’est avéré qu’elle avait engagé, à mon insu, un consultant SEO qui voulait rajouter un code Google Analytics dans son site. Le SEO, Search Engine Optimisation, consiste à tenter de faire remonter un site web dans les résultats Google. J’ai expliqué à ma cliente que même avec accès au serveur, le type du SEO aurait été incapable de modifier le code Django, mais que, pas de problème, il suffisait de m’envoyer un email avec le code à rajouter (aujourd’hui encore je me demande ce qu’aurait fait le gars si je lui avais donné un « accès administrateur » sur le serveur, comme il le demandait). Quelques jours plus tard, un second email me demande de modifier le code Google Analytics ajouté. J’obtempère. Puis, je commence à recevoir des plaintes que je ne fais pas mon travail, que le code n’est pas le bon. Je le rechange. Le même cinéma se passe deux ou trois fois et ma cliente s’énerve, me traite d’incompétent. Il me faut plusieurs jours d’investigations, plusieurs réunions téléphoniques avec les types du SEO pour réaliser que les emails proviennent de deux sociétés de SEO différentes (mais avec un nom de domaine similaire, ça m’était passé au-dessus de la tête en lisant les emails). Ma cliente avait en fait engagé deux sociétés différentes de SEO, sans leur dire et sans me le dire. Les deux sociétés se battaient donc pour mettre leur code Google Analytics à elles, ne comprenant pas pourquoi je mettais un « mauvais » code. Le pot au rose a été découvert lors d’une réunion téléphonique houleuse où j’ai pointé un email reçu la veille et que mon correspondant prétendait n’avoir jamais envoyé (forcément, il provenait d’une autre société). J’ai confronté ma cliente et j’ai réussi à découvrir que, à part fournir des résumés issus de Google Analytics, ces deux sociétés ne faisaient rien, mais que chacune avait été payée trois fois le prix que j’avais demandé pour la réalisation entière du site, de la gestion de commande et de facturation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la cliente me prenait de haut par rapport aux entreprises de SEO : j’étais bon marché donc j’étais forcément incompétent. Pour être honnête, l’une des sociétés avait fait son « travail » et m’avait envoyé un rapport avec des modifications mineures à faire sur le site pour améliorer le SEO, mais en notant que le site était déjà très bien, qu’il n’y avait pas grand-chose à faire (essentiellement, ils me demandaient de rajouter des keywords dans les balises meta, un truc que je savais comme étant dépassé, déjà à l’époque, mais que j’ai fait sans discuter). Furieux, j’ai publié un billet qui a tellement choqué la communauté SEO que j’ai reçu des dizaines de mails d’insultes voire de menaces physiques (vous savez, le genre où le mec à découvert des infos personnelles et tente de vous intimider en vous montrant qu’il sait faire une recherche Google sur votre nom). Toute une communauté s’est prise au jeu de faire en sorte que le premier résultat Google sur mon nom soit une série d’injures. Flatté par tant d’attention pour un simple billet de blog sans prétention, j’ai surtout réalisé, en lisant les forums où ils discutaient mon cas, à que j’avais affaire à des gens malhonnêtes, peu scrupuleux, bref bêtes et méchants à un niveau à la limite de la parodie. Oubliez le référencement de votre site web (ploum.net) Merdification du web avec le SEO Certains, plus modérés, tentèrent de me convaincre que « not all SEO ». Réponse : si. C’est le principe même. Tu ne veux juste pas le voir parce que tu es quelqu’un avec une certaine éthique et que ça rentre en conflit avec ta source de revenus. Mais c’est gentil à toi de m’écrire posément sans m’insulter. Le web est devenu un énorme tas de déchets généré par les SEO. Solderpunk s’interroge par exemple sur une mystérieuse mesure de la couverture nuageuse, mais, devant la merdification du web et l’appropriation technologique du mot "cloud", il s’en remet à poser sa question à d’autres humains, sur le réseau Gemini. Parce que le web ne lui permet plus de trouver une réponse ou de la poser à d’autres êtres humains. What does "Clouds about .05" mean? (solderpunk) Le web devait nous connecter, la merdification et l’IA nous force à nous retirer dans des espaces alternatifs où nous pouvons discuter entre humains, même pour résoudre les problèmes pour lesquels l’IA et le web sont censés être les plus utiles : répondre à nos questions techniques et factuelles. Dénicher des informations rares et difficiles d’accès. Fermez vos comptes sur les plateformes merdifiées Ce retour aux petites communautés est un mouvement. Thierry Crouzet se met également à Gemini: Thierry Crouzet (gemini.tcrouzet.com) Mais, surtout, il ferme définitivement Facebook, X, Bluesky, Instagram et bientôt peut-être Whatsapp. Pour ceux qui hésitent à faire de même, c’est toujours intéressant d’avoir des retours d’expérience. Mon dernier message, les amis (tcrouzet.com) Thierry n’est pas le seul, Vigrey ferme également son compte Facebook et en parle… sur Gemini. Happy Spring - Finally Rid of Facebook (vigrey.com) Une chose est certaine : vous n’arriverez pas à migrer tous vos contacs pour une simple raison. Beaucoup veulent se faire arnaquer. Ils le demandent. Comme mon entrepreneuse, ils ne veulent pas un discours rationnel, ils ne veulent pas une solution. À vous de ne pas les laisser décider de votre futur numérique. N’attendez pas, changez vos paradigmes ! (ploum.net) Et n’espérez pas que tout le monde soit un jour sur le même réseau social. Stop Trying to Make Social Networks Succeed (ploum.net) L’impact global de l’IA sur le web L’IA produit essentiellement de la merde et il ne faut jamais lui faire confiance. Ça, vous le savez déjà. Une bulle d’intelligence artificielle et de stupidité naturelle (ploum.net) Mais elle a surtout un impact énorme sur ceux qui ne l’utilisent pas. Beaucoup parlent des ressources utilisées dans les datacenters, mais bien plus proches et plus directes, les IA inondent le web de requêtes pour tenter d’aspirer tout le contenu possible et imaginable. Il existe un standard bien implanté depuis des décennies qui permet de mettre un fichier appelé "robots.txt" sur son site web. Ce fichier contient les règles que doit respecter un robot accédant à votre site. Cela permet par exemple de dire au robot de Google de ne pas visiter certaines pages ou pas trop souvent. Sans surprise, les robots utilisés par l’IA ne respectent pas ses règles. Pire, ils se camouflent pour avoir l’air d’être de véritables utilisateurs. Ils sont donc fondamentalement malhonnêtes et savent très bien ce qu’ils font : ils viennent littéralement copier votre contenu sans votre accord pour le réutiliser. Mais ils le font des centaines, des milliers de fois par secondes. Ce qui met à mal toute l’infrastructure du web. Drew De Vault parle de son expérience avec l’infrastructure Sourcehut, sur laquelle est hébergé ce blog. Please stop externalizing your costs directly into my face (drewdevault.com) Tous ces datacenters construits en urgence pour faire de « l’IA » ? Ils sont utilisés pour mener des attaques DOS (Denial of Service) sur toute l’infrastructure du web. Dans le but de « pirater » les contenus sans respecter les licences et le copyright. Ce n’est pas que je suis un fan du copyright, bien au contraire. C’est juste que ça fait 30 ans qu’on nous martèle que « la copie c’est le vol » et qu’Aaron Swartz s’est suicidé, car il risquait 30 de prison pour avoir automatisé le téléchargement de quelques milliers d’articles scientifiques qu’il estimait, avec justesse, appartenir au domaine public. Les vieux cons (ou L’humaine imperfection de la perfection morale) (ploum.net) L’IA consomme des ressources, détruit nos réseaux, met à genoux les systèmes administrateurs bénévoles des sites communautaires, s’approprie nos contenus. Et tout cela pour quoi faire ? Pour générer du contenu SEO qui va remplir encore plus le web. Oui, ça tourne en boucle. Non, ça ne peut pas bien se terminer. Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting (ploum.net) La mode de l’incompétence Le SEO, le cloud et maintenant l’IA sont en cela très similaires : la mode. Les clients le veulent à tout prix et demandent pour se faire littéralement arnaquer tout en se vantant de leur incompétence. Le marketing, une religion malveillante, incompétente et dangereuse (ploum.net) Dans un sens, c’est bien fait pour eux : ils le veulent le truc à la mode sans même savoir pourquoi ils le veulent. Ma cliente voulait du SEO alors qu’il s’agissait d’un business essentiellement local qui ciblait une clientèle de niche avec laquelle elle avait des contacts. Les clients veulent « du cloud » pour ne pas payer un administrateur système comme Stefano, mais payent dix fois le prix pour un consultant et se retrouvent à appeler Stefano quand tout va mal. De même, ils veulent désormais de l’IA sans même savoir pourquoi ils le veulent. L’IA, c’est en fait la junk food de la pensée : un aspect appétissant, mais aucune valeur nutritive et, à terme, une perte totale de la culture du goût, de la saveur. L’IA, junk food de la pensée (academia.hypotheses.org) Même si j’ai donné tous les codes, tous les accès, même si je l’ai mise en contact avec d’autres développeurs Django, la société dont je parle dans ce billet n’a pas survécu longtemps après mon départ. Son capital initial et, surtout, les aides de l’état à la création d’entreprise qu’elle percevait ont essentiellement fini dans les poches de deux entreprises de SEO qui n’ont rien fait d’autre que de créer un compte Google Analytics. Aujourd’hui, c’est pareil avec le cloud et l’IA : il s’agit d’exploiter au maximum la crédulité des petits entrepreneurs qui ont la capacité d’obtenir des subsides de l’état afin de vider leurs poches. Ainsi que celles de l’état, dans lesquelles les politiciens piochent avec un enthousiasme démesuré dès qu’on utilise un buzzword à la mode. Je pensais, naïvement, offrir un service éthique, je pensais discuter avec les clients pour répondre à leurs véritables besoins. Je n’imaginais pas que les clients voulaient à tout prix se faire arnaquer. Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
N’attendez pas, changez vos paradigmes ! Il faut se passer de voiture pendant un certain temps pour réellement comprendre au plus profond de soi que la solution à beaucoup de nos problèmes sociétaux n’est pas une voiture électrique, mais une ville cyclable. Nous ne devons pas chercher des « alternatives équivalentes » à ce que nous offre le marché, nous devons changer les paradigmes, les fondements. Si on ne change pas le problème, si on ne revoit pas en profondeur nos attentes et nos besoins, on obtiendra toujours la même solution. Migrer ses contacts vers Signal Je reçois beaucoup de messages qui me demandent comment j’ai fait pour migrer vers Mastodon et vers Signal. Et comment j’ai migré mes contacts vers Signal. Il n’y a pas de secret. Une seule stratégie est vraiment efficace pour que vos contacts s’intéressent aux alternatives éthiques : ne plus être sur les réseaux propriétaires. Je sais que c’est difficile, qu’on a l’impression de se couper du monde. Mais il n’y a pas d’autre solution. Le premier qui part s’exclut, c’est vrai. Mais le second qui, inspiré, ose suivre le premier entraine un mouvement inexorable. Car si une personne qui s’exclut est une « originale » ou une « marginale », deux personnes forment un groupe. Soudainement, les suiveurs ont peur de rater le coche. Il faut donc s’armer de courage, communiquer son retrait et être ferme. Les gens ont besoin de vous comme vous avez besoin d’eux. Ils finiront par vouloir vous contacter. Oui, vous allez rater des informations le temps que les gens comprennent que vous n’êtes plus là. Oui, certaines personnes qui sont sur les deux réseaux vont devoir faire la passerelle durant un certain temps. Vous devez également accepter de faire face au dur constat que certains de vos contacts ne le sont que par facilité, non par envie profonde. Très peu de gens tiennent véritablement à vous. C’est le lot de l’humanité. Même une star qui quitte un réseau social n’entraine avec elle qu’une fraction de ses followers. Et encore, pas de manière durable. Personne n’est indispensable. Ne pas vouloir quitter un réseau tant que « tout le monde » n’est pas sur l’alternative implique le constat effrayant que le plus réactionnaire, le plus conservateur du groupe dicte ses choix. Son refus de bouger lui donne un pouvoir hors norme sur vous et sur tous les autres. Il représente « la majorité » simplement parce que vous, qui souhaitez bouger, tolérez son côté réactionnaire. Mais si vous dîtes vouloir bouger, mais que vous ne le faites pas, n’êtes-vous pas vous-même conservateur ? Vous voulez vraiment vous passer de Whatsapp et de Messenger ? N’attendez pas, faites-le ! Supprimez votre compte pendant un mois pour voir l’impact sur votre vie. Laissez-vous la latitude de recréer le compte s’il s’avère que cette suppression n’est pas possible pour vous sur le long terme. Mais, au moins, vous aurez testé le nouveau paradigme, vous aurez pris conscience de vos besoins réels. Adopter le Fediverse Joan Westenberg le dit très bien à propos du Fediverse : le Fediverse n’est pas le futur, c’est le présent. Son problème n’est pas que c’est compliqué ou qu’il n’y a personne : c’est simplement que le marketing de Google/Facebook/Apple nous a formaté le cerveau pour nous faire croire que les alternatives ne sont pas viables. Le Fediverse regorge d’humains et de créativité, mais il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. The Fediverse Isn’t the Future. It’s the Present We’ve Been Denied. (www.joanwestenberg.com) Après avoir rechigné pendant des années à s’y consacrer pleinement, Thierry Crouzet arrive à la même conclusion : d’un point de vue réseau social, le Fediverse est la seule solution viable. Utiliser un réseau propriétaire est une compromission et une collaboration avec l’idéologie de ce réseau. Il encourage les acteurs du livre francophone à rejoindre le Fediverse. Inquiétude : l’édition francophone trop peu sur Mastodon (tcrouzet.com) Je maintiens moi-même une liste d’écrivain·e·s de l’imaginaire en activité sur le Fediverse. Il y en a encore trop peu. Écrivain·e·s de l’imaginaire - Mastodon Starter Pack (fedidevs.com) Votre influenceur préféré n’est pas sur le Fediverse ? Mais est-il indispensable de suivre votre influenceur préféré sur un réseau social ? Vous n’êtes pas sur X parce que vous voulez suivre cet influenceur. Vous suivez cet influenceur parce que X vous fait croire que c’est indispensable pour être un véritable fan ! L’outil ne répond pas à un besoin, il le crée de toutes pièces. Le paradoxe de la tolérance Vous tolérez de rester sur Facebook/Messenger/Whatsapp par « respect pour ceux qui n’y sont pas » ? Vous tolérez en fermant votre gueule que votre tonton Albert raciste et homophobe balance des horreurs au repas de famille pour « ne pas envenimer la situation » ? D’ailleurs, votre Tata vous a dit que « ça n’en valait pas la peine, que vous valiez mieux que ça ». Vous tolérez sans rien dire que les fumeurs vous empestent sur les quais de gare et les terrasses par « respect pour leur liberté » ? À un moment, il faut choisir : soit on préfère ne pas faire de vagues, soit on veut du progrès. Mais les deux sont souvent incompatibles. Vous voulez vous passer de Facebook/Instagram/X ? Encore une fois, faites-le ! La plupart de ces réseaux permettent de restaurer un compte supprimé dans les 15 jours qui suivent sa suppression. Alors, testez ! Deux semaines sans comptes pour voir si vous avez vraiment envie de le restaurer. C’est à vous de changer votre paradigme ! LinkedIn, le réseau bullshit par excellence On parle beaucoup de X parce que la plateforme devient un acteur majeur de promotion du fascisme. Mais chaque plateforme porte des valeurs qu’il est important de cerner pour savoir si elles nous conviennent ou pas. LinkedIn, par exemple. Qui est indistinguable de la parodie qu’en fait Babeleur (qui vient justement de quitter ce réseau). J’ai éclaté de rire plusieurs fois tellement c’est bon. Je me demande si certains auront la lucidité de s’y reconnaître. Je suis fier de vous annoncer que je suis fier de vous annoncer (babeleur.be) Encore une fois, si LinkedIn vous ennuie, si vous détestez ce réseau. Mais qu’il vous semble indispensable pour ne pas « rater » certaines opportunités professionnelles. Et bien, testez ! Supprimez-le pendant deux semaines. Restaurez-le puis resupprimez-le. Juste pour voir ce que ça fait de ne plus être sur ce réseau. Ce que ça fait de rater ce gros tas de merde malodorant que vous vous forcez à fouiller journalièrement pour le cas où il contiendrait une pépite d’or. Peut-être que ce réseau vous est indispensable, mais la seule manière de le savoir est de tenter de vous en passer pour de bon. Peut-être que vous raterez certaines opportunités. Mais je suis certain : en n’étant pas sur ce réseau, vous en découvrirez d’autres. De la poésie, de la fiction… La résistance n’est pas que technique. Elle doit être également poétique ! Et pour que la poésie opère, il est nécessaire que la technologie s’efface, se fasse minimaliste et utile au lieu d’être le centre de l’attention. Note #1 : un texte brut (notes.brunoleyval.fr) On ne peut pas changer le monde. On ne peut que changer ses comportements. Le monde est façonné par ceux qui changent leurs comportements. Alors, essayez de changer. Essayez de changer de paradigme. Pendant une semaine, un mois, une année. Après, je ne vous cache pas qu’il y a un risque : c’est souvent difficile de revenir en arrière. Une fois qu’on a lâché la voiture pour le vélo, impossible de ne pas rêver. On se met à imaginer des mondes où la voiture aurait totalement disparu pour laisser la place au vélo… Plongez dans un univers où le vélo a remplacé la voiture ! Dédicaces D’ailleurs, je dédicacerai Bikepunk (et mes autres livres) à la Foire du livre de Bruxelles ce samedi 15 mars à partir de 16h30 sur le stand de la province du Brabant-Wallon. Le Brabant wallon s’invite à la foire du livre (www.brabantwallon.be) calendrier des dédicaces de Ploum On se retrouve là-bas pour discuter vélo et changement de paradigme ? Photo par Avishek Pradhan Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. 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20 years of Linux on the Desktop (part 3) Previously in "20 years of Linux on the Deskop": After contributing to the launch of Ubuntu as the "perfect Linux desktop", Ploum realises that Ubuntu is drifting away from both Debian and GNOME. But something else is about to shake the world… 20 years of Linux on the Desktop (part 1) 20 years of Linux on the Desktop (part 2) The new mobile paradigm While I was focused on Ubuntu as a desktop solution, another GNOME+Debian product had appeared and was shaking the small free software world: Maemo. It will come as a shock for the youngest but this was a time without smartphones (yes, we had electricity and, no, dinosaurs were already extinct, please keep playing Pokémon instead of interrupting me). Mobile phones were still quite new and doing exactly two things: calls and SMSes. In fact, they were sold as calling machines and the SMS frenzy, which was just a technical hack around the GSM protocol, took everybody by surprise, including operators. Were people really using awkward cramped keyboard to send themselves flood of small messages? Small pocket computers with tiny keyboard started to appear. There were using proprietary operating systems like WinCE or Symbian and browsing a mobile version of the web, called "WAP", that required specific WAP sites and that nobody used. The Blackberry was so proprietary that it had its own proprietary network. It was particularly popular amongst business people that wanted to look serious. Obama was famously addicted to his Blackberry to the point that the firm had to create a secure proprietary network only for him once he took office in the White House. But like others, Blackberries were very limited, with very limited software. Nothing like a laptop computer. N770, the precursor In 2005, Nokia very quietly launched the N770 as an experiment. Unlike its competitors, it has no keyboard but a wide screen that could be used with a stylus. Inside was running a Debian system with an interface based on GNOME: Maemo. The N770, browsing Wikipedia Instead of doing all the development in-house, Nokia was toying with free software. Most of the software work was done by small European companies created by free software hackers between 2004 and 2005. Those companies, often created specifically to work with Nokia, were only a handful of people each and had very narrow expertise. Fluendo was working on the media framework GStreamer. Immendio was working on the GTK user interface layer. Collabora was focusing on messaging software. Etc. Far from the hegemony of American giant monopolists, the N770 was a mostly European attempt at innovating through a collaborative network of smaller and creative actors, everything led by the giant Nokia. During FOSDEM 2005, GNOME developer Vincent Untz lent me a N770 prototype for two days. The first night was a dream come true: I was laying in bed, chatting on IRC and reading forums. Once the N770 was publicly released, I immediately bought my own. While standing in line in the bakery one Sunday morning, I discovered that there was an unprotected wifi. I used it to post a message on the Linuxfr website telling my fellow geeks that I was waiting for my croissants and could still chat with them thanks to free software. Those days, chatting while waiting in a queue has been normalised to the point you remark someone not doing it. But, in 2005, this was brand new. So new that it started a running meme about "Ploum’s baker" on Linuxfr. Twenty years later, some people that I meet for the first time still greet me with "say hello to your baker" when they learn who I am. For the record, the baker, an already-old woman at the time of the original post, retired a couple years later and the whole building was demolished to give place to a motorbike shop. This anecdote highlights a huge flaw of the N770: without wifi, it was a dead weight. When I showed it to people, they didn’t understand what it was, they asked why I would carry it if I could not make calls with it. Not being able to use the Internet without a wifi was a huge miss but, to be fair, 3G didn’t exist yet. Another flaw was that installing new software was far from being user-friendly. Being based on Debian, Maemo was offering a Synaptic-like interface where you had to select your software in a very long list of .deb packages, including the technical libraries. Also, it was slow and prone to crash but that could be solved. Having played with the N770 in my bed and having seen the reactions of people around me when I used it, I knew that the N770 could become a worldwide hit. It was literally the future. There were only two things that Nokia needed to solve: make it a phone and make it easy to install new software. Also, if it could crash less, that would be perfect. The Nokia (un)management guide to failure But development seemed to stall. It would take more than two years for Nokia to successively release two successors to the N770: the N800 and the N810. But, besides some better performance, none of the core issues were addressed. None of those were phones. None of those offered easy installation of software. None were widely released. In fact, it was so confidential that you could only buy them through the Nokia website of some specific countries. The items were not in traditional shops nor catalogues. When I asked my employer to get a N810, the purchasing department was unable to find a reference: it didn’t exist for them. Tired by multiple days of discussion with the purchasing administration, my boss gave me his own credit card, asked me to purchase it on the Nokia website and made a "diverse material expense" to be reimbursed. The thing was simply not available to businesses. It was like Nokia wanted Maemo to fail at all cost. While the N800 and N810 were released, a new device appeared on the market: the Apple iPhone. I said that the problem with the N770 is that you had to carry a phone with it. Steve Jobs had come to the same conclusion with the iPod. People had to carry an iPod and a phone. So he added the phone to the iPod. It should be highlighted that the success of the iPhone took everyone by surprise, including Steve Jobs himself. The original iPhone was envisioned as an iPod and nothing else. There was no app, no app store, no customisation (Steve Jobs was against it). It was nevertheless a hit because you could make calls, listen to music and Apple spent a fortune in marketing to advertise it worldwide. The marketing frenzy was crazy. Multiple people that knew I was "good with computers" asked me if I could unlock the iPhone they bought in the USA and which was not working in Europe (I could not). They spent a fortune on a device that was not working. Those having one were showing it to everyone. With the iPhone, you had music listening and a phone on one single device. In theory, you could also browse the web. Of course, there was no 3G so browsing the web was mostly done through wifi, like the N770. But, at the time, websites were done with wide screens in mind and Flash was all the rage. The iPhone was not supporting Flash and the screen was vertical, which made web browsing a lot worse than on the N770. And, unlike the N770, you could not install any application. The iPhone 1 was far from the revolution Apple want us to believe. It was just very good marketing. In retrospective, the N770 could have been a huge success had Nokia done some marketing at all. They did none. Another Linux on your mobile In 2008, Google launched its first phone which still had a physical keyboard. Instead of developing the software from scratch, Google used a Linux system initially developed as an embedded solution for cameras: Android. At the same time, Apple came to the realisation I had in 2005 that installing software was a key feature. The App Store was born. Phone, web browsing and custom applications, all on one device. Since 2005, people who had tried the N770 knew this was the answer. They simply did not expect it from Apple nor Google. When Android was first released, I thought it was what Maemo should have been. Because of the Linux kernel, I was thinking it would be a "free" operating system. I made a deep comparison with Maemo, diving into some part of the source code, and was surprised by some choices. Why Java? And why would Android avoid GStreamer in its multimedia stack? Technical explanations around that choice were not convincing. Years later, I would understand that this was not a technical choice: besides the Linux kernel itself, Google would explicitly avoid every GPL and LGPL licensed code. Android was only "free software" by accident. Gradually, the Android Open Source Project (AOSP) would be reduced to a mere skeleton while Android itself became more and more restricted and proprietary. In reaction to the iPhone and to Android, Nokia launched the N900 at the end of 2009. Eventually, the N900 was a phone. It even included an app store called, for unknown marketing reasons, "OVI store". The phone was good. The software was good, with the exception of the infamous OVI store (which was bad, had a bad name, a non-existent software offering and, worse of all, was conflicting with deb packages). The N900 would probably have taken the world by storm if released 3 years earlier. It would have been a success and a huge competitor to the iPhone if released 18 months before. Is it too late? The world seems to settle with an Apple/Google duopoly. A duopoly that could have been slightly shacked by the N900 if Nokia had done at least some marketing. It should be noted that the N900 had a physical keyboard. But, at that point, nobody really cared. When failing is not enough, dig deeper At least, there was the Maemo platform. Four years of work. Something could be done with that. That’s why, in 2010, Nokia decided to… launch Meego, a new Linux platform which replaced the Debian infrastructure by RPMs and the GNOME infrastructure by Qt. No, really. Even if it was theoretically, the continuation of Maemo (Maemo 6, codenamed Harmattan, was released as Meego 1), it felt like starting everything from scratch with a Fedora+KDE system. Instead of a strong leadership, Meego was a medley of Linux Foundation, Intel, AMD and Nokia. Design by committee with red tape everywhere. From the outside, it looked like Nokia outsourced its own management incompetence and administrative hubris. The N9 phone would be released in 2011 without keyboard but with Meego. History would repeat itself two years later when people working on Meego (without Nokia) would replace it with Tizen. Yet another committee. From being three years ahead of the competition in 2005 thanks to Free Software, Nokia managed to become two years too late in 2010 thanks to incredibly bad management and choosing to hide its products instead of advertising them. I’ve no inside knowledge of what Nokia was at this time but my experience in the industry allows me to perfectly imagine the hundreds of meetings that probably happened at that time. When business decisions look like very bad management from the outside, it is often because they are. In the whole Europe at the time, technical expertise was seen as the realm of those who were not gifted enough to become managers. As a young engineer, I thought that managers from higher levels were pretentious and incompetent idiots. After climbing the ladder and becoming a manager myself, years later, I got the confirmation that I was even underestimating the sheer stupidity of management. It is not that most managers were idiots, they were also proud of their incompetence and, as this story would demonstrate, they sometimes need to become deeply dishonest to succeed. It looks like Nokia never really trusted its own Maemo initiative because no manager really understood what it was. To add insult to injury the company bought Symbian OS in 2008, an operating system which was already historical and highly limited at that time. Nodoby could figure out why they spent cash on that and why Symbian was suddenly an internal competitor to Maemo (Symbian was running on way cheaper devices). The emotional roller coster In 2006, I was certain that free software would take over the world. It was just a matter of time. Debian and GNOME would soon be on most desktop thanks to Ubuntu and on most mobile devices thanks to Maemo. There was no way for Microsoft to compete against such power. My wildest dreams were coming true. Five years later, the outlooadministrative hubris. The N9 phone would be released in 2011 without keyboard but with Meego.k was way darker. Apple was taking the lead by being even more proprietary and closed than Microsoft. Google seemed like good guys but could we trust them? Even Ubuntu was drifting away from its own Debian and GNOME roots. The communities I loved so much were now fragmented. Where would I go next? (to be continued) Subscribe by email or by rss to get the next episodes of "20 years of Linux on the Desktop". I’m currently turning this story into a book. I’m looking for an agent or a publisher interested to work with me on this book and on an English translation of "Bikepunk", my new post-apocalyptic-cyclist typewritten novel which sold out in three weeks in France and Belgium. I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
The Engagement Rehab I’ve written extensively, in French, about my quest to break my "connection addiction" by doing what I called "disconnections". At first, it was only doing three months without major news media and social networks. Then I tried to do one full year where I would only connect once a day. This proved to be too ambitious and failed around May when the amount of stuff that required me to be online (banking, travel booking, online meetings, …) became too high. À la recherche de la déconnexion parfaite (ploum.net) But I’m not giving up. I started 2025 by buying a new office chair and pledging to never be connected in that chair. I disabled Wifi in the Bios of my laptop. To be online, I now need to use my laptop on my standing desk which has a RJ-45 cable. This means I can be connected whenever I want but I’m physically feeling the connection as standing up. There’s now a clear physical difference between "being online" and "being in my offline bubble". This doesn’t mean that I’m as super productive as I was dreaming. Instead of working on my current book project, I do lots of work on Offpunk, I draft blog posts like this one. Not great but, at least, I feel I’ve accomplished something at the end of the day. Hush is addicted to YouTube and reflects on spending 28 days without it. Like myself, they found themselves not that much productive but, at the very least, not feeling like shit at the end of the day. Reflection on Four Weeks without YouTube (hush) I’ve read that post because being truly disconnected forces me to read more of what is in my Offpunk. My RSS feeds, my toread list and many gemlogs. This is basically how I start every day: Ploum’s workflow with Offpunk I’ve discovered that between 20 and 25% of what I read from online sources is from Gemini. It appears that I like "content" on Gemini. Historically, people were complaining that there was no content on Gemini, that most posts were about the protocol itself. There Is No Content on Gemini (ploum.net) Then there was a frenzy of posts about why social media were bad. And those are subtly replaced by some kind of self-reflection about our own habits, our owns addictions. Like this one about addiction to analytics: analytics are risky business (drmollytov.flounder.online) That’s when it struck me: we are all addicted to engagement. On both sides. We like being engaged. We like seeing engagement on our own content. Gemini is an engagement rehab! While reading Gemini posts, I feel that I’m not alone being addicted to engagement, suffering from it and trying to find a solution. And when people in the real world starts, out of the blue, asking my opinion about Elon Musk’s latest declaration, it reminds me that the engagement addiction is not an individual problem but a societal one. Anyway, welcome to Gemini, welcome to rehab! I’m Ploum and I’m addicted to engagement. I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress. I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!
De la soumission au technofascisme religieux Les générateurs de code stupide Sur Mastodon, David Chisnall fait le point sur une année d’utilisation de GitHub Copilot pour coder. Et le résultat est clair : si, au début, il a l’impression de gagner du temps en devant moins taper sur son ordinateur, ce temps est très largement perdu par les heures voire les jours nécessaires à déboguer des bugs subtils qui ne seraient jamais arrivés s’il avait écrit le code lui-même en premier lieu ou, au pire, qu’il aurait pu détecter beaucoup plus vite. Thread Mastodon de David Chisnall Il réalise alors que la difficulté et le temps passé sur le code n’est pas d’écrire le code, c’est de savoir quoi et comment l’écrire. S’il faut relire le code généré par l’IA pour le comprendre, c’est plus compliqué pour le programmeur que de tout écrire soi-même. « Oui, mais pour générer le code pas très intelligent » Là, je rejoins David à 100% : si votre projet nécessite d’écrire du code bête qui a déjà été écrit mille fois ailleurs, c’est que vous avez un problème. Et le résoudre en le faisant écrire par une IA est à peu près la pire des choses à faire. Comme je le dis en conférence : ChatGPT apparait utile pour ceux qui ne savent pas taper sur un clavier. Vous voulez être productif ? Apprenez la dactylographie ! Comprendre les bulles (conférence à Rennes Breizhcamp 2024) Là où ChatGPT est très fort, par contre, c’est de faire semblant d’écrire du code. En proposant des tableaux d’avancement de son travail, en prétendant que tout est bientôt prêt et sera sur WeTransfer. C’est évidemment bidon : ChatGPT a appris à arnaquer ! Julien Paster raconte sur X comment son kiné s’est fait arnaqué par ChatGPT (xcancel.com) Bref, ChatGPT est devenu le parfait Julius. Mon collègue Julius (ploum.net) Ed Zitron enfonce encore plus le clou à ce sujet : les ChatGPTs et consorts sont des « succès » parce que toute la presse ne fait qu’en parler en termes élogieux, que ce soit par bêtise ou par corruption. Mais, en réalité, le nombre d’utilisateurs payants est incroyablement faible et, comme Trump, Sam Altman s’adresse à nous en considérant que nous sommes des débiles qui avalons les plus gros mensonges sans broncher. Et les médias et les CEOs applaudissent… The Generative AI Con (www.wheresyoured.at) Débiles, nous le sommes peut-être complètement. Plusieurs dizaines d’articles scientifiques mentionnent désormais la « miscroscopie électronique végétative ». Ce terme ne veut rien dire. Quelle est son origine ? Il vient tout simplement d’un article de 1959 publié sur deux colonnes, mais qui est entré dans le corpus comme une seule colonne ! As a nonsense phrase of shady provenance makes the rounds, Elsevier defends its use (retractionwatch.com) Ce que cette anecdote nous apprend c’est que, premièrement, les générateurs de conneries sont encore plus mauvais qu’on ne l’imagine, mais, surtout, que notre monde est déjà rempli de cette merde ! Les LLMs ne font qu’appliquer au contenu en ligne ce que l’industrie a fait pour le reste : les outils, les vêtements, la bouffe. Produire le plus possible en baissant la qualité autant que possible. Puis en l’abaissant encore plus. Condorcet, les réseaux sociaux et les producteurs de merde (ploum.net) La suppression des filtres L’imprimerie fait passer la communication de "One to one" à "One to many", ce qui rend obsolète l’Église catholique, l’outil utilisé en occident pour que les puissants imposent leur discours à la population. La première conséquence de l’imprimerie sera d’ailleurs le protestantisme qui revendique explicitement la capacité pour chacun d’interpréter la parole de Dieu et donc de créer son propre discours à diffuser, le "One to many". Comme le souligne Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris, « la presse tuera l’église ». Lectures 4 : un tournant civilisationnel (voir la section "L’imprimerie") Conséquences directes de l’imprimerie : la Renaissance puis les Lumières. Toute personne qui réfléchit peut diffuser ses idées et s’inspirer de celles qui sont diffusées. Chaque humain ne doit plus réinventer la roue, il peut se baser sur l’existant. L’éducation prend le pas sur l’obéissance. Après quelques siècles de « One to many » apparait l’étape suivante : Internet. Du « One to many » on passe au « Many to many ». Il n’y a plus aucune limite pour diffuser ses idées : tout le monde peut le faire envers tout le monde. Il faudra la construire sans eux… (ploum.net) Une conséquence logique qui m’avait échappé à l’époque du billet précédent, c’est que si tout le monde veut parler, plus personne n’écoute. Comme beaucoup, j’ai cru que le « many to many » serait incroyablement positif. La triste réalité est que l’immense majorité d’entre nous n’avons pas grand-chose à dire, mais que nous voulons quand même nous faire entendre. Alors nous crions. Nous générons du bruit. Nous étouffons ce qui est malgré tout intéressant. L’investissement nécessaire pour imprimer un livre ainsi que le faible retour direct constitue un filtre. Ne vont publier un livre que ceux qui veulent vraiment le faire. La pérennité de l’objet livre et la relative lenteur de sa transmission implique également un second filtre : les livres les moins intéressants seront vite oubliés. C’est d’ailleurs pourquoi nous idéalisons parfois le passé, tant en termes de littérature que de cinématographie ou de musique : parce que ne nous sont parvenus que les meilleurs, parce que nous avons oublié les sombres merdes qui firent un flop ou eurent un succès éphémère. Bien que très imparfait et filtrant probablement de très bonnes choses que nous avons malheureusement perdues, la barrière à l’entrée et la dilution temporelle nous permettaient de ne pas sombrer dans la cacophonie. L’échec de la démocratisation de la parole Internet, en permettant le « many to many » sans aucune limite a rendu ces deux filtres inopérants. Tout le monde peut poster pour un coût nul. Pire : les mécanismes d’addiction des plateformes ont rendu plus facile de poster que de ne pas poster. Le support numérique rend également floue la frontière temporelle : un contenu est soit parfaitement conservé, soit disparait totalement. Cela entraine que de vieux contenus réapparaissent comme s’ils étaient neufs et personne ne s’en rend compte. Le filtre temporel a totalement disparu. De possible, le « many to many » s’est transformé en obligation. Pour exister, nous devons être vus, entendus. Nous devons avoir une audience. Prendre des selfies et les partager. Recevoir des likes qui nous sont vendus bien cher. Le « many to many » s’est donc révélé une catastrophe, peut-être pas dans son principe, mais dans sa mise en œuvre. Au lieu d’une seconde renaissance, nous entrons en décadence, dans un second moyen-âge. La frustration de pouvoir s’exprimer, mais de ne pas être entendu est grande. Olivier Ertzscheid va même plus loin : pour lui, ChatGPT permet justement d’avoir l’impression d’être écouté alors que personne ne nous écoute plus. Du « many to many », nous sommes passés au « many to nobody ». Google, Wikipédia et ChatGPT. Les trois cavaliers de l’apocalypse (qui ne vient pas). (affordance.framasoft.org) Utiliser ChatGPT pour obtenir des infos se transforme en utiliser ChatGPT pour obtenir confirmation à ses propres croyances, comme le relève le journaliste politique Nils Wilcke. Pouet de Nils Wilcke sur Mastodon J’en ai marre de le répéter, mais ChatGPT et consorts sont des générateurs de conneries explicitement conçus pour vous dire ce que vous avez envie d’entendre. Que « ChatGPT a dit que » puisse être un argument politique sur un plateau télévisé sans que personne ne bronche est l’illustration d’un crétinisme total généralisé. Le Techno-Fascisme religieux La « Many to nobody » est en soi un retour à l’ordre ancien. Plus personne n’écoute la populace. Seuls les grands seigneurs disposent de l’outil pour imposer leur vue. L’Église catholique a été remplacée par la presse et les médias, eux-mêmes remplacés par les réseaux sociaux et ChatGPT. ChatGPT qui n’est finalement qu’une instance automatisée d’un prêtre qui vous écoute en confession avant de vous dire ce qui est bien et ce qui est mal, basé sur les ordres qu’il reçoit d’en haut. Dans un très bon billet sur le réseau Gemini, small patata réalise que l’incohérence du fascisme n’est pas un bug, c’est son mode de fonctionnement, son essence. Une incohérence aléatoire et permanente qui permet aux esprits faibles de voir ce qu’ils ont envie de voir par paréidolie et qui brise les esprits les plus forts. En brisant toute logique et cohérence, le fascisme permet aux abrutis de s’affranchir de l’intelligence et de prendre le contrôle sur les esprits rationnels. Le légendaire pigeon qui chie sur l’échiquier et renverse les pièces avant de déclarer victoire. Poison as Praxis (gemini.patatas.ca) L’incohérence de ChatGPT n’est pas un bug qui sera résolu ! C’est au contraire ce qui lui permet d’avoir du succès avec les esprits faibles qui, en suivant des formations de « prompt engineering », ont l’impression de reprendre un peu de contrôle sur leur vie et d’acquérir un peu de pouvoir sur la réalité. C’est l’essence de toutes les arnaques : prétendre aux personnes en situation de faiblesse intellectuelle qu’ils vont miraculeusement retrouver du pouvoir. Small patata fait le lien avec les surréalistes qui tentèrent de lutter artistiquement contre le fascisme et voit dans le surréalisme une manière beaucoup plus efficace de lutter contre les générateurs de conneries. Il faut dire que face à un générateur mondial de conneries, fasciste, centralisé, ultra capitaliste et bénéficiant d’une adulation religieuse, je ne vois pas d’autre échappatoire que le surréalisme. Brandissons ce qui nous reste d’humanité ! Aux âmes citoyens ! Image reprise du gemlog de small patatas: Le triomphe du surréalisme, Max Ernst (1937) Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Recevez directement par mail mes écrits en français et en anglais. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser mon flux RSS francophone ou le flux RSS complet.
More in literature
I often speak or exchange texts with my nephew. Soon he’ll turn thirty-six, but he lives in Cleveland, 1,200 miles away, and I seldom see him. Distance warps the sense of duration, so I think of him as frozen in his early twenties. We spoke on Sunday and for the first time since my brother’s death last August, we didn’t even mention his father. When I realized this I felt a pang of guilt, as though I were forgetting him. But attending to the living supersedes our obligations to the dead. They don’t constitute a cult to be worshipped. They live in memory and in that way we weigh their loss and honor them. On February 24, 1854, Walter Savage Land0r's sister Elizabeth died after suffering a stroke. She was seventy-seven. A month later he wrote a poem about her titled “March 24”: “Sharp crocus wakes the froward year; In their old haunts birds reappear; From yonder elm, yet black with rain, The cushat looks deep down for grain Thrown on the gravel-walk; here comes The redbreast to the sill for crumbs. Fly off! fly off! I can not wait To welcome ye, as she of late. The earliest of my friends is gone. Alas! almost my only one! The few as dear, long wafted o’er, Await me on a sunnier shore.” Some glosses: “froward,” despite what my spell-check software tells me, is not a typo. Here is the OED definition, which is applicable to Landor himself -- “disposed to go counter to what is demanded or what is reasonable; perverse, difficult to deal with, hard to please; refractory, ungovernable.” "Cushat" is Scottish and northern England dialect for a wood pigeon or ring-dove. In his 1954 biography of Landor, R.H. Super writes of him after Elizabeth's death: "He told [John] Forster [his friend and first biographer] that the loss of his earliest, dearest, and nearly his last friend had deprived him of sleep, appetite, digestion, everything."
Landscapes of queer joy The post Cobi Moules appeared first on The American Scholar.
A vibe shift in favor of annexation would be counterproductive 🌏
On Monday, March 23, [1772], I found him busy, preparing a fourth edition of his folio Dictionary.” Dr. Johnson published the first edition of his Dictionary on April 15, 1755, two-hundred-seventy years ago. It contained some 42,000 entries and he had worked on it for seven years. It’s great innovation, the reason we still read it, are the 114,00 citations that accompany the entries. The Dictionary can be read as an anthology of English literature (the way Jefferson read it), with Johnson relying most heavily on Shakespeare, Milton, Swift, Pope and Dryden. As a young man, Robert Browning read the Dictionary in order to “qualify” as an author. Samuel Beckett found words to recycle into his own work. Boswell continues in his Life: “Mr. Peyton, one of his original amanuenses, was writing for him. I put him in mind of a meaning of the word side, which he had omitted, viz. relationship; as father’s side, mother’s side [see definition eight]. He inserted it.” The Dictionary is a substantial volume, built to last. By “folio,” Boswell means the pages measured eighteen inches by twenty inches – larger than most books published today. I enjoy comparing Johnson's entries with those in the Oxford English Dictionary, which often cites Johnson. “I asked him if humiliating was a good word. He said, he had seen it frequently used, but he did not know it to be legitimate English. [Johnson omitted humiliating.] He would not admit civilization, but only civility [true]. With great deference to him, I thought civilization, from to civilize better in the sense opposed to barbarity, than civility; as it is better to have a distinct word for each sense, than one word with two senses, which civility is, in his way of using it.” A second edition followed a few weeks after the first. It was published in 165 weekly sections. The third edition followed in 1765. The fourth, which came out in 1773, included heavy revisions of the original work by Johnson, who identified himself as a lexicographer, defined as “a writer of dictionaries; a harmless drudge, that busies himself in tracing the original, and detailing the signification of words.”